Question d'origine :
On se gausse généralement des fameuses 72 vierges promises à certains élus de confession musulmane après leur mort mais ,et voilà ma question qu en est il des promesses ,au fil du temps ,que l église catholique a suggéré à ses fidèles une fois accompli leur séjour sur Terre ..le paradis l enfer le purgatoire ..et quid du discours eschatologique réservé après la fin de la vie pour les protestants..un immense merci par avance
Réponse du Guichet
bml_civ
- Département : Civilisation
Le 03/08/2016 à 08h27
bonjour,
Il est vrai qu’il est un peu facile de se gausser des croyances des autres alors que tout tend à prouver que
« Sur les diverses représentations des Pays des Morts, de nombreux ouvrages ont été écrits, mais nous sommes encore loin d'avoir une bonne description de tous les « enfers », champs Élysées et îles des Bienheureux qui constituent la géographie funéraire de l'humanité. Il serait imprudent de réduire cette multiplicité de paysages à quelques types nettement déterminés, bien qu'on puisse distinguer un certain nombre de « motifs » dominants : demeures au ciel, dans la lune, au-delà de la mer, dans les montagnes, etc., et surtout sous la terre (les prétendus « enfers » qui, au moins dans les croyances des primitifs, ne sont pas toujours aussi terrifiants que le laisse entendre notre terminologie ; la plupart du temps, il s'agit seulement d'un « pays » comme les autres, que l'on imagine dans une région lointaine et souterraine). C'est là que les âmes désincarnées habitent, sous forme d'ombres, répliques appauvries des corps, ou déjà modifiées, sous forme de larves, d'animaux, de plantes même ou d'objets en apparence inanimés.
Cette postexistence ne se laisse point, elle non plus, ramener à un certain nombre de types : de l'activité la plus complexe à la torpeur pétrifiée, toutes sortes de « vies » sont accordées aux trépassés. Pour un grand nombre de populations primitives, il s'agit d'une répétition plus ou moins complète de la routine de l'existence terrestre ; d'autres fois, la survivance est plus « spirituelle » ou réduite à un symbole, à un signe. »
Ainsi commence l’article ENFERS ET PARADIS de l’Encyclopédie Universalis , article que nous vous invitons à lire dans son intégralité pour bien situer l’ "Au-delà chrétien" dans l’histoire des civilisations. En ligne et consultable à la bibliothèque.
"Paradis
en hébreu : Eden
Dans le livre de la Genèse, lieu dans lequel vivaient Adam et Eve créés par Dieu. Par extension, séjour des bienheureux et des élus qui partagent la vie éternelle de Dieu. L’image du paradis invite à croire que c’est l’homme tout entier, corps et esprit, est appelé à partager la béatitude éternelle."
Eglise catholique
« L’idée d’un au-delà est présente dans la plupart des civilisations, elle est comme la base mythique de toutes les religions.
Conçu comme lieu de séjour des dieux et des hommes divinisés, il est séparé, impénétrable, mystérieux. C’est le ciel, le paradis. Mais, moralisateur, on y a vite emmené les vertueux, les honnêtes, les courageux pendant que l’on réservait un endroit spécial pour les injustes, les criminels, les damnés. Alors c’est l’enfer. De l’un et de l’autre, on a tout envisagé dans la forme, les sensations, la compagnie, la joie et la souffrance.
[…]
[Le paradis] des chrétiens est décrit par l’Apocalypse de Pierre : « L’air y est illuminé des rayons du soleil et la terre y abonde en épice et en plantes produisant de belles fleurs incorruptibles qui jamais ne se fanent et portent des fruits bénis[…]Les habitants de ces régions sont vêtus des mêmes vêtements qui rendent les anges brillants et leur pays ressemblent à leurs vêtements. ». « La cité est d’or, précise l’Apocalypse de Paul, et quatre fleuves y coulent : de lait, de miel, de vin, et d’huile… »
[…]
« L’enfer des chrétiens (…) est imaginé comme un lieu de torture par le feu »Allez loin de moi, maudits, dans le feu éternel » (Matthieu25,41). L’Apocalypse de Paul sera encore une fois très imaginatif : il parle d’énormes vers à deux longues têtes de trois pieds qui rongent les entrailles des condamnés, de roues brûlantes qui font mille tours par jour, de rasoirs chauffés à blanc et de gouffre pestilentiels. »
Les grandes notions du christianisme, p.73
Dans un article du journal La Croix, Claire Lesegretain situe cette notion de Paradis dans l’histoire de l’Eglise :
« Le mot paradis (du grec paradeisos, provenant du persan pardèz qui signifie « jardin clos ») n’apparaît que trois fois dans la Bible. Dans l’évangile de Luc : sur la croix, Jésus promet au bon larron d’entrer aujourd’hui avec lui « dans le Paradis » (Lc 23,43). Dans la lettre aux Corinthiens : saint Paul se décrit comme ayant été enlevé « jusqu’au paradis » où il entendit des paroles ineffables (2 Co 12,4). Dans l’Apocalypse : il est promis, à celui qui combat pour le Christ, qu’il mangera de l’arbre de vie placé « dans le Paradis de Dieu » (Ap 2,7).
Contrairement à ce que l’on pense, la Genèse n’emploie pas le mot de paradis pour décrire le « jardin en Éden, planté à l’orient » (Gn 2,8) dans lequel vivaient Adam et Ève avant d’en être chassé par Dieu (Gn 3,24). De même, c’est une « terre qui ruisselle de lait et de miel » (Ex 3,8) que Moïse promet aux Hébreux quittant l’Égypte, expression qui sera reprise par les prophètes de l’exil à Babylone pour faire espérer le retour en terre promise. Quant au Christ, pour désigner la vie auprès de Dieu il parle du « royaume des cieux ».
En fait, ce sont les Pères de l’Église (IIe -VIIIe siècles) qui, reprenant la symétrie paulinienne entre Adam et Jésus, ont identifié le jardin d’Éden au paradis terrestre : de même que le premier homme a fait sortir l’humanité du paradis, le Christ l’y fera revenir. Mais à propos de l’attente des âmes avant la résurrection de toute l’humanité, à la fin des temps, les Pères de l’Église parlaient du Shéol ou de l’Hadès.
Si toutes les mythologies et religions païennes considèrent le temps comme un cycle, en vue d’un retour vers le paradis perdu, le christianisme – à la suite du judaïsme – envisage, lui, un temps linéaire. « Dans l’eschatologie chrétienne, la fin des temps ne consiste pas à revenir à l’Éden des origines mais à se réconcilier avec Dieu », explique Guilhen Antier , pasteur de l’Église réformée à Dijon. D’ailleurs, se détournant de l’imaginaire du jardin pour évoquer la fin des temps, l’Apocalypse opte pour celui de la ville, avec la « Jérusalem céleste ».
Comme l’a montré l’historien Jean Delumeau, les représentations du paradis ont évolué avec l’imaginaire social. ( Nous vous renvoyons aux ouvrages de cet auteur et notamment : A la recherche du Paradis). Dans La Divine Comédie, Dante le décrit selon neuf sphères concentriques, chacune logeant des hommes sans péchés selon leur mérite ; la fin du parcours, débouchant au dixième ciel.
Au Moyen Âge, on cultive aussi la nostalgie du paradis que l’on imagine telle une terre inaccessible en Orient, suscitant d’autant plus les convoitises qu’une légende rapporte que le « royaume du prêtre Jean », riche en pierres précieuses, jouxte le paradis !
Après les découvertes astronomiques et géographiques du XVIe siècle ayant obligé à constater que le paradis ne se trouve ni dans le ciel ni sur la terre, on se tourne vers l’avenir, à l’instar du philosophe anglais Thomas More qui invente l’« Utopie ».
C’est désormais le progrès qui doit permettre l’avènement du paradis, décrit comme un temps de bonheur éternel sur terre. Cette espérance d’un bonheur proche va nourrir les idéologies socialistes (Karl Marx…) du XIXe siècle… et les critiques (Friedrich Nietzsche…) contre ceux qui promettent le paradis dans l’au-delà.
Aujourd’hui, après les désenchantements du XXe siècle, il semble difficile de parler du paradis, si ce n’est pour se persuader qu’il n’est pas pour demain… »
Le paradis, La Croix, CLAIRE LESEGRETAIN, le 28/10/2011
« La doctrine de l’Eglise reste ferme « Le paradis consiste à « voir l’essence divine d’une vision intuitive et même face à face, sans la médiation d’aucune créature » - Catéchisme de l’Eglise catholique. Quant à l’enfer, il « consiste en la séparation éternelle d’avec Dieu ». Le premier est pour ceux qui sont parfaitement saints, le second pour ceux qui sont parfaitement pêcheurs. Mais il y a un intermédiaire, pour ceux qui ne sont qu’un peu pêcheurs, qui n’ont fait que péché véniel et non péché mortel. C’est le purgatoire, lieu de souffrances, passage obligé avant d’atteindre le paradis. Il y a même traditionnellement un autre lieu intermédiaire, pour les hommes saints qui ont vécu avant Jésus Christ et pour les enfants morts sans baptême. On l’appelle les limbes, ce n’est qu’un lieu où on attend la bienveillance de Dieu. »
De ces deux derniers lieux de l’au-delà, on peut sortir pour aller au ciel. Les vivants peuvent même aider les morts à en sortir par leurs prières, par l’obtention d’indulgences. Ainsi parle l’Eglise catholique. L’aspect quelque peu commercial de cette transaction- prière contre indulgence – avait tant choqué Luther qu’elle a été l’origine de la séparation des protestants. »
« Les réformateurs ont refusé le purgatoire qui n’a pas de bases bibliques solides ; et ils ont contesté le principe de rétribution qui commande tout ce système et auquel s’oppose la gratuité du salut. »
Les grandes notions du christianisme, P.74
Comment concevoir l’au-delà ? Qu’est-ce que la résurrection ? Comment comprendre ces notions à travers des concepts complexes : résurrection des corps, corps spirituel, Royaume de Dieu, ciel, vie éternelle ? Comment interpréter les symboles ?
Nous vous laisserons vous faire une idée plus précise à travers quelques lectures:
- Encyclopédie du protestantisme : article Mort et vie éternelle P.962 à 970
- Théo. Encyclopédie catholique pour tous, p 886 à 897
Pour en revenir à la comparaison entre les différents paradis des principales religions actuelles, un très bon livre : Paradis, paradis. Tout ce que les grandes religions enseignent sur le paradis, qui vous donnera, notamment pour le christianisme, plein de détails : sur la géographie du ciel, les habitants du ciel , les occupations des élus ( sciences, éducation , culture, plaisirs, délices, sensations et distractions…) Où l'on voit que le paradis chrétien peut « rivaliser » avec celui des musulmans et ses 72 vierges promises !
Dans le même esprit (un peu « irrespectueux ») et pour prendre un peu de recul :
Guide du paradis de Pierre Conesa
« Continuer à se laisser imposer sa religion par ses parents ou son pays sans y avoir réfléchi et se voir imposer un paradis sans tenir compte de ses goûts , de ses moyens et de ses affinités n’est plus possible. Ce guide de voyage fournit toutes les informations pratiques indispensables et évitera au lecteur se voir mal orienté vers un paradis non souhaité. »
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