Coût EPR Flamanville comparé aux énergies renouvelables
SCIENCES ET TECHNIQUES
+ DE 2 ANS
Le 22/07/2020 à 16h58
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Question d'origine :
Bonjour,
Si le coût prévisionnel de l'EPR de Flamanville évalué à ce jour, avait été dédié à la construction d'énergies renouvelables plutôt que de nucléaire, quelle puissance énergétique aurait pu être mise en service ?
En vous remerciant
Réponse du Guichet
bml_sci
- Département : Sciences et Techniques
Le 24/07/2020 à 14h40
Bonjour,
Un EPR est un réacteur nucléaire de troisième génération. Il fonctionne sur le même principe que les réacteurs précédents actuellement en fonctionnement en France, il est plus puissant et comporte des dispositifs de sûreté plus importants, mais il a aussi une durée de vie plus importante (60 années, c’est la durée de vie programmée des nouveaux EPR, les réacteurs de deuxième génération, construits en France, étaient prévus pour durer 40 ans).
Aujourd’hui, la construction d’un nouveau réacteur à Flamanville (Manche) accumule les épreuves et la facture s’alourdit. Le chantier commencé en 2007, devait initialement se terminer en 2012 et coûter 3,4 milliards d’euros. Après des années de déboires, EDF estime que le réacteur devrait être mis en service en 2024, pour un budget de 12,4 milliards d’euros.
À titre d’exemple, avec 12,4 milliards d’euros nous pouvons construire 2,6 fois le parc éolien offshore en cours dans la baie de Saint-Brieuc, dont la construction est prévue entre 2021 et 2023, et qui est l’un des projets le plus grand et le plus onéreux actuellement en Europe du Nord estimé à 4,7 milliards d’euros.
Sachant que les parcs éoliens (offshore ou terrestre) varient plus généralement autour des 2 milliards d’euros. Donc en soit, nous pourrions même en bénéficier de 6… À la place d’un seul réacteur !
Mais dans la réalité, les calculs de prix de revient ne sont pas aussi simples. La première confusion qui fait croire que l’éolien est plus rentable vient de la comparaison du coût en Mégawatt/heure produit. Or on oublie souvent derrière ce masque commode : la complexité du calcul. Il y a de nombreux items qui ne sont pas pris en compte dont la prise en charge par le contribuable. Notamment dans le cas des opérations de raccordement de l’éolien offshore (en mer) dont les coûts sont assumés par RTE (Réseau de transport d'électricité) et qui vont se rabattre sur la facture. En outre de nombreux coûts sont ignorés et sont en rapport direct avec la nature des éoliennes. Leur durée de vie est largement moins longue (20 ans) que pour une centrale (60 ans)...
• Le nucléaire représentait 71,6 % de la production électrique française en 2017
• contre 18% pour les énergies renouvelables
• et 10,4% pour les énergies fossiles.
Créer ou non un parc de nouveaux réacteurs nucléaires constituera, dans les prochaines années, un choix majeur pour l’avenir énergétique de la France.
Le système électrique hexagonal est aujourd’hui majoritairement alimenté par un parc électronucléaire (on compte 58 réacteurs en activité) mis en place en grande partie dans les années 1980. Mais la perspective de la fin de vie des centrales nucléaires, conçues au départ pour une durée de vie de 40 ans, de leur prolongation (de 10 ou 20 ans) ou de leur remplacement pose la question de la stratégie d’évolution du mix de production électrique hexagonal. Le choix de cette stratégie est loin d’être évident, tant les paramètres à prendre en compte sont multiples, qu’ils soient techniques, économiques, environnementaux, liés à des risques sanitaires, sociaux ou industriels.
Le nucléaire de troisième génération est donc à même de permettre de conserver au mix électrique un socle pilotable, très flexible et très peu émetteur de gaz à effet de serre, s’articulant avec les énergies renouvelables telles que le solaire et l’éolien, et permettant le développement de ces énergies variables.
La France s’est engagée dans la voie des énergies renouvelables dès le début des années 2000, pour répondre à sa dépendance aux énergies fossiles, mais aussi pour favoriser un mix énergétique plus équilibré et lutter contre le réchauffement climatique.
Dans la Stratégie française pour l'énergie et le climat 2019-2023 et 2024- 2028 :
le gouvernement français se fixe l’objectif d’atteindre une part du nucléaire au sein du mix électrique de 50% à l’horizon 2035. L’atteinte de cet objectif impliquera la fermeture de 14 réacteurs nucléaires d’ici 2035, avec la fermeture des deux réacteurs de Fessenheim au printemps 2020 et de 4 à 6 réacteurs supplémentaires d’ici 2030.
Force vive de l’eau ou du vent, rayonnement solaire, géothermie, chaleur du bois et des autres ressources de la biomasse, sans oublier les carburants végétaux et la valorisation des déchets, les énergies renouvelables prennent de multiples formes. Leur développement constitue un enjeu fort dans un contexte de demande croissante d’énergie, d’épuisement potentiel des ressources fossiles et de nécessaire réduction des émissions de gaz à effet de serre. L’Union européenne a décidé, dans son nouveau Paquet Énergie-Climat 2030, d’atteindre 27 % d’énergies renouvelables dans son bouquet énergétique. La France a, quant à elle, inscrit dans la loi relative à la transition énergétique pour la croissance verte l’objectif de porter la part des énergies renouvelables dans sa consommation brute à 32 % en 2030.
Dans une étude parue fin 2018, le Commissariat général au développement durable affirme que le-tout énergies renouvelables compose l’horizon énergétique le plus compétitif :
Chiffres clés des énergies renouvelables en France
Sur la faisabilité d’un mix électrique 100 % renouvelable à l’horizon 2050, l’Ademe a publié une nouvelle étude sur les futurs possibles du mix électrique français et ses conséquences économiques :
Trajectoires d'évolution du mix électrique 2020-2060
Pour aller plus loin, vous pouvez consulter les documents suivants :
- Pourquoi le nucléaire, par Bertrand Barré
- Transition énergétique : ces vérités qui dérangent, par Bertrand Cassoret
- L'énergie efficace : quand moins et mieux font plus, par Franck Bruel
- Manifeste négaWatt : réussir la transition énergétique
- Mettre en oeuvre les transitions énergétiques, par Jacques de Gerlache
- Faut-il sortir du nucléaire ?, par Géraldine Woessner
DANS NOS COLLECTIONS :
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