Sexe et mathématiques
DIVERS
+ DE 2 ANS
Le 13/10/2015 à 12h31
2433 vues
Question d'origine :
Bonjour cher Guichet,
J'ai une question mathématique à vous soumettre.
J'ai lu que la moyenne des partenaires sexuels chez les hommes était de 14,2 et de 7,2 chez les femmes.
Comment un tel écart est-il possible ? Si on considère qu'il y a à peu près le même nombre de femmes que d'hommes, ne devrait-on pas avoir la même moyenne pour les deux sexes ?
Y'aurait-il des menteurs parmi les sondés ou une autre explication mathématique ?
Merci de votre réponse !
Réponse du Guichet
gds_et
- Département : Équipe du Guichet du Savoir
Le 14/10/2015 à 09h59
Bonjour,
Nul besoin de savants calculs mathématiques pour vous répondre : les chiffres que vous avez lus étant le résultat d’une enquête, leur interprétation, comme vous le suggérez vous-même, montre que certains sondés mentent. Les hommes ont tendance à exagérer, et les femmes à minimiser leur nombre de partenaires sexuels :
De fait, dans quasiment toutes les enquêtes sur les comportements sexuels humains – que ce soient les historiques, à l'instar de Hite, Kinsey et Masters & Jonhson, ou de plus récentes, des sondages à grande échelle aux enquêtes épidémiologiques visant à modéliser la transmission des maladies sexuellement transmissibles –, les hommes rapportent plus de partenaires que les femmes. Assez typiquement, les réponses varient de 5 à 9 partenaires masculins et 8 à 14 partenaires féminins chez les personnes de 40 ans et plus.
Pourtant, il est statistiquement impossible que le nombre moyen des partenaires diffère d'un sexe à l'autre. La dispersion du résultat au sein de chaque sexe peut certes être différente – par exemple, une proportion plus ou moins grande dans chaque sexe d'individus ayant un très petit ou un très grand nombre de partenaires –, mais, quelle que soit cette dispersion au sein des populations féminine et masculine, la moyenne devrait être la même. Et elle ne l'est pas. Pourquoi ?
Une explication parfois avancée pour expliquer cette anomalie statistique est le mauvais échantillonnage des enquêtes. Les prostituées, par exemple, ont un très grand nombre de rapports sexuels et leur non-présence dans l'échantillon peut abaisser la moyenne féminine. Mais l'inégalité demeure lorsque l'on demande aux sujets de ne pas inclure les rapports avec ces prostituées.
Une autre explication concerne la mémorisation de ses partenaires : les hommes interrogés seraient portés à donner rapidement des estimations assez approximatives (et exagérées), alors que les femmes auraient tendance à comptabiliser avec précision les souvenirs de chaque partenaire. Idem avec des explications plus psychologisantes : les hommes comptabiliseraient absolument tous leurs rapports sexuels, les femmes seuls ceux qui ont a minima compté sentimentalement dans leur vie.
Mais, quoi qu'il en soit, cela n'explique pas suffisamment l'écart entre les deux moyennes.
Implication sociale d'une sexualité débridée plus ou moins valorisée
Avec sa collègue Michele G. Alexander, Fisher avait donc décidé de faire remplir un questionnaire à 200 étudiants âgés de 18 à 25 ans, dans des conditions un peu particulières. Un premier groupe devait le faire de manière anonyme ; le second savait que ses réponses pouvaient être lues par l'examinateur ; le troisième répondait aux mêmes questions… en croyant être branché à un détecteur de mensonges.
Résultat : quelle que soit la méthode, les résultats des hommes ne variaient guère, en se situant entre 3,7 et 4 partenaires. Les résultats des femmes, par contre, étaient très différents. Celles qui remplissaient de manière anonyme confessaient 3,4 partenaires en moyenne. Celles dont les réponses étaient lues par les examinateurs 2,6 seulement. Et ce chiffre grimpait à 4,4 lorsque les étudiantes craignaient le verdict du détecteur de mensonges. Quasiment du simple au double...
Selon cette étude, ce sont les femmes qui tendraient à minimiser leur nombre réel de partenaires sexuels ; l'implication sociale d'une sexualité risquant de passer pour débridée étant plus grande chez elles que chez les hommes, où elle est au contraire plutôt valorisée.
"Nous vivons dans une culture qui attend réellement une attitude différente de la part de chaque sexe", soulignait T. D. Fisher. Cette année, dans une étude qui reprend les mêmes fondements méthodiques que celle de 2003, elle enfonce le clou :
"Il se pourrait que la sexualité soit simplement un type spécifique de comportement jugé plus négativement quand ce sont les femmes qui s'y adonnent."
On ne saurait être plus claire...
(source : Sexe : pourquoi les femmes minimisent leur nombre de partenaires et les hommes le gonflent, Peggy Sastre)
D’après Terri Fisher, en réalité hommes et femmes auraient en moyenne 10 partenaires sexuels dans leur vie :
Hommes et femmes ont en moyenne 10 partenaires sexuels dans leur vie. « La société a changé, au cours des dix dernières années, et une variété de chercheurs a constaté que les différences du comportement sexuel entre les hommes et les femmes ont disparu dans certaines régions. » En 1989, les hommes comme les femmes comptaient 7 partenaires sexuels, 9 en 2002.
(source : Partenaire sexuelle: ils ont tendance à gonfler le nombre de leurs conquêtes !, marieclaire.fr
Quant à l’homosexualité chez les hommes et les femmes, elle serait dans des proportions égales :
Parmi les homosexuels, le nombre d'hommes et de femmes s'équilibre. Depuis 1992, l'homosexualité masculine n'aurait pas fait plus d'adeptes malgré une plus grande tolérance de la part des 18-24 ans. 4,1 % des hommes aujourd'hui comme en 1992 déclarent avoir eu des pratiques sexuelles avec un partenaire du même sexe. Un pourcentage qui reste donc peu élevé. L'homosexualité serait par contre en nette augmentation chez les femmes : 4 % en 2006 contre 2,6 % en 1992.
(source : Hommes-femmes : une sexualité plus semblable)
Pour aller plus loin :
- La sexualité des adultes, vue par les chiffres, e-sante.fr
- Rapports sexuels - Fréquence des rapports et statistiques, sante-medecine.journaldesfemmes.com
Bonne journée.
Nul besoin de savants calculs mathématiques pour vous répondre : les chiffres que vous avez lus étant le résultat d’une enquête, leur interprétation, comme vous le suggérez vous-même, montre que certains sondés mentent. Les hommes ont tendance à exagérer, et les femmes à minimiser leur nombre de partenaires sexuels :
De fait, dans quasiment toutes les enquêtes sur les comportements sexuels humains – que ce soient les historiques, à l'instar de Hite, Kinsey et Masters & Jonhson, ou de plus récentes, des sondages à grande échelle aux enquêtes épidémiologiques visant à modéliser la transmission des maladies sexuellement transmissibles –, les hommes rapportent plus de partenaires que les femmes. Assez typiquement, les réponses varient de 5 à 9 partenaires masculins et 8 à 14 partenaires féminins chez les personnes de 40 ans et plus.
Pourtant, il est statistiquement impossible que le nombre moyen des partenaires diffère d'un sexe à l'autre. La dispersion du résultat au sein de chaque sexe peut certes être différente – par exemple, une proportion plus ou moins grande dans chaque sexe d'individus ayant un très petit ou un très grand nombre de partenaires –, mais, quelle que soit cette dispersion au sein des populations féminine et masculine, la moyenne devrait être la même. Et elle ne l'est pas. Pourquoi ?
Une explication parfois avancée pour expliquer cette anomalie statistique est le mauvais échantillonnage des enquêtes. Les prostituées, par exemple, ont un très grand nombre de rapports sexuels et leur non-présence dans l'échantillon peut abaisser la moyenne féminine. Mais l'inégalité demeure lorsque l'on demande aux sujets de ne pas inclure les rapports avec ces prostituées.
Une autre explication concerne la mémorisation de ses partenaires : les hommes interrogés seraient portés à donner rapidement des estimations assez approximatives (et exagérées), alors que les femmes auraient tendance à comptabiliser avec précision les souvenirs de chaque partenaire. Idem avec des explications plus psychologisantes : les hommes comptabiliseraient absolument tous leurs rapports sexuels, les femmes seuls ceux qui ont a minima compté sentimentalement dans leur vie.
Mais, quoi qu'il en soit, cela n'explique pas suffisamment l'écart entre les deux moyennes.
Avec sa collègue Michele G. Alexander, Fisher avait donc décidé de faire remplir un questionnaire à 200 étudiants âgés de 18 à 25 ans, dans des conditions un peu particulières. Un premier groupe devait le faire de manière anonyme ; le second savait que ses réponses pouvaient être lues par l'examinateur ; le troisième répondait aux mêmes questions… en croyant être branché à un détecteur de mensonges.
Résultat : quelle que soit la méthode, les résultats des hommes ne variaient guère, en se situant entre 3,7 et 4 partenaires. Les résultats des femmes, par contre, étaient très différents. Celles qui remplissaient de manière anonyme confessaient 3,4 partenaires en moyenne. Celles dont les réponses étaient lues par les examinateurs 2,6 seulement. Et ce chiffre grimpait à 4,4 lorsque les étudiantes craignaient le verdict du détecteur de mensonges. Quasiment du simple au double...
Selon cette étude, ce sont les femmes qui tendraient à minimiser leur nombre réel de partenaires sexuels ; l'implication sociale d'une sexualité risquant de passer pour débridée étant plus grande chez elles que chez les hommes, où elle est au contraire plutôt valorisée.
"Nous vivons dans une culture qui attend réellement une attitude différente de la part de chaque sexe", soulignait T. D. Fisher. Cette année, dans une étude qui reprend les mêmes fondements méthodiques que celle de 2003, elle enfonce le clou :
"Il se pourrait que la sexualité soit simplement un type spécifique de comportement jugé plus négativement quand ce sont les femmes qui s'y adonnent."
On ne saurait être plus claire...
(source : Sexe : pourquoi les femmes minimisent leur nombre de partenaires et les hommes le gonflent, Peggy Sastre)
D’après Terri Fisher, en réalité hommes et femmes auraient en moyenne 10 partenaires sexuels dans leur vie :
Hommes et femmes ont en moyenne 10 partenaires sexuels dans leur vie. « La société a changé, au cours des dix dernières années, et une variété de chercheurs a constaté que les différences du comportement sexuel entre les hommes et les femmes ont disparu dans certaines régions. » En 1989, les hommes comme les femmes comptaient 7 partenaires sexuels, 9 en 2002.
(source : Partenaire sexuelle: ils ont tendance à gonfler le nombre de leurs conquêtes !, marieclaire.fr
Quant à l’homosexualité chez les hommes et les femmes, elle serait dans des proportions égales :
Parmi les homosexuels, le nombre d'hommes et de femmes s'équilibre. Depuis 1992, l'homosexualité masculine n'aurait pas fait plus d'adeptes malgré une plus grande tolérance de la part des 18-24 ans. 4,1 % des hommes aujourd'hui comme en 1992 déclarent avoir eu des pratiques sexuelles avec un partenaire du même sexe. Un pourcentage qui reste donc peu élevé. L'homosexualité serait par contre en nette augmentation chez les femmes : 4 % en 2006 contre 2,6 % en 1992.
(source : Hommes-femmes : une sexualité plus semblable)
- La sexualité des adultes, vue par les chiffres, e-sante.fr
- Rapports sexuels - Fréquence des rapports et statistiques, sante-medecine.journaldesfemmes.com
Bonne journée.
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