Femmes africaines
DIVERS
+ DE 2 ANS
Le 28/07/2005 à 09h13
426 vues
Question d'origine :
Bonjour,
Une question me préoccupe : Les reportages sur l'Afrique montrent toujours des femmes presque nues. C'est leur façon de vivre, mais comment font-elles quand elles ont leurs règles ?
Merci et bravo pour votre site !
Anna
Réponse du Guichet
anonyme
- Département : Équipe du Guichet du Savoir
Le 29/07/2005 à 13h20
Tout d'abord, il nous a semblé important de faire quelques remarques avant d'aborder le sujet proprement dit.
Vous vous (et vous nous) interrogez à propos des femmes africaines, les englobant toutes, du nord au sud du continent, dans une histoire, des traditions communes. Ce n'est pas le cas. L'observation de telle situation à tel endroit, ne permet pas la généralisation. L'Afrique est composée d'une grande variété de peuples et de coutumes.
Voir à cet égard notre réponse à une précédente question : ethnies africaines, et le texte suivant, petit résumé du livre de Catherine Coquery-Vidrovitch / Les Africaines : histoire des femmes d'Afrique noire du XIXe au XXe siècle
« Les femmes d'Afrique Noire ont eu, et continuent d'avoir, sous des formes qui ont varié dans le temps, la vie dure » : cette conviction centrale s'appuie sur l'accumulation des cas évoqués, tant pour le XIXe siècle que pour l'époque actuelle. Les sources missionnaires, les récits de voyage, les récits de vie et les traditions orales donnent de la condition des femmes précoloniales une image plutôt négative, mais contrastée : peu de choses en commun en effet d'une catégorie sociale à l'autre, d'une société à l'autre, si ce n'est peut-être la prééminence de la fonction nourricière dévolue partout à la femme et la prédominance des structures de parenté matrilinéaires et de la résidence virilocale (malgré des contre-exemples nombreux). Les paysannes tswana d'Afrique australe, dans les années 1840, étaient dressées dès l'enfance à la plus grande soumission vis-à-vis des hommes, véritables « bêtes de somme » ; une esclave des régions swahili pouvait être vendue toute jeune par sa propre famille et être revendue dix fois, passant de mains en mains et de mari en mari... A l'opposé, les signares de Saint-Louis-du-Sénégal ou les « belles créoles » de Loanda, les commerçantes d'Afrique de l'Ouest, les « femmes-chefs », les « reines-mères » ou les prophétesses sans parler des célèbres « Amazones » du roi Béhanzin au Dahomey font figure d'exception.
source : clio.revues.org
En ce qui concerne l'habillement, là encore il est difficile de systématiser la nudité de l'ensemble des femmes.
Dans les pays christianisés d'Afrique centrale et australe, sous l'influence des missionnaires qui luttèrent aprement contre la nudité des femmes ou le port de vêtements "traditionnels", la robe occidentale l'a généralement emporté. Mais dans d'autres, comme au Sénégal, le maintien ou le renouvellement des vêtements locaux fut considéré, surtout en ville, comme un signe de reconquête d'identité. Seule l'élite "acculturée" de la société, et encore dans les grandes occasions, pouvait y renoncer.
source : Catherine Coquery-Vidrovitch / Les Africaines : histoire des femmes d'Afrique noire du XIXe au XXe siècle
D'autre part, la nudité a été peu encouragée que ce soit par les Européens ou par les Africains eux-mêmes :
En 1935, le régime colonial avait depuis longtemps produit ses effets et proposé au nom de la civilisation le rejet de la plupart des arts du corps, à tel point que les études savantes de la peinture corporelle et de la scarification sont rares et tardives. Tatouages et scarifications étaient jugés barbares, de même que la nudité, surtout peinte. Beaucoup d'ornements ont aussi été découragés au nom de l'économie, de saines habitudes de travail ou du confort. Les railleries des Européens au sujet des lourds anneaux de cuivre portés autour du cou ou des chevilles sont un stéréotype du début de l'époque coloniale. D'incessantes campagnes étaient alors menées en faveur du vêtement convenable et pas seulement par les missionnaires. Au sud du Sahara, ils avaient proposé des styles de robes décentes pour les femmes, tous dérivés de la robe dite " Mother Hubbard " (jupe longue et blouse à manches longues
[...]
Le nationalisme a trouvé après 1945 son expression dans le costume (65). Les nationalités ont décrié plus encore que les Européens la nudité et l'ornementation de la peau. Ils ont créé des costumes nationaux, souvent de façon très consciente comme en Sierra Leone où l'étoffe kabah à empiècement brodé est devenue par consensus le vêtement féminin national
[...]
Ainsi, les formes d'habillement et d'ornementation du corps proposées par les Européens n'ont été acceptées que de façon sélective au cours de cette période où le désir de souligner l'identité nationale et, plus tard, le statut social a aussi imprimé sa marque sur l'histoire du vêtement
UNESCO
Cependant, certains ont résisté :
... il y a quantité de peuples qui vivent intégralement nus (c’est-à-dire sans cacher les organes de reproduction). Ce sont les Grands Peuples Nus, sur tous les continents : Amérique (Amazonie, Fuégiens), Afrique (Nilotes, Pygmées, Boshimans, Karamajongs), Asie (Adaman, Jaïns, Nagas), Australie (Aruntas, Aborigènes), Polynésie (Maoris). Ce sont des peuples qui vivent dans une parfaite insertion naturelle, en économisant leurs ressources, sans aucun gaspillage dans une réelle écologie, en harmonie avec leur nature.
source : Fédération québécoise de naturisme
Pour aborder plus directement votre sujet, relevons en premier lieu un phénomène, fréquemment retrouvé et pas seulement en Afrique, qui concerne les femmes réglées, le phénomène de l'exclusion.
L'hygiène corporelle et les femmes en Afrique Noire :
La propreté apporte au corps un parfait état de fonctionnement, de symbiose avec le grand corps de la société et de l'univers. La parure double les coutumes de toilette de significations sociales précises, toujours en référence avec la circulation du Verbe.
Le savon est devenu un attribut féminin, par la propreté de la bouche et de tous les orifices la femme est la première utilisatrice des soins d'hygiène. Le savon est utilisé comme un moyen exclusivement féminin pour le mode de lavage. Un homme ne se sert jamais de savon pour la toilette, il utilise seulement de l'eau. Le
beurre de karité dans les campagnes ou le savon sont choses essentiellement féminines, par référence à la mauvaise odeur du sexe féminin qui correspond symboliquement à la mauvaise parole entendue par l'oreille. Cette odeur est conférée par le sang menstruel. Ce flux impur est le trop-plein de sang rejeté par une surabondance de bile, siège intérieur de la parole. La bile des femmes emmagasine bonnes et mauvaises paroles qui les ont pénétrées à la manière des semences. Les mauvaises paroles entraînent la femme à la condition d'impure lors des menstrues.
source : Le sang des femmes .
Mais, l'histoire des "protections périodiques", "serviettes hygiéniques"... à travers les pays et les époques reste encore à écrire, malgré quelques essais dans :
- Museum menstration of women's health
- Les serviettes - une histoire des protections féminines
- Dr. Earle Cleveland Haas (les tampons Tampax)
- Feminist Women's Health Center
Cependant nos recherches (rapides) nous ont permis de relever trois sites (en anglais) qui donnent quelques embryons de réponses :
- Salon com
Growing sick of this seven-day impurity business, women picked up on a trick the ancient Egyptians came up with. According to Finley, Egyptian hieroglyphics tell of women inserting wads of lint for contraception. The O.B. tampon company has conjectured that the lint probably served double-duty as a tampon, and has printed this as fact in its promotional materials.
... what kind of lint is available to a culture without dryers. For once he had no answer, and so we moved on. It took the rest of the world a while to catch up with the Egyptian gals, and for the next few centuries, pads ruled. (Some societies never made it that far: Finley says he's
et le Gouvernement canadien :
History of Menstrual Aids
By the turn of the 20th century packaged linen cloths, very much like diapers, were used. These were made specifically for sanitary protection, being shaped in a more comfortable style. They still needed soaking, washing and drying and still presented problems of absorbency and discomfort.
ainsi que Harvard.edu :
On reaching menarche (kuvunja ungo), she attained the status of “mwali”. This status was by virtue of her new biological development as she was now regarded to be capable of reproduction.
The society had an obligation to prepare her for that role.
En résumé (et en francais), chez certains peuples, les femmes, mises à l'écart, disposaient d'une natte d'herbes sous leurs pieds qui recevait le sang, natte qui était ensuite brûlée ; chez d'autres, elles utilisaient une bande (ou bandage) faite d'herbes ou autres végétaux ; d'autres ne prenaient pas de mesure particulière, etc...
DANS NOS COLLECTIONS :
Ça pourrait vous intéresser :
Commentaires 0
Connectez-vous pour pouvoir commenter.
Se connecter