Quel est le nom du ferronnier qui a réalisé les grilles du Parc Monceau à Paris ?
Question d'origine :
Bonjour,
Quel est le nom du ferronnier qui a réalisé les grilles du Parc Monceau à Paris ?
Merci
Réponse du Guichet

Les grilles du parc Monceau ont été dessinées par Gabriel Davioud (1823-1881) et fabriquées par la maison Ducros (située au 17, rue Richard Lenoir, Paris XIe).
Bonjour,
Le constructeur de la grille est la maison Ducros, située au 17 rue Richard Lenoir à Paris et Gabriel-Jean-Antoine Davioud en est l'architecte.
sources : Paris musées et Vergue
Voici quelques extraits de documents qui pourront vous intéresser :
PARC MONCEAU
Avenue van Dick, Avenue Velasquez
Architecte : Gabriel Davioud
Grilles : Ducros, 1861
Le lotissement du parc et l’aménagement de ce qui en restait sont décrits pp. 11 et 12. Les grilles ont été réalisées par Ducros sur les dessins de Gabriel Davioud, architecte des parcs et jardins de la Ville, très inspiré par les grilles d’Emmanuel Héré et Jean Lamour à Nancy, à la différence qu’elles furent partiellement réalisées en fonte.
Pour des raisons d’économie sans doute – encore que selon Haussmann, « elles ne coûtèrent pas beaucoup moins de 500 000 F » –, de main d’œuvre probablement, les pièces d’ornement ont été coulés en fonte et fixés par des vis sur les barreaux en fer. L’entretien des grilles est de ce fait plus onéreux et plus fréquent, ces fixations étant à l’origine de points de rouille. Mais surtout, la forme est moins fine, plus « pâteuse » même si, pour tenter de masquer cette lourdeur, la fonte est rehaussée de dorure dans le goût « nouveau riche » du Second Empire.
L’ÉVOLUTION DE LA SERRURERIE
Il s’agissait bien de serruriers ; le ferronnier étant encore « celui qui vend des objets en fers neufs », tout comme au XVIe siècle « la belle ferronnière », réputée avoir transmis la vérole à François Ier, était la femme d’un marchand de fers. Ce n’est qu’à la fin du XIXe siècle que l’appellation de ferronnier, au sens où nous l’entendons aujourd’hui, apparaît sans doute pour distinguer le serrurier d’art du serrurier.
L’Annuaire des professions du bâtiment Sageret n’ouvre une rubrique « Ferronnier », gratifié tout de suite du qualificatif « d’art », qu’en 1887.
Tout au long du XIXe siècle, la serrurerie dépasse largement les limites de la seule serrure. Le mot lui-même vient de serrer qui, dans son sens ancien, signifiait fermer, enfermer, clore, d’où les grilles, portes, garde-fous... et peu à peu la mise en œuvre des métaux dans le bâtiment à l’exception de la tuyauterie et de la couverture. Si le métier est bien différent de celui du fondeur, dans la pratique, les entreprises de serrurerie mettent souvent en œuvre les deux matériaux, au moins dans les premiers temps. L’un des premiers recueils de modèles, publié par François Thiollet en 1832, s’intitule Serrurerie et fonte de fer récemment exécutées. Il montre, entre autres, des boutiques et galeries dont le barreaudage est un travail de serrurerie alors que les ornements sont en fonte.
L’un des meilleurs exemples de cette mixité sera fourni au début du Second Empire par l’une des plus importantes commandes publiques, les grilles du parc Monceau à Paris. C’était une opération délicate : au lendemain du coup d’État de 1852, Napoléon III avait fait restitué à l’État les biens immobiliers de la famille d’Orléans, et donc du parc, dont elle était propriétaire. Même si l’orléaniste Dupin qualifia le décret de « premier vol de l’aigle », ce n’était qu’une ré-appropriation, Louis-Philippe ayant mis son immense fortune au nom de ses enfants en 1830 avant d’accepter la couronne pour éviter que sa fortune ne soit dévolue à l’État.
Haussmann navigua habilement, vendit la moitié du parc aux frères Pereire partageant le produit de la vente pour moitié entre l’État et les héritiers de Louis-Philippe. Pereire lotit son terrain qui ceinturait le parc et en revendit les parcelles aux grandes fortunes de l’époque, Camondo, Cernuschi, Chauchard, Gouin, Menier... qui y construisirent leurs hôtels. Le parc fut fermé par des grilles réalisées par Ducros en 1861 sur les dessins de Gabriel Davioud, architecte des parcs et jardins de la Ville. Davioud s’inspira fortement du dessin des grilles d’Emmanuel Héré et Jean Lamour à Nancy, mais elles furent partiellement réalisées en fonte. Pour des raisons d’économie sans doute – encore que selon Haussmann, « elles ne coûtèrent pas beaucoup moins de 500 000 F » –, les pièces d’ornement sont en fonte et fixées par des vis sur les barreaux en fer. Outre le fait que leur entretien est de ce fait plus élevé, ces fixations étant à l’origine de points de rouille, la forme est plus lourde même si la fonte est rehaussée de dorure.
source : LA FERRONNERIE dans l’architecture à Paris aux XIXe et XXe siècles / Bernard Marrey
Avec les premières années du XIXe siècle commence la décadence radicale de la serrurerie. Par une sorte d’aberration inqualifiable, des hommes sérieux et connaissant le métier ayant déclaré que la fonte grossière peut remplacer avec avantage le fer délicatement forgé, à la grille monumentale et capricieuse succéda un alignement monotone et niais de barreaux pointus. On a cependant depuis tenté de revenir à des errements meilleurs, en s’inspirant des travaux de Lassus et de Viollet-le-Duc. La grille du parc Monceaux, exécutée en fer par M. Ducros, sur les dessins de M. G. Davioud, est un des plus beaux produits de cette renaissance contemporaine. «Il est cependant regrettable, dit M. Burty, que l’édilité ait eu des arrière-pensées d’économie, là où la somptuosité municipale devait seule triompher. Autrefois, les ornements rapportés, tels que les fleurons, les armes, les feuilles d’acanthe, les épis, étaient exécutés à part en estampage, c’est-à-dire en fer forgé marchant toujours en tête. Mais ils étaient toujours soudés sur les barreaux à la chaude-suante, c’est-à-dire pendant qu’on les amenait à ce état d’incandescence où les molécules du fer se marient indissolublement. A ce procédé long et coûteux, on en a substitué un autre qui consiste à fixer ces feuilles à l’aide de goupilles ou de vis;mais on conçoit ce qu’y perd la solidité dans l’avenir et dans le présent.»
Le fer forgé se montre aussi, seul ou marié à la fonte qu'il protège et sauvegarde dans les grands emplois comme en voilà. M. Ducros, le puissant serrurier de la rue Richard-Lenoir, expose un balcon exécuté selon des perfections qu'on croyait perdues ; squelette en fer forgé, ornements en tôle repoussée au marteau.
C'est un bijou que ce balcon, comme dessin, comme travail et comme goût : il serait moins beau vraiment que nous l'aimerions encore, sa vérité nous paye de tant de mensonges ! C'est dans les ateliers vulcaniens de M. Ducros qu'ont été exécutées les magnifiques grilles du parc de Monceaux, qui comptent parmi les merveilles du nouveau Paris. Montants, traverses et rinceaux en fer ; bouquets, écussons et figures en fonte : faire plus eût été ruineux. De M. Ducros encore la grille du bois de Boulogne qui termine l'avenue de l'Impératrice : toute en fer. De lui les charmants entourages du square Louvois et du square des Innocents. Par le crayon, par le marteau, par le fourneau, c'est un maître. Londres l'a salué ainsi, et Paris fait comme Londres.
source : Le monde Illustré - 31/10/1863
Pour en savoir plus sur Gabriel-Jean-Antoine Davioud :
- L'architecture parisienne doit beaucoup à Gabriel Davioud / Paris.fr
Bonne journée.
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