A quelle distance maximum les grands mascarets sont-ils encore visibles sur le fleuve amazon ?
Question d'origine :
bonjour madame monsieur pourriez vous s'il vous plais me renseigner a qu'elle distance maximum les grands mascarets sont encore visibles sur le fleuve amazone . avec mes remerciements recevez madame monsieur mes respectueuses salutations
Réponse du Guichet

Les sources éparses que nous avons trouvées font varier la longueur de pénétration du (de la ?) Pororoca, le puissant mascaret amazonien, entre 150 et 800 kilomètres dans les terres. Nous avons contacté le CNRS pour des indications plus fiables.
Bonjour,
Nous avons trouvé assez peu de documentation en français sur les mascarets amazoniens, mais voici toutefois quelques éléments.
Le CNRTL définit un mascaret comme une "Vague déferlante produite dans certains estuaires par la rencontre du courant descendant du fleuve et du flot montant de la mer."
L'entrée de la version anglophone de Wikipédia consacrée au Pororoca (version brésilienne du mascaret) indique que le phénomène entraîne des vagues de quatre mètres de hauteur pouvant remonter pas moins de 800 kilomètres dans les terres. La version française de l'encyclopédie en ligne, à l'entrée Amazone, nous précise également la vitesse dudit :
Longeant les côtes, un peu au nord de Cabo do Norte, et sur 160 km le long de la marge de la Guyane, il existe une ceinture d’îles quasi submergées ainsi que des bas-fonds et des bancs de sable. Ici un phénomène de marée appelé mascaret (vague déferlante), ou Pororoca, se produit, là où la profondeur n’excède pas 7 mètres. La vague déferlante débute par un simple rouleau, grossissant constamment, et progressant à une vitesse de plus de 60 km/h, et une hauteur de 1,5 à 4 mètres. Le mascaret est la raison pour laquelle l’Amazone ne possède pas de véritable delta : l’océan emporte rapidement le vaste volume de vase drainée par l’Amazone, ce qui rend impossible la formation d’un delta.
Les dimensions exceptionnelles du mascaret amazonien expliquent qu'il soit très prisé des surfeurs, malgré le danger qu'il représente, comme le souligne le journal L'Equipe. L'article de Caroly Beeler The wave that goes on for hundreds of miles, paru en 2016 sur le site The World citait à ce sujet le surfeur brésilien Serginho Laus, un des premiers à oser braver le Pororoca en 2000 et qui déclare avoir glissé sur la vague sur une distance de pas moins de 23 kilomètres, durant une heure et dix minutes !
Cependant nous nous heurtons à un manque de sources qui nous fait douter de la fiabilité de ces informations. Le Catalog of Worldwide Tidal Bore Occurrences and Characteristics publié en 1988 par l'office de veille géologique des Etats-Unis d'Amérique parle de 150 kilomètres de pénétration dans les terres, tandis qu'Actualatino évoque "des dizaines de kilomètres"... et malgré nos recherches sur des bases de données universitaires, nous ne trouvons rien de plus précis. Le catalogue du Sudoc nous indique bien l'ouvrage Tidal bores, agir, eagre, mascaret, pororoca : theory and observations d'Hubert Chanson, où nous pourrions trouver des éléments plus précis, mais nous ne le possédons pas et les extraits consultables gratuitement sur Google Books ne nous en apprennent pas plus.
Au cours de nos recherches, nous avons toutefois découvert l'existence du GDR LiGA : Groupement de recherche Littoral de Guyane sous influence amazonienne, qui aurait pu nous aider, mais leur blog ne montre plus d'activité depuis 2017... Nous avons donc contacté l'antenne guyannaise du CNRS afin de leur demander de nous orienter. Nous vous transmettrons leur réponse éventuelle.
Bonne journée.
Complément(s) de réponse

Bonjour,
Gaëlle Fornet, Responsable de communication de l'antenne guyanaise du CNRS, que nous remercions vivement, nous fait cette réponse :
Je ne saurais personnellement vous répondre sur le phénomène même et l’arbitrage des chiffres que vous avez pu trouver.
La revue «Une saison en Guyane», connue pour sa qualité rédactionnelle avait consacré un article sur la Pororoca il y a quelques années :https://www.une-saison-en-guyane.com/article/voyage/pororoca-la-colere-de-laraguari/. Vous pouvez peut-être vous procurer cet article et y trouver des informations intéressantes pour votre usager ?
Concernant le GDR LiGA : oui il existe toujours, touchant toutefois à sa fin après huit ans d’existence (s’agissant d’un «instrument scientifique» financé par le CNRS, la durée de vie est définie, ne signifiant bien entendu pas la fin de l’intérêt du sujet ou la dislocation de la communauté scientifique qui s’y intéresse). Je transmets votre message à son directeur Antoine Gardel (en copie de ce message), chercheur au sein du laboratoire LEEISA en Guyane.
Ce n’est pas à ma connaissance un sujet spécialement étudié par le groupement, aussi, je ne sais pas s’il pourra vous répondre sur la question précise, mais peut-être pourra-t-il apporter quelques éléments sur le phénomène de mascarets sur l’Amazone.
Nous attendons donc l'éventuel retour de M. Gardel que nous vous ferons connaître.
Bonne journée.
DANS NOS COLLECTIONS :
Ça pourrait vous intéresser :
Quelle bibliographie sur les ports de l'Empire britannique...