Question d'origine :
Bonjour,
Je désirai avoir des renseignements sur la période Mexicaine de Paul Strand, photographe Étasunien :
- Pour quelles raisons y est-il allé?
- Quelles photos y a prises? Comment sont-elles?
- Comment y a-t-il vécu?
En vous remerciant
HAMMS
Réponse du Guichet
bml_art
- Département : Arts et Loisirs
Le 10/10/2019 à 15h02
Bonjour,
D’après l’article sur Paul Strand dans wikipedia, , le photographe fait d’abord plusieurs séjours au Nouveau-Mexique, dans le but de trouver le village idéal dont il pourrait faire le portrait global, où les habitants raconteraient leur propre histoire. En vain.
Voici ce qu’explique le catalogue d’exposition Henri Cartier-Bresson, Paul Strand : Mexique, 1932-1934 :
« Paul Strand arrive au Mexique en novembre 1932 après un séjour à Taos, dans l’Etat américain du Nouveau-Mexique. La quarantaine tout juste passée, son départ des Etats-Unis correspond à une rupture. Il est en passe de se séparer de sa femme Rebecca, son amitié avec Stieglitz se distend et la bourse de la fondation Guggenheim à laquelle il avait postulé lui a été refusée. Le compositeur mexicain Carlos Chavez, avec lequel Strand s’était lié lors de son séjour à Taos, lui fournit les laissez-passer nécessaires pour pouvoir franchir la frontière avec son matériel photographique. […] il lui offre la possibilité de montrer ses photographies dans l’espace d’exposition du ministère, la sala de Arte. […] C’est encore sur une proposition de Chavez que Strand est nommé directeur des affaires photographiques et cinématographiques du ministère de l’éducation publique, position qu’il occupera jusqu’à son départ du Mexique. […] Après un séjour d’un peu plus de deux ans au Mexique qui auront été prolifiques en images fixes autant qu’animées, Strand quitte le pays à la fin du mois de décembre 1934. »
« Aujourd’hui, le Mexique nous apparaît comme le pays du fait divers permanent, de la mort violente omniprésente. […] Il n’en allait pas exactement de même dans les années 1920 et 1930. A l’étranger, le pays est alors perçu comme celui de la Révolution accomplie. Pour beaucoup, il est le lieu rêvé du progrès social, des réformes agraires, de l’amélioration des conditions de travail, du droit de grève et de l’éducation pour tous. […] Le Mexique constitue un pôle d’attraction puissant pour ceux qui se reconnaissent dans les idées du marxisme ou du communisme. […] On se rend alors à Mexico comme on entreprendrait le voyage à Moscou. »
L’engagement politique de Strand est manifeste, d’autant que ses activités au ministère de l’éducation publique se déroulent alors que celui-ci est dirigé par Narciso Bassols, le premier marxiste à avoir un portefeuille dans le gouvernement mexicain.
L’engagement auprès des forces de gauche sera de plus en plus important après son voyage au Mexique, qui a donc constitué un moment essentiel de sa formation politique.
Mais le Mexique est aussi indéniablement associé au cinéma chez Strand, qui, sur la recommandation de Chavez, était en charge d’un projet de réalisation de films documentaires sur cinq ans, destinés aux ouvriers, aux paysans et aux pêcheurs. Son film Redes, connu en France sous le titre Les révoltés d'Alvarado est le résultat direct de ce programme éducatif lancé dans un contexte politique.
Concernant ses photographies réalisées au Mexique toujours dans le catalogue d'exposition, Agnès Sire dit : « en avril 1933, Chavez le nomme professeur d’éducation artistique pour les écoles primaires et il part avec Velasquez Chavez (neveu de Carlos) enquêter sur l’art et l’artisanat mexicains. C’est à ce moment-là qu’il va photographier intensément : intéressé par la culture indigène, il ira jusqu’à saisir les gens de la rue, pratique qu’il avait abandonnée depuis longtemps, pour se consacrer à des études plus formelles. Fasciné par la piété des habitants, il va réaliser de véritables portraits de statues religieuses mêlées à ceux des habitants, aux paysages et à l’architecture locale ».
Clément Chéroux qui a écrit la partie sur le tropisme politique d’Henri Cartier-Bresson et Paul Strand dit qu’ « il y a dans les images de l’Américain une forme de pesanteur du vivant et même, en un certain sens, de gravité. Les hommes et les femmes de la rue qu’il photographie sont généralement bien campés sur leurs pieds, ou assis sur le pas d’une porte, appuyés au chambranle, comme tenus par le cadre de l’image. Ils semblent enracinés dans leur terre ou posés là comme des blocs de granit. A la manière des madones et des christs de bois qu’il photographie dans les églises, Stand confère à ses sujets une forme sculpturale. »
L’article de Wikipedia précise : « Il voyage donc à travers le Michoacán avec le jeune Chávez et utilise à cette occasion pour la première fois un objectif pourvu d’un prisme adaptable qui lui permet de faire une prise de vue à 90°. Il réalise ainsi des portraits surprenants d’intensité de personnes regardant fixement son gros appareil 13x18 sans se douter qu’ils sont eux-mêmes photographiés, puisque l’objectif est dirigé dans une autre direction. Il avait déjà utilisé un stratagème semblable, mais moins sophistiqué, pour des portraits de rue à New York, dont sa célèbre photo Blind woman. »
Bonne journée
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