Question d'origine :
Bonjour, Merci pour la continuité de votre travail, Je voudrais savoir si l'on peut réellement voir une figure christique dans Aslan le personnage de C. S. Lewis (Le Monde de Narnia) ; Est-ce que le parallèle peut aller plus loin que l'épisode de la table de Pierre (qui n'est pas une croix..) et la description perméable de "créateur de Narnia" qui n'est plus fait en 7 jours mais après une chansonnette ? Bien cordialement, K.
Réponse du Guichet

Bonjour,
L’interprétation biblique des Chroniques de Narnia divise les chercheurs et les chercheuses. Il nous sera donc difficile de nous prononcer mais nous tenterons ici, à partir de consultations en ligne et donc de lectures imparfaites, de vous présenter les diverses interprétations.
Dans La Bible dans les littératures du monde, Sylvie Parizet mentionne que « Chez Lewis, le lion Atlan est délibérément conçu comme une figure christique, et les Chronicles of Narnia (Chroniques de Narnia) sont une œuvre didactique directement pensée pour promouvoir les valeurs chrétiennes.
Cette thèse est également développée dans l’ouvrage Figures christiques dans la littérature : la logique prophétique et apocalyptique gouverne l’ensemble des chroniques.
Dans Littérature de jeunesse au présent: Genres littéraires en question(s), Christiane Connan-Pintado et Gilles Béhotéguy mentionnent que
Tolkien aura une influence considérable sur son ami C.S. Lewis, mais alors que le premier déterminera l’évolution ultérieure de la de la fantasy pour adultes, le second aura un impact majeur sur la fantasy pour la jeunesse de la seconde partie du XXE siècle. Pourtant, les Chroniques de Narnia de C.S. Lewis (sept romans publiés entre 1950 et 1956) se situent en marge de l’évolution du roman pour la jeunesse. La fantasy y est en effet clairement instrumentalisée pour délivrer un message religieux : lewis, d’abord athée, se convertit à l’anglicanisme […] et les aventures à Narnia sont des allégories qui envoient à divers épisodes de la Bible …
Tous ces concepts chrétiens sont analysés et décrits dans .S. Lewis—On the Christ of a Religious Economy, 3.1: I. Creation and Sub ... de P. H. Brazier.
Michael Ward dans The Narnia Code : C. S. Lewis and the Secret of the Seven Heavens évoque aussi l’idée que les chroniques de Narnia étaient sur le Christ. L’auteur présente alors les divers symboles qui font référence au Christ.
Ces idées sont reprises sur certains sites dont senscritique.com ou le Parisien.fr qui rappelle que « certains présentent depuis les années 1960 « le Monde de Narnia » comme une relecture du Nouveau Testament ».
Ceci étant dit le travail de Philippe Maxence, Le monde de Narnia décrypté (2005), montre que l’on ne peut réduire le travail de Lewis au seul univers biblique (voir la présentation de l’ouvrage sur la base de données cairn).
Dans ce sens, l’article « Narnia, pays des merveilles » publié en 2007 dans Télérama rappelle bien que C.S. Lewis, professeur de littérature médiévale à Oxford, collègue et ami de J.R.R. Tolkien, y a réconcilié ses convictions de catholique converti sur le tard (d’où la figure christique du lion Aslan) avec une excellente connaissance des mythologies et folklores européens. Malgré les grossières tentatives de récupération des chrétiens conservateurs américains, cet imaginaire savamment composite n’appartient à personne. Ni les livres ni le film ne sont prosélytes.
Déjà en 1979, Eliane Tixier dans son étude Les Chroniques de Narnia de C.S. Lewis : nouveaux contes merveilleux pour notre temps ? expliquait qu’il fallait dépasser cette simple lecture, réductrice de la pensée de l’auteur:
… devant pareille scène, le lecteur peut être tenté de se livrer alors à une équation hâtive : Aslan est la figure du Christ. Cela est d’autant plus tentant que d’autres épisodes nous y invitent, tel celui où un agneau immaculé, après avoir accueilli les enfants sur la rive d’un lac et leur avoir donné un repas de poisson, se transforme en Aslan (…) de fait, si Aslan dans Narnia ressemble à la personne du Christ dans notre monde, un véritable jeu d’équivalences facile et stimulant pour l’esprit peut s’instaurer. Cela a déjà été fait par des critiques. C’est là cependant le plus grand risque que courent les contes merveilleux de Lewis. En effet, on est alors amené à faire une lecture à deux niveaux ; dans certains cas cette double lecture pourrait être enrichissante, mais ici elle s’avère limitative, car elle transforme le récit en une fable, et toute l’épaisseur mythique du conte s’en trouve sacrifiée.
Lorsque Lewis se sert d’Aslan ou d’un dialogue particulier pour établir un trait d’union entre notre monde et celui des contes, c’est son histoire personnelle qu’il transcrit dans son œuvre littéraire ..
Nous vous laissons parcourir l’ensemble des études citées ci-dessus et vous invitons également à lire :
* L’article « L’Apocalypse de Narnia : C.S. Lewis, le livre et les enfants dans The last battle » dans Parole Biblique et Inspiration littéraire, Actes du colloque de Chantilly, 1989, p. 161-172.
* Aymard Eliane, Hooper Walter. On C.S. Lewis and the Narnian Chronicles, Caliban, n°5, janvier 1968. pp. 129-145.
L’interprétation biblique des Chroniques de Narnia divise les chercheurs et les chercheuses. Il nous sera donc difficile de nous prononcer mais nous tenterons ici, à partir de consultations en ligne et donc de lectures imparfaites, de vous présenter les diverses interprétations.
Dans La Bible dans les littératures du monde, Sylvie Parizet mentionne que « Chez Lewis, le lion Atlan est délibérément conçu comme une figure christique, et les Chronicles of Narnia (Chroniques de Narnia) sont une œuvre didactique directement pensée pour promouvoir les valeurs chrétiennes.
Cette thèse est également développée dans l’ouvrage Figures christiques dans la littérature : la logique prophétique et apocalyptique gouverne l’ensemble des chroniques.
Dans Littérature de jeunesse au présent: Genres littéraires en question(s), Christiane Connan-Pintado et Gilles Béhotéguy mentionnent que
Tolkien aura une influence considérable sur son ami C.S. Lewis, mais alors que le premier déterminera l’évolution ultérieure de la de la fantasy pour adultes, le second aura un impact majeur sur la fantasy pour la jeunesse de la seconde partie du XXE siècle. Pourtant, les Chroniques de Narnia de C.S. Lewis (sept romans publiés entre 1950 et 1956) se situent en marge de l’évolution du roman pour la jeunesse. La fantasy y est en effet clairement instrumentalisée pour délivrer un message religieux : lewis, d’abord athée, se convertit à l’anglicanisme […] et les aventures à Narnia sont des allégories qui envoient à divers épisodes de la Bible …
Tous ces concepts chrétiens sont analysés et décrits dans .S. Lewis—On the Christ of a Religious Economy, 3.1: I. Creation and Sub ... de P. H. Brazier.
Michael Ward dans The Narnia Code : C. S. Lewis and the Secret of the Seven Heavens évoque aussi l’idée que les chroniques de Narnia étaient sur le Christ. L’auteur présente alors les divers symboles qui font référence au Christ.
Ces idées sont reprises sur certains sites dont senscritique.com ou le Parisien.fr qui rappelle que « certains présentent depuis les années 1960 « le Monde de Narnia » comme une relecture du Nouveau Testament ».
Ceci étant dit le travail de Philippe Maxence, Le monde de Narnia décrypté (2005), montre que l’on ne peut réduire le travail de Lewis au seul univers biblique (voir la présentation de l’ouvrage sur la base de données cairn).
Dans ce sens, l’article « Narnia, pays des merveilles » publié en 2007 dans Télérama rappelle bien que C.S. Lewis, professeur de littérature médiévale à Oxford, collègue et ami de J.R.R. Tolkien, y a réconcilié ses convictions de catholique converti sur le tard (d’où la figure christique du lion Aslan) avec une excellente connaissance des mythologies et folklores européens. Malgré les grossières tentatives de récupération des chrétiens conservateurs américains, cet imaginaire savamment composite n’appartient à personne. Ni les livres ni le film ne sont prosélytes.
Déjà en 1979, Eliane Tixier dans son étude Les Chroniques de Narnia de C.S. Lewis : nouveaux contes merveilleux pour notre temps ? expliquait qu’il fallait dépasser cette simple lecture, réductrice de la pensée de l’auteur:
… devant pareille scène, le lecteur peut être tenté de se livrer alors à une équation hâtive : Aslan est la figure du Christ. Cela est d’autant plus tentant que d’autres épisodes nous y invitent, tel celui où un agneau immaculé, après avoir accueilli les enfants sur la rive d’un lac et leur avoir donné un repas de poisson, se transforme en Aslan (…) de fait, si Aslan dans Narnia ressemble à la personne du Christ dans notre monde, un véritable jeu d’équivalences facile et stimulant pour l’esprit peut s’instaurer. Cela a déjà été fait par des critiques. C’est là cependant le plus grand risque que courent les contes merveilleux de Lewis. En effet, on est alors amené à faire une lecture à deux niveaux ; dans certains cas cette double lecture pourrait être enrichissante, mais ici elle s’avère limitative, car elle transforme le récit en une fable, et toute l’épaisseur mythique du conte s’en trouve sacrifiée.
Lorsque Lewis se sert d’Aslan ou d’un dialogue particulier pour établir un trait d’union entre notre monde et celui des contes, c’est son histoire personnelle qu’il transcrit dans son œuvre littéraire ..
Nous vous laissons parcourir l’ensemble des études citées ci-dessus et vous invitons également à lire :
* L’article « L’Apocalypse de Narnia : C.S. Lewis, le livre et les enfants dans The last battle » dans Parole Biblique et Inspiration littéraire, Actes du colloque de Chantilly, 1989, p. 161-172.
* Aymard Eliane, Hooper Walter. On C.S. Lewis and the Narnian Chronicles, Caliban, n°5, janvier 1968. pp. 129-145.
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