Question d'origine :
Peut on dire que le christianisme et la pensée philosophique qui a fait reculer l'esclavage dans le monde?
Réponse du Guichet
bml_civ
- Département : Civilisation
Le 08/09/2005 à 16h17
D’où vient l’esclavage ?
« L'esclavage a fait son apparition au cours d'une phase déjà évoluée de l'économie. À partir d'un certain moment, l'homme n'a plus tué son ennemi ou son débiteur. Il ne l'a plus éliminé en tant que consommateur concurrent. Au lieu de l'utiliser sous la forme la plus directe, l'anthropophagie, il a projeté de le transformer en travailleur auxiliaire dont le niveau de vie réduit lui permettait d'améliorer le sien… La première fonction sociale de l'esclavage, que l'on désigne par les qualificatifs « doux » ou « ancien », fut donc de préserver le prisonnier et de lui permettre de travailler pour le profit d'un maître, sinon charitable, au moins conscient de son intérêt à long terme. »
« Quatre millénaires nous séparent des premières traces écrites que nous ayons de l'existence de l'esclavage : une tablette sumérienne intitulée Le Péché du jardinier, déposée au musée des Antiquités orientales d'Istanbul. Depuis l'apparition des civilisations rurales jusqu'au XVIIIe siècle en Europe, jusqu'au XIXe siècle dans la plupart des autres continents, l'esclavage a constitué la forme la plus répandue de l'organisation du travail, la base de la structure de l'économie. Pour alimenter les marchés d'hommes, les négociants ont dû organiser de très vastes migrations, qui ont atteint leur paroxysme dans le bassin méditerranéen durant l'Antiquité, puis sur les rives de l'Atlantique après la découverte du Nouveau Monde et la création des plantations coloniales. »
« L'abolition de l'esclavage s'effectua par étapes tout le long du XIXe siècle. On peut distinguer trois périodes : jusqu'à la guerre de Sécession, à l'instigation de l'Angleterre, le droit d'asiento fut aboli et le commerce international des esclaves réprimé. La guerre de Sécession fut l'aboutissement le plus spectaculaire des mouvements internes par lesquels des pays de plus en plus nombreux supprimaient l'esclavage à l'intérieur de leurs propres frontières. En dernier lieu, à partir de la fin du XIXe siècle, les pays colonisateurs, en s'emparant des sources africaines d'hommes, y abattirent le pouvoir des trafiquants négriers. »
« La suppression de l'esclavage a été réaffirmée par la Déclaration universelle des droits de l'homme de l'Organisation des Nations unies (10 déc. 1948, art. 4). »
in Encyclopaedia universalis en ligne disponible à la BM de Lyon
L’encyclopédie Catholicisme hier, aujourd’hui, demain tome 4 à l’article Esclavage pp 414-423 vous décrira chronologiquement les différentes positions de l’église au cours de l’histoire :
« Saint Paul affirme qu’en Jésus toutes les distinctions sociales s’effacent et qu’il n’y a ni esclave, ni homme libre. Le seul esclavage est celui du péché, dont le Christ est venu nous libérer. Né à la vie d’enfant de Dieu, membre du Corps mystique, l’esclave possède la vraie liberté ; il doit servir fidèlement son maître, mais ce dernier doit le traiter en frère. L’Apôtre cependant ne discute pas le droit de propriété du maître sur son serviteur ; dans sa lettre à Philémon, il intercède en faveur du fugitif chrétien, mais il ne le fait qu’avec des ménagements qui montrent bien que l’esclavage n’est pas mis en question dans les conversations privées entre les chefs des Eglises et les fidèles opulents. Saint Pierre engage de même les esclaves à obéir aux plus exigeants des maîtres et à se montrer en tout irréprochables…»
« A mesure que le christianisme triomphe, avec les empereurs chrétiens, son influence rend plus humaine la législation et contribue à multiplier les affranchissements… »
« Presque tous les conciles du Vie au Ixe s., en Gaule, en Bretagne, en Espagne, en Italie, s’intéressent au sort des esclaves. La vente des asservis est réglementée, sinon même prohibée ; leur vie est garantie ; leur personnalité spirituelle est reconnue ; ils peuvent, moyennant certaines conditions (affranchissement, autorisation du maître), accéder au sacerdoce ou entrer en religion. Le mariage de l’esclave est en général reconnu, de même certains droits familiaux. Il acquiert un commencement de statut civil et accède à la propriété mobilière. On lui assure le repos dominical. Ces décisions conciliaires sont consacrées par des capitulaires au temps de Charlemagne, ce qui a pour résultat de fixer les améliorations réalisées dans l’état servile… »
Nous vous laissons continuer la lecture de cet article, dont cette phrase pourrait servir de conclusion : « au XIXe s., le progrès des moyens de production grâce à la technique mécanique, l’abondance considérable de la main d’œuvre fournie par la population sans cesse croissante, la transformation des structures sociales et politiques font disparaître plusieurs des obstacles majeurs qui s’opposaient à la suppression de l’institution servile. L’Eglise intensifie alors ses efforts pour aider à cette suppression », tout en vous incitant à poursuivre vos recherches avec les lectures suivantes :
* L’église et l’abolition de l’esclavage
* Les églises chrétiennes et la traite atlantique du XVe au XIXe siècle
* Esclavage antique et idéologie moderne de Moses I. Finley
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