Question d'origine :
Bonjour !
Je cherche à savoir comment, avec quels matériaux et dans quelles conditions les ponts étaient construits au Moyen âge et dans l'Antiquité
Réponse du Guichet
gds_db
- Département : Equipe du Guichet du Savoir
Le 04/06/2019 à 12h41
Bonjour,
" L'histoire de la construction des ponts est avant tout celle des matériaux qui les constituent. Les ouvrages primitifs étaient réalisés avec des matériaux naturels tels que le bois, les lianes et la pierre. Avec des lianes, on a construit des passerelles suspendues ; avec la pierre, des ponts en poutre – une simple dalle de pierre jetée entre deux appuis – et des arcs ; avec le bois, des ponts en poutre – une série de troncs d'arbres entre deux appuis – et des treillis de plus en plus complexes, travaillant en poutre ou en arc. Des passerelles de l'Himalaya constituent même des exemples de construction par encorbellements successifs, avec des troncs d'arbre encastrés dans une culée de pierres sèches et s'avançant de plus en plus au-dessus de la brèche ; et des exemples de pont-ruban tendus entre deux rives.
Ponts en bois
Le bois a été le matériau le plus utilisé dans l'Antiquité et jusqu'au XVIIe siècle, même si nous n'en avons gardé que de rares témoignages tels que le pont de la Chapelle à Lucerne, le plus célèbre, et celui de l'Accademia à Venise. Toutefois, les historiens ont laissé la description d'ouvrages très importants : Hérodote parle de ponts sur le Nil et l'Euphrate vingt siècles avant Jésus-Christ ; Darius aurait franchi le Bosphore et Xerxès les Dardanelles sur des ponts de bateaux ; César a réalisé en huit jours un ouvrage sur le Rhin pour aller écraser les Germains en 55 avant J.-C. ; et Trajan fit construire un pont de 1 100 m sur le Danube, en 105 après J.-C., dont le dessin nous est laissé par la colonne Trajane. Le bois a encore été largement utilisé au xixe siècle en Amérique du Nord pour les grands viaducs ferroviaires.
Ponts en pierre
La pierre et la maçonnerie ont été utilisées pour des ouvrages importants et durables, depuis la haute Antiquité jusqu'à la fin du XIXe siècle et même jusqu'à tout récemment en Chine, pendant la révolution culturelle. L'origine des arcs en pierre remonterait aux Sumériens, mais ce sont les Étrusques et surtout les Romains qui ont développé leur construction, acquérant une compétence technique (traité de Vitruvius Pollio) qui ne sera retrouvée qu'au XVIe siècle en Italie. Les arcs primaires des ponts en grand appareil du haut Empire sont bâtis par anneaux de pierres successifs, les uns à côté des autres, pour limiter la taille des cintres ; les ponts du bas Empire sont réalisés en maçonnerie, grâce à la découverte des ciments naturels ; l'arc primaire est alors construit par rouleaux successifs. L'ouvrage est complété par les tympans qui maintiennent les matériaux de remplissage portant la chaussée. Les voûtes romaines sont en plein cintre et les portées peuvent atteindre 30 m (cf. rome et empire romain - L'art romain).
Le Moyen Âge n'apportera aucun progrès sensible (pont Bénezet à Avignon, en 1187 ; celui de Céret, en 1339), avec une forme un peu différente des voûtes en arc brisé (pont Valentré à Cahors, en 1308, celui d'Entraygues, en 1269), probablement sous l'influence des constructions orientales qui atteindront leur apogée dans l'empire turc (pont de Mostar en Bosnie-Herzégovine par Hayruddin). Il faudra attendre la Renaissance italienne pour que les voûtes soient surbaissées et les piles affinées. Le pont de la Trinité à Florence, en 1570, et celui du Rialto à Venise, en 1590, en sont des bons exemples. En France, la technique fit des progrès considérables au XVIIIe siècle grâce à la création du Corps des ponts et chaussées, en 1716, de l'École des ponts et chaussées, en 1747, et aux ouvrages de Jean-Rodolphe Perronet, son premier directeur (pont Georges V à Orléans en 1761 et celui de la Concorde en 1791). La construction des lignes de chemin de fer, au cours du XIXe siècle, fut l'occasion de concevoir, surtout en France et en Grande-Bretagne, de grands viaducs ferroviaires en maçonnerie dont les aqueducs des XVIIe et XVIIIe siècles avaient constitué une remarquable préfiguration. La maçonnerie se découpe, des voûtes d'élégissement diminuent la masse de la construction, particulièrement au-dessus des piles. Paul Séjourné, célèbre par les six tomes de ses « Grandes Voûtes » et considéré comme le plus brillant des ingénieurs français de cette époque, a réalisé le pont Adolphe à Luxembourg sur la vallée de la Pétruse, en 1903, avec pour la première fois une dalle de roulement en béton armé, et le viaduc de Fontpédrouze, en 1911. "
source : Encyclopaedia Universalis
De nombreux ouvrages sont consacrés à cette question de l'histoire des ponts. Quelques exemples :
- Le pont en France avant le temps des ingénieurs [Livre] / Jean Mesqui
Combinant l'étude socio-économique et l'étude technique et architecturale, ce livre retrace l'évolution du pont à travers les siècles antiques et médiévaux : structures, financement, construction, réparation.
- Chemins et ponts [Livre] : lien entre les hommes / Jean Mesqui
L'auteur, ingénieur des Ponts et Chaussées, retrace la lente mutation des communications terrestres : mutation technique mais aussi évolution humaine et politique, menant des antiques pistes de transhumances aux simples gués jusqu'aux routes nationales et aux viaducs actuels. voir pages 70 à 124
- Ponts de France / [Livre] / sous la direction de Guy Grattesat...
- Les ponts au Moyen Age / sous la direction de Danièle James-Raoul et Claude Thomasset
Le pont est dévolu au passage et se définit fondamentalement par ses fonctions de communication et de réunion. Les études ici réunies, publiées dans le cadre de l'Ecole doctorale Concepts et langages de l'Université Paris-Sorbonne, s'intéressent, à travers la littérature et ses représentations, à trois aspects du pont : sa construction, son franchissement et l'imaginaire qui l'entoure.
- Le génie civil de l'armée romaine / Gérard Coulon
Sous la République et l'Empire, les soldats romains furent occupés à des travaux de génie civil par des chefs soucieux de les arracher à l'oisiveté en temps de paix. Ces différents travaux, qui contribuent à la romanisation des provinces, sont passés à la loupe : construction et amélioration de routes, création de ponts et d'aqueducs, creusement de canaux ou encore création de villes.
Bonne journée.
" L'histoire de la construction des ponts est avant tout celle des matériaux qui les constituent. Les ouvrages primitifs étaient réalisés avec des matériaux naturels tels que le bois, les lianes et la pierre. Avec des lianes, on a construit des passerelles suspendues ; avec la pierre, des ponts en poutre – une simple dalle de pierre jetée entre deux appuis – et des arcs ; avec le bois, des ponts en poutre – une série de troncs d'arbres entre deux appuis – et des treillis de plus en plus complexes, travaillant en poutre ou en arc. Des passerelles de l'Himalaya constituent même des exemples de construction par encorbellements successifs, avec des troncs d'arbre encastrés dans une culée de pierres sèches et s'avançant de plus en plus au-dessus de la brèche ; et des exemples de pont-ruban tendus entre deux rives.
Le Moyen Âge n'apportera aucun progrès sensible (pont Bénezet à Avignon, en 1187 ; celui de Céret, en 1339), avec une forme un peu différente des voûtes en arc brisé (pont Valentré à Cahors, en 1308, celui d'Entraygues, en 1269), probablement sous l'influence des constructions orientales qui atteindront leur apogée dans l'empire turc (pont de Mostar en Bosnie-Herzégovine par Hayruddin). Il faudra attendre la Renaissance italienne pour que les voûtes soient surbaissées et les piles affinées. Le pont de la Trinité à Florence, en 1570, et celui du Rialto à Venise, en 1590, en sont des bons exemples. En France, la technique fit des progrès considérables au XVIIIe siècle grâce à la création du Corps des ponts et chaussées, en 1716, de l'École des ponts et chaussées, en 1747, et aux ouvrages de Jean-Rodolphe Perronet, son premier directeur (pont Georges V à Orléans en 1761 et celui de la Concorde en 1791). La construction des lignes de chemin de fer, au cours du XIXe siècle, fut l'occasion de concevoir, surtout en France et en Grande-Bretagne, de grands viaducs ferroviaires en maçonnerie dont les aqueducs des XVIIe et XVIIIe siècles avaient constitué une remarquable préfiguration. La maçonnerie se découpe, des voûtes d'élégissement diminuent la masse de la construction, particulièrement au-dessus des piles. Paul Séjourné, célèbre par les six tomes de ses « Grandes Voûtes » et considéré comme le plus brillant des ingénieurs français de cette époque, a réalisé le pont Adolphe à Luxembourg sur la vallée de la Pétruse, en 1903, avec pour la première fois une dalle de roulement en béton armé, et le viaduc de Fontpédrouze, en 1911. "
source : Encyclopaedia Universalis
De nombreux ouvrages sont consacrés à cette question de l'histoire des ponts. Quelques exemples :
- Le pont en France avant le temps des ingénieurs [Livre] / Jean Mesqui
Combinant l'étude socio-économique et l'étude technique et architecturale, ce livre retrace l'évolution du pont à travers les siècles antiques et médiévaux : structures, financement, construction, réparation.
- Chemins et ponts [Livre] : lien entre les hommes / Jean Mesqui
L'auteur, ingénieur des Ponts et Chaussées, retrace la lente mutation des communications terrestres : mutation technique mais aussi évolution humaine et politique, menant des antiques pistes de transhumances aux simples gués jusqu'aux routes nationales et aux viaducs actuels. voir pages 70 à 124
- Ponts de France / [Livre] / sous la direction de Guy Grattesat...
- Les ponts au Moyen Age / sous la direction de Danièle James-Raoul et Claude Thomasset
Le pont est dévolu au passage et se définit fondamentalement par ses fonctions de communication et de réunion. Les études ici réunies, publiées dans le cadre de l'Ecole doctorale Concepts et langages de l'Université Paris-Sorbonne, s'intéressent, à travers la littérature et ses représentations, à trois aspects du pont : sa construction, son franchissement et l'imaginaire qui l'entoure.
- Le génie civil de l'armée romaine / Gérard Coulon
Sous la République et l'Empire, les soldats romains furent occupés à des travaux de génie civil par des chefs soucieux de les arracher à l'oisiveté en temps de paix. Ces différents travaux, qui contribuent à la romanisation des provinces, sont passés à la loupe : construction et amélioration de routes, création de ponts et d'aqueducs, creusement de canaux ou encore création de villes.
Bonne journée.
DANS NOS COLLECTIONS :
Ça pourrait vous intéresser :
Comment se passe une action en justice lorsqu'une société...
Commentaires 0
Connectez-vous pour pouvoir commenter.
Se connecter