Question d'origine :
Bonjour Cher Guichet,
Existerait-il une étude sur la pratique des laissez-passer exigés d'après mes renseignements par les Mairies au 19° siècle de la part notamment des populations migrantes (ex. Maçons de la Creuse) et où consulter le cas échéant ces documents ?
Réponse du Guichet
bml_civ
- Département : Civilisation
Le 04/04/2017 à 14h58
Bonjour,
La France a utilisé notamment le système du livret ouvrier, tout au long du XIXe siècle, mais des certificats étaient utilisés dès l'Ancien Régime pour réglementer la circulation des personnes, en généralisant le système inventé lors de la peste de Marseille. Un registre des soldats est notamment mis en place en 1716 par Claude Le Blanc afin de lutter contre la désertion. Le vagabondage, défini précisément par le fait de n'avoir aucun sauf-conduit ou « passe-port », est sévèrement réprimé. (Source)
Le livret d'ouvrier est un document officiel mis en service par le Consulat le 12 avril 1803, généralisé par Napoléon ; dont l'usage décline à partir de 1860 sous Napoléon III pour s'éteindre en 18901. Il permet notamment le contrôle des horaires et des déplacements des ouvriers par les autorités auxquelles il doit être présenté à de multiples occasions. (Source)
Quelques pistes sur ce sujet sont sur Histoire et généalogie : livret d'ouvrier 1803
Les études historiques étudiant précisément votre sujet sont les suivantes :
- Histoire de l'industrie en France du XVIe siècle à nos jours / David Woronoff
- Les sentiers invisibles : espace, familles et migrations dans la France du XIXe siècle / Pierre-André Rosental
- Les migrants temporaires en France de 1800 à 1914 : histoire économique et sociale des migrants temporaires des campagnes françaises au XIXe siècle et au début du XXe siècle / Abel Châtelain : cet ouvrage en deux volumes est très complet, la première partie présente les sources disponibles et aborde la question du "passeport"
Ce même Abel Chatelain est auteur d'un article fort intéressant, dans lequel on lit : "Parmi les sources pour parvenir à établir des statistiques, certains ont pensé pouvoir utiliser les livrets ouvriers et les passeports intérieurs. Cette source n'est pas sûre. Les livrets ouvriers n'intéressent que les migrants choisissant des activités industrielles ; donc une minorité. D'autre part, l'emploi n'a pas été continu (création : 1746, abolition : 1791, nouvelle obligation : 1804, mise en sommeil : à partir de le seconde Restauration, remise en vigueur : 1854, disparition totale : 1890). Ce sont les maires qui les délivrent (à Paris, le Préfet de police). Or, les préfets du Premier Empire reconnaissent qu'il y a un laisser-aller. Les livrets ouvriers permettent de suivre les déplacements et les changements. Peut-on avoir mieux confiance dans les passeports intérieurs qui avaient la valeur de la carte d'identité aujourd'hui ? Là aussi, le maire les délivre. Mais ce passeport peut servir pour de nombreuses migrations et tous les migrants n'en ont pas [...] (In Les migrations temporaires françaises au 19e siècle, paru dans les Annales de démographie historique en 1967)
Un autre article intitulé Voyages et déplacements au début du XIXe siècle s'intéresse à cette source que sont les passeports de l'intérieur : "A travers toute la France de la première moitié du 19e siècle, chaque département ayant une amplitude supérieure aux limites d'un canton a été dûment enregistré et devrait nous être connu grâce aux "passeports pour l'intérieur". Cette étude réalisée à partir des passeports conservés à Elbeuf donne des renseignements très précis sur les conditions d'attribution, les pièces nécessaires, l'usage, les autorités compétentes...
Bien entendu, puisque vous l'évoquez dans votre question : Les maçons de la Creuse. La mémoire et le mythe / Hélène Clastres et Solange Pinton
Vous pourrez également trouver quelques pistes dans les actes de colloque Police et migrants: France 1667-1939 (avec notamment un article de Gérard Noiriel, bien que les interventions évoquent le plus souvent les migrants étrangers)
De G. Noiriel également, une valeur sûre : Les ouvriers dans la société française XIXe-XXe siècle
Bonnes recherches !
La France a utilisé notamment le système du livret ouvrier, tout au long du XIXe siècle, mais des certificats étaient utilisés dès l'Ancien Régime pour réglementer la circulation des personnes, en généralisant le système inventé lors de la peste de Marseille. Un registre des soldats est notamment mis en place en 1716 par Claude Le Blanc afin de lutter contre la désertion. Le vagabondage, défini précisément par le fait de n'avoir aucun sauf-conduit ou « passe-port », est sévèrement réprimé. (Source)
Le livret d'ouvrier est un document officiel mis en service par le Consulat le 12 avril 1803, généralisé par Napoléon ; dont l'usage décline à partir de 1860 sous Napoléon III pour s'éteindre en 18901. Il permet notamment le contrôle des horaires et des déplacements des ouvriers par les autorités auxquelles il doit être présenté à de multiples occasions. (Source)
Quelques pistes sur ce sujet sont sur Histoire et généalogie : livret d'ouvrier 1803
Les études historiques étudiant précisément votre sujet sont les suivantes :
- Histoire de l'industrie en France du XVIe siècle à nos jours / David Woronoff
- Les sentiers invisibles : espace, familles et migrations dans la France du XIXe siècle / Pierre-André Rosental
- Les migrants temporaires en France de 1800 à 1914 : histoire économique et sociale des migrants temporaires des campagnes françaises au XIXe siècle et au début du XXe siècle / Abel Châtelain : cet ouvrage en deux volumes est très complet, la première partie présente les sources disponibles et aborde la question du "passeport"
Ce même Abel Chatelain est auteur d'un article fort intéressant, dans lequel on lit : "Parmi les sources pour parvenir à établir des statistiques, certains ont pensé pouvoir utiliser les livrets ouvriers et les passeports intérieurs. Cette source n'est pas sûre. Les livrets ouvriers n'intéressent que les migrants choisissant des activités industrielles ; donc une minorité. D'autre part, l'emploi n'a pas été continu (création : 1746, abolition : 1791, nouvelle obligation : 1804, mise en sommeil : à partir de le seconde Restauration, remise en vigueur : 1854, disparition totale : 1890). Ce sont les maires qui les délivrent (à Paris, le Préfet de police). Or, les préfets du Premier Empire reconnaissent qu'il y a un laisser-aller. Les livrets ouvriers permettent de suivre les déplacements et les changements. Peut-on avoir mieux confiance dans les passeports intérieurs qui avaient la valeur de la carte d'identité aujourd'hui ? Là aussi, le maire les délivre. Mais ce passeport peut servir pour de nombreuses migrations et tous les migrants n'en ont pas [...] (In Les migrations temporaires françaises au 19e siècle, paru dans les Annales de démographie historique en 1967)
Un autre article intitulé Voyages et déplacements au début du XIXe siècle s'intéresse à cette source que sont les passeports de l'intérieur : "A travers toute la France de la première moitié du 19e siècle, chaque département ayant une amplitude supérieure aux limites d'un canton a été dûment enregistré et devrait nous être connu grâce aux "passeports pour l'intérieur". Cette étude réalisée à partir des passeports conservés à Elbeuf donne des renseignements très précis sur les conditions d'attribution, les pièces nécessaires, l'usage, les autorités compétentes...
Bien entendu, puisque vous l'évoquez dans votre question : Les maçons de la Creuse. La mémoire et le mythe / Hélène Clastres et Solange Pinton
Vous pourrez également trouver quelques pistes dans les actes de colloque Police et migrants: France 1667-1939 (avec notamment un article de Gérard Noiriel, bien que les interventions évoquent le plus souvent les migrants étrangers)
De G. Noiriel également, une valeur sûre : Les ouvriers dans la société française XIXe-XXe siècle
Bonnes recherches !
DANS NOS COLLECTIONS :
Ça pourrait vous intéresser :
Commentaires 0
Connectez-vous pour pouvoir commenter.
Se connecter