Quels sont les pathologies médicales développées par les victimes d'infidélités ?
Question d'origine :
Un type de paranoia spécifique aux êtres victimes d'infidélités dans leur couple, avec un somnambulisme impressionnant, est-til documenté et analysé quelque part ?
Réponse du Guichet

Des études scientifiques ont démontré que les victimes d'infidélité pouvaient présenter des syndromes évocateurs de stress post-traumatique : anxiété, dépression, troubles du sommeil et problèmes psychotiques peuvent apparaître.
Bonjour,
Des études scientifiques ont démontré que les victimes d'infidélité pouvaient présenter des syndromes évocateurs de stress post-traumatique. Voici quelques extraits de documents qui traitent du sujet :
Plusieurs études se sont affairées à détailler les conséquences de l’infidélité. Celles-ci s’expriment sur le plan individuel, conjugal, familial et même clinique (dans la mesure où un couple a entrepris une démarche thérapeutique). Il a été démontré que des conséquences s’observent avant le dévoilement de l’infidélité et, de façon plus attendue et marquée, après que la personne ait révélé son infidélité à son partenaire.
Individuelles
La présence d’infidélité est associée à plusieurs conséquences dommageables pour la santé physique et psychologique de chacun des partenaires. [...]Ensuite, conséquemment au dévoilement d’une infidélité dans le couple, des symptômes similaires à ceux de l’état de stress post-traumatique peuvent être identifiés chez le partenaire trompé (Gordon, Baucom, & Snyder, 2004). De plus, les partenaires conjugaux subissant l’infidélité, plus particulièrement les femmes, sont plus à risque d’être diagnostiqués d’un épisode dépressif majeur et plus à risque de présenter des symptômes anxieux que les individus étant dans un couple sans infidélité (Atkins, Marín, Lo, Klann, & Hahlweg, 2010 ; Cano & O’Leary, 2000). Certains peuvent également vivre le traumatisme de l’infidélité comme une blessure à l’attachement (Erzar & Simonič, 2010). Cela peut avoir des répercussions futures sur la capacité de la personne à faire confiance et à s’engager dans une relation intime. Le risque d’homicide et de suicide est en outre plus élevé chez les hommes victimes d’infidélité sexuelle (Shackelford & LeBlanc, 2000), surtout lorsque leur partenaire est de jeune âge (Goetz & Shackelford, 2009). Les individus infidèles vivraient eux aussi de la détresse psychologique. La présence de symptômes dépressifs tend à être plus élevée que chez les individus dans un couple sans infidélité (Beach, Jouriles, & O’Leary, 1985 ; Hall & Fincham, 2009).
source : Caractéristiques sociodémographiques et psychologiques des individus gardant secrète leur infidélité / Thèse de Marie-Lyliane Simard
Dans son mémoire de fin d'études intitulé Les représentations de l'infidélité sexuelle dans les couples hétérosexuels : Vécu de détresse psychologique et affectif, Hortense Uwantege explique :
Il existe peu d’études et de littérature faisant état du traumatisme dans le cadre de l’infidélité. Cependant les observations cliniques ont démontré que l’infidélité constitue un traumatisme interpersonnel. C’est également l’idée appuyée par ces auteurs (Baucom et al., 2004 ; Gordon & Baucom, 1998 ; Sauerheber & Dique, 2016). En effet, ils soutiennent l’hypothèse selon laquelle la découverte de l’infidélité conduirait à des affects similaires au PTSD, oscillant entre la colère, reproches auto-dirigés, sentiment d’abandon un sentiment accablant d’impuissance, et victimisation (Baucom, Gordon, Snyder, Atkins, & Christensen, 2006).
Les patients ayant vécu l’infidélité rapportent également avoir des pensées intrusives, flashback douloureux, un évitement comportemental et psychologique, des symptômes d'hyperexcitation physiologique, et de l’hypervigilance, qui caractérisent également le PTSD (Baucom et al., 2006 ; Sauerheber & Dique, 2016).
L’étude de Roos et al., (2019) cherchait à démontrer que les individus présentant des symptômes d’ESPT liés à l’infidélité exhibaient des caractéristiques de santé mentale moins bonnes. En effet, les résultats de l’étude ont montré que comparativement à leurs homologues en dessous du seuil [un cut-off score de 33 ou moins sur une échelle allant de 0 à 88], les personnes présentant un ESPT associé à l’infidélité ont rapporté des symptômes dépressifs significativement plus élevés.[...]
4.2 État de Stress Post-infidélité
Le psychologue Dennis Ortman (2011) est à l’origine du rapprochement entre le PTSD et le trauma causé par infidélité, il en donnera l’acronyme PISD (Post Infidelity Stress Disorder).
D’après Ortman (2011) si de nombreuses études relatent des chiffres tels que « 40 % des femmes et 44 % des hommes divorcés » (Ortman, 2011, p. 6) ont déclaré avoir eu une relation sexuelle extra-maritale, il précise que ces chiffres ne sont pas de simples statistiques. Ils représentent avant tout des personnes dont les vies ont été bouleversées. Il soutient un argumentaire qui se penche sur les émotions, les sentiments éprouvés par ces personnes.
Selon lui, le sentiment d'abandon qui en résulte est écrasant et indescriptible, de même que la douleur et l’indignation peuvent être intenses et indicibles.
Dans le PISD les personnes « trompées » se sentent envahies par leurs émotions, elles sont très en colère contre le partenaire « infidèle », parfois la colère est autodirigée ou projetée sur le reste du monde relationnel. Il semble également que ces personnes ne parviennent plus à faire face à la vie. Elles sont préoccupées par l’infidélité, en font des cauchemars, ont des flashbacks. Occasionnellement, elles peuvent se sentir émotionnellement indifférentes ou a contrario être émotionnellement submergées. Ces réactions interfèrent avec leur capacité à profiter de la vie et à faire confiance aux autres.
Le somnambulisme peut être considéré comme une des conséquences d'un stress post-traumatique :
Il est possible de ressentir d’autres problèmes liés au sommeil tels que les terreurs nocturnes, le somnambulisme, la somniloquie (parler dans son sommeil), les rêves déplaisants, les sueurs nocturnes ou encore le Trouble du Comportement en Sommeil Paradoxal, lors duquel les rêves peuvent être mis en acte dans la réalité.
source : Trouble de Stress Post-Traumatique (TSPT) et Sommeil
Tout comme l'hypervigilance, des délires de persécution, la paranoia et d'autres problèmes psychotiques peuvent apparaître :
Environ un tiers des personnes qui ont développé des idées de persécution et des hallucinations auditives ont connu au moins un ou tous les symptômes de stress post-traumatique. Les événements traumatiques étaient ici significativement associés à la probabilité d'apparition d’hallucinations auditives et d’idées délirantes, et ce d’autant plus que le nombre de symptômes post-traumatiques était élevé. Les deux symptômes reviviscences et hypervigilance augmentaient les risques de voir apparaître des idées de persécution, suggérant une relation dose-réponse. Les symptômes de flashbacks étaient associés à la fois aux hallucinations auditives et à la paranoïa. [...]
Les symptômes psychotiques retrouvés dans le TSPT incluent principalement des délires de persécution ou des hallucinations auditives. D’autres études montrent aussi une prévalence importante d’hallucinations visuelles. Du point de vue dynamique, le contenu des symptômes psychotiques représente deux aspects connus du trouble stress post-traumatique.
Le premier est le sentiment de culpabilité sévère associé à la dépression et même à des pensées suicidaires. Par exemple, le patient peut entendre des camarades tués durant la guerre lui ordonnant de se joindre à eux en se suicidant. Ainsi, faut-il prêter attention aux comorbidités du TSPT. Par exemple, les taux élevés de dépression qui accompagnent le TSPT peuvent expliquer l’existence de symptômes psychotiques avec contenu dépressif chez certains patients.
La deuxième est la suspicion, voir même une attitude paranoïaque, qui est fréquemment observée chez les patients atteints de TSPT, en lien avec une perte de confiance fondamentale et une sensibilisation accrue aux dangers. Les croyances délirantes sont à mettre en lien avec des croyances négatives sur le monde, sur eux mêmes, sur leur responsabilité.
source : Symptômes dissociatifs et psychotiques dans le trouble stress post-traumatique : revue de la littérature et illustration dans une situation spécifique, les populations migrantes / Ana Mouhica
Nous ne pouvons que recommander à la personne atteinte de ces symptômes d'en discuter avec un médecin afin d'obtenir un avis médical personnalisé.
A lire aussi :
- Le syndrome du stress post-traumatique concerne aussi l’infidélité / Pierre Orban - Juil 29, 2020
- Le mensonge dans le couple / Lisa Letessier
- De la rupture amoureuse au stress post-traumatique / Sylvie Riou-Milliot - Sciences et avenir - 20 juin 2017
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