Question d'origine :
Pourquoi Cluny a été détruite
En attendant votre réponse...
Merci, >beelor<
Réponse du Guichet
bml_civ
- Département : Civilisation
Le 16/09/2005 à 10h19
La suppression des communautés religieuses est prononcée par décret de la Constituante le 13 février 1790, mais ce n’est qu’en 1791 que les quarante derniers moines de Cluny sont expulsés et leurs biens confisqués. Les biens ecclésiastiques mis ainsi à la disposition de l’Etat sont destinés à être vendus en exécution des décrets des 13 mai et 16 juillet 1790.
En 1793, les révolutionnaires font brûler, une semaine durant, des centaines de documents d’archives. Le mobilier de l’église, ainsi que tous les tombeaux et mausolées sont détruits, endommagés ou brûlés.
Jusqu’en 1798, l’abbaye ne subit, si l’on peut dire, que le pillage et des destructions intérieures. Mais, comme on a aussi dérobé le plomb des vitraux et des toits, les toitures et les fenêtres laissent alors passer l’eau, ce qui accélère la détérioration de la basilique. Devant l’impossibilité d’occuper les locaux et donc de les sauver de la destruction lente, la vente devient inévitable.
En 1798, une grande partie du monastère est vendue, soit dix hectares de bâtiments. Pour faciliter la tâche, Guillemot, ingénieur en chef du département est chargé de diviser l’abbaye en quatre lots : deux rues perpendiculaires doivent être percées au détriment du cloître et de l’église. Les quatre lots sont vendus le 21 avril à une association pour la somme de 60000 francs. Les démolitions commencent en juillet par la destruction des vitraux et de la rosace. Afin de rentabiliser leur achat, les acquéreurs vont vendre morceau par morceau, fragment par fragment, tuile par tuile, la toiture et la charpente de l’église.
En 1808, les démolitions s’accélèrent. (Nous ne possédons aucun renseignement dur celles que subit l’abbaye entre 1801 et 1808). Vendus par les acquéreurs, les cinq piliers du narthex et l’ancienne hôtellerie sont abattus, de même que les quatre premiers rangs de piliers de la nef. En deux ans et demi, vingt piliers, le grand portail et la chapelle Saint-Michel subissent coups de pioche et tirs de mines. Jusqu’en 1811, les années vont égrener des destructions plus tragiques les unes que les autres : en février 1809, le clocher du chœur s’écroule, miné par le gel et les pluies. En 1810, le grand portail saute à la mine et la destruction des deux barabans (tours d’entrée du narthex) commence. Une année plus tard, les tirs de mines mettent à bas le clocher des Bisans, dont les matériaux sont vendus 560 francs. Il suffira d’un tir de mine pour que le clocher des Lampes tombe. Il ne reste pratiquement plus rien de l’église, mis à part le grand transept sud, quelques chapelles et une partie du collatéral.
Le 7 octobre 1818, l’ingénieur de Ponts et Chaussées Vaillant énumère les parties de l’abbatiale qui restent encore à abattre.
Le transept nord puis l’abside sont rasés. Cette dernière destruction semble marquer le terme du démantèlement de l’abbaye : il subsiste le bras sud du grand transept et la chapelle Bourbon.
Quelques livres pour approfondir la question :
Histoire et dictionnaire de la Révolution française, 1789-1799 de Jean Tulard, Jean-François Fayard, Alfred Fierro
L’abbaye de Cluny de Jean-Denis Salvèque
L’abbaye de Cluny d’Agnès Gerhards
Cluny, un grand chantier médiéval au coeur de l’Europe d’Anne Baud
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