Quelle fut l'histoire de l'hôtel du Forez, à Lyon ?
Question d'origine :
Bonjour
Je recherche des informations sur l'hôtel de forez qui se trouvait près ou sur la place du forez dans les pentes de la Croix-Rousse. Avez vous des informations sur sa construction? Sa destruction?
Réponse du Guichet
Les sources concernant l'hôtel de Forez ou Foreys sont très lacunaires. Elles permettent toutefois d'avoir quelques informations sur cette maison et sur ses propriétaires. Les données sur sa construction et sa destructions ne sont par contre pas suffisantes pour en tirer des hypothèses fiables.
Bonjour,
Nous avons peu d’informations sur cette hôtel de Forez ou maison de Foreys. Le manque de sources a ainsi pu amener des confusions ou des hypothèses très différentes à son sujet.
A qui appartenait cette maison ?
La maison de Foreys a été attribuée à deux familles :
aux comtes de Forez et plus particulièrement à Jean Ier de Forez. Aug. Bernard jeune, historien du Forez, dans un article Souvenirs du Forez à Lyon, attribue la maison à cette famille. Il est vrai que Jean de Forez entretient des liens forts avec Lyon, où il est très présent, pour le mariage de sa sœur (1310) pour la négociation du ralliement de Lyon au Royaume de France (1311), en tant que garde du conclave pour l’élection pape Jean XXII (1316). De plus, il construit un Hôtel de Forez à Paris, et la tentation est forte d’imaginer qu’il ait pu en faire de même sur les pentes de la Croix-Rousse.
à la fa famille de notable des Foreys : Etienne puis Jean de Forey évoquée notamment par Guy de Valous dans Le Patriciat lyonnais aux XIIIe et XIVe siècles. Cette famille est une famille reconnue à Lyon ; ses membres occupent des charges importantes :
Le patriciat lyonnais est constitué uniquement de bourgeois. Aucun noble dans ses rangs. D’autre part, si on trouve entre cinquante et cent noms sur les listes de bourgeois qui signèrent les diverses trêves conclues avec l’Église durant les luttes de la fin du XIIIe siècle, cela ne représente en fait qu’une dizaine de familles: les Chaponay, Dodieu, Durche, Foreys, Fuers, La Mure, Le Blanc, Nièvre, Varey, Vaux, véritables dynasties patriciennes entre lesquelles se nouent des liens matrimoniaux, et qu’on retrouve encore à la tête de la ville cent ans plus tard. (A.Pelletier,J.Rossiaud(dir.), Histoire de Lyon des origines à nos jours, t.I, Antiquité et Moyen Âge, Le Coteau, Horvath, 1990)
Le travail réalisé par Joseph Pointet au début du XXe siècle, et conservé aux AML, plaide plutôt pour la seconde hypothèse.
Où se situait la maison de Foreys?
A ce sujet, les indications concordent. La maison se situait près de la porte Saint-Marcel et de la porte de la Lanterne. L’usage du nom de ces portes peut néanmoins être plus ou moins précis dans les textes (voir à leur sujet ce qu’en rapporte les Document d'Archéologie en Rhône-Alpes et en Auvergne, Lyon les dessous de la Presqu’île, chapitre 4 La ville médiévale et moderne).
Nous en déduisons néanmoins que la maison de Foreys se situait plus près de l’actuel place Sainte-Catherine que de la place du Forez.
Joseph Pointet la localise à l’emplacement de l’ancien couvent des capucins (5-7 rue des Capucins), et Nicole Gonthier la place sur sa carte des voies empruntées pour les bannissements à Lyon au XIVe et XVe siècle, le long de la place Sainte-Catherine (2 rue des Capucins).
Le Plan scénographique de Lyon de 1855 ferait opter pour la localisation donnée par Joseph Pointet, mais la technique cartographique de l’époque reste trop imprécise pour trancher véritablement.
Le Petit Foreys se situait dans un quartier assez pauvre comme le rappelle Nicole Gonthier dans Une Esquisse du paysage urbain lyonnais au XlVème et XVème siècles :
Le livre du Vaillant de 1388 fournit de précieux renseignements qui viennent compléter les données de 1360-1370. En reclassant, en effet, les maisons énumérées selon leur emplacement et selon leur estimation, on voit aisément se dessiner le profil des différents quartiers. Celui de Saint-Vincent ou plus largement les zones situées au nord des Terreaux se signalent par un habitat très pauvre. Plus de 90 % des maisons n'atteignent pas 50 livres de valeur fiscale. Deux bâtisses seulement : la maison de Foreys et l'hôtel de la Roche se distinguent de ce médiocre ensemble, l'une évaluée 400 francs, l'autre 200 francs.
Quelles dates de construction et destruction?
Au risque de vous décevoir, les sources sont trop lacunaires pour donner une réponse précise.
Etienne de Foreys, qui est le premier propriétaire attesté du domaine, en 1347, meurt en 1348.
Jean de Foreys son fils, receveur de la ville en 1364, est indiqué sur plusieurs sources, notamment le Vaillant de 1388 comme propriétaire de la maison familiale dite maison de Foreys.
La maison est vendue à Jean de Varey en 1446 puis à la famille Thomassin.
Adolphe Vachet, dans Les Anciens couvents de Lyon, précise :
une propriété appelée le Petit-Foreys, parce qu’elle avait appartenu au quatorzième siècle à Jean de Foreys, riche habitant de Lyon; elle était passée dans la suite aux Thomassin. C’est cette maison et cette propriété qui furent achetées pour le second couvent par André Coste, banquier génois, en 1622.
Les prés attenant, dits champs de Foreys sont vendus à la famille Jossard, originaire de Châtillon d’Azergue. Ces prés se situaient, selon René Fedou, en direction de Croix Paquet, à l’est du tènement.
La destruction de la maison n’a pas laissée davantage de traces. Elle semble liée à l’installation du couvent des Capucins, après 1622. Cette destruction a-t-elle été progressive ou rapide, dès l’installation des Capucins ? En comparant le plan scénographique de Lyon de 1550 et le plan Maupin de 1659, la physionomie des bâtiments a énormément changée. Ce qui plaiderait pour un remodelage de l’ensemble du bâti du Petit Foreys dès l’installation du couvent.
Bonne journée,