Combien y a-t-il de décès par an en France causés par une piqure d'abeille ?
Question d'origine :
Bonjour,
Combien y a-t-il de décès par an en France causés par une piqure d'abeille? Combien d'hospitalisations? Peut-on distinguer une piqure de guêpe d'une piqure d'abeille?
Merci beaucoup!
Réponse du Guichet

Les piqûres d'hyménoptères provoquent une quinzaine de décès par an, aucune donnée ciblant particulièrement les abeilles n'étant malheureusement accessible. En revanche, vous ferez aisément la différence entre une piqûre de guêpe et d'abeille : ces dernières se sacrifient en attaquant et laissent leur dard dans votre peau.
Bonjour,
Selon un article du Monde du 5 juillet 2019, les décès dus à des piqûres d’hyménoptères (guêpes, abeilles et frelons), se sont élevés à 237 entre 2000 et 2015, soit une quinzaine par an. Ces données sont fournies par le Centre d'épidémiologie sur les causes médicales de décès (CépiDc), organisme dépendant de l'Inserm. Les victimes, surtout des hommes, sont très majoritairement âgées de plus de 45 ans et le décès s'explique en général par des complications liées aux allergies :
La principale cause de décès liée aux hyménoptères est la réaction anaphylactique grave provoquée chez les personnes allergiques. Dans ce cas, des œdèmes généralisés, des troubles de la respiration et une chute brutale de la tension artérielle peuvent apparaître. « C’est spectaculaire, mais réversible la plupart du temps », assure le docteur Stéphane Guez.
Les envenimations comme celles subies par les deux promeneurs sont, quant à elles, peu fréquentes ; les attaques de cette ampleur sont rarissimes, mais peuvent s’avérer mortelles, comme le précise le docteur Guez :
« Le venin injecté en grande quantité fonctionne comme un poison capable de provoquer des défaillances multiples : hépatiques, cardiaques, pulmonaires, rénales… »
Un autre article du Monde nous explique qu'est surtout dangereuse l'envenimation massive due à des piqûres multiples :
On parle d’envenimation pour définir l’ensemble des symptômes cliniques survenant après l’inoculation à l’homme de venins animaux. Concernant les attaques par des hyménoptères (abeilles, guêpes, frelons), on parle d’envenimation à partir de 50 piqûres simultanées.
L’envenimation par piqûres d’abeilles est massive lorsque l’on dénombre un très grand nombre de piqûres. On estime que 250 à 300 piqûres sont capables d’entraîner le décès chez l’adulte, mais des décès ont été rapportés à partir d’une trentaine de piqûres simultanées. Lorsque celles-ci se produisent dans la région des voies aérodigestives supérieures (piqûres pharyngo-laryngées), elles revêtent une gravité particulière car elles peuvent alors provoquer le décès par asphyxie du fait de la survenue d’un important œdème.
Chez l’enfant, on estime qu’une envenimation à raison d’une piqûre par kg de poids corporel est dangereuse. De fait, 30 à 50 piqûres d’abeilles peuvent suffire à tuer en enfant. On estime que 19 piqûres par kg de poids corporel entraînent une envenimation mortelle.
Il ne nous a malheureusement pas été possible d'obtenir des données plus récentes, ou discriminant les accidents impliquant spécialement des abeilles : le CépiDc répertorie les intoxications par venins d’hyménoptères sous la classification internationale unique E905.3 et les données accessibles au grand public sur son site sont singulièrement imprécises. Nous avons donc contacté cet organisme ainsi que l'Institut de veille sanitaire pour en savoir plus, et vous transmettrons leur réponse éventuelle.
Concernant la différence entre une piqûre de guêpe et d'abeille, elle est aisée à faire, car du fait de la forme de son dard la piqûre d'abeille est une opération suicide : le sympathique insecte mellifère laisse son dard et une partie de son abdomen dans votre peau et en meurt. Une page de Doctissimo montre d'ailleurs deux photos très parlantes : sur la première, une peau piquée par une guêpe, montrant "une rougeur et une boursouflure au niveau de la zone piquée" accompagnées d'une "douleur immédiate à cause du venin injecté", tandis que la seconde montre une peau attaquée par une abeille, portant toujours son dard et présentant une lésion beaucoup moins visible.
Le Journal des femmes décrit ainsi les symptômes d'une piqûre d'abeille :
La piqûre passe rarement inaperçue en raison de la douleur engendrée. Très vive, elle apparaît quasi-immédiatement à l'endroit où l'abeille a déposé son dard. Le venin injecté dans la peau entraîne également une démangeaison, une boursouflure et une rougeur. En fonction de la zone piquée, le gonflement est plus ou moins important. Ainsi, le visage (paupières, lèvres, etc) et le cou sont des zones qui réagissent particulièrement rapidement à la piqûre. Dans la majorité des cas, la piqûre n'entraîne qu'une réaction locale. Mais en cas de terrain allergique au venin d'abeille, la piqûre peut entraîner une réaction plus grave.
Futura-sciences explique la conduite à tenir en cas de piqûre d'abeille :
En cas de piqûre de guêpe, d'abeille ou de frelon, il faut tout d'abord éloigner la personne piquée de l'endroit, car les phéromones d'alarme libérées par l'insecte risquent d'en attirer d'autres.
Ensuite, examiner attentivement la zone piquée afin de rechercher la présence de dard (dans le cas d'une abeille) et l'enlever délicatement (en évitant l'utilisation de pinces). Le retrait du dard est réellement la première chose à effectuer car celui-ci continue d'injecter son venin, même séparé de l'abeille.
Surtout ne pas presser le dard, car la pression de la glande à venin située à l'extrémité provoquerait l'injection de tout le venin dans le corps de la personne piquée.
Il est possible d'exposer la surface piquée à une source de chaleur (cigarette ou sèche-cheveux) pendant quelque temps mais cette pratique est contestée. Dans tous les cas, prenez garde de ne pas brûler la victime !
Il est possible d'appliquer une compresse froide pour limiter l'œdème et d'utiliser un sirop antihistaminique pour limiter la réaction inflammatoire.
Le site précise également que "Si la personne développe des symptômes généraux (gêne respiratoire, sensation de froid, tremblements...), une réaction allergique, ou en cas de piqûres multiples, prévenir immédiatement les services de secours (Samu ou pompiers)" et que "Si la piqûre a lieu dans l'arrière bouche ou au niveau de la gorge, il est important de rapidement prendre contact avec les urgences, car la formation d'un œdème peut entraîner une détresse respiratoire importante."
En complément, nous vous invitons à consulter notre précédente réponse Les abeilles, ça pique ?
Bonne journée.
Complément(s) de réponse

Bonjour,
Pierre-Etienne Alary, du Pôle de diffusion des données du CépiDc, nous a fait cette réponse qui apporte quelques précisions tout en invitant à les prendre avec prudence :
Il y a bien des données pour 2016 et 2017, mais nous n'avons pas encore produit de données plus récentes.
L'outil en ligne d'OpenData de l'Inserm-CépiDc http://cepidc-data.inserm.fr/inserm/html/index2.htm permet de visualiser le nombre de décès par cause initiale (définie comme la maladie ou le traumatisme qui a déclenché l'évolution morbide conduisant directement au décès ou, en cas de mort violente, les circonstances de l'accident ou de la violence qui ont entraîné le traumatisme mortel).
Le codage des certificats de décès s’appuie sur la Classification internationale des maladies (CIM), la classification médicale proposée et recommandée par l'Organisation mondiale de la santé (OMS) pour le codage en morbi-mortalité, et utilisée à l'échelle internationale pour l'enregistrement des causes médicales de morbidité et de mortalité.
Dans le cas des piqûres d'abeille, celles-ci correspondent à la catégorie X23 - Contacts avec des frelons, guêpes et abeille (y compris les hyménoptères du genre vespula) dans la 10e révision de la CIM (CIM-10), utilisée à l'Inserm-CépiDc pour coder les décès depuis l'an 2000. Il n'y a donc pas de distinction entre ces hyménoptères dans les statistiques diffusées par l'Inserm-CépiDc.
l'Inserm-CépiDc a finalisé l'année dernière la production de la statistique définitive pour l'année 2017, les données pour les années ultérieures ne sont donc pas encore disponibles, mais sur l'outil d'OpenData en sélectionnant "Données détaillées" puis "3 Année(s) de décès : depuis 2016 jusqu'en 2017" puis "4 Détail de la cause de décès : Liste détaillée CIM (4 caractères)" et"5 Sélection de la cause de décès : X23" puis en cliquant sur "Lancer la demande", on peut lire qu'en France métropolitaine, 11 certificats de décès en 2016 portaient une mention de piqûre correspondant à la catégorie X23 de la (CIM-10) et qui a ensuite été sélectionnée comme la cause initiale du décès suite au processus de codage (décrit sur notre site) et 13 en 2017.
Ces données sont celles utilisées par les deux premiers résultats d'une recherche sur google "statistique annuelle des décès dus aux piqûres d’abeille" :
- un article du Monde qui cite l'Inserm-CépiDc : https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2019/07/05/piqures-d-abeilles-de-guepes-et-de-frelons-pourquoi-et-pour-qui-est-ce-mortel_5485896_4355770.html
- un article de l'InVS, ancêtre de Santé Publique France : https://www.santepubliquefrance.fr/maladies-et-traumatismes/traumatismes/articles/resultats-par-produit/adelf-pedrono-hymenopteres_84x118_v4_vf
Cependant ces statistiques doivent être interprétées avec prudence :
Pour les très petits effectifs (inférieurs à 20 par an en métropole par exemple), l'évolution d'une année sur l'autre est fort probablement liée à la variation de la qualité de la source à savoir le certificat de décès principalement, voire le volet médical complémentaire dans les cas de morts suspectes passant par le circuit médico-légal : celles-ci sont particulièrement sensibles à un déficit de remontée d'information puisqu'en cas d'investigation médico-légale, l'Inserm-CépiDc ne reçoit pas systématiquement de résultat de ces investigations bien que ce soit prévu par l'article 1 du décret n° 2017-602 du 21 avril 2017 relatif au certificat de décès.
L'évolution de ces petits effectifs d'une année sur l'autre ne reflète donc fort probablement pas de réalité statistique.
Nous ne pouvons pas garantir l'exhaustivité du nombre de décès causés par les abeilles, guêpes et frelons car cette donnée dépend du médecin certificateur et du possible circuit par IML (instituts médico-légaux) qui engendre de la perte d'information.
J'espère avoir pu répondre à votre question. Des informations complémentaires existent sur notre site internet, notamment la page https://www.cepidc.inserm.fr/causes-medicales-de-deces/interroger-les-donnees-de-mortalite qui renvoie vers l'outil d'OpenData cité en début de cet email.
Nous remercions chaleureusement M. Alary.
Bonne journée.