Que suivent comme principes et philosophie les personnes n'ayant pas de religion?
Question d'origine :
Que suivent comme guide, comme principes, comme philosophie les personnes qui ont pas de religion?
Réponse du Guichet
Difficile de répondre à une question aussi vaste ! En effet, sans compter la difficile définition de «ceux qui n’ont pas de religion», votre question peut aussi bien nous orienter vers les nouvelles spiritualités et croyances, le développement personnel et les sagesses que vers des projets plus politiques ou philosophiques.
Bonjour,
Il est difficile de répondre à votre question tant les réponses sont multiples, «ceux qui n’ont pas de religion» étant une catégorie bien trop imprécise.
Une catégorie négative :
«Ceux qui n’ont pas de religion» est une catégorie négative et donc toute relative ! Elle recouvre un nombre de personnes très diverses qui peuvent être athées, agnostiques, anticléricales ou cherchant du sens dans d’autres croyances que celles des religions instituées.
Deux articles en ligne tout d’abord pour comprendre la difficile définition des «sans-religion» :
Les «sans-religion»: la nouvelle religion?, The conversation, 1/10/2018 :
"Un large éventail de visions du monde :
Comme la religion, la non-religion inclut un large éventail de visions du monde, incluant des nouveaux athées qui «militent» contre la religion, aussi bien que des personnes affirmant qu’on ne peut rien savoir de l’existence ou de la non-existence de Dieu (agnostiques) mais qui peuvent être des pratiquants, ou encore des personnes totalement indifférentes à la religion et à la religiosité.»
Le futur sera-t-il moins religieux?, Vincent Lucchese, Usbek et Rica, 25/10/2017
Pour aller plus loin :
Indifférence religieuse ou athéisme militant? : penser l'irréligion aujourd'hui, Pierre Bréchon, Anne-Laure Zwilling, dir.
Ne pas croire : essai sur l'agnosticisme, Robin Le Poidevin
Des pistes variées :
Des préceptes non religieux peuvent bien sûr guider ceux qui ne croient pas en un dieu mais il est difficile d’en faire une liste exhaustive, d’une spiritualité sans Dieu à une éthique laïque en passant par une morale hédoniste ou sceptique, ou des croyances variées pouvant aller jusqu’aux dérives sectaires.
Nouvelles spiritualités et développement personnel, souvent mêlés, ont remplacé pour beaucoup les préceptes religieux traditionnels. Marc Bonomelli dans Les nouvelles routes du soi, part à la rencontre de ces «nouveaux explorateurs du sacré» :
«Retraites chamaniques, cercles de sorcières, culte de Gaïa, yoga, reiki, jeûne ou Tarot: les nouvelles spiritualités explosent. Elles poussent comme des champignons magiques dans la jungle d'une modernité sécularisée et consumériste. Dans une société plus individualiste que jamais et peinant à offrir des futurs désirables, leur essor témoigne d'un besoin puissant de lien et de transcendance.
Les nouveaux explorateurs du sacré ne sont pas de simples consommateurs de croyances, la plupart inscrivent leur quête dans un projet éthique, social et politique. Dans un contexte de crise écologique, ils aspirent à réenchanter le monde en tissant des liens avec le Vivant et en renouant avec leur intériorité : ils sont le signe d'une société furieusement entrée en quête de sens.» (4e de couv.)
Dans un article du Monde du 27 septembre 2023 : «Nouvelles spiritualités : « Yogi, méditants, néosorcières, chamans... Derrière un aspect hétéroclite se dessine un ensemble cohérent de doctrines » (consultable sur Europresse sur le site de la BML), l’auteur souligne :
«Watts fait valoir que cette « self-spiritualité », qu’il ose nommer « religion du cœur », est d’abord identifiable par l’aspiration partagée de ses adeptes à une vie intérieure et à une « auto-éthique ». En nous-même réside notre source de guidance, expérimentée en termes d’intuition, de résonance et de voix intérieure. Elle sert aux décisions de la vie de tous les jours pour agir de manière juste.»
Lire aussi: Marc Bonomelli : « La spiritualité contemporaine est comme les mises à jour Facebook : elle se réinvente constamment », en ligne sur L’ADN, tendances et mutations.
Dans ce domaine, les réponses sont donc innombrables même si l’aspiration est partagée.
Bien sûr, on pourrait aussi insister sur la mise en place de valeurs et la construction d’une éthique laïque, mais vos précédentes questions ont déjà auparavant porté essentiellement sur la morale et les valeurs, nous n’y reviendrons donc pas plus avant.
Voici une petite bibliographie qui vous convaincra peut-être qu’il est impossible de donner une seule réponse à votre questionnement :
En ligne :
Déclinisme, complotisme : nouvelles croyances pour une Histoire en perte de sens?, Podcast France Culture La grande table Idées. Déclinisme, obscurantisme, messianisme... d'où viennent ces nouveaux "ismes" et que nous disent-ils de notre temps ? avec Johann Chapoutot, professeur d'histoire contemporaine à la Sorbonne, auteur de l'ouvrage "Le Grand Récit" (PUF, 29/09/2021).
Comment vivre sans Dieu?, Laurent Testot, Les Grands dossiers Sciences Humaines n° 10, mars-mai 2008 (voir L'esprit de l'athéisme : introduction à une spiritualité sans Dieu, André Comte-Sponville, Traité d’athéologie et Manifeste hédoniste, Michel Onfray)
Peut-on vivre sans religion ?, Jacques Trémintin, La lettre de l'enfance et de l'adolescence 2008/4 (n° 74), pages 51 à 56
En bibliothèque :
(N’hésitez pas à regarder la fiche détaillée de chaque ouvrage, qui vous en donne le résumé.)
Pour une spiritualité sans dieux, Philippe Corcuff
Comment vivre lorsqu'on ne croit en rien ? : une morale sceptique, Alexandre Lacroix
Croyances : comment expliquer le monde ?, Henri Atlan
La sagesse expliquée à ceux qui la cherchent, Frédéric Lenoir
Nous ne savons plus croire, Camille Riquier
Heureux sans dieu ni religion, Michel Piquemal
Religion sans Dieu, Ronald Dworkin
Le plus grand bonheur possible : une introduction à l'utilitarisme, Katarzyna de Lazari-Radek & Peter Singer
Morale minimale, morale maximale, Michael Walzer
Bonnes lectures !