Hugo Boss, Walt Disney, Hergé
DIVERS
+ DE 2 ANS
Le 21/02/2006 à 11h32
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Question d'origine :
Bonjour,
il y a t'il des informations au sujet d'Hgo Boss et de son passé nazi sur internet? (pas des blogs mais des sites officiels)
Existe t'il également des informations au sujet du passé nazi de Walt Disney et du dessinateur Hergé sur la toile ou dans des ouvrages consacrés spécifiquement à ce sujet?
merci.
Ajt
Réponse du Guichet
anonyme
- Département : Équipe du Guichet du Savoir
Le 21/02/2006 à 18h25
Nous avons déjà répondu à la question concernant le passé nazi d'Hugo Boss : Hugo Boss, couturier des nazis
Pour Walt Disney, le site straightdope.com donne les indications suivantes (traduction par nos soins) :
L'une des attaques les plus curieuses contre Disney était qu'il était secrètement Nazi. Quelques groupes de blancs prônant leur supériorité raciale chérissaient l'idée. Il s'agit d'une mauvaise interprétation du film "Der Fuehrer's face" (1943), dans lequel Donald est représenté avec un uniforme Nazi, des svastikas, etc. À la fin, nous découvrons qu'il s'agit d'un cauchemar, mais cela ne dissuade pas les racistes. Un court-métrage moins connu, parfois cité, date de 1932 : "le canari de Wayward," dans lequel Mickey utilise un briquet avec un svastika peint sur le côté.
Tout ceci est au mieux circonstanciel, mais d'autres détails suggestifs sont apparus. En 1933, le "German american bund" était fondé par Fritz Kuhn. Kuhn était de toute évidence un personnage -- il avait rencontré Hitler au début des années 30 et, à ce qu'on dit, était profondément détesté par le chef Nazi. Le Bund, association d'immigrés allemands en Amérique, avait un penchant pro-nazi. L'animateur de Disney, Art Babbitt déclara que son patron avait un vif intérêt, si ce n'est de la sympathie, pour le Bund :
"Les années précédant notre entrée en guerre , il était minoritaire, mais violemment loyal, et je suppose légal, de suivre le parti Nazi. . . Il y avait des réunions ouvertes, quiconque pouvait être présent et j'ai voulu voir ce qui s'y passait moi-même. À plus d'une occasion, j'ai pu voir Walt Disney et Gunther Lessing [l'avocat de Disney] là, avec de nombreuses personnalités d'Hollywood "atteintes" de nazisme. Disney allait fréquemment aux réunions."
La réalisatrice allemande Leni Riefenstahl, dont les documentaires au milieu des années 30 avaient aidé à la glorification des Nazis, déclara que "après Kristallnacht [1938], elle avait approché chaque studio d'Hollywood pour rechercher du travail. Aucun directeur de studio ne voulut projeter ses films excepté Walt Disney. Il lui dit qu'il admirait son travail mais s'il devenait notoire qu'il avait l'intention de l'embaucher, cela serait préjudiciable à sa réputation."
Dans l'ensemble, Disney ne semble pas avoir eu des convictions politiques fortes --sa politique semblait tourner autour de ce qui était nécessaire à la bonne marche du studio. Il est probable que son intérêt pour le "German american Bund" venait du désir de forger des relations avec l'Allemagne pour la possible distribution de ses films là-bas. D'un autre côté, il y avait un sentiment antisémite dans le studio de Disney. Si personne ne peut attribuer de parti pris à Disney lui-même, les Juifs alimentaient souvent les gags des animateurs et Disney approuvait chaque scène dans chaque court-métrage que le studio produisait. Dans une scène de la version originale "des trois petits cochons", le grand méchant loup vient à la porte habillé, de façon stéréotypée, en marchand ambulant juif. Disney changea la scène après les plaintes de groupes juifs. Cependant, ils n'ont pas tous été changés. Dans le cout-métrage "The Opry House" Mickey Mouse est habillé et danse comme un juif Hassidique.
Disney avait des opinions sincères sur quelques sujets -- il était violemment anti-communiste et il était méfiant envers les syndicats, tout comme d'autres directeurs de studio de son époque. En 1941, il y eut un appel à la grève dans les studios de Disney par des animateurs et autres artistes insatisfaits de ne pas être crédités à l'écran et d'être moins payés que les animateurs d'autres studios. Walt jugeait que sa compagnie était plus une famille et que la camaraderie compensait les salaires. Il considéra la grève comme le résultat "de la conspiration communiste croissante" aux Etats-Unis. Le conflit finit aigrement et durcit les attitudes conservatrices et anti-communistes de Disney.
Dans Resistances.be, le passé d'Hergé, et notamment ses rapports avec l'extrême-droite belge, font l'objet d'un entretien entre l’historien Alain Colignon et Manuel ABRAMOWICZ :
Georges Remi, dit "Hergé", le père de la "ligne claire" et de Tintin fut le compagnon de route de plusieurs dirigeants de l’extrême droite belge. Hergé collabora aussi au Soir volé, alors crypto-nazi. Son principal personnage deviendra ensuite une référence pour la droite pure et dure. En est-il coupable? Un nouveau livre rouvre le "dossier Hergé".
Tintin, c’est du belge! Avec toutes les contradictions propres à notre petit pays. Issu des rangs de la droite catholique, tendance maurrassienne, Hergé fut l’ami de Léon Degrelle. Après 1940, sa carrière professionnelle se poursuivra au sein du journal Le Soir, volé par la propagande nazie et dirigé par un quarteron de collabos belges de la pire espèce. Erreur de jeunesse, disent les plus acharnés tintinophiles. Certains d’entre eux, comme l’"hergélogue" (sic) Philippe Goddin dans les colonnes du " Soir " (l’actuel!) du 12 mars dernier, pensent que " cinquante ans et quelques après la fin de la guerre, il serait temps qu’on cesse de taxer d’incivisme, sans discernement, tous ceux qui ont pu, à l’époque, mettre quelqu’espoir dans l’avènement d’une société nouvelle ". Pour sa part, Stéphane Steeman, humoriste, tintinophile d’avant-garde et lié -comme Hergé- à la droite catholique musclée, avait déjà affirmé, en 1999, " on ne peut rien reprocher à Hergé. Tout au plus quelques gaffes, des erreurs de jeunesse ".
D’autres pourtant continuent d’estimer qu’Hergé fut bien plus qu’un simple petit "collabo" aveuglé par un plan de carrière ambitieux. C’est le cas de Maxime Benoît-Jeannin. Cet écrivain français -qui vit à Bruxelles- vient en effet de consacrer un livre entier aux "aventures" collaborationnistes du jeune Hergé (1). A ce sujet, nous avons rencontré Alain Colignon, historien au Centre de documentation et d’études "Guerres et sociétés contemporaines" (CEGES). Retour sur un tabou belge.
Manuel Abramowicz : Selon vous, Hergé peut-il être considéré comme un ancien collaborateur?
Alain Colignon : Tout d’abord, il faut revenir aux années d’avant-guerre. Le père de Tintin est le fruit de son époque et la "victime" de son milieu sociologique. Il provient de la droite catholique marquée par les années 30 et la situation politique de cette décennie. La Révolution soviétique de 1917, son influence sur le reste du monde, la guerre civile espagnole ou le Front populaire en France sont des événements qui mobilisèrent cette droite à laquelle Hergé appartenait. Pour ce milieu ultraconservateur, la "peur du rouge" est une constante. Notre illustre dessinateur va rencontrer sur son chemin, au collège bruxellois Saint-Boniface par exemple, des personnalités qui incarneront l’extrême droite religieuse et culturelle. Il y a tout d’abord l’abbé Wallez, le véritable père spirituel d’Hergé, mais aussi Paul Jamin, qui, sous le pseudonyme de "Jam", dessinera les caricatures antipolitiques et antisémites dans Le Pays réel, l’organe du parti Rex. Léon Degrelle, le "Chef" de cette formation électorale fascistoïde, se retrouva aussi sur le chemin emprunté par Hergé. Mais jamais ce dernier n’adhérera à Rex. Peut-être parce que, somme toute, Hergé, à l’instar de la majorité des Belges, ne se préoccupait pas vraiment des affaires politiques.
Quand les nazis vont s’installer chez nous, le jeune dessinateur va néanmoins en profiter. Bien plus professionnellement que politiquement parlant. Hergé est très ambitieux. Il veut réussir dans le domaine artistique. Il doit donc s’imposer. Peu importe le contexte politique. Pour Hergé, il faut faire avec. Jamais, il ne considérera qu’il a été un "collabo". Hergé se définissait comme un " simple travailleur " qui devait continuer à travailler pour survivre. Au même titre que l’ouvrier continuant à se rendre chaque matin à l’usine. Hergé a donc tout simplement poursuivi son "plan de carrière" au sein de la rédaction du " Soir volé ".
Le journal " Le Soir " était alors dirigé par Raymond De Becker qui, issu des rangs démocrates-chrétiens, devint au fil du temps un fasciné, adepte du national-socialisme. Contrôlé et toléré par les nazis, ce quotidien avait une diffusion maximale. A un moment donné, il ira jusqu’à tirer à 300.000 exemplaires. Tintin contribua partiellement au succès du " Soir volé ". Les années 40-44 furent les meilleures pour Hergé. Il n’a jamais autant dessiné. De plus, parmi le lectorat du " Soir ", il fidélisera un public de plus en plus tintinophile. Avec des dessins, en règle générale, apolitiques qui n’évoquèrent que rarement la guerre ou l’occupation. Si ce n’est bien sûr dans " L’Etoile mystérieuse ", aventure de Tintin où effectivement une touche clairement anti-américaine et antisémite se manifeste sans complexe. Les rafles visant à déporter les Juifs de Belgique vers le camp d’extermination d’Auschwitz-Birkenau s’organisèrent durant cette même période…
M.AZ : A la Libération, le père de Tintin n’a pas vraiment été inquiété par la justice, contrairement à ses amis politiques Wallez, Jamin, De Becker... Aurait-il dû l’être davantage?
A.C : Les traits d’antisémitisme que l’on pouvait déceler dans les aventures du jeune reporter belge dessinées sous l’occupation et la nature de l’engagement collaborationniste d’Hergé n’ont pas été jugés suffisamment graves pour justifier son renvoi devant un tribunal. Le "cas Hergé" fut rapidement oublié par les magistrats qui avaient alors de plus lourds dossiers à boucler. Toutefois, selon moi, le "dossier Hergé" méritait tout de même une véritable sanction. Les deux nuits qu’il passa en prison sont vraiment très faibles. Pour son engagement dans les rangs des collaborateurs, marqué certainement par son ambition professionnelle - mais cela n’excuse pas ses actes -, on aurait dû le condamner à une sanction civique en lui retirant, pour quelques années, ses droits civils et politiques. Un plus long séjour en prison lui aurait aussi permis de réfléchir à son soutien artistique aux nazis.
M.AZ : Jusqu’à son décès en 1994, Léon Degrelle affirmera avoir servi de modèle à Hergé pour créer le personnage de Tintin. Une certaine extrême droite continue à faire du jeune reporter blond l’un de ses fétiches favoris. Alors, " Degrelle en Tintin " et Tintin devenu le héros de la droite pure et dure, la thèse est-elle plausible?
A.C : Les liens maintenus après la guerre que revendique Léon Degrelle avec Hergé me paraissent suspects. L’ex-chef de Rex a tellement menti durant sa carrière politique que je pense que cette affirmation est un mensonge de plus. Que l’extrême droite ait essayé de récupérer à son profit le "mythe Tintin", pourquoi s’en étonner? Mais à qui la faute? En effet, Hergé n’a jamais condamné ses amitiés politiques d’extrême droite rencontrées avant et pendant la Seconde Guerre mondiale. Son engagement au " Soir " proallemand ne fut jamais renié. Parce que pour lui, il n’avait pas collaboré avec l’occupant nazi! Toutefois, tout ce que peut dire et faire l’extrême droite pour récupérer le patrimoine Tintin, Hergé n’en est pas responsable. Puisqu’il est mort maintenant depuis plus de dix-huit ans.
A compléter par la lecture de Hergé, fils de Tintin
DANS NOS COLLECTIONS :
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