Des gens se forcent-ils à croire en Dieu pour rassurer les gens qui vont mourir ?
Question d'origine :
Est-ce qu'il y a des gens qui se forcent à croire en Dieu et à une vie après la mort pour rassurer les gens qui vont mourir?
Réponse du Guichet
N'inventez rien, l'heure n'est pas aux fausses croyances ni aux grands chamboulements spirituels.
Bonjour,
Nous espérons que cette réponse vous trouvera pour le mieux malgré l'inquiétude qui transparait dans vos questions.
Nous ne sommes pas en mesure d'affirmer que certaines personnes se mettent tout d'un coup à croire en Dieu ou en l'existence d'une vie post-mortem afin de rassurer des proches mourants. Votre question relève de l'intime, de choix ou de dispositions personnelles qui sont très difficiles à évaluer ou à quantifier. Mais il est vrai qu'accompagner quelqu'un dans ses derniers instants suscite souvent un questionnement sur l'au-delà ou le sens de la vie ; que ces questions surgissent chez-vous ou dans l'esprit de votre proche. Dans son ouvrage Accompagner un proche en fin de vie, le psychiatre Christophe Fauré, spécialiste du deuil, traite justement de la question des croyances à l'article de la mort. C'est un point important à aborder selon lui, d'autant plus si vous savez que la personne accompagnée s'inscrit dans une démarche spirituelle. Il met cependant en garde sur certaines pratiques à ne pas adopter :
Il peut être important de la rejoindre à ce niveau, en sachant que tout le monde n'est pas prêt à aborder ces questions. Là encore ne forcez rien. Laissez -là venir ou tâtez le terrain par quelques questions qui seront autant de perches tendues qu'elle pourra saisir ou non.Prenez soin également de ne pas lui imposer votre propre vision : par exemple, une personne qui a été élevée dans un contexte catholique peut mal supporter que son proche lui impose une autre vision de l'après-vie. L'intention est certainement bonne mais elle n'est pas appropriée. Le moment n'est plus aux discussions théologiques, ni à la remise en question des croyances.
Source : Accompagner un proche en fin de vie, Christophe Fauré (p. 137).
Il en est de même pour les interrogations relatives au sens de la vie :
Il est toujours préférable de laisser la personne en parler la première, car il est très possible qu'elle vienne à en parler spontanément. Mais là encore la prudence s'impose : il peut être, en effet, très déstabilisant pour une personne de s’engager dans une conversation qui risquerait d'aboutir au constat que "ma vie n'a eu aucun sens!". Ce serait un tourment totalement inutile.
Source : Accompagner un proche en fin de vie, Christophe Fauré (p. 137).
Christophe Fauré recommande toutefois d'aborder les moments joyeux de son existence en se remémorant ce que l'on a vécu d'important ou ce que l'on a pu apporter à ses proches :
Ces doux souvenirs montrent implicitement à cette personne tout ce qu'elle a apporté de bon à ses proches durant son existence, ainsi que tout l'amour qu'elle a su donner. Elle comprend également que ces souvenirs resteront ancrés dans le coeur de ses proches et qu'ainsi, elle ne sera pas oubliée...
Source : Accompagner un proche en fin de vie, Christophe Fauré (p. 138).
Nous ne pouvons que vous encourager de ne pas mettre en avant une croyance de façade, à laquelle vous ne croiriez pas vous-même, mais plutôt de vous adapter aux besoins spirituels de votre interlocuteur. L'heure n'est plus à la remise en cause ni aux grands chamboulements. La croyance religieuse s'élabore sur le temps long et ne peut s'improviser à l'emporte pièce, d'autant plus lorsqu'il s'agit de soulager ses angoisses face à la mort.
N'hésitez pas aussi à vous référer à ces anciennes réponses et aux sources bibliographiques qui leur sont associées :
En vous souhaitant une bonne journée,
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