Question d'origine :
Bonjour, je veux savoir pourquoi les japonais et presque tous ceux qui ont les yeux bridés aiment-ils les robots
Réponse du Guichet
gds_se
- Département : Équipe du Guichet du Savoir
Le 28/11/2014 à 11h51
Bonjour,
Tout d’abord, nous tenons à vous dire que votre remarque « presque tous ceux qui ont les yeux bridés » est pour le moins gênante voire déplacée. Nous vous rappelons que le Guichet du Savoir est un site public et que votre question est visible par tout un chacun. De plus, en tant qu’institution publique (la Bibliothèque municipale de Lyon), nous ne pouvons cautionner ce genre de propos, comme nous le rappelons dans notre charte : Par exemple, vous ne devez pas diffuser des messages violents, injurieux, diffamatoires, racistes, […] incitant à la discrimination, à la haine ou dont le contenu reproduirait sans autorisation une œuvre protégée par la propriété intellectuelle.
Ceci étant dit, il est vrai que les robots font l’objet d’un véritable engouement au Japon.
Le Japon est depuis longtemps et reste le leader incontesté de la robotique dans le monde.
Le marché de l'industrie technologique et de la communication reste toujours le premier secteur du Japon, avec une croissance régulière depuis 1996, contribuant à « tirer » la croissance nationale depuis cette date. Très fortement concurrentiel et porté par l'innovation, il bénéficie de l'appui des pouvoirs publics. Le Japon dispose d'une très forte avance par rapport à ses concurrents européens, qu'il considère comme très en retard en ce domaine, ainsi que l'a souligné l'ambassadeur de France auprès de la délégation.
[…]
2. La robotique
Le Japon reste incontestablement le leader mondial de la robotique, sa part de marché étant estimée à 60 % en 2006. Sa recherche constante d'innovations en « mécatronique » lui a permis d'asseoir cette position.
Deux secteurs sont à distinguer en réalité :
- la robotique industrielle (95 % du marché). Avec un taux de croissance de 8 % depuis 2000, largement supérieur à celui des autres secteurs industriels, elle fait du Japon le plus gros producteur et utilisateur de robots au monde ;
- la robotique de service (5 % du marché). Encore naissante et en grande partie expérimentale, même si certains modèles sont déjà commercialisés, elle vise la construction de robots humanoïdes qui pourraient, à terme, aider le Japon à faire face aux défis que pose son évolution démographique. Ce marché de service, très prometteur, devrait connaître une très forte croissance, jusqu'à dépasser la robotique industrielle en 2015-2020.
(Source : Japon, l’archipel des paradoxes : pour un partenariat renouvelé / Rapport d’information n° 316 – Sénat)
L’une des premières raisons à cet essor de la robotique au pays du Soleil Levant semble être un manque de main d’œuvre :
Les robots semblent avoir élu le Japon pour patrie. Ils sont arrivés en masse dans l’industrie dès les années 1960, en pleine période de forte croissance économique, pour remédier à la pénurie chronique de main d’œuvre dans les usines de montage. Et depuis, l’engouement nippon pour ces partenaires serviables et utiles ne s’est jamais démenti.
27% du parc mondial
« L’Archipel est incontestablement le premier marché de la robotique au monde, confirme d’emblée Evelyne Etchebehere, attachée pour la science et la technologie à l’ambassade de France à Tokyo. Avec 300 000 robots en fonctionnement actuellement, soit 27% du parc mondial, le pays pèse plus lourd que les Etats-Unis, le Canada et le Mexique réunis ! »
Un élément de réponse au vieillissement de la population
Le Japon compte en effet doublement sur ces êtres mécaniques. Pour pallier le manque de bras, d’abord. Près de Tokyo, l’industriel Glory vient ainsi de leur confier pour la première fois une ligne d’assemblage. Les ouvriers humains côtoient des collègues artificiels, équipés d’une tête articulée avec des caméras en guise d’yeux, d’un torse et de deux bras montés sur un socle roulant.
Pour répondre aux besoins des nombreuses personnes âgées, ensuite. Les robots devront aider dans les corvées ménagères ou dans les déplacements, apporter un soutien médical, ou tout simplement tenir compagnie. « D’après les projections du ministère nippon de l’Economie, du Commerce et de l’Industrie, le marché de la robotique de services aujourd’hui balbutiant devrait voir sa croissance s’accélérer de manière significative, précise Evelyne Etchebehere. Sur un marché total évalué à plus de 5 200 milliards de yens, sa part devrait atteindre plus de 50% dès l’année 2025 contre 5% aujourd’hui ! »
Grand consommateur de robots, le pays du Soleil-Levant est également un grand producteur. « En terme de chiffre d’affaires, il représente 57% du marché mondial de la robotique, rapporte Evelyne Etchebehere. Compte tenu du rétrécissement du marché intérieur observé ces dernières années, les entreprises japonaises destinent désormais 70% de leur production à l’export, notamment en direction du marché chinois. »
(Source : Robotique : le Japon, leader mondial du marché / Thinkovery)
Ainsi, la seconde explication au développement de la robotique, notamment de service, est le vieillissement de la population. D’une part, ce phénomène accentue un peu plus encore le manque chronique de main d’œuvre au Japon. Mais les robots semblent nécessaires pour prendre soin du nombre toujours croissants de personnes âgées du pays.
Confronté au vieillissement inexorable de sa population et à une pénurie de main-d’œuvre croissante, le Japon est en train de basculer dans l’ère de la robotique polyvalente.
En 2012, il n’y a eu qu’un million de naissances au Japon, pour 1,2 million de décès et selon les prévisions du gouvernement, la population du Japon devrait descendre à 87 millions d’habitants en 2060, contre 128 millions aujourd’hui.
La population japonaise est la plus âgée du monde. 23 % des Japonais ont plus de 65 ans (29 millions d’habitants) et cette proportion devrait monter à 42 % en 2060. A cet horizon, le Japon comptera plus de 9 millions d’octogénaires et au moins 300 000 centenaires, contre 45 000 aujourd’hui. […]
Mais au Japon, les robots n’envahissent pas seulement les usines, ils sont également de plus en plus présents dans l’immense secteur économique et social des services à la personne et notamment dans les établissements de santé.
Dernier exemple en date, le robot d’assistance médicale Riba. Ce robot-infirmier, dont la première version a été dévoilée en 2009, est le fruit d’une coopération entre le groupe Tokai Ruber et l’Institut de recherche public sur la santé.
Depuis cinq ans, ce robot n’a cessé d’être amélioré et il peut à présent soulever sans difficulté des malades pesant 80 kg.
Cet infirmier d’un nouveau genre fera son entrée dans les établissements de retraite japonais à partir de 2015 et devrait permettre de pallier en partie la pénurie croissante de personnel qualifié. Il manque en effet 700 000 aides-soignants et infirmiers au Japon et dans 10 ans, c’est plus d’un million et demi d’agents et d’employés qui feront défaut au système de santé japonais.
Bien conscient de ce déclin démographique et du vieillissement accéléré de sa population, le gouvernement nippon est bien décidé à faire de la robotique d’assistance médicale un des nouveaux moteurs de sa croissance industrielle économique.
Le gouvernement japonais veut à la fois conforter la suprématie mondiale du Japon dans le domaine de la robotique avancée et répondre aux besoins médico-sociaux de sa population vieillissante. La recherche publique japonaise va donc continuer à investir massivement dans la robotique de services à la personne.
(Source : Avons-nous bien conscience de la révolution robotique en cours ? / Gizmodo)
Cet homme fomente une nouvelle robolution au pays du Soleil-Levant. Depuis quelques semaines, le gourou japonais des technologies et de la communication, Masayoshi Son, s’est invité, avec un art consommé de la mise en scène, dans le débat effervescent sur l’essor des robots intelligents et indépendants. En ce moment au Japon, le pays le plus robot friendly au monde, les projets commerciaux et scientifiques, les partenariats industriels et les annonces gouvernementales convergent vers une plus grande robotisation de la société. «Le moment où nous allons cohabiter et travailler avec des robots arrive», a annoncé à la mi-juillet l’iconoclaste patron de Softbank, ce géant des télécommunications mobiles également présent dans les énergies renouvelables depuis 2011.
Masayoshi Son est parti d’un constat alarmiste pour vanter une révolution à la fois culturelle et technologique : ces vingt dernières années, «le Japon s’est enfoncé, il est passé de la deuxième à la troisième place dans le classement des puissances économiques mondiales et va se faire dépasser par d’autres nations». Dans le même temps, la main-d’œuvre s’est contractée du fait du départ massif à la retraite des baby-boomers et d’un vieillissement accru de la population. Tout sauf défaitiste, le milliardaire japonais d’origine coréenne dit avoir la solution pour «sauver la capacité productive et la main-d’œuvre» et éviter que le Japon ne «sombre». «80 à 99% d’entre vous vont rire, a-t-il dit devant un aréopage de patrons et de geeks réunis à Tokyo, mais si même seulement 1% y croyait je serais heureux, ce serait un succès. Allez, j’ose, je le dis : pour relever la compétitivité du Japon, il faut des robots !» […]
Le gouvernement a publié au printemps un très ambitieux livre blanc sur la robotisation qui ambitionne de porter le marché de la robotique à 100 milliards de dollars dans vingt ans. Abe veut en faire un des «piliers de [sa] stratégie de croissance économique». Il y a urgence, car la population japonaise vieillit et diminue vite, la pénurie de main-d’œuvre est criante. Pour lui aussi, c’est sûr, le robot est l’avenir du Japon.
(Source : Au Japon, le temps se met au robot / Libération)
D’autres ressources sur les robots et le Japon :
• Les robots à l’assaut du Japon / FutureMag
• Côté robot, la technologie japonaise approche la fiction / Ina
• Robots et mondes virtuels : les nouveaux alliés des japonais / Karyn Poupée
• Le Japon / TPE Robotique
Ainsi, le Japon n’a absolument pas la même vision que l’Occident sur les robots. Les japonais ne craignent pas de révolte massive (comme dans Terminator ou Matrix par exemple) ou de voir tous leurs emplois pris par des machines. Non, les japonais voient les robots comme des compagnons de vie voir même des sauveurs de l’humanité !
L’État japonais a très tôt favorisé le développement de la robotique en investissant dans des entreprises liées au secteur. Au pays du soleil levant, il n’y a pas cette angoisse d’une révolte des robots ou d’une machine qui viendrait prendre les emplois. Le robot est plutôt vu comme un compagnon de vie. C’est une perspective différente de la vision occidentale.
Dans l’imaginaire nippon, les robots tiennent une place importante. Les « mechas », par exemple, des armures mobiles gigantesques dans lesquelles vient s'insérer un pilote, sont très représentées dans le manga ou les films d’animation. Ces machines sont nées après-guerre, principalement dans les bandes dessinées. Bien que prégnant dans la culture nippone, ce type de technologie n’a pas encore une réalité au niveau de la recherche ou de l'industrie.
Le Japon développe actuellement en priorité des actroïdes, robots proches des androïdes de science-fiction. Ce sont des structures bardées d'électronique sur lesquelles est appliquée une peau en latex et un visage très proche de l'humain. L'aspect est ultra-réaliste. Ces actroïdes sont principalement destinés à remplir le rôle d'hôtesses ou de représentants d’entreprise.
(Source : Au Japon, le robot est un sauveur / Futura Sciences)
En effet, dans l’interview retransmise dans l’article pré-cité, Jean-Claude Heudin nous explique que les robots font leur apparition au Japon à la fin de la Seconde Guerre Mondiale. La défaite du Japon est vécue comme un vrai traumatisme par la population et il devient impossible pour un homme d’âge mûr d’incarner un héros national. Se développe alors cet imaginaire du robot sauveur de l’humanité, avec par exemple les méchas, sorte d’armures (qui deviennent gigantesques au fur et à mesure que le Japon reprend confiance) dans lequel « s’insère » un jeune homme ou une jeune femme. Toutefois, il n’est absolument pas envisagé de produire ces robots (qui seraient bien trop cher).
Cette conception dramatique des créatures artificielles n’est cependant pas universelle. Au Japon, les robots ne sont pas des esclaves en révolte mais les sauveurs de l’humanité. Ce ne sont pas les machines sans âme et dangereuses des fictions occidentales mais les compagnons de vie des personnes âgées et des malades.
L’histoire des créatures artificielles nippones est liée au développement du karakuri ningyō, ce que l’on pourrait traduire dans une première approche par « poupée automate » (HEUDIN, 2009). Alors que les automates européens des maîtres horlogers du siècle des Lumières cherchaient essentiellement à émerveiller les princes, les petites poupées automates japonaises étaient conçues comme des divertissements populaires. Elles représentaient un lien entre les forces sacrées et l’humain. Cette tradition a eu une influence significative sur le développement de la robotique au Japon et la vision d’un futur où les humains coexisteraient avec les robots. Pour les Japonais, les robots ne sont donc pas justes des outils industriels, utilitaires ou de loisirs, ils font partie de leur culture, les plus aboutis étant considérés comme de véritables « trésors ».
(Source : Demain tous cyborgs ? / Jean-Claude Heudin)
Mais la véritable invasion des personnages robotisés s’est produite après la Seconde Guerre mondiale et les dévastations d’Hiroshima et Nagasaki. L’importance de la défaite avait mis à mal l’illusion selon laquelle le seishin, l’esprit, la force de la volonté, serait finalement victorieux. Au lieu de diaboliser la technologie qui les avait mis à terre, elle fut « fétichisée » sous diverses formes. Le premier héros populaire, Tetsuwan Atom, rebaptisé AstroBoy aux Etats-Unis, fut créé en 1951 par Tezuka Osamu, le père de la bande dessinée au Japon. Atom est à la fois un petit garçon qui ne peut plus grandir et un robot au « cœur atomique ». Répudié par son inventeur qui l’a construit pour remplacer son fils disparu, Atom devient néanmoins un ardent défenseur de l’humanité. […]
Une analyse de ces grands succès populaires révèle une structure narrative commune qui caractérise ce qu’il convient d’appeler les robotto anime :
1. la Terre ou le Japon sont menacés par un ennemi extérieur ;
2. les ennemis possèdent une technologie supérieur avec laquelle il sont été fusionnés pour créer des monstres cybernétiques ou biomécaniques ;
3. la construction d’un robot géant « sauveur » nécessite une technologie qui est de même nature. Celle-ci est découverte ou perfectionnée par un savant. Celui-ci représente la figure paternelle du jeune héros qui sauvera l’humanité ;
4. il y a toujours une relation triangulaire entre le père scientifique, le jeune héros et le superrobot. La relation entre le père et le fils est généralement difficile, mais elle est compensée par celle qu’instaure le héros avec sa « coquille protectrice ».
(Source : Les créatures artificielles : des automates aux mondes virtuels / Jean-Claude Heudin)
Bonne journée
Tout d’abord, nous tenons à vous dire que votre remarque « presque tous ceux qui ont les yeux bridés » est pour le moins gênante voire déplacée. Nous vous rappelons que le Guichet du Savoir est un site public et que votre question est visible par tout un chacun. De plus, en tant qu’institution publique (la Bibliothèque municipale de Lyon), nous ne pouvons cautionner ce genre de propos, comme nous le rappelons dans notre charte : Par exemple, vous ne devez pas diffuser des messages violents, injurieux, diffamatoires, racistes, […] incitant à la discrimination, à la haine ou dont le contenu reproduirait sans autorisation une œuvre protégée par la propriété intellectuelle.
Ceci étant dit, il est vrai que les robots font l’objet d’un véritable engouement au Japon.
Le Japon est depuis longtemps et reste le leader incontesté de la robotique dans le monde.
Le marché de l'industrie technologique et de la communication reste toujours le premier secteur du Japon, avec une croissance régulière depuis 1996, contribuant à « tirer » la croissance nationale depuis cette date. Très fortement concurrentiel et porté par l'innovation, il bénéficie de l'appui des pouvoirs publics. Le Japon dispose d'une très forte avance par rapport à ses concurrents européens, qu'il considère comme très en retard en ce domaine, ainsi que l'a souligné l'ambassadeur de France auprès de la délégation.
[…]
Le Japon reste incontestablement le
Deux secteurs sont à distinguer en réalité :
- la robotique industrielle (95 % du marché). Avec un taux de croissance de 8 % depuis 2000, largement supérieur à celui des autres secteurs industriels, elle fait du Japon le plus gros producteur et utilisateur de robots au monde ;
- la robotique de service (5 % du marché). Encore naissante et en grande partie expérimentale, même si certains modèles sont déjà commercialisés, elle vise la construction de robots humanoïdes qui pourraient, à terme, aider le Japon à faire face aux défis que pose son évolution démographique. Ce marché de service, très prometteur, devrait connaître une très forte croissance, jusqu'à dépasser la robotique industrielle en 2015-2020.
(Source : Japon, l’archipel des paradoxes : pour un partenariat renouvelé / Rapport d’information n° 316 – Sénat)
L’une des premières raisons à cet essor de la robotique au pays du Soleil Levant semble être un manque de main d’œuvre :
Les robots semblent avoir élu le Japon pour patrie. Ils sont arrivés en masse dans l’industrie dès les années 1960, en pleine période de forte croissance économique, pour remédier à la pénurie chronique de main d’œuvre dans les usines de montage. Et depuis, l’engouement nippon pour ces partenaires serviables et utiles ne s’est jamais démenti.
« L’Archipel est incontestablement le premier marché de la robotique au monde, confirme d’emblée Evelyne Etchebehere, attachée pour la science et la technologie à l’ambassade de France à Tokyo. Avec 300 000 robots en fonctionnement actuellement, soit 27% du parc mondial, le pays pèse plus lourd que les Etats-Unis, le Canada et le Mexique réunis ! »
Le Japon compte en effet doublement sur ces êtres mécaniques. Pour pallier le manque de bras, d’abord. Près de Tokyo, l’industriel Glory vient ainsi de leur confier pour la première fois une ligne d’assemblage. Les ouvriers humains côtoient des collègues artificiels, équipés d’une tête articulée avec des caméras en guise d’yeux, d’un torse et de deux bras montés sur un socle roulant.
Pour répondre aux besoins des nombreuses personnes âgées, ensuite. Les robots devront aider dans les corvées ménagères ou dans les déplacements, apporter un soutien médical, ou tout simplement tenir compagnie. « D’après les projections du ministère nippon de l’Economie, du Commerce et de l’Industrie, le marché de la robotique de services aujourd’hui balbutiant devrait voir sa croissance s’accélérer de manière significative, précise Evelyne Etchebehere. Sur un marché total évalué à plus de 5 200 milliards de yens, sa part devrait atteindre plus de 50% dès l’année 2025 contre 5% aujourd’hui ! »
Grand consommateur de robots, le pays du Soleil-Levant est également un grand producteur. « En terme de chiffre d’affaires, il représente 57% du marché mondial de la robotique, rapporte Evelyne Etchebehere. Compte tenu du rétrécissement du marché intérieur observé ces dernières années, les entreprises japonaises destinent désormais 70% de leur production à l’export, notamment en direction du marché chinois. »
(Source : Robotique : le Japon, leader mondial du marché / Thinkovery)
Ainsi, la seconde explication au développement de la robotique, notamment de service, est le vieillissement de la population. D’une part, ce phénomène accentue un peu plus encore le manque chronique de main d’œuvre au Japon. Mais les robots semblent nécessaires pour prendre soin du nombre toujours croissants de personnes âgées du pays.
Confronté au vieillissement inexorable de sa population et à une pénurie de main-d’œuvre croissante, le Japon est en train de basculer dans l’ère de la robotique polyvalente.
En 2012, il n’y a eu qu’un million de naissances au Japon, pour 1,2 million de décès et selon les prévisions du gouvernement, la population du Japon devrait descendre à 87 millions d’habitants en 2060, contre 128 millions aujourd’hui.
La population japonaise est la plus âgée du monde. 23 % des Japonais ont plus de 65 ans (29 millions d’habitants) et cette proportion devrait monter à 42 % en 2060. A cet horizon, le Japon comptera plus de 9 millions d’octogénaires et au moins 300 000 centenaires, contre 45 000 aujourd’hui. […]
Mais au Japon, les robots n’envahissent pas seulement les usines, ils sont également de plus en plus présents dans l’immense secteur économique et social des services à la personne et notamment dans les établissements de santé.
Dernier exemple en date, le robot d’assistance médicale Riba. Ce robot-infirmier, dont la première version a été dévoilée en 2009, est le fruit d’une coopération entre le groupe Tokai Ruber et l’Institut de recherche public sur la santé.
Depuis cinq ans, ce robot n’a cessé d’être amélioré et il peut à présent soulever sans difficulté des malades pesant 80 kg.
Cet infirmier d’un nouveau genre fera son entrée dans les établissements de retraite japonais à partir de 2015 et devrait permettre de pallier en partie la pénurie croissante de personnel qualifié. Il manque en effet 700 000 aides-soignants et infirmiers au Japon et dans 10 ans, c’est plus d’un million et demi d’agents et d’employés qui feront défaut au système de santé japonais.
Bien conscient de ce déclin démographique et du vieillissement accéléré de sa population, le gouvernement nippon est bien décidé à faire de la robotique d’assistance médicale un des nouveaux moteurs de sa croissance industrielle économique.
Le gouvernement japonais veut à la fois conforter la suprématie mondiale du Japon dans le domaine de la robotique avancée et répondre aux besoins médico-sociaux de sa population vieillissante. La recherche publique japonaise va donc continuer à investir massivement dans la robotique de services à la personne.
(Source : Avons-nous bien conscience de la révolution robotique en cours ? / Gizmodo)
Cet homme fomente une nouvelle robolution au pays du Soleil-Levant. Depuis quelques semaines, le gourou japonais des technologies et de la communication, Masayoshi Son, s’est invité, avec un art consommé de la mise en scène, dans le débat effervescent sur l’essor des robots intelligents et indépendants. En ce moment au Japon, le pays le plus robot friendly au monde, les projets commerciaux et scientifiques, les partenariats industriels et les annonces gouvernementales convergent vers une plus grande robotisation de la société. «Le moment où nous allons cohabiter et travailler avec des robots arrive», a annoncé à la mi-juillet l’iconoclaste patron de Softbank, ce géant des télécommunications mobiles également présent dans les énergies renouvelables depuis 2011.
Masayoshi Son est parti d’un constat alarmiste pour vanter une révolution à la fois culturelle et technologique : ces vingt dernières années, «le Japon s’est enfoncé, il est passé de la deuxième à la troisième place dans le classement des puissances économiques mondiales et va se faire dépasser par d’autres nations». Dans le même temps, la main-d’œuvre s’est contractée du fait du départ massif à la retraite des baby-boomers et d’un vieillissement accru de la population. Tout sauf défaitiste, le milliardaire japonais d’origine coréenne dit avoir la solution pour «sauver la capacité productive et la main-d’œuvre» et éviter que le Japon ne «sombre». «80 à 99% d’entre vous vont rire, a-t-il dit devant un aréopage de patrons et de geeks réunis à Tokyo, mais si même seulement 1% y croyait je serais heureux, ce serait un succès. Allez, j’ose, je le dis : pour relever la compétitivité du Japon, il faut des robots !» […]
Le gouvernement a publié au printemps un très ambitieux livre blanc sur la robotisation qui ambitionne de porter le marché de la robotique à 100 milliards de dollars dans vingt ans. Abe veut en faire un des «piliers de [sa] stratégie de croissance économique». Il y a urgence, car la population japonaise vieillit et diminue vite, la pénurie de main-d’œuvre est criante. Pour lui aussi, c’est sûr, le robot est l’avenir du Japon.
(Source : Au Japon, le temps se met au robot / Libération)
D’autres ressources sur les robots et le Japon :
• Les robots à l’assaut du Japon / FutureMag
• Côté robot, la technologie japonaise approche la fiction / Ina
• Robots et mondes virtuels : les nouveaux alliés des japonais / Karyn Poupée
• Le Japon / TPE Robotique
Ainsi, le Japon n’a absolument pas la même vision que l’Occident sur les robots. Les japonais ne craignent pas de révolte massive (comme dans Terminator ou Matrix par exemple) ou de voir tous leurs emplois pris par des machines. Non, les japonais voient les robots comme des compagnons de vie voir même des sauveurs de l’humanité !
L’État japonais a très tôt favorisé le développement de la robotique en investissant dans des entreprises liées au secteur. Au pays du soleil levant, il n’y a pas cette angoisse d’une révolte des robots ou d’une machine qui viendrait prendre les emplois. Le robot est plutôt vu comme un compagnon de vie. C’est une perspective différente de la vision occidentale.
Dans l’imaginaire nippon, les robots tiennent une place importante. Les « mechas », par exemple, des armures mobiles gigantesques dans lesquelles vient s'insérer un pilote, sont très représentées dans le manga ou les films d’animation. Ces machines sont nées après-guerre, principalement dans les bandes dessinées. Bien que prégnant dans la culture nippone, ce type de technologie n’a pas encore une réalité au niveau de la recherche ou de l'industrie.
Le Japon développe actuellement en priorité des actroïdes, robots proches des androïdes de science-fiction. Ce sont des structures bardées d'électronique sur lesquelles est appliquée une peau en latex et un visage très proche de l'humain. L'aspect est ultra-réaliste. Ces actroïdes sont principalement destinés à remplir le rôle d'hôtesses ou de représentants d’entreprise.
(Source : Au Japon, le robot est un sauveur / Futura Sciences)
En effet, dans l’interview retransmise dans l’article pré-cité, Jean-Claude Heudin nous explique que les robots font leur apparition au Japon à la fin de la Seconde Guerre Mondiale. La défaite du Japon est vécue comme un vrai traumatisme par la population et il devient impossible pour un homme d’âge mûr d’incarner un héros national. Se développe alors cet imaginaire du robot sauveur de l’humanité, avec par exemple les méchas, sorte d’armures (qui deviennent gigantesques au fur et à mesure que le Japon reprend confiance) dans lequel « s’insère » un jeune homme ou une jeune femme. Toutefois, il n’est absolument pas envisagé de produire ces robots (qui seraient bien trop cher).
Cette conception dramatique des créatures artificielles n’est cependant pas universelle. Au Japon, les robots ne sont pas des esclaves en révolte mais les sauveurs de l’humanité. Ce ne sont pas les machines sans âme et dangereuses des fictions occidentales mais les compagnons de vie des personnes âgées et des malades.
L’histoire des créatures artificielles nippones est liée au développement du karakuri ningyō, ce que l’on pourrait traduire dans une première approche par « poupée automate » (HEUDIN, 2009). Alors que les automates européens des maîtres horlogers du siècle des Lumières cherchaient essentiellement à émerveiller les princes, les petites poupées automates japonaises étaient conçues comme des divertissements populaires. Elles représentaient un lien entre les forces sacrées et l’humain. Cette tradition a eu une influence significative sur le développement de la robotique au Japon et la vision d’un futur où les humains coexisteraient avec les robots. Pour les Japonais, les robots ne sont donc pas justes des outils industriels, utilitaires ou de loisirs, ils font partie de leur culture, les plus aboutis étant considérés comme de véritables « trésors ».
(Source : Demain tous cyborgs ? / Jean-Claude Heudin)
Mais la véritable invasion des personnages robotisés s’est produite après la Seconde Guerre mondiale et les dévastations d’Hiroshima et Nagasaki. L’importance de la défaite avait mis à mal l’illusion selon laquelle le seishin, l’esprit, la force de la volonté, serait finalement victorieux. Au lieu de diaboliser la technologie qui les avait mis à terre, elle fut « fétichisée » sous diverses formes. Le premier héros populaire, Tetsuwan Atom, rebaptisé AstroBoy aux Etats-Unis, fut créé en 1951 par Tezuka Osamu, le père de la bande dessinée au Japon. Atom est à la fois un petit garçon qui ne peut plus grandir et un robot au « cœur atomique ». Répudié par son inventeur qui l’a construit pour remplacer son fils disparu, Atom devient néanmoins un ardent défenseur de l’humanité. […]
Une analyse de ces grands succès populaires révèle une structure narrative commune qui caractérise ce qu’il convient d’appeler les robotto anime :
1. la Terre ou le Japon sont menacés par un ennemi extérieur ;
2. les ennemis possèdent une technologie supérieur avec laquelle il sont été fusionnés pour créer des monstres cybernétiques ou biomécaniques ;
3. la construction d’un robot géant « sauveur » nécessite une technologie qui est de même nature. Celle-ci est découverte ou perfectionnée par un savant. Celui-ci représente la figure paternelle du jeune héros qui sauvera l’humanité ;
4. il y a toujours une relation triangulaire entre le père scientifique, le jeune héros et le superrobot. La relation entre le père et le fils est généralement difficile, mais elle est compensée par celle qu’instaure le héros avec sa « coquille protectrice ».
(Source : Les créatures artificielles : des automates aux mondes virtuels / Jean-Claude Heudin)
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