Comment a été découverte cette façon de dessiner en partant d'une plaque de cuivre ?
Question d'origine :
Bonjour,
Avec une association j'étais venue visiter l'exposition consacrée aux gravures de Rembrandt que vous avez prêtées pour la 11eme triennale d'estampes de Chamalières (63). Cette exposition m'a enchantée et ça change vraiment des œuvres qu'on voit dans nos musées locaux .
Les commentaires fournis par la guide m'ont permis d'apprendre à regarder une gravure différemment.
Suite à cette expo je suis revenue avec des amis et leur ai permis de voir eux aussi les gravures autrement.
Si cette exposition a été appréciée de tous il me reste une question sans réponse. Je n'arrive pas à trouver la réponse sur internet et la question m'a été posée aussi par un de mes amis.
Voilà mon interrogation
J'aimerais bien savoir comment a été découvert cette façon de dessiner en partant d'une plaque de cuivre...?
Peut être ne vous êtes vous jamais posé la question et n'avez pas la réponse
S'il existe des lieux sur Clermont-Ferrand ou son agglomération qui pourraient me renseigner ou des titres d'ouvrages consacrés à l'art que je pourrai consulté cela me permettrait d'approfondir mes connaissances.
D'avance merci pour une réponse
Cordialement
Réponse du Guichet

Nous ne savons pas comment, et par qui, a été découverte cette façon de dessiner en partant d'une plaque de cuivre. Mais nous pouvons vous donner quelques pistes à explorer.
Bonjour,
Vous nous interrogez sur la question de savoir comment a été découverte cette façon de dessiner en partant d'une plaque de cuivre.
La chalcographie est l'art de la gravure sur cuivre.
Le terme de taille-douce rassemble toutes les techniques de gravure sur cuivre : eau-forte, pointe sèche et burin. Le cuivre, élément très résistant permet une quantité d’impression illimitée.
Wikipédia, dans son article sur la gravure, mentionne ceci :
La gravure sur cuivre, permettant des reproductions plus détaillées, est plus onéreuse que la gravure sur bois, et s'adresse à des commanditaires cultivés. Elle se généralise à partir de 1430 dans la vallée du Rhin et profite des techniques de l'orfèvrerie : Schongauer et Dürer sont orfèvres de formation.
Il est difficile avant Schongauer d'attribuer les œuvres : on désigne ces graveurs anonymes le plus souvent « par le nom de leur manière » :
- Le Maître de 1446, première gravure au burin en Allemagne (Flagellation, Kulturforum, Berlin).
- Le Maître E. S., actif entre 1450 et 1467 : 313 gravures sur divers thèmes. Son alphabet sera souvent imité par d'autres graveurs.
- Le Maître aux Banderoles, actif de 1460 à 1467.
- Le Maître des Cartes à jouer, peut-être plus peintre qu'orfèvre, développe les ombres par des hachures parallèles, soit une soixantaine d'œuvres conservées au Kupferstichkabinett (Dresde) et à la Bibliothèque nationale de France (Paris).
- Le Maître du Livre de Raison (Hausbuchmeister), appelé aussi Maître du cabinet d'Amsterdam est actif entre 1465 et 1505. Il semble inaugurer la pointe sèche sur zinc ou étain : 80 gravures sont répertoriées avec des « effets picturaux et de clair-obscur ».
- Martin Schongauer, actif entre 1471 et 1491, est le premier monogrammiste auquel on peut associer un nom. Il innove dans la technique du burin. Ses œuvres sont remarquables pour la prédominance de la ligne de contour et l'alternance des zones claires et sombres (La Montée au Calvaire, Fondo Corsini, Rome).
- Israhel van Meckenem (1450-1503) « […] figure parmi les burinistes les plus prolifiques de l'époque avec 600 gravures dont trois quarts sont des copies » (Jésus et les docteurs de la foi, Pinacoteca Nazionale, Bologne).
- Daniel Hopfer.
- Albrecht Dürer, influencé par Martin Schongauer, sera le plus innovant des graveurs rhénans.
Voici quelques indications bibliographiques :
L'auteur Jean Laran s'exprime ainsi :
Quand Rembrandt, délaissant sa plume de roseau, fait surgir du cuivre, par l’acier et par l’acide, La Pièce aux cent florins, il a d’autres ambitions que de confectionner un moule à images : ce qu’il fait essentiellement, c’est sublimer l’art du dessin, en tirer une expression neuve des êtres et des choses, plus concentrée et qui s’impose avec plus de force.
Comment regarder la gravure / Lorenza Salamon ; avec la collaboration de Marta Alvarez Gonzalez
Rembrandt graveur : la comédie humaine / Jaco Rutgers, Ad Stijnman
Nous nous permettons de vous orienter vers deux institutions qui pourraient approfondir vos questions relatives à la gravure.
Bonne journée à vous,
Question d'origine :
Bonjour,
Auriez-vous plus d'éléments sur l'art de la gravure sur cuivre ?
Reformulation :
Réponse du Guichet

La gravure sur cuivre est l'un des procédés de l'estampe qui répond à un désir de reproductibilité des images. Elle apparaît dans le milieu des orfèvres à la fin du Moyen Âge.
Bonjour,
Nous sommes ravis que vous ayez pu admirer les estampes de Rembrandt conservées à la Bibliothèque municipale de Lyon et actuellement exposées à Chamalières (63). Sachez que vous pouvez les retrouver à tout moment dans la Bibliothèque numérique Numelyo, aux côtés de bien d’autres œuvres de cet artiste.
Afin de compléter le propos de notre collègue du département Arts et Loisirs, que nous remercions chaleureusement pour sa prompte réponse, voici des éléments supplémentaires pour satisfaire votre curiosité au sujet des origines de la gravure sur cuivre.
La gravure sur cuivre, ou taille-douce, est l’une des familles de l’estampe.
Le procédé de l’estampe consiste à obtenir une empreinte imprimée à partir d’une matrice, ce qui permet la multiplication d’un même motif là où le dessin donne par définition un objet unique. La matrice, elle, peut être encrée et passée sous presse autant de fois que nécessaire pour obtenir le nombre d’exemplaires souhaités. C’est le désir de reproductibilité qui a fait naître cette idée. Le principe est très ancien, puisqu’on le rencontre déjà sur des étoffes orientales un millénaire au moins avant que les images gravées ne se propagent dans tout l’Occident.
La matrice peut être de bois, de métal, de pierre ou même de linoléum. Le bois est le premier à avoir été employé, au tournant des XIVe et XVe siècles en Europe. Le cuivre, qui vous intéresse, apparaît quelques décennies plus tard dans le milieu des orfèvres. Rien d’étonnant à cela, lorsque l’on considère la parenté des matériaux et donc des outils et techniques requis.
Contrairement au bois qui est gravé en taille d’épargne pour que le dessin se présente en relief, la gravure sur cuivre est une technique de gravure en creux: le dessin est incisé pour que l’encre soit retenue dans les tailles. Or, l’incision était déjà largement pratiquée par les orfèvres pour obtenir des objets en métal délicatement décorés à l’instar de cette pièce d’armure conservée au Musée de l'Armée.
Photo (C) Paris - Musée de l'Armée, Dist. RMN-Grand Palais / Tony Querrec
Le niellage, technique de décor qui consiste à emplir les incisions d’une pâte métallique noire, est dans son principe très voisine de la taille-douce. En substituant l’encre au nielle et en appliquant une pression suffisamment forte, le dessin gravé peut être reporté sur une feuille.
Photo (C) RMN-Grand Palais (musée du Louvre) / Jean-Gilles Berizzi
Vasari, qui écrit l’un des premiers ouvrages d’histoire de l’art au XVIe siècle, attribue à l’orfèvre italien Maso Finiguerra la paternité de la première estampe obtenue de la sorte.
A partir de là, la gravure sur cuivre peut s’épanouir. Elle présente l’avantage, par rapport au bois, de pouvoir être corrigée ou modifiée. Dans un premier temps, le cuivre est gravé directement grâce à un outil, le burin, qui demande un long apprentissage et une grande maîtrise. La technique majoritairement employée par Rembrandt, l’eau-forte, est apparue dans un second temps: le dessin est incisé dans une couche de vernis recouvrant le cuivre. C’est un acide qui vient ensuite mordre et creuser le métal aux endroits où le tracé l’a laissé à nu. Notamment perfectionnée par Jacques Callot au XVIIe siècle, cette technique a offert aux artistes la possibilité de reproduire eux-mêmes et multiplier leurs œuvres sans passer par l’intermédiaire d’un graveur sur bois ou d’un buriniste. Plus aisée, plus libre, elle a donné lieu à des créations autonomes dont Rembrandt est un excellent exemple.
Afin de poursuivre votre découverte du monde de l’estampe, nous vous recommandons le dossier mis à disposition par le Musée des Arts décoratifs :
Et pour aller plus loin sur les origines de la taille-douce, nous vous conseillons la lecture de l’ouvrage suivant:
- Estelle Leutrat, Les débuts de la gravure sur cuivre en France : Lyon 1520-1565, Genève, 2007