Aristote a-t-il affirmé que les femmes avaient moins de dents que les hommes ?
Question d'origine :
Frédéric Laloux, dans son ouvrage Reinventing Organizations, commence par une anecdote assez troublante. Il raconte qu’en 350 av. J.-C., Aristote a affirmé, dans un traité écrit, que les femmes avaient moins de dents que les hommes. Est-ce vraiment ce que dit Aristote ? L'explication historrique de Laloux concernant les 7 types d'organisation (du rouge à l'opale) semble profondément fantaisiste : y a-t-il des analyses/articles critiques de son travail ?
Réponse du Guichet

Aristote a bien déclaré que "L’Homme a plus de dents que la femme" dans Histoire des animaux.
Bonjour,
C'est effectivement dans Histoire des animaux (Tome Ier, livre II, chapitre 3) qu'Aristote affirme que : "L’Homme a plus de dents que la femme".
Vous pourrez consulter ce document sur Google Livre, Gallica ou sur le site de la Sorbonne.
C'est en effet dès l'Antiquité que se construit le mythe du sexe faible "grâce" entre autres à Aristote qui déclare que les femmes ne sont que le résultat d'un développement embryonnaire imparfait et inachevé.
Aristote cherche à établir l’idée d’une infériorité de la femme par rapport à l’homme, en s’efforçant de démontrer qu’il existe entre eux une différence de nature, de même qu’entre la matière et la forme la différence est de nature et non pas simplement de degré. En effet, le marbre qui est la matière, n’est pas de la même nature que la forme de la statue que le sculpteur se représente dans son esprit et qu’il se propose de créer. Or, selon Aristote, la matière ne se laisse pas « informer », « structurer » par la forme sans opposer une résistance. C’est cette résistance qui est la source de tout désordre, de toute imperfection, c’est-à-dire de tout écart par rapport à la perfection de la forme. Ainsi, la femme, étant à l’homme, selon Aristote, ce qu’est la matière à la forme, la laisser à elle-même, lui confier des responsabilités politiques, c’est courir le risque de précipiter la société dans le désordre. Cette conception de la femme comme source de chaos, d’absence d’ordre, remonte si loin dans l’imaginaire de l’humanité qu’elle se pare de la dimension d’un mythe.
source : DIAGNE Ramatoulaye, « Philosophie et représentation de la femme : la longévité du modèle aristotélicien », dans : Fatou Sow éd., La recherche féministe francophone. Langue, identités et enjeux. Paris, Karthala, « Hommes et sociétés », 2009, p. 101-107.
Lire aussi : Une histoire de la misogynie [Livre] : de l'Antiquité à nos jours / Adeline Gargam, Bertrand Lançon
Pour répondre à votre deuxième interrogation, les travaux de Laloux publiés dans Reinventing organizations sont aujourd'hui perçus comme incontournables par les spécialistes du management.
Reinventing Organizations a été publié en 2014. Il est instantanément devenu « culte » : il a fait le buzz dans tous les mouvements de ressources humaines qui défendent la « libération » des entreprises. Mais le livre n’est pas uniquement destiné aux initiés qui connaissent déjà les organisations « libérées ». Il propose également une histoire passionnante, une théorie évolutive et une typologie des organisations qui peuvent aider toute personne souhaitant disposer d’une perspective intéressante et éclairée sur la gestion moderne. Le travail de Laloux peut aider à comprendre l’écart qui existe entre un individu et l’organisation à laquelle il appartient lorsqu’ils fonctionnent sous différents paradigmes. Le livre explore le malaise croissant des individus au sein des organisations.
source : Quel avenir pour les entreprises libérées ?
L’auteur est un ancien partenaire associé chez McKinsey. Ses recherches sur les modèles organisationnels émergents ont été décrites comme un « saut dans la pensée du management » par certains des spécialistes les plus respectés. Les réductions de coût mal expliquées, la course à faire plus de profit avec moins, les processus décidés sans consultation du terrain déstabilisent et désengagent les équipes. Cet ouvrage permet de mieux comprendre les organisations et leur stade d’évolution. Il ouvre des perspectives sur une nouvelle génération d’organisations. Des chercheurs- psychologues, philosophes et anthropologues – ont étudié l’évolution de la conscience humaine depuis la Préhistoire jusqu’à nos jours. Tous sont d’accord sur le fait que cette évolution s’est faite par bonds en avant. A chaque étape l’humanité a fait un saut dans ses capacités – cognitives, morales, psychologiques – ce qui lui a permis de constituer des sociétés de plus en plus complexes. Chaque bond en avant a donné naissance à un nouveau modèle d’organisation.
La première partie de ce livre décrit l’évolution de la conscience humaine et à chaque étape l’évolution de nouveaux modèles d’organisation. Selon l’auteur les différents stades émergent dont le « stade rouge » il y a 10 000 ans suivis par les stades « Ambre, Orange, Vert et Opale aujourd’hui ».
La deuxième partie de ce livre décrit comment certaines organisations fonctionnent déjà selon un modèle émergent « Vert et/ ou Opale ». Cette approche concerne tant des entreprises commerciales que des associations à but non-lucratif. Les pratiques de ces organisations peuvent inspirer de nombreuses entreprises.
La troisième partie de cet ouvrage porte sur la façon dont ces nouvelles organisations ont vu le jour et les conditions qui permettent de les faire vivre. Cette partie explore les possibilités de transformation des entreprises en s’appuyant sur les catégorisations décrites depuis le clan « Ambre », en passant par les modèles fordistes « Orange » et plus évolués « Vert puis Opale ».
Cet ouvrage est intéressant non seulement pour les praticiens mais également pour les enseignants-chercheurs qui souhaitent faire évoluer en profondeur leur vision du management et revisiter leurs cours avec des cas pratiques. Ce livre nous interpelle quant à l’évolution des organisations et la pensée de John Naisbitt peut paraître d’actualité « Les révolutions les plus passionnantes du XXI ème siècle ne seront pas le produit de la technologie mais d’une extension nouvelle du concept d’humain ».
source : Notes de lecture Dans Vie & sciences de l'entreprise 2015/2 (N° 200), pages 148 à 155
Comme l'indique l'article intitulé L’autogouvernance : un modèle de société ?, cet ouvrage décrit des formes d'organisation. On n'y "trouvera pas une méthode à appliquer pas à pas pour transformer son organisation, d’abord et avant tout parce que ces transformations sont expérientielles : leur réussite dépend de leur appropriation et de leur adaptation." On y trouvera pas non plus de détails sur les échecs rencontrés et les raisons pour lesquelles certaines entreprises ont échoué.
A lire aussi :
- Inventer une autre façon d'organiser le travail / - Le Monde.fr - mercredi 4 novembre 2015
- Reinventing Organizations, le livre qui explique l’entreprise libérée / Pierre Nassif - Ze village - 9 décembre 2015
- A la recherche de l’entreprise rêvée / Annie Kahn - Le Monde - 5 novembre 2015
- Reinventing organizations / Des livres pour changer de vie
Bonne journée