Je recherche l'origine de l'expression "être une quiche"
Question d'origine :
Bonjour,
Je recherche depuis quelques temps l'origine de l'expression "être une quiche". Pas celle du mot quiche mais bien la raison pour laquelle on traite les gens de quiche.
Merci
Réponse du Guichet
Le sens péjoratif du mot "quiche" pourrait venir du terme "tarte" qui, au début du XXe siècle, désigne en argot ce qui est sot et ridicule.
Bonjour,
Le magazine "Ca m'intéresse" répond à votre question :
L’expression argotique "être une quiche" signifie être maladroit. Mais d'où vient-elle ?
Le mot "quiche" dériverait de kieche, "tartes", en francique, dialecte de Moselle. "Mais “quiche” n’est pas une appellation dénigrante pour les Lorrains, comme l’est maccaronis pour les Italiens. “Tarte” semble, en revanche, avoir eu dès l’origine un sens péjoratif, signifiant sot et niais", précise Laurence Rosier, linguiste.
"Quiche" aurait donc rejoint par proximité étymologique le champ des injures culinaires ("gros plein de soupe", "cruche"). Il semble que le terme soit davantage employé pour les femmes. Aux Etats-Unis, le best-seller satirique paru en 1982 Real Men Don’t Eat Quiche (les vrais hommes ne mangent pas de quiche) a été pris au pied de la lettre par le courant masculiniste. "Mangeur de quiche" est une insulte remettant en question la virilité et une critique de la mollesse supposée des Français.
Alain Rey explique d'où vient cette image péjorative de la tarte :
Tarte adj., attesté en argot en 1900, semble être une altération de "tarde" «mauvais, laid», emprunt à l'italien "tardo" «lourd». Au XIXe s., l'argot l'emploie (1821) au bagne pour «mauvais, lamentable», et aussi pour «faux» (Vidocq, 1838; un mornifle tarte «faux monnayeur»). Dans la langue familière du XXe s., il vaut pour «laid et ridicule». […]
source : Dictionnaire historique de la langue française / Alain Rey
Comme nous l'indiquions dans une précédente réponse, "être une quiche" est une expression assez récente.
Un article de Causette De « Real men don't eat quiche » à Causette, petite histoire de la quiche, écrit par Nathalie Peyrebonne le 1er août 2019, retrace l'histoire de la tarte lorraine et ose affirmer tout haut que : "la quiche est une arme culturelle d'avant-garde" ! On explique pourquoi la quiche est tombée en disgrâce :
La quiche est lorraine. On en trouve dans l’est de la France dès le XVIe siècle et sans doute avant, puisque au Moyen Âge, déjà, on servait des tartes du même genre, quoique sans lardons. Le mot « quiche », pour commencer, est emprunté au dialecte lorrain, qui l’a, lui-même, probablement tiré de l’allemand Kuchen (gâteau, tarte). […]
Le sens figuré, lui, apparaît plus tard : ce n’est qu’à partir du début du XXIe siècle que l’on commence à considérer la quiche avec mépris. Selon Sylvie Claval et Claude Duneton, autrice et auteur du Bouquet des expressions imagées (éd. Robert Laffont), l’image pourrait bien avoir remplacé celle de la cruche.
[Devenu un plat emblématique du féminisme aux Etats-Unis dans les années 1970, la quiche perd tout son prestige dans les années 1980 précise l’autrice.]
La publication en 1982 du livre de Bruce Feirstein et Lee Lorenz, Real Men Don’t Eat Quiche (Les vrais hommes ne mangent pas de quiche), chez Pocket Books, qui se voulait pourtant ironique, n’a pas arrangé les choses. Les « quiche-eater » sont désormais montrés du doigt : ce sont ces hommes à qui l’on reproche d’avoir renoncé aux vraies valeurs masculines.
Vous pourrez lire l'article dans son intégralité sur Pressreader.
Bonne journée.
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