Question d'origine :
En quoi la survie de l'espèce humaine dépendrait-elle de celle des abeilles ?
Réponse du Guichet
bml_sci
- Département : Sciences et Techniques
Le 17/11/2005 à 14h38
L’histoire des abeilles accompagne celle de l’homme. Depuis l’aube de l’humanité, l’homme en savoure le miel. Aujourd’hui le nectar se fait rare car les abeilles sont malades. Depuis une trentaine d’années, en France, les populations d’abeilles diminuent, se fragilisent. Désigné coupable : l’homme avec la surexploitation industrielle de la nature, l’ajout inconsidéré de produits chimiques pour produire, mieux, plus. Le « plus » s’est transformé en son contraire. Encore une fois, voilà l’écosystème menacé.
Car hormis l’abeille, c’est toute la chaîne complémentaire qui relie l’animal au végétal qui se trouve déréglée. Pas d’abeilles = pas de pollinisation = disparition de certaines espèces végétales = disparition de certaines espèces animales…
Beaucoup d’insectes visitent les fleurs, mais parmi eux les abeilles ont une relation particulièrement indissociable avec les fleurs. Le mutualisme qui les lie (relations mutuellement bénéfiques), a conduit à la coévolution et à la diversité des espèces que l’on connaît aujourd’hui. Plus de 20 000 espèces d’abeilles dans le monde contribuent à la reproduction sexuée, et donc à la survie et à l’évolution de plus de 80% des espèces de plantes à fleurs. Ces fleurs leur offrent nectar, pollen, mais aussi huile, chaleur, parfum, leurre sexuel — ou parfois rien du tout ! — en échange de ce service, d’apparence modeste mais essentiel, que constitue le transport de leur pollen depuis les étamines productrices jusqu’aux stigmates du même ou d’un autre individu, permettant la fé-condation. Préalable incontournable à la reproduction sexuée des plantes à fleurs, la pollinisation par les abeilles reste encore aujourd’hui un phénomène fascinant et méconnu.
A consulter ce dossier très complet sur la pollinisation publié par le Centre suisse de recherche apicole
Malformations, troubles du système nerveux, désorientation, troubles du comportement, les abeilles présentent toutes sortes de symptômes qui révèlent un état de santé fragile. Certaines abeilles ne retrouvent pas leur ruche. D’autres en sont refoulées parce que non reconnues par le reste du groupe. C'est le constat de différentes études menées par l'INRA depuis une dizaine d'années.
En trente ans, des pathologies multiples ont touché les abeilles et se sont répandues à la surface du globe. La complexité des causes et la multiplication des facteurs rend les diagnostics difficiles. Ainsi les importations d’espèces ont simultanément importé des pathologies inconnues.
Dans le sud de l’Inde, dans l’Etat de Karnataka, jadis important producteur de miel, jusqu’à 90% des colonies d’abeilles indigènes avaient été détruites au début des années 90 par un virus importé. Le préjudice économique était considérable. Seul un programme complexe de la FAO, comprenant une aide économique et une formation des éleveurs, permet de reconstruire les populations.
Les abeilles sont autant productrices de miel qu’elles sont indispensables à la pollinisation des fleurs et des plantes. En effet les abeilles constituent un élément dans la chaîne interactive des écosystèmes. Le rôle de l’abeille est très important dans les divers cycles de la vie des diverses espèces. Pas d’abeilles, pas de miel mais surtout non reproduction et disparition de certaines espèces végétales, donc disparition de certaines espèces animales.
Le programme européen ALARM (Assessing LArge-scale environmental Risks for biodiversity with tested Methods*) a pour objectif sur cinq ans (2004-2008) d’évaluer les risques encourus par la biodiversité terrestre et aquatique et l’impact potentiel de son déclin à l’échelle de l’Europe. Avec 52 partenaires, c’est le plus gros programme européen jamais conduit sur la biodiversité. ALARM comprend 4 modules (changements climatiques, produits chimiques, espèces invasives et pollinisateurs) complétés par un module transversal socio-économique. Les chercheurs de l'INRA d'Avignon sont partenaires du module Pollinisateurs et sont chargés d’évaluer l’impact agronomique et économique de l’évolution des populations de pollinisateurs sur l’agriculture de l’Union Européenne.
sources:
-Inra
-Cité des sciences
-Quand les abeilles meurent, les jours de l'homme sont comptés : un scandale d'Etat, Philippe de Villiers.
Si l'époque actuelle se caractérise par un taux d'extinction particulièrement alarmant, il n'en reste pas moins que , fondamentalement, l'extinction est le destin naturel d'une espèce. Tout comme les êtres vivants, les espèces naissent, se développent, puis disparaissent et sont remplacées par d'autres. La durée de vie moyenne d'une espèce s'échelonne entre 1 et 4 millions d'années (avec quelques incertitudes sur les microbes)...
Selon certains chercheurs entre 5000 et 10000 espèces disparaissent chaque année de la surface de la terre. Ce rythme d'extinction s'est brutalement accéléré depuis quelques décennies. Ce serait une erreur de sous-estimer la sixième extinction, dont nous sommes le facteur majeur ...
sources :
Petit atlas des espèces menacées
-La biodiversité en danger
Des livres sur le thème de la biodiversité
Comité français de l'Union Mondiale pour la nature (UICN)
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