Question d'origine :
bonjour et encore felicitation pour un tel service, vous etes formidables !
j'aimerais connaitre les artistes célèbres ayant été traumtisés dans leur enfance. Et si possible, j'aimerais connaitre leur traumatisme, sans trop de détails non plus...
merci pour tout !!!
cordialement
fabrice
Réponse du Guichet
bml_art
- Département : Arts et Loisirs
Le 22/06/2005 à 16h45
En l’absence de précisions de votre part nous considérerons que votre demande porte sur les artistes au sens pictural du terme.
Il n’existe pas de compilation de tous les traumatismes subis par tel ou tel artiste… Nous vous donnerons ici quelques pistes en sachant que tout traumatisme ressenti peut avoir ou non une résonance explicite ou non dans l’œuvre d’un artiste et que tous ne souhaitent pas que leur œuvre soit reçue, analysée au seul prisme de leur intimité.
Partons de la citation faite par Daniel Arasse dans « Le sujet dans le tableau », texte auquel nous vous renvoyons, reprise de la phrase célèbre à Florence au Quattrocento « Ogni dipintore dipinge se » ou « Tout peintre se peint »
Dans cet ouvrage D. Arasse cherche « comment dans le sujet de l’œuvre transparaît le sujet qui l’a peinte (…), comment dans certains cas le sujet-thème et le sujet-auteur se donnent réciproquement figure ».
Citons aussi Serge Tisseron psychanalyste et psychiatre : « Tout créateur tente de donner forme à des impressions évanouies ou enfouies de son histoire passée, proche ou ancienne. Sa démarche tente de recomposer dans une figure unique les morceaux de puzzle d'une expérience originaire mal assimilée. Autrement dit, les images qu'il crée participent pour lui d'un processus d'appropriation symbolique - sous une forme originale et toujours à inventer - d'expériences du monde restées en défaut de symbolisation. »(…) « Certaines des expériences soumises à l'introjection sont partagées par l'ensemble des êtres humains. D'autres au contraire sont particulières à chaque individu ou à chaque groupe humain. Certaines sont liées à des conflits entre désir et interdit et d'autres pas. Enfin, le créateur est parfois conscient et parfois inconscient de la façon dont son oeuvre tente la familiarisation et l'introjection d'une expérience pénible. Il arrive que des artistes nous mettent sur la voie de telles expériences difficiles à introjecter et autour desquelles leur oeuvre tourne sans qu'on n'ait aucune raison d'en douter ».
Nous vous renvoyons aussi à d’autres points de vue qui prennent en compte la dimension psychanalytique dans l’analyse de l’œuvre d’art et dans la création artistique et vous conseillons les lectures suivantes :
- Didier Anzieu Le Corps de l'oeuvre : essais psychanalytiques sur le travail créateur. Dans cet ouvrage l’auteur analyse l’œuvre de Francis Bacon ainsi : «Peindre pour lui c’est faire apparaître sur la toile et chez le visiteur, d’une façon instantanée et viscérale, une douleur profonde et peut-être première (…) ; la meurtrissure des visages, la déliquescence des corps évoquent la détresse originaire du nourrisson dont parle Freud».
- Alice Miller La souffrance muette de l'enfant : l’expression du refoulement dans l’art et la politique. La démarche de l’auteur vise à rechercher les traces de traumatismes. Ainsi elle analyse l’oeuvre de Picasso et en particulier Guernica, à partir du traumatisme subi par Picasso à l’âge de 3 ans, lorsqu’il fût témoin d’un tremblement de terre à Malaga, évènement suivi de peu de la naissance de sa sœur dans un contexte exceptionnel et un environnement étranger. Dans ce même ouvrage elle analyse l’œuvre de Kathe Kollwitz, obsédée par le thème de la mort, de Chaïm Soutine et de Buster Keaton.
- Sarah Koffman L'enfance de l'art: une interprétation de l’esthétique freudienne
- Muriel Gagnebin L'irreprésentable ou les silences de l’œuvre. La thèse développée par l'auteur veut que « toute œuvre soit travaillée par un fantasme inconscient, éminemment mobile, traduisant quelque cause originaire qui obligatoirement fait retour sous des masques divers. A l’esthétique traditionnelle des raisons de l’œuvre, j’oppose donc une herméneutique des silences de l’œuvre ».
Nous l’avons dit la perception du traumatisme et sa réinjection dans l’œuvre est plus ou moins consciente, plus ou moins explicite. Serge Tisseron cite le cas de Joseph Beuys et du traumatisme subi (coma consécutif à un accident d'avion pendant la guerre) et de sa réanimation par application de graisse et de feutre, matériaux par ailleurs omniprésents dans son œuvre.
Niki de Saint Phalle dans son récit « Mon secret » et dans l’ouvrage « Traces » explore sa vie, celle de son entourage et en donne sa lecture et fait référence au traumatisme subi. « Depuis l’âge de vingt ans, j’ai essayé toutes sortes de psychothérapies. Je cherchais une unité intérieure que je ne trouvais que dans le travail. Je voulais pardonner à mon père d’avoir essayé de faire de moi sa maîtresse lorsque j’avais onze ans ».
De même nous connaissons l’œuvre entièrement autobiographique de Louise Bourgeois qu’elle analyse dans le texte Déconstruction du père, reconstruction du père.
« Tout mon travail des 50 dernières années, tous mes sujets trouvent leur source dans mon enfance (…). J’étais la troisième fille d’un homme qui aurait voulu avoir un garçon. Aussi pour survivre, il a fallu que je me crée des moyens de me rendre aimable ».
Frida Kahlo a, elle, grandi dans un univers où les tensions étaient dramatiques et poussées à leur paroxysme (troubles politiques, expériences de la peur et de la mort, disputes familiales). Une blessure (choc, blessure non élucidée, attaque de poliomyélite ?) l’a atteinte et c’est à cette époque de sa vie que des liens étroits se tissent avec son père. D’après Helga Prignitz-Poda, dans son ouvrage Frida Kahlo, l’artiste fait une allusion dans le poème « Souvenirs » à un épisode traumatisant de son enfance qui pourrait être lié à un abus sexuel. "Il en reste qu’elle fut traumatisée à vie et qu’elle a toujours manqué de confiance en elle et en les autres ».
Le photographe Joël Witkin relate lui aussi un épisode traumatisant de son enfance.
Terminons enfin avec Salvador Dali qui, dans La vie secrète de Salvador Dali, relate ainsi : « Mon frère était mort à 7 ans d’une méningite, 3 ans avant ma propre naissance. Désespérés mon père et ma mère ne trouvèrent de consolation qu’à mon arrivée au monde. Mes parents me baptisèrent Salvador comme mon frère. Ainsi que ce nom l’indique, j’étais destiné à sauver rien de moins que la peinture du néant de l’art moderne ».
Réponse du Guichet
anonyme
- Département : Équipe du Guichet du Savoir
Le 22/06/2005 à 20h32
merci bcp pour votre réponse mais j'aurais dû preciser ma question la derniere fois.
en fait, j'aimerais connaitre des grandes personnalités ayant été traumatisé dans leur enfance. Votre exemple de Dali fonctionne tres bien, celui de Frida Kahlo aussi, en avez vous d'autres vraiment connu ds le grand public comme Einstein, Mozart, Molière etc...
on dit souvent que les genies ont été traumatisés dans leur enfance, d'où ma demande...
je vous remercie de votre patience et de votre devouement
cordialement
fabrice
en fait, j'aimerais connaitre des grandes personnalités ayant été traumatisé dans leur enfance. Votre exemple de Dali fonctionne tres bien, celui de Frida Kahlo aussi, en avez vous d'autres vraiment connu ds le grand public comme Einstein, Mozart, Molière etc...
on dit souvent que les genies ont été traumatisés dans leur enfance, d'où ma demande...
je vous remercie de votre patience et de votre devouement
cordialement
fabrice
Réponse du Guichet
anonyme
- Département : Équipe du Guichet du Savoir
Le 24/06/2005 à 10h16
Ainsi que vous l'avait précisé le département Arts & Loisirs, il n'existe pas de compilation d'artistes ayant subi des traumatismes, pas plus qu'il n'en existe pour d'autres personnalités (à ce sujet, on peut difficilement classer Albert Eisntein dans la catégorie des artistes). Nous ne pouvons mener de recherches élargies à l'ensemble des personnalités mondiales depuis l'origine de l'humanité quel que soit leur domaine d'activité. Vous pouvez éventuellement mener des recherches à partir de cette requête dans Google. Vous y noterez par ailleurs que le mot "traumatisme" désigne tout autant des perturbations d'ordre physique que psychologique.
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