Question d'origine :
à quoi fait référence le titre de l'oeuvre d'Umberto Ecco, le nom de la rose ?
de quelle rose s'agit -il ?
Réponse du Guichet
gds_db
- Département : Equipe du Guichet du Savoir
Le 14/05/2004 à 09h47
L'édition originale de cet ouvrage a été publié en 1980 par Gruppo Editoriale Fabbri-Bompiani, Milan, sous le titre : "Il nome della rosa".
Dans "Apostille au Nom de la rose", Umberto Eco déclare :
"Depuis que j'ai écrit le nom de la rose, je reçois de nombreuses lettres de lecteurs, la plupart pour me demander ce que signifie l'hexamètre latin final [stat rosa pristina nomine, nomina nuda tenemus] et comment il a engendré le titre.
Invariablement, je réponds qu'il s'agit d'un vers tiré du "De contemptu mundi" de Bernard de Morlaix, un bénédictin du XIIe siècle, qui s'est livré à des variations sur le thème de l'ubi sunt (d'où a dérivé par la suite le mais où sont les neiges d'atan de Villon) et a rajouté au topo courant (les grands de jadis, les villes célèbres, les belles princesses, le néant où tout finit par s'évanouir) l'idée que, bien que toutes les choses disparaissent, nous conservons d'elles de purs noms. Je rappelle aussi qu'Abélard utilisait l'exemple de l'énoncé "nulla rosa est" pour montrer à quel point le langage pouvait tout autant parler des choses abolies que des choses inexistantes. Après quoi, je laisse le lecteur tirer ses conclusions, considérant qu'un narrateur n'a pas à fournir d'interprétations à son oeuvre, sinon ce ne serait pas la peine d'écrire des romans, étant donné qu'ils sont, par excellence, des machines à générer de l'interprétation.
...
L'idée du "Nom de la rose" me vint quasiment par hasard et elle me plut parce que la rose est une figure symbolique si chargée de significations qu'elle finit par n'en avoir plus aucune, ou presque : la rose mystique, et rose elle a vécu ce que vivent les roses, la guerre des deux roses, une rose est une rose est une rose est une rose, les rose-croix, merci de ces magnifiques roses, la vie en rose. Le lecteur était désorienté, il ne pouvait choisir une interprétation ; et même s'il saisissait les possibles lectures nominalistes du vers final, quand justement il arrivait à lui, il avait déjà fait dieu sait quels autres choix. Un titre doit embrouiller les idées, non les embrigader."
Le texte italien original a paru sous le titre "Postille al Nome della Rosa" dans Afabeta 49, juin 1983.
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