Question d'origine :
Un grand bonjour à tous les documentalistes et bibliothécaires qui œuvrent pour le renom du guichet du savoir.
Pour un travail personnel, je cherche où sont enterrés les victimes présumées de l'affaire "Marie Besnard".
Bien cordialement
pinous
Réponse du Guichet
gds_db
- Département : Equipe du Guichet du Savoir
Le 06/11/2017 à 11h56
Bonjour Pinous,
D'après les articles que nous avons consultés, les cadavres des victimes présumées de l'affaire Besnard sont enterrés aucimetière de Loudun .
Voici quelques extraits d'un article qui retrace l'affaire :
" Un juge d'instruction de Poitiers lance une commission rogatoire le 9 mai 1949. La suspecte est entendue mais les preuves manquent pour l'inculper. Deux jours plus tard, le magistrat faitexhumer le corps de son défunt mari du caveau du cimetière de Loudun où la plaque noire indique en lettres majuscules "Famille Besnard-Davaillaud", le nom de jeune fille de Marie, à côté d'une épitaphe : "A mon époux chéri".
Le toxicologue qui analyse les viscères de Léon Besnard découvre une quantité importante d'arsenic minéral (19,45 milligrammes par kilo). De quoi inculper Marie Besnard pour l'empoisonnement de son mari ! Mais ce n'est pas tout. Car à Loudun, moult témoins font part de leurs soupçons sur l'épidémie de décès dans l'entourage de l'inculpée.Le juge fait déterrer les corps de 11 proches de Marie Besnard . Son premier époux, emporté par la tuberculose ; la grand-tante de son mari ; un couple d'amis ; des parents directs ou de sa belle-famille. Là encore, les légistes retrouvent dans les restes des défunts de bonnes doses d'arsenic : 36 mg dans le corps de son père Pierre Davaillaud, officiellement mort de congestion cérébrale à l'âge de 78 ans en mai 1940 ; 48 mg d'arsenic dans la dépouille plus fraîche de sa mère Marie-Louise, décédée à l'âge de 71 ans le 16 janvier 1949 ; son beau-père en recèle 48 mg ; sa belle-mère 60 mg, et on en trouve même 20 mg dans le corps de sa belle-soeur qui s'était pendue à sa rampe d'escalier.
[...]
L'arsenic est un métalloïde extrêmement répandu ; les eaux de certains pays, comme l'Inde ou le Bengladesh, en sont si riches que leur consommation peut conduire à des intoxications chroniques. Or, la terre de Loudun, analysée à l'époque par trois experts, puis soixante ans plus tard par le toxicologue Ivan Ricordel, contient "une quantité non négligeable d'arsenic" .
De plus,le jardinier du cimetière cultive non seulement des chrysanthèmes mais aussi des pommes de terre, et traite lui aussi les doryphores avec de l'arséniate de plomb. Voire les rongeurs avec de la mort-aux-rats, autre composé de l'arsenic . Aussi, de son point de vue, "n'est-il pas invraisemblable que de grandes quantités de ces produits arsenicaux se soient dissoutes dans les eaux de ruissellement puis aient migré vers les cadavres après les décès et soient fixées sur les cheveux, les viscères ou les parties encore présentes".
De quoi fausser le jugement ! Le hic, c'est qu'à l'époque, "les chimistes ne savent pas distinguer l'arsenic minéral de l'arsenic organique", souligne Ivan Ricordel, et pas plus différencier l'arsenic exogène, venu de l'extérieur, de l'endogène, absorbé de son vivant par la personne.
Au second procès à Bordeaux, en mars 1954, les experts avancent que sur les 12 corps exhumés de la famille Besnard, 6 restent suspects d'empoisonnement car de l'arsenic a été trouvé "en dose bien supérieure à celle qui peut résulter d'une médication arsenicale". Mais soudain Me Gautrat se lève, démonte les chiffres des toxicologues, en avance d'autres, et tonne dans le prétoire :
"L'arsenic contenu dans les cadavres y a été introduit postérieurement aux décès par les eaux de ruissellement chargées d'arsenic provenant des engrais utilisés dans des terres cultivables proches du cimetière."
Une controverse scientifique passionnée s'empare du prétoire où l'on disserte sur la solubilité ou non de l'arsenic, des effets de la putréfaction, de la teneur en arsenic des crucifix en métal et des ornements funéraires, des erreurs d'étiquetage des bocaux ou encore de la contamination des cheveux censée prouver "l'absorption massive par voie interne". Incapable de trancher, la cour d'assises de la Gironde désigne trois autres savants pour sonder les mystères de l'arsenic et remet l'accusée en liberté provisoire.
[...]
On exhume aussi des cadavres anonymes du cimetière de Loudun pour vérifier si l'eau chargée en arsenic a pu les contaminer, mais ce n'est pas le cas.
[...]
Devenue la "bonne dame de Loudun", elle y a rendu son dernier souffle le 14 février 1980 à l'âge de 83 ans. Marie Besnard a fait don de son corps à la science, refusant de croupir dans un cercueil au fond du cimetière dont la terre et les morts, imbibés d'arsenic, ont été tant et tant retournés qu'il lui parut impossible de pouvoir reposer en paix. "
source : L'affaire Marie Besnard : arsenic et vieilles querelles / Tourancheau, Patricia - L'Obs - 1er juillet 2017
Autre extrait :
" On apprend une foule de choses dans les cimetières. Mais pas tout. Dans celui deLoudun rendu tristement célèbre au début des années 50 pour son festival d’exhumations , il manque une tombe : celle de Marie Besnard. « Pas de chance. Elle a donné son corps à la science. Et vous n’êtes pas le premier à la demander. Mais si vous cherchez bien vous trouverez celle de ses maris », lâche un rien goguenard le vendeur d’articles funéraires. Et celle de son père, de sa mère, de sa belle-mère, de sa belle-sœur, de sa cousine, de sa grand-tante, de l’ami de la famille… Bref celles des 12 Loudunais morts entre 1927 et 1949 et dont la « bonne dame de Loudun » hérita « à son grand regret ». "
source : Poitou-Charentes : les fantômes de Loudun / Sud Ouest - 27/04/2012
Une vidéo sur le site de l'INA : RETRO MARIE BESNARD
Bonne journée.
D'après les articles que nous avons consultés, les cadavres des victimes présumées de l'affaire Besnard sont enterrés au
Voici quelques extraits d'un article qui retrace l'affaire :
" Un juge d'instruction de Poitiers lance une commission rogatoire le 9 mai 1949. La suspecte est entendue mais les preuves manquent pour l'inculper. Deux jours plus tard, le magistrat fait
Le toxicologue qui analyse les viscères de Léon Besnard découvre une quantité importante d'arsenic minéral (19,45 milligrammes par kilo). De quoi inculper Marie Besnard pour l'empoisonnement de son mari ! Mais ce n'est pas tout. Car à Loudun, moult témoins font part de leurs soupçons sur l'épidémie de décès dans l'entourage de l'inculpée.
[...]
L'arsenic est un métalloïde extrêmement répandu ; les eaux de certains pays, comme l'Inde ou le Bengladesh, en sont si riches que leur consommation peut conduire à des intoxications chroniques. Or,
De plus,
De quoi fausser le jugement ! Le hic, c'est qu'à l'époque, "les chimistes ne savent pas distinguer l'arsenic minéral de l'arsenic organique", souligne Ivan Ricordel, et pas plus différencier l'arsenic exogène, venu de l'extérieur, de l'endogène, absorbé de son vivant par la personne.
Au second procès à Bordeaux, en mars 1954, les experts avancent que sur les 12 corps exhumés de la famille Besnard, 6 restent suspects d'empoisonnement car de l'arsenic a été trouvé "en dose bien supérieure à celle qui peut résulter d'une médication arsenicale". Mais soudain Me Gautrat se lève, démonte les chiffres des toxicologues, en avance d'autres, et tonne dans le prétoire :
Une controverse scientifique passionnée s'empare du prétoire où l'on disserte sur la solubilité ou non de l'arsenic, des effets de la putréfaction, de la teneur en arsenic des crucifix en métal et des ornements funéraires, des erreurs d'étiquetage des bocaux ou encore de la contamination des cheveux censée prouver "l'absorption massive par voie interne". Incapable de trancher, la cour d'assises de la Gironde désigne trois autres savants pour sonder les mystères de l'arsenic et remet l'accusée en liberté provisoire.
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Devenue la "bonne dame de Loudun", elle y a rendu son dernier souffle le 14 février 1980 à l'âge de 83 ans. Marie Besnard a fait don de son corps à la science, refusant de croupir dans un cercueil au fond du cimetière dont la terre et les morts, imbibés d'arsenic, ont été tant et tant retournés qu'il lui parut impossible de pouvoir reposer en paix. "
source : L'affaire Marie Besnard : arsenic et vieilles querelles / Tourancheau, Patricia - L'Obs - 1er juillet 2017
Autre extrait :
" On apprend une foule de choses dans les cimetières. Mais pas tout. Dans celui de
source : Poitou-Charentes : les fantômes de Loudun / Sud Ouest - 27/04/2012
Une vidéo sur le site de l'INA : RETRO MARIE BESNARD
Bonne journée.
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