Question d'origine :
S.V.P.
Jusqu'à quand ,ont existé en France les deux Baccalauréats ?
Il me semble que l'obtention du premier "bachot", était indispensable pour passer le second !
Quelles étaient les matières spécifiques à chacun d' entre eux,et que pouvait faire,éventuellement, quelqu'un qui n'aurait pu obtenir que le premier ? d'avance ,merci.
Réponse du Guichet
gds_se
- Département : Équipe du Guichet du Savoir
Le 15/03/2017 à 16h05
Bonjour
Le baccalauréat est « créé » par le décret du 17 mars 1808 qui « rétablit les universités de l’Ancien Régime que la Révolution avait supprimées (facultés de Théologie, de Droit et de Médecine) et crée deux facultés nouvelles (Lettres et Sciences). Il restaure la « maîtrise ès arts » qu’il nomme « baccalauréat ». Il s’agit du premier grade universitaire.»
Source : Histoire du baccalauréat / Marie-Odile Mergnac et Cécile Renaudin
En 1874, les épreuves du baccalauréat sont scindées en deux – il s’agit donc toujours d’un seul et même diplôme dont l’examen se déroule sur deux ans :
« Le décret du 9 avril 1874 scinde le baccalauréat en deux séries d’épreuves à passer à une année d’intervalle. Ce « baccalauréat scindé » (surnom qu’on lui donne à l’époque) existe en quelque sorte encore aujourd’hui, puisque l’épreuve anticipée de français (voire d’autres matières pour certaines filières) reste la trace de cette « première partie du baccalauréat ». La première épreuve, qui se déroule à la fin de l’année de rhétorique (première) porte sur les lettres et sur les parties de l’histoire et de la géographie enseignées dans le cours des études classiques, jusqu’à la rhétorique inclusivement ; la seconde porte sur la philosophie, les sciences et les parties de l’histoire et de la géographie enseignées dans la classe de philosophie et sur les langues vivantes. Le nouveau règlement est appliqué immédiatement : dès le 1er août 1874, les élèves de rhétoriques se joignent à leurs camarades de philosophie, qui passent le baccalauréat suivant l’ancienne formule, pour affronter les mêmes épreuves de composition latine et de version latine. […]
A l’issue, par le décret du 8 août 1890, on substitue aux baccalauréats précédents (bac ès lettres, bac ès sciences, bac ès sciences restreint ou bac des écoles spéciales créé en 1883) un bac unique.
Il est toujours en deux parties (avec des épreuves à la fin de la rhétorique et d’autres à la fin de la classe de philosophie), prend le nom de « baccalauréat de l’enseignement secondaire », mais module les enseignements de la dernière années pour que les élèves puissent choisir trois types d’épreuves différentes pour leur seconde partie de bac : 1e série : lettres-philosophie, 2e série : lettres-mathématiques, 3e série (à créer ultérieurement) : lettres-sciences physiques et naturelles, la série choisie étant inscrite sur le diplôme. […]
En 1902, l’examen reste comme en 1890 un « baccalauréat d’enseignement secondaire » dit unique, quelles que soit la série choisie : « Diversité dans l’unité », selon Leygues. Il se déroule toujours en deux parties. Les épreuves de la première partie (à la fin de rhétorique) sont à choisir par les candidats entre quatre séries : latin-grec, latin-langues-vivantes, latin-sciences, sciences-langues vivantes (une grande première puisque le latin est totalement absent des épreuves de cette série !).
La seconde partie du baccalauréat n’a plus que deux séries, qui seront mentionnées sur le diplôme : philosophie ou mathématiques (les fameuses « mathelem »). […]
Le décret de 1941 fait apparaître des épreuves facultatives pour le baccalauréat, dont les notes ne sont prises en compte que si elles dépassent la moyenne (l’éducation physique et le dessin pour la première partie), mais aussi des épreuves variables selon le sexe du candidat : oraux supplémentaires de mathématiques ou de langues pour les garçons (selon les séries), épreuves de musique ou d’enseignement ménager pour les filles. […]
Peu après, le projet Delbos (1948) propose de déplacer cette période d’orientation entre les deux parties de bac, la première partie sanctionnant la fin de l’enseignement secondaire, la seconde donnant seule accès aux facultés, même en cas d’échec à la première partie. Le projet précise d’ailleurs que le baccalauréat cesserait d’être l’un des grades délivrés par l’enseignement supérieur.
D’autres propositions seront faites, qui n’auront pas plus de succès. […]
Dès 1961, devant l’affluence aux épreuves du baccalauréat, c’est la panique ! Le rectorat doit dans l’urgence réserver la session de septembre aux candidats malades en juin. Puis, les examinateurs n’étant plus en nombre suffisant, quoi qu’on fasse, il faut peu après, en 1969, supprimer la première partie du baccalauréat en ne conservant, à la fin de l’année de première, que les épreuves anticipées de français. Une structure maintenue jusqu’à nos jours sans grand changement. […]
En 2001 se font sentir les premiers effets de la réforme du lycée sur les épreuves anticipées en fin de première L et ES :
- en série littéraire, deux nouvelles épreuves sont introduites, en plus des épreuves de français : une épreuve écrite d’enseignement scientifique et une autre de mathématiques et d’informatique (1h30 chacune, coefficient 2).
- en série économique et sociale, les candidats passent, en plus des épreuves de français, une épreuve écrite d’enseignement scientifique (durée 1h30, coefficient 2). »
Source : Histoire du baccalauréat / Marie-Odile Mergnac et Cécile Renaudin
Ainsi, depuis 1874, le baccalauréat se déroule sur deux années, avec des épreuves anticipées en fin de première.
Il semble donc nécessaire d’obtenir la première partie du baccalauréat afin de passer les épreuves finales et d’obtenir son diplôme :
« Les décrets du 11 avril et du 27 juillet allaient introduire dans le baccalauréat un changement profond par la division des épreuves en deux parties ; mais cette réforme ne regardait que le baccalauréat ès lettres. Le premier de ces décrets stipulait simplement que l’examen consistait désormais en deux parties : la première portant sur « les lettres, sur les parties d’auteurs, sur l’histoire et la géographie enseignées dans le cours des études jusqu’à la rhétorique inclusivement ; la deuxième partie devait porter sur la philosophie, les sciences, l’histoire et la géographie enseignées en philosophie, et sur les langues vivantes ».
Le décret du 27 juillet fut naturellement plus explicite. D’après l’article2, les deux épreuves dont l’ensemble constituait le baccalauréat ès lettres, devaient être séparées par un an d’intervalle, avec cette réserve que l’on comptait pour un an, l’intervalle compris entre la session d’octobre et celle de juillet de l’année suivante. Cet espace de temps pouvait même être réduit à trois mois pour les candidats qui auraient dix-neuf ans lors du deuxième examen. N’oublions point en effet qu’il y avait toujours une session de mars-avril. »
Source : Le baccalauréat : son évolution historique et statistique des origines (1808) à nos jours / Paul Meuriot (in Journal de la Société statistique de Paris)
« La réforme opérée par le décret du 5 juillet 1874 a donc tout à la fois pour objet d'alléger les épreuves du baccalauréat et de tenir compte de la nouvelle définition de la culture générale du bachelier qui se profile alors. En conséquence, le baccalauréat se trouve éclaté en deux parties :
- au terme de la classe de rhétorique, les candidats passent deux premières épreuves écrites, sous la forme d'une version latine et d'une composition latine. Ils subissent également une épreuve orale, où ils ont à expliquer un auteur grec, latin et français et doivent répondre à des questions portant sur l'histoire et la géographie, la rhétorique et la littérature ;
- au terme de la classe de philosophie, les aspirants bacheliers passent deux nouvelles épreuves écrites. Il s'agit d'une composition de philosophie et d'une version de langue vivante. L'oral porte à son tour sur la philosophie, sur l'histoire et la géographie telle qu'étudiées tout au long de l'année, sur les mathématiques et les sciences naturelles ainsi que sur une langue vivante.
L'allègement du baccalauréat est donc tout relatif : sans doute la scission de l'examen en deux parties permet-elle d'étaler la préparation des candidats sur deux années. Mais chacune de ces parties constitue à elle seule une forme de baccalauréat miniature, proche dans ses modalités de l'examen tel qu'on le passait moins de vingt ans auparavant.
C'est qu'entre les différentes conceptions de la culture du bachelier alors concurrentes, nul n'a réellement voulu choisir. Aussi les nouvelles épreuves de langue vivante voisinent-elles avec des épreuves écrites où règne encore le latin, du moins à l'issue de la classe de rhétorique. Une modernisation s'est ainsi amorcée, mais faute de supprimer des disciplines, elle a pour corollaire un alourdissement de la culture demandée aux élèves. »
Source : A quoi sert le bac ? / Jacques Legendre (in Sénat)
Enfin, l’INA vous propose une petite rétrospective de l’Histoire du baccalauréat !
Bonne journée
Le baccalauréat est « créé » par le décret du 17 mars 1808 qui « rétablit les universités de l’Ancien Régime que la Révolution avait supprimées (facultés de Théologie, de Droit et de Médecine) et crée deux facultés nouvelles (Lettres et Sciences). Il restaure la « maîtrise ès arts » qu’il nomme « baccalauréat ». Il s’agit du premier grade universitaire.»
Source : Histoire du baccalauréat / Marie-Odile Mergnac et Cécile Renaudin
En 1874, les épreuves du baccalauréat sont scindées en deux – il s’agit donc toujours d’un seul et même diplôme dont l’examen se déroule sur deux ans :
« Le décret du 9 avril 1874 scinde le baccalauréat en deux séries d’épreuves à passer à une année d’intervalle. Ce « baccalauréat scindé » (surnom qu’on lui donne à l’époque) existe en quelque sorte encore aujourd’hui, puisque l’épreuve anticipée de français (voire d’autres matières pour certaines filières) reste la trace de cette « première partie du baccalauréat ». La première épreuve, qui se déroule à la fin de l’année de rhétorique (première) porte sur les lettres et sur les parties de l’histoire et de la géographie enseignées dans le cours des études classiques, jusqu’à la rhétorique inclusivement ; la seconde porte sur la philosophie, les sciences et les parties de l’histoire et de la géographie enseignées dans la classe de philosophie et sur les langues vivantes. Le nouveau règlement est appliqué immédiatement : dès le 1er août 1874, les élèves de rhétoriques se joignent à leurs camarades de philosophie, qui passent le baccalauréat suivant l’ancienne formule, pour affronter les mêmes épreuves de composition latine et de version latine. […]
A l’issue, par le décret du 8 août 1890, on substitue aux baccalauréats précédents (bac ès lettres, bac ès sciences, bac ès sciences restreint ou bac des écoles spéciales créé en 1883) un bac unique.
Il est toujours en deux parties (avec des épreuves à la fin de la rhétorique et d’autres à la fin de la classe de philosophie), prend le nom de « baccalauréat de l’enseignement secondaire », mais module les enseignements de la dernière années pour que les élèves puissent choisir trois types d’épreuves différentes pour leur seconde partie de bac : 1e série : lettres-philosophie, 2e série : lettres-mathématiques, 3e série (à créer ultérieurement) : lettres-sciences physiques et naturelles, la série choisie étant inscrite sur le diplôme. […]
En 1902, l’examen reste comme en 1890 un « baccalauréat d’enseignement secondaire » dit unique, quelles que soit la série choisie : « Diversité dans l’unité », selon Leygues. Il se déroule toujours en deux parties. Les épreuves de la première partie (à la fin de rhétorique) sont à choisir par les candidats entre quatre séries : latin-grec, latin-langues-vivantes, latin-sciences, sciences-langues vivantes (une grande première puisque le latin est totalement absent des épreuves de cette série !).
La seconde partie du baccalauréat n’a plus que deux séries, qui seront mentionnées sur le diplôme : philosophie ou mathématiques (les fameuses « mathelem »). […]
Le décret de 1941 fait apparaître des épreuves facultatives pour le baccalauréat, dont les notes ne sont prises en compte que si elles dépassent la moyenne (l’éducation physique et le dessin pour la première partie), mais aussi des épreuves variables selon le sexe du candidat : oraux supplémentaires de mathématiques ou de langues pour les garçons (selon les séries), épreuves de musique ou d’enseignement ménager pour les filles. […]
Peu après, le projet Delbos (1948) propose de déplacer cette période d’orientation entre les deux parties de bac, la première partie sanctionnant la fin de l’enseignement secondaire, la seconde donnant seule accès aux facultés, même en cas d’échec à la première partie. Le projet précise d’ailleurs que le baccalauréat cesserait d’être l’un des grades délivrés par l’enseignement supérieur.
D’autres propositions seront faites, qui n’auront pas plus de succès. […]
Dès 1961, devant l’affluence aux épreuves du baccalauréat, c’est la panique ! Le rectorat doit dans l’urgence réserver la session de septembre aux candidats malades en juin. Puis, les examinateurs n’étant plus en nombre suffisant, quoi qu’on fasse, il faut peu après, en 1969, supprimer la première partie du baccalauréat en ne conservant, à la fin de l’année de première, que les épreuves anticipées de français. Une structure maintenue jusqu’à nos jours sans grand changement. […]
En 2001 se font sentir les premiers effets de la réforme du lycée sur les épreuves anticipées en fin de première L et ES :
- en série littéraire, deux nouvelles épreuves sont introduites, en plus des épreuves de français : une épreuve écrite d’enseignement scientifique et une autre de mathématiques et d’informatique (1h30 chacune, coefficient 2).
- en série économique et sociale, les candidats passent, en plus des épreuves de français, une épreuve écrite d’enseignement scientifique (durée 1h30, coefficient 2). »
Source : Histoire du baccalauréat / Marie-Odile Mergnac et Cécile Renaudin
Ainsi, depuis 1874, le baccalauréat se déroule sur deux années, avec des épreuves anticipées en fin de première.
Il semble donc nécessaire d’obtenir la première partie du baccalauréat afin de passer les épreuves finales et d’obtenir son diplôme :
« Les décrets du 11 avril et du 27 juillet allaient introduire dans le baccalauréat un changement profond par la division des épreuves en deux parties ; mais cette réforme ne regardait que le baccalauréat ès lettres. Le premier de ces décrets stipulait simplement que l’examen consistait désormais en deux parties : la première portant sur « les lettres, sur les parties d’auteurs, sur l’histoire et la géographie enseignées dans le cours des études jusqu’à la rhétorique inclusivement ; la deuxième partie devait porter sur la philosophie, les sciences, l’histoire et la géographie enseignées en philosophie, et sur les langues vivantes ».
Le décret du 27 juillet fut naturellement plus explicite. D’après l’article2, les deux épreuves dont l’ensemble constituait le baccalauréat ès lettres, devaient être séparées par un an d’intervalle, avec cette réserve que l’on comptait pour un an, l’intervalle compris entre la session d’octobre et celle de juillet de l’année suivante. Cet espace de temps pouvait même être réduit à trois mois pour les candidats qui auraient dix-neuf ans lors du deuxième examen. N’oublions point en effet qu’il y avait toujours une session de mars-avril. »
Source : Le baccalauréat : son évolution historique et statistique des origines (1808) à nos jours / Paul Meuriot (in Journal de la Société statistique de Paris)
« La réforme opérée par le décret du 5 juillet 1874 a donc tout à la fois pour objet d'alléger les épreuves du baccalauréat et de tenir compte de la nouvelle définition de la culture générale du bachelier qui se profile alors. En conséquence, le baccalauréat se trouve éclaté en deux parties :
- au terme de la classe de rhétorique, les candidats passent deux premières épreuves écrites, sous la forme d'une version latine et d'une composition latine. Ils subissent également une épreuve orale, où ils ont à expliquer un auteur grec, latin et français et doivent répondre à des questions portant sur l'histoire et la géographie, la rhétorique et la littérature ;
- au terme de la classe de philosophie, les aspirants bacheliers passent deux nouvelles épreuves écrites. Il s'agit d'une composition de philosophie et d'une version de langue vivante. L'oral porte à son tour sur la philosophie, sur l'histoire et la géographie telle qu'étudiées tout au long de l'année, sur les mathématiques et les sciences naturelles ainsi que sur une langue vivante.
L'allègement du baccalauréat est donc tout relatif : sans doute la scission de l'examen en deux parties permet-elle d'étaler la préparation des candidats sur deux années. Mais chacune de ces parties constitue à elle seule une forme de baccalauréat miniature, proche dans ses modalités de l'examen tel qu'on le passait moins de vingt ans auparavant.
C'est qu'entre les différentes conceptions de la culture du bachelier alors concurrentes, nul n'a réellement voulu choisir. Aussi les nouvelles épreuves de langue vivante voisinent-elles avec des épreuves écrites où règne encore le latin, du moins à l'issue de la classe de rhétorique. Une modernisation s'est ainsi amorcée, mais faute de supprimer des disciplines, elle a pour corollaire un alourdissement de la culture demandée aux élèves. »
Source : A quoi sert le bac ? / Jacques Legendre (in Sénat)
Enfin, l’INA vous propose une petite rétrospective de l’Histoire du baccalauréat !
Bonne journée
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