Question d'origine :
Bonjour je voulais savoir comment fonctionne le sépia en photographie argentique, à quel étape la photo prend t-elle cette coloration ? J'ai aussi vu sur un site que le sépia offrait une meilleure qualité de conservation aux photographies, pouvez vous me dire le vrai de cette information ?
Réponse du Guichet
bml_art
- Département : Arts et Loisirs
Le 02/03/2017 à 14h19
L’obtention d’un tirage de couleur sépia en photographie argentique relève de ce que l’on appelle le
Pour toutes les questions touchant aux techniques photographiques fondamentales, nous vous conseillons l’ouvrage, un peu ancien mais aux articles développés scientifiquement, la Grande encyclopédie de la photo et du cinéma amateur :
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Il est par ailleurs possible d'obtenir un grand nombre de colorations par les procédés de teinture sur mordançage préalable basés sur le même principe que le renforcement par mordançage…
Quel que soit le mode de virage ou de teinture que l'on choisisse, on n'obtiendra de bons résultats qu'avec les papiers et les diapositives dont le développement a été normal, c'est-à-dire complet dans les limites de temps fixées par le fabricant ou pour un révélateur donné. Un développement prolongé, où les blancs de l'image ont grisaillé aussi peu que ce soit, conduit à un voile coloré et à un manque de fraîcheur de l'image. Par contre, un développement écourté donne des noirs sans profondeur qui, une fois virés, auront une coloration insuffisante. En plus du développement, le fixage et le lavage du tirage en noir et blanc doivent être particulièrement soignés.
Tous les virages ne conviennent pas à tous les papiers, la teinte finale dépendant largement de la dimension des grains d'argent du tirage positif. Un virage donnera, p. ex., le ton désiré sur un chlorobromure mais ne sera pas satisfaisant avec un papier au bromure d'argent. Cela est particulièrement vrai pour les virages par sulfuration.
Le choix de la teinte dépend du support du papier, blanc, ivoire ou chamois. Plus exactement le choix du papier, avant le tirage, devrait se faire en fonction du virage prévu. En fait, c'est le sujet lui-même qui doit déterminer, au départ, le ton du papier et du virage ; une reproduction de gravure ancienne s'accommodera en général très mal d'un papier blanc et d'un virage en ton froid. Par contre, un noir bleuté conviendra très peu à un papier chamois. Enfin, la discrétion est de rigueur quand il s'agit de virage, plus encore que de développement en ton chaud ; on tombe vite dans l'excès.
Dans un premier bain au ferricyanure et bromure de potassium, l'image argentique fixée et lavée à fond est transformée en halogénure d'argent. Après un court rinçage, elle est plongée dans une solution de sulfure de sodium qui donne naissance à du sulfure d'argent brun. On termine par un lavage. La stabilité de l'image brune est supérieure à celle de l'image en noir et blanc. Le Multitoner de Tetenal permet d'obtenir diverses teintes. Le sélénosulfate donne des tons bruns par virage en un seul bain ; on peut également utiliser la formule Kodak T55 ou des préparations du commerce.
Formule :
Solution A
Ferricyanure de potassium 50 g
Eau jusqu'à 500 ml
Solution B
Bromure de potassium 50 g
Eau jusqu'à 500 ml
Solution C
Sulfure de sodium 25 g
Eau jusqu'à 500 ml
Conserver la solution A en flacon brun.
Les images à virer sont d'abord blanchies. La teinte finale dépend de la composition du bain de blanchiment : pour un brun chaud, 45 volumes de A + 5 volumes de B + 50 volumes d'eau ; pour un brun pur, 40 volumes de A + 10 volumes de B + 50 volumes d'eau ; pour un brun froid, 30volumes de A +30 volumes de B + 40 volumes d'eau. Dès que l'image est blanchie, laver jusqu'à disparition de la coloration jaune. Ensuite virer dans 100 ml d'eau + 3 ml de la solution C. Le procédé est rapide. Terminer par un lavage d'environ 15 minutes. »
Autre ouvrage de référence, le Cours de photographie : fondamentaux photographie / René Bouillot :
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Il donne des tons sépias. Le principe est le suivant : dans un premier temps un blanchiment transforme l'argent en bromure d'argent ; dans un deuxième temps le bromure est sulfuré c'est-à-dire transformé en sulfure d'argent.
Plonger l'épreuve dans un bain au ferricyanure-bromure de potassium : l'image disparaît presque complètement. Rincer l'épreuve à l'eau courante, jusqu'à élimination complète de la teinte jaune de l'émulsion et du support.
Le bain de sulfuration est composé d'une solution à 1 % de monosulfure de sodium (ou bien 50 ml d'une solution de réserve à 20 % pour 950 ml d'eau). Plongée dans cette solution, l'image apparaît très rapidement : la sulfuration est terminée en une minute environ, mais il n'y a aucun inconvénient à dépasser cette durée. Le ton final de l'image dépend de la nature de l'émulsion et surtout de la grosseur moyenne des grains d'argent de l'épreuve avant virage. Lorsque le ton est désagréablement jaunâtre, il faut diluer davantage le monosulfure de sodium, par exemple 0,2 ou 0, 1 % soit 10 ml ou 5 ml de la solution de réserve à 20 %).
Toujours procéder à des essais préalables avant de traiter les épreuves définitives. Les virages par sulfuration ont (car il existe beaucoup d'autres formules), l'inconvénient de dégager une odeur nauséabonde (œuf pourri) due à la formation d'hydrogène sulfuré. Il vaut mieux effectuer les opérations à l'extérieur ! »
Le livre Effets spéciaux au laboratoire consacre un chapitre entier aux virages :
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C'est un virage à deux bains : d'abord un bain de blanchiment suivi d'un bain sépia. On obtient une image pleine de nostalgie, de très longue durée de vie. Le degré de virage se contrôle dans les deux bains. Le bain de blanchiment peut blanchir complètement le tirage, de manière que l'image formée dans le bain sépia soit entièrement virée. Si vous souhaitez que les tons sombres de l'image ne soient pas affectés par le virage, il suffit de la blanchir partiellement pour n'attaquer que les hautes lumières. La seconde façon de jouer sur le virage de l'image consiste à régler la dilution du bain sépia. Un bain plus dilué donnera une image jaune-brun, tandis qu'une dilution plus forte aboutira à une image plus sombre d'un brun plus soutenu. Le sépia s'accommode facilement des papiers barytés, encore qu'il donne de bons résultats avec les papiers plastifiés (RC), sauf que l'image met plus de temps à blanchir. Le virage sépia assure la permanence des photographies. »
Le livre Pratique du labo noir et blanc / Roger Hicks et Frances Schultz préconise pour le virage sépia l’utilisation d’un produit à base de thiourée inodore, et montre la technique sur une double page :
« De nos jours, le virage sépia est généralement réalisé par le procédé en deux bains. L'image est d'abord blanchie, puis redéveloppée dans un bain inodore à base de thiourée. L'ancien procédé au sulfure de sodium utilisait le même bain de blanchiment, mais un bain de virage différent. Il produisait des tons plus chauds, moins jaunes, et plus rouge-orangé. Malheureusement, le bain de sulfuration dégageait de l'hydrogène sulfuré, un gaz toxique reconnaissable à son odeur d'œuf pourri particulièrement désagréable.
D'autres soutiennent que les plus belles teintes sépia-pourpre étaient obtenues par le procédé encore plus ancien de virage à chaud (50°) dans un mélange d'hyposulfite et d'alun. Le procédé dégageait une telle puanteur qu'il était généralement réalisé à l'extérieur ...
Comme bien souvent en labo photo, la seule façon de voir si un papier et un virage particuliers sont compatibles est de les essayer. Certains donnent des associations de tons heureuses, d'autres non. Outre le révélateur utilisé initialement pour le tirage, la qualité dépend aussi de la teneur en calcaire de l'eau, et de cette alchimie un peu magique qui vient atténuer la rigueur scientifique de la photographie. »
Pour connaître les dernières nouveautés en matière de technique photographique, nous vous conseillons de vous reporter aux articles de ces revues :
Compétence photo, qui dispose d’un index numérique.
Réponses photo. Recherche possible par le sommaire de chaque numéro.
Chasseur d'images. index en ligne.
Dans le n° 181, mars 1996, p. 128-131, un article fait le point sur le virage sépia : les différences entre le virage et la coloration, la description avec schémas des actions chimiques impliquées, les étapes techniques du virage sépia (avec l’utilisation du Triponaltoner de Tetenal) et du virage à l’or.
Dans le n° 183, mai 1996, p. 126-129, l’article donne les résultats de diverses combinaisons de papiers (7) et de kits de virage (Kodak Brown Toner, Tetenal sepia, Tetenal Triponaltoner).
Quant à la question de la conservation des tirages virés en sépia, il est exact qu’elle est meilleure à cause de la transformation de l’argent en sulfure d’argent, plus stable. Voici, en fichier PDF, la notice technique du produit de la marque Tetenal permettant de réaliser facilement un virage sépia. Cependant, comme pour tous les tirages en argentique, il faut veiller à se conformer scrupuleusement aux recommandations liées aux produits utilisés, à chaque stade du développement, jusqu’au lavage et au séchage : dilutions, durées et températures.
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