Question d'origine :
Bonjour,
Je suis à la recherche d'informations concernant le tableau: Intérieur à Etretat d’Henri Matisse. https://www.photo.rmn.fr/archive/08-518 ... BUNS5.html
Merci d'avance pour votre réponse !
Réponse du Guichet
bml_art
- Département : Arts et Loisirs
Le 24/08/2017 à 07h07
Eu égard au nombre de documents relatifs à Matisse dans nos collections et malgré la consultation d’une grande partie d’entre eux, nous n’avons pas trouvé d’éléments sur l’œuvre qui vous intéresse. C’est pourquoi nous vous proposons des pistes d’analyse à partir de différentes sources in situ ou pas.
Pour contextualiser cette œuvre, le second opus de la biographie de Hilary Spurling : Matisse le Maître, détaille les conditions de l’arrivée du peintre à Etretat et nourrit des éléments de compréhension iconographiques.
« L’année 1920 (date de l’œuvre) marquait pour toute la famille la fin d’une époque. La maison de Madame Matisse mère allait être vendue, débarrassée de ses biens personnels, et la graineterie cédée pour permettre à Auguste, homme d’affaire médiocre, de prendre sa retraite grâce à ses rentrées d’argent. Henri Matisse ne retourna jamais à Bohain ni dans sa ville natale de Cateau-Cambrésis. Ce fut sa femme qui resta sur place, après les obsèques, pour liquider les affaires de sa belle-mère, et sa fille qui, désormais, viendra régulièrement surveiller les possessions restantes de la famille, négocier avec les hommes de loi et signer l’acte de vente de la maison, quatre ans plus tard. Matisse, lui se construira une nouvelle vie dans le Midi.
Non que ses projets furent très clairs à ce stade. Lorsqu’il revint seul à Hôtel de la Méditerranée, en février, il pensait n’y rester que le temps de terminer sa saison de travail interrompue, ayant déjà discuté avec sa femme de l’éventualité pour la famille de déménager du jour au lendemain dans le Midi si le travail l’obligeait, lui, à y revenir l’année suivante.
« Nice est de plus en plus ennuyeux et je suis tout seul, quand je devrais être avec vous- c’est la dernière fois je l’espère » se plaignait-il en mars. »Il faut que je pense qu’à Paris je travaillerais si peu pour que j’aie la patience d’y rester ». Il avait persuadé Antoinette Arnoud de poser à nouveau pour lui et, bien que se tuant à la tâche, il était agité, insatisfait et incapable de savoir de façon précise quel tournant il avait atteint dans son travail. Il disait qu’avant de rentrer à Issy, il avait besoin de progresser suffisamment pour pouvoir déterminer la direction dans laquelle il s’engageait.
A la fin du mois d’avril, il expédia sept toiles, qui toutes, sauf une étaient si singulières que la famille ne sut comment réagir (« Dès l’arrivée nous préférions la figure avec le bouquet d’anémones puis peu à peu les autres qui semblaient plus légères ont pris une existence et sont devenues plus fortes », écrivit prudemment Marguerite)
Ces jolies filles dans des intérieurs très colorés, avec leurs rideaux à franfreluches et le soleil qui entrait à flot par la fenêtre, laissèrent tout d’abord Matisse lui-même perplexe.(-)
Mais la toile qui révèle le mieux les sentiments de Matisse à Etretat est une petite peinture de Marguerite dont l’épuisement était effrayant. Après avoir vécu pendant si longtemps sous une menace, elle s’effondrait enfin et se laissait mettre au lit, où son père la peignit pour la première fois sans le ruban noir qui dissimulait depuis l’enfance le trou qu’elle avait dans la gorge. Dans ce tableau, elle est endormie et ressemble à une illustration de conte de fées -un cou de cygne, de longs cils dessinés sur une joue pâle, ses cheveux noirs étalés sur l’oreiller- mais la troublante pâleur mauve et les cernes noirs autour des yeux de la belle endormie réelle viennent saper la douceur apparente de la toile. »
Matisse, Paires et séries sous la direction de Cécile Debray (à l’occasion de l’exposition présentée en 2012 au Centre Pompidou) fait état d’une relecture de ses débuts par Matisse à partir de 1920.
« Il regarde à nouveau l’impressionnisme, Monet, Renoir et décline des séries de tableaux (portraits de Marguerite) qui pourtant malgré une similitude affichée, n’opèrent pas comme une série de Monet et distillent sourdement une instabilité, une distance irrémédiable avec la logique rétinienne de ses aînés. »
Le texte de Rebecca Rabinow «
La lecture des écrits de l’artiste « Ecrits et propos sur l’art » est fructueuse.
Par ailleurs, ces ouvrages pourraient être utiles à la compréhension de cette peinture :
il s’agit de L'Espace plastique de Michel Guérin,
Henri Matisse, l'homme illimité de Luc Thieffry,
La pensée Matisse : portrait de l'artiste en hyperfauve de Eric Alliez et Jean-Claude Bonne,
Les peintres à Etretat de Bruno Delarue.
Un article :
« Matisse insatisfait » de Paul Thibaud; Esprit, vol. juillet, no. 7, 2012, pp. 76-90.
Un colloque :
Henri Matisse et la sensation d'espace
Une émission radiophonique consacrée à l'artiste sur France culture.
Le musée détenteur de l'oeuvre pourrait également être directement sollicité :
MUSEUM-BERGGRUEN@SMB.SPK-BERLIN.DE
Pour acquérir une méthodologie d’analyse de l’œuvre (éléments formels, iconographie, contexte…) voici une liste (sélective) proposant une approche simple, didactique et diversifiée.
- Lire la peinture: dans l'intimité des oeuvres de Nadeije Laneyrie-Dagen.
- Comprendre les symboles de Françoise Barbe- Gall
- Comprendre la peinture d’Elisabeth Lièvre-Crosson.
- Histoire de l'art : questions de cours et commentaires d’œuvres de Marie-Anne Caradec.
- Les Dessous des chefs d'œuvre de Rose-Marie et Rainer Hagen
- Voir, comprendre, analyser les images de Laurent Gervereau
Pour conclure, un focus sur le mouvement Fauve
DANS NOS COLLECTIONS :
Ça pourrait vous intéresser :
Comment accorder le participe passé des verbes pronominaux...
Commentaires 0
Connectez-vous pour pouvoir commenter.
Se connecter