le mouvement zététique
DIVERS
+ DE 2 ANS
Le 04/08/2020 à 20h26
533 vues
Question d'origine :
Le mouvement zététique qui sévit sur les réseaux en arbitre et distribue les sophismes est-il exemmpt de tout reproche ?
Quels sont ses positions politiques ?
N'y a-t-il pas un risque de négationnisme ? Ou de scientisme ?
Réponse du Guichet
gds_et
- Département : Équipe du Guichet du Savoir
Le 05/08/2020 à 14h52
Bonjour,
Les « sceptiques », « débunkers » (démystificateurs) ou encore partisans de la méthode zététique, sont des personnes qui « tentent de déconstruire les pseudo-sciences, théories du complot et autres fake news qui pullulent sur Internet. Leur particularité : adopter une démarche scientifique rigoureuse ».
Source : Sur Internet, ils sont menacés parce qu’ils démontent les fake news
« Les zététiciens ne sont pas tous des scientifiques, mais tous utilisent la méthode scientifique pour vérifier des affirmations qui sortent de l’ordinaire. Qui sont ces vidéastes qui s’adonnent au démontage des théories les plus farfelues ?
“Fake news”. C’est l’expression de l’année 2017, selon le dictionnaire Collins. Elle a marqué les campagnes présidentielles, en France comme aux Etats-Unis. Mais l’éventail des fake news déborde le cadre purement politique. Théories du complot, pseudo-sciences, phénomènes paranormaux et désinformation pullulent sur le web. Dans une étude de l’Ifop datée du 7 janvier, on apprend que 79% des Français croient à au moins une théorie du complot. Comment rétablir un peu de bon sens au milieu de ce marasme d’intox ?
Un remède existe : la zététique. Derrière ce nom barbare se cache tout simplement une méthode scientifique, c’est-à-dire la posture sceptique envers toute information sortant de l’ordinaire. Introduite en France par Henri Broch, désormais professeur émérite à l’université de Nice-Sophia-Antipolis, la “zet” a essaimé parmi les campus universitaires.
Lointains héritiers de la maxime de saint Thomas, les zététiciens ne croient que ce qu’ils voient. Ou plutôt, ils ne croient que ce qui est prouvé. Le scepticisme n’est alors plus un “désespoir du diable”, mais un véritable moyen de lutter contre les fake news. La zététique s’emploie à dézinguer les hoax vieux comme internet comme les plus contemporains.
Produire des vidéos pour qu’une personne découvrant une théorie complotiste puisse tomber sur des contradicteurs grâce à l’algorithme de YouTube
Les conspis ont aujourd’hui pignon sur rue. Alors qu’auparavant les vidéos conspirationnistes étaient facilement reconnaissables à leur graphie douteuse, leur voix off de synthèse et leur musique alarmiste, ces vidéos portent désormais de moins en moins les stigmates de ce passé tâtonnant. Elles sont désormais plus vendeuses, plus accrocheuses.
“Jusqu’en 2011, YouTube était quasi exclusivement une tribune pour les complotistes. Désormais, on voit fleurir des vidéos de contre-argumentation. Il est essentiel que les ‘débunkers’ et les sceptiques occupent le terrain” confirme Le DeBunker des étoiles. Pour le vidéaste adepte de la zététique, la chose est entendue : il faut produire des vidéos pour qu’une personne découvrant une théorie complotiste puisse tomber dans la foulée sur les contradicteurs de cette théorie grâce à l’algorithme de YouTube.
Semer des graines d’esprit critique
Pour Christophe Michel, l’essentiel est d’apprendre aux citoyens à se prémunir contre les fausses nouvelles en tout genre. Eduquer à l’esprit critique, c’est la mission qu’il s’est assignée. Au-delà de sa chaîne YouTube, il intervient désormais dans les écoles pour semer des graines d’esprit critique et d’analyse scientifique chez les plus jeunes.
L’Education nationale inclut désormais dans son programme l’éducation aux médias. Une nouvelle accueillie chaleureusement par les zététiciens. D’autant que “la méthode scientifique reste surtout enseignée dans les cursus universitaires et les écoles d’ingénieur”, rappelle Virginie Bagneux, maître de conférences en psychologie sociale à l’université de Caen et ex-présidente de l’Observatoire zététique.
Insuffler un renouveau démocratique, c’est donc permettre à tous de connaître une méthode cantonnée aux salles de cours universitaires. L’idée n’est pas de délivrer un savoir clé en main, mais de donner à tous les outils pour reconnaître les fake news et s’en prémunir. Virginie Bagneux souhaite néanmoins dissiper tout malentendu : “En science, l’idée d’étiqueter quelque chose de ‘fake news’ est problématique. Quand on dit ça, on ne dit rien. La science ne traite pas de ‘fake news’, elle traite des allégations extraordinaires.”
Si le canal historique s’intéresse aux ovnis et aux fantômes, la zététique embrasse désormais une myriade d’autres sujets. Dont les fameuses fake news.
Le doute méthodique, qui doit autant à Descartes qu’à Poincaré, s’est aussi invité sur YouTube. Côtoyant les vulgarisateurs à succès, des vidéastes d’un type nouveau émergent. Les chaînes Hygiène mentale (167 000 abonnés), animée par Christophe Michel, et La Tronche en biais (75 000 abonnés), animée par Mendax et Vled Tapas, sont les figures de proue de ce phénomène. Ne pas laisser le mot “scepticisme” aux mains des complotistes, tel est leur credo.
“Le terme ‘scepticisme’ a fini par désigner aujourd’hui, dans la langue commune, une attitude négative de la pensée” déplorait d’ailleurs l’historien Jean-Paul Dumont. Henri Broch choisit alors le terme très peu usité de “zététique”, hérité des philosophes sceptiques grecs, pour désigner la résurgence du doute comme ferment de toute pensée critique. Si le canal historique de la discipline s’intéresse tout particulièrement aux ovnis et aux fantômes, la zététique embrasse désormais une myriade d’autres sujets. Dont les fameuses fake news.
“On peut s’intéresser à tout, mais pas n’importe comment. Le bon réflexe, c’est de se tourner vers ceux qui savent” souffle Vled Tapas de la chaîne La Tronche en biais. La zététique s’envisage dès lors comme une république des lettres numérique, dont la langue commune est la méthode scientifique, et où l’interdisciplinarité et le respect de la parole de l’expert priment. »
Source : Qui sont les zététiciens, ces chasseurs de fake news sur YouTube ? lesinrocks.com
Vous vous interrogez sur lespositions politiques de ces personnes. Sur la place de la politique (et de l’apolitique) dans la démarche zététique, nous vous laissons consulter les documents suivants :
- Sciences & politique (1) : L’hypothèse anti-politique, Le Carnet de l’Epervier
- L’esprit critique, c’est de droite ou de gauche ? tranxen.fr
- Apologie d’une zététique apolitique, Jean-Michel Abrassart
- Militer pour la science. Les mouvements rationalistes en France (1930-2005), Sylvain Laurens
Vous vous interrogez également sur les risques de dérives, notamment en ce qui concerne lenégationnisme . C’est justement que dénonce Conspiracy Watch :
« il existe aussi, parmi eux des personnes dont l’art du doute tourne à l’obsession et même à la contre-indication. À force de ramer, certains zététiciens en viennent à attaquer la falaise sans barguigner. Ainsi, récemment, un mien ami eut une conversation surréaliste avec un membre proclamé de la zététique concernant la mort d’un négationniste nazi militant. Mon camarade se vit dire que les choix politiques du défunt n’étaient pas preuve de partialité intellectuelle et que son « œuvre » devait être analysée sans parti-pris, avec renversement de la charge de la preuve incombant aux victimes de la Shoah. Je pense que mon camarade en cherche encore sa respiration. Car l’intervenant venait de lui faire une superbe démonstration de méthode « hyper-critique », qui remet tout en doute, tout le temps, même ce qui vient d’être établi l’instant d’avant, ce qui est parfaitement inepte mais qui occupe les longues soirées d’hiver… Car, comme toute méthode, la zététique possède ses limites, comme le faisait remarquer Carl Sagan, qui, donnant des outils de prophylaxie intellectuelle, recommandait bien de s’en méfier aussi, car ils n’étaient finalement que ça, des outils et qu’entre de mauvaises mains, ils perdraient leur valeur.
De la même façon, mais, à mon humble avis, de manière un peu plus grave, certains groupes zététiciens constitués font preuve d’une magnifique cécité quand il s’agit de remettre en question les positions de membres de la chapelle. Ainsi, quelques uns s’abîment le cortex à vouloir, à toute force, dédouaner le volontairement sulfureux Jean Bricmont, physicien belge, zététicien de la première heure et défenseur outré de toutes les positions « à contre-courant » au nom d’une fort discutable liberté d’expression totale. Que le scientifique d’outre-Quiévrain tienne des discours navrants de mauvaise foi, voilà qui est déjà dur à encaisser. Mais que certains zététiciens, au nom de la zététique, lui tendent le micro et lui accordent crédit, voilà qui fait froid dans le dos. Et qui remet en question leur art du doute. Car alors, certains posséderaient la carte, comme celle qui au Monopoly vous fait sortir de prison, mais qui là, vous permet de sortir n’importe quelle ineptie sous le couvert de la zététique. Et les autres devraient en accepter la parole, tête basse et oreilles dressées.
Ne serait-ce pas un peu un argument d’autorité, là ? Tout à fait contraire à la pensée zététicienne, non ?
J’ai comme un doute. »
Source : Esprit critique en toc, conspiracywatch.info
En complément vous pouvez aussi lire l’article suivant sur le blog de Mediapart : Tribune pour le négationnisme: protestons! albert herszkowicz
Face aux accusations descientisme qui sont souvent adressée aux zététiciens et autres sceptiques, le blog Les Chroniques zététiques se défend :
« Une réponse courante faite aux zététiciens et aux autres sceptiques lors des débats est de les traiter de scientistes. Simple, efficace et fallacieux, cet ad hominem est renforcé par la connotation extrêmement négative du terme et des différents sous-entendus qui l’accompagnent. Cela a souvent lieu quand un argument scientifique ou pseudo-scientifique surgit dans un débat idéologique.
Pour certains, le scepticisme est une posture scientiste, chose contre laquelle il faut lutter, le scientisme étant immoral (ce que je développe plus loin). Ils sont souvent associés lorsqu’un sceptique intervient dans un débat idéologique pour dénoncer un argument fallacieux ou invalide factuellement.
Cependant, le scientisme et le scepticisme sont deux positions difficilement comparables et lorsqu’elles le sont, c’est souvent en les caricaturant. Leurs véritables postures sont-elles vraiment comparables ?
La vision commune du scientisme
En premier lieu, il faut comprendre que le scientisme a été largement façonné par ses opposants, ce qui ouvre grand la porte aux critiques faciles.
On peut donc retrouver de nombreuses définitions grossières.
Celle qui fait passer le scientisme pour une religion :
Celui qui a comme dieu : la Science
Celle qui le fait passer pour un dogmatisme scientifique :
Croyance irraisonnée en la validité non contestable des résultats de la science
Celle qui fait passer la science pour une position morale :
Croyance que le progrès scientifique est bon et que la science est la référence morale absolue
Certaines postures (souvent plus connues que le scientisme lui-même) sont parfois qualifiées de scientistes tel que le transhumanisme ou l’eugénisme.
Le scientisme, la définition
Il faut comprendre que le scientisme a été une notion surtout forgée par ses opposants, très peu de penseurs s’étant réclamés du scientisme. En revanche beaucoup ont collé cette étiquette sur leurs ennemis. Ceci la rend particulièrement difficile à définir. Faut-il utiliser les définitions de ses adversaires (celles-ci étant plus ou moins pertinentes), ou la définir selon l’usage qu’en fait Felix le Dantec, qui fut le premier à se dire ouvertement scientiste ? Même si le terme était déjà apparu précédemment en réaction au livre L’Avenir de la Science de Ernest Renan ? La question est complexe et j’ai choisi de prendre la définition de Benoît Spinosa de sa conférence sur le scientisme que je conseille à tous pour une compréhension profonde du scientisme (le résumé que j’en fait ci-après n’est qu’un simple substrat) :
Le scientisme est défini comme le triomphe prétendu de la science contre toute forme de subjectivité. Sa confiance en l’unité des savoirs n’a d’égale que sa confiance en l’avenir de l’humanité (ce sont là deux formes de finitisme). Par sa méthode, sa rigueur, son langage univoque, il prétend unifier tous les savoirs en un seul discours, le plus souvent physique, et orienter socialement et politiquement sa théorie pour s’emparer du monopole de l’universel, du sens unique de l’absolu et de l’avenir construit de l’humanité tout entière.
Benoît Spinosa, Quelques remarques sur la notion de scientisme (conférence)
La science peut-elle juger de la beauté d’un tableau ? Peut-elle résoudre nos questions existentielles ? Transformer l’attirance de deux personnes en simple équation mathématique la privant de toute subjectivité ? Le scientisme dans sa forme la plus pure répondrait avec un retentissant oui.
Ce qu’il faut comprendre c’est que le scientisme a une prétention hégémonique à propos… d’à peu près tout, en fin de compte. Tout y passe :
Gouvernement :
• La gouvernance idéale est un gouvernement formé de scientifiques et d’experts permettant de résoudre chacun des problèmes de la manière la plus rationnelle et la plus adaptée possible sans faire laisser de place a la politique et aux idéologies.
Religion :
• Dieu n’existe pas, il est possible de le prouver. Les questions métaphysiques n’ont aucun sens et il est inutile de les étudier.
Questions existentielles :
• La science permet d’y répondre. (Comment ?)
Morale :
• Toute situation morale peut être résolue rationnellement sans avoir recours à la morale.
Subjectivité :
• Toute subjectivité peut être réduite à une base purement objective donc toute opposition due à la subjectivité est un simple problème de logique, qui peut être départagé objectivement en suivant les règles de la logique mathématique.
Et d’autre encore…
On voit ici une bonne partie des opinions scientistes et aussi déjà quelques réfutations des précédentes définitions, la référence morale n’est pas la science car tout problème de ce type peut être résolu sans y avoir recours. On peut dire dans ce sens que le scientisme se veut amoral. La science n’est pas non plus un dieu, elle n’est pas une entité morale, elle n’est que le moyen de « s’emparer du monopole de l’universel, du sens unique de l’absolu et de l’avenir construit de l’humanité tout entière. » A vrai dire, ce ne sont pas les résultats de la science, les connaissances qui sont obtenues par la méthode scientifique qui sont incontestables, mais les solutions qui sont apportées par ces connaissances qui ne peuvent qu’être les meilleures solutions.
Toutefois il ne faut pas croire que le scientisme ne souffre pas de ses incohérences, la plupart de celles-ci se trouvant en effet à la racine de l’idéologie :
Le problème de la réduction du langage à une base purement logique est traitée sur le blog Philosophie Des Sciences en deux parties : ici et ici
Un autre problème est que le scientisme implique un finalisme, ce qui n’a rien de scientifique :
[…] La connaissance n’est pas ici une catégorie, un mode de la vision, elle est un mode, un ressort de l’action, elle est un moyen pour un but, elle suppose l’existence du but, elle implique finalisme. […] Le scientisme implique donc finalisme, finalisme au sens le plus métaphysique. Il suppose en fin de compte, dissimulée sous mille réticences, cette hypothèse que la vie a une fin prédéterminée, un sens, une direction connaissable et que l’organisation scientifique de la vie consisterait, après avoir distingué cette direction, à y pousser l’humanité. Or aucune conception n’est plus contraire à l’esprit scientifique que cette croyance en un finalisme métaphysique. C’est purement et simplement un acte de foi et le scientisme relève, sous ce jour, d’une croyance idéologique comme les diverses religions relèvent de la croyance théologique. C’est une croyance parce qu’aucun de ces postulats – le monde tend vers une fin – tout est connaissable – ne peut être démontré. […]
Jules de Gaultier, Revue philosophie de la France et de l’étranger, 1911. (citation dans son entièreté disponible ici)
Petite remarque sur le positivisme d’Auguste Comte : il est souvent décrit comme étant scientiste, alors que de nombreux éléments caractéristiques en sont manquant, notamment l’aspiration métaphysique. Si les deux philosophies peuvent se recouper en certains points (la conviction que le progrès scientifique est bon, par exemple), elles ne sont pas semblables, et malgré les défauts dont souffre le positivisme de Comte il ne peut être qualifié de scientisme.
Et les différences alors ?
On peut voir d’ici certains parallèles qui peuvent être faits entre les deux postures, avec en premier lieu la science et la confiance en celle-ci. Il serait facile de voir dans le sceptique et le scientiste la même foi inconditionnelle en la science en toute circonstance.
Ce qui nous amène aux différences fondamentales de ces deux postures. J’en développe trois ci-dessous mais il n’est pas exclu qu’il y en aient d’autres toutes aussi importantes. C’est sur la première que reposent plus ou moins les deux autres mais il m’a semblé nécessaire de les détaillées tout de mêmes:
Le domaine scientifique
La science est, par nature, matérialiste. C’est-à-dire qu’elle n’explique pas des événements naturels par des actions ou entités surnaturelles. Néanmoins, cela implique en contrepartie de ne pas s’exprimer sur la métaphysique. Non pas de la « descendre » ou de proclamer son inutilité mais plutôt d’exclure cet objet de son champs d’étude pour une raison évidente de cohésion. Logiquement, expliquer un événement sans intervention métaphysique et en même temps étudier une métaphysique (qui nécessite par nature un recours à la métaphysique) est impossible.
Le fonctionnement de la science ne lui permet pas non plus de produire des idées. Elle ne fait qu’expliciter les lois qui sous-tendent le monde. De la manière la plus exacte et la plus objective possible, elle n’est qu’une tentative d’expression du réel. Des théories scientifiques peuvent ensuite être utilisées pour justifier des idées, alors que leur rôle premier n’était que descriptif. Citons le darwinisme social comme une utilisation fallacieuse d’une théorie scientifique, qui lui n’a absolument plus rien de scientifique. Les idées sont indépendantes des faits, même si -ce qui n’est pas forcément souhaitable- elles s’inspirent de ceux-ci.
La morale
La morale est aussi un gros point de divergence. Le scientisme est amoral (pas immoral dans l’absolu), son choix dans une situation morale est conditionné par les conséquences les plus optimisées.
De son côté, le scepticisme n’est absolument pas une position morale. Il n’en a que faire dans le sens où les sceptiques ont leurs propres positionnements moraux indépendamment du scepticisme. Celui-ci ne se prononce pas sur la morale mais ne la nie pas non plus. Encore une fois, il y a une différence entre là où s’arrête la science et où commence l’homme.
Le rapport aux idéologies
Le scepticisme et la zététique entretiennent un rapport très particulier avec les différentes idéologies et plus particulièrement les militantismes qui les diffusent. Cela fera l’objet d’un article à part. Pour l’instant, contentons-nous de dire que le scepticisme laisse libre court à toute idéologie et là non plus ne se prononce pas sur la validité ou l’invalidité de celles-ci. Le scepticisme s’occupera seulement des arguments de nature factuelle et scientifiques ainsi que des fautes de logique (paralogismes), voire des sophismes qui se cachent derrière les discours militants.
Quant à lui, le scientisme est une idéologie qui proclame explicitement sa supériorité absolue sur toute autre par son critère scientifique. Là encore il y a une différence et pas des moindres.
Conclusion
Le scientisme est une notion difficile à définir de par sa nature un peu particulière, toujours décrié par ses opposants mais jamais -ou presque- revendiqué. C’est presque un homme de paille à l’échelle d’une idéologie toute entière. Finalement une question se pose : est-il possible de définir objectivement le scientisme ? J’ai essayé de m’approcher de cette définition sans pouvoir la garantir.
Maintenant que la question de la définition est réglée, on peut légitimement se demander si le scepticisme s’approche du scientisme. Et la réponse est non. La différence se trouve principalement dans la conception de la science et dans la place qu’elle occupe ou devrait occuper dans la société. L’idéologie n’a pas une valeur de science, ni la science d’idéologie.
On se rend vite compte que le terme scientisme ne s’applique pas au scepticisme. Alors pourquoi est-il utilisé ainsi ? Sûrement à cause d’une mauvaise compréhension du scientisme, ainsi que d’un biais qui consiste à croire qu’une personne en accord avec un point d’un exposé l’est forcément avec tous les points de celui-ci. »
Source : Scepticisme et scientisme: une même posture ? chroniqueszetetiques.wordpress.com
Et aussi :
- Scientisme et promotion des sciences, theierecosmique.com
- Le scientisme - Tronche en Live #17- (Guillaume Lecointre)
Bonne journée.
Les « sceptiques », « débunkers » (démystificateurs) ou encore partisans de la méthode zététique, sont des personnes qui « tentent de déconstruire les pseudo-sciences, théories du complot et autres fake news qui pullulent sur Internet. Leur particularité : adopter une démarche scientifique rigoureuse ».
Source : Sur Internet, ils sont menacés parce qu’ils démontent les fake news
« Les zététiciens ne sont pas tous des scientifiques, mais tous utilisent la méthode scientifique pour vérifier des affirmations qui sortent de l’ordinaire. Qui sont ces vidéastes qui s’adonnent au démontage des théories les plus farfelues ?
“Fake news”. C’est l’expression de l’année 2017, selon le dictionnaire Collins. Elle a marqué les campagnes présidentielles, en France comme aux Etats-Unis. Mais l’éventail des fake news déborde le cadre purement politique. Théories du complot, pseudo-sciences, phénomènes paranormaux et désinformation pullulent sur le web. Dans une étude de l’Ifop datée du 7 janvier, on apprend que 79% des Français croient à au moins une théorie du complot. Comment rétablir un peu de bon sens au milieu de ce marasme d’intox ?
Un remède existe : la zététique. Derrière ce nom barbare se cache tout simplement une méthode scientifique, c’est-à-dire la posture sceptique envers toute information sortant de l’ordinaire. Introduite en France par Henri Broch, désormais professeur émérite à l’université de Nice-Sophia-Antipolis, la “zet” a essaimé parmi les campus universitaires.
Lointains héritiers de la maxime de saint Thomas, les zététiciens ne croient que ce qu’ils voient. Ou plutôt, ils ne croient que ce qui est prouvé. Le scepticisme n’est alors plus un “désespoir du diable”, mais un véritable moyen de lutter contre les fake news. La zététique s’emploie à dézinguer les hoax vieux comme internet comme les plus contemporains.
Produire des vidéos pour qu’une personne découvrant une théorie complotiste puisse tomber sur des contradicteurs grâce à l’algorithme de YouTube
Les conspis ont aujourd’hui pignon sur rue. Alors qu’auparavant les vidéos conspirationnistes étaient facilement reconnaissables à leur graphie douteuse, leur voix off de synthèse et leur musique alarmiste, ces vidéos portent désormais de moins en moins les stigmates de ce passé tâtonnant. Elles sont désormais plus vendeuses, plus accrocheuses.
“Jusqu’en 2011, YouTube était quasi exclusivement une tribune pour les complotistes. Désormais, on voit fleurir des vidéos de contre-argumentation. Il est essentiel que les ‘débunkers’ et les sceptiques occupent le terrain” confirme Le DeBunker des étoiles. Pour le vidéaste adepte de la zététique, la chose est entendue : il faut produire des vidéos pour qu’une personne découvrant une théorie complotiste puisse tomber dans la foulée sur les contradicteurs de cette théorie grâce à l’algorithme de YouTube.
Pour Christophe Michel, l’essentiel est d’apprendre aux citoyens à se prémunir contre les fausses nouvelles en tout genre. Eduquer à l’esprit critique, c’est la mission qu’il s’est assignée. Au-delà de sa chaîne YouTube, il intervient désormais dans les écoles pour semer des graines d’esprit critique et d’analyse scientifique chez les plus jeunes.
L’Education nationale inclut désormais dans son programme l’éducation aux médias. Une nouvelle accueillie chaleureusement par les zététiciens. D’autant que “la méthode scientifique reste surtout enseignée dans les cursus universitaires et les écoles d’ingénieur”, rappelle Virginie Bagneux, maître de conférences en psychologie sociale à l’université de Caen et ex-présidente de l’Observatoire zététique.
Insuffler un renouveau démocratique, c’est donc permettre à tous de connaître une méthode cantonnée aux salles de cours universitaires. L’idée n’est pas de délivrer un savoir clé en main, mais de donner à tous les outils pour reconnaître les fake news et s’en prémunir. Virginie Bagneux souhaite néanmoins dissiper tout malentendu : “En science, l’idée d’étiqueter quelque chose de ‘fake news’ est problématique. Quand on dit ça, on ne dit rien. La science ne traite pas de ‘fake news’, elle traite des allégations extraordinaires.”
Si le canal historique s’intéresse aux ovnis et aux fantômes, la zététique embrasse désormais une myriade d’autres sujets. Dont les fameuses fake news.
Le doute méthodique, qui doit autant à Descartes qu’à Poincaré, s’est aussi invité sur YouTube. Côtoyant les vulgarisateurs à succès, des vidéastes d’un type nouveau émergent. Les chaînes Hygiène mentale (167 000 abonnés), animée par Christophe Michel, et La Tronche en biais (75 000 abonnés), animée par Mendax et Vled Tapas, sont les figures de proue de ce phénomène. Ne pas laisser le mot “scepticisme” aux mains des complotistes, tel est leur credo.
“Le terme ‘scepticisme’ a fini par désigner aujourd’hui, dans la langue commune, une attitude négative de la pensée” déplorait d’ailleurs l’historien Jean-Paul Dumont. Henri Broch choisit alors le terme très peu usité de “zététique”, hérité des philosophes sceptiques grecs, pour désigner la résurgence du doute comme ferment de toute pensée critique. Si le canal historique de la discipline s’intéresse tout particulièrement aux ovnis et aux fantômes, la zététique embrasse désormais une myriade d’autres sujets. Dont les fameuses fake news.
“On peut s’intéresser à tout, mais pas n’importe comment. Le bon réflexe, c’est de se tourner vers ceux qui savent” souffle Vled Tapas de la chaîne La Tronche en biais. La zététique s’envisage dès lors comme une république des lettres numérique, dont la langue commune est la méthode scientifique, et où l’interdisciplinarité et le respect de la parole de l’expert priment. »
Source : Qui sont les zététiciens, ces chasseurs de fake news sur YouTube ? lesinrocks.com
Vous vous interrogez sur les
- Sciences & politique (1) : L’hypothèse anti-politique, Le Carnet de l’Epervier
- L’esprit critique, c’est de droite ou de gauche ? tranxen.fr
- Apologie d’une zététique apolitique, Jean-Michel Abrassart
- Militer pour la science. Les mouvements rationalistes en France (1930-2005), Sylvain Laurens
Vous vous interrogez également sur les risques de dérives, notamment en ce qui concerne le
« il existe aussi, parmi eux des personnes dont l’art du doute tourne à l’obsession et même à la contre-indication. À force de ramer, certains zététiciens en viennent à attaquer la falaise sans barguigner. Ainsi, récemment, un mien ami eut une conversation surréaliste avec un membre proclamé de la zététique concernant la mort d’un négationniste nazi militant. Mon camarade se vit dire que les choix politiques du défunt n’étaient pas preuve de partialité intellectuelle et que son « œuvre » devait être analysée sans parti-pris, avec renversement de la charge de la preuve incombant aux victimes de la Shoah. Je pense que mon camarade en cherche encore sa respiration. Car l’intervenant venait de lui faire une superbe démonstration de méthode « hyper-critique », qui remet tout en doute, tout le temps, même ce qui vient d’être établi l’instant d’avant, ce qui est parfaitement inepte mais qui occupe les longues soirées d’hiver… Car, comme toute méthode, la zététique possède ses limites, comme le faisait remarquer Carl Sagan, qui, donnant des outils de prophylaxie intellectuelle, recommandait bien de s’en méfier aussi, car ils n’étaient finalement que ça, des outils et qu’entre de mauvaises mains, ils perdraient leur valeur.
De la même façon, mais, à mon humble avis, de manière un peu plus grave, certains groupes zététiciens constitués font preuve d’une magnifique cécité quand il s’agit de remettre en question les positions de membres de la chapelle. Ainsi, quelques uns s’abîment le cortex à vouloir, à toute force, dédouaner le volontairement sulfureux Jean Bricmont, physicien belge, zététicien de la première heure et défenseur outré de toutes les positions « à contre-courant » au nom d’une fort discutable liberté d’expression totale. Que le scientifique d’outre-Quiévrain tienne des discours navrants de mauvaise foi, voilà qui est déjà dur à encaisser. Mais que certains zététiciens, au nom de la zététique, lui tendent le micro et lui accordent crédit, voilà qui fait froid dans le dos. Et qui remet en question leur art du doute. Car alors, certains posséderaient la carte, comme celle qui au Monopoly vous fait sortir de prison, mais qui là, vous permet de sortir n’importe quelle ineptie sous le couvert de la zététique. Et les autres devraient en accepter la parole, tête basse et oreilles dressées.
Ne serait-ce pas un peu un argument d’autorité, là ? Tout à fait contraire à la pensée zététicienne, non ?
J’ai comme un doute. »
Source : Esprit critique en toc, conspiracywatch.info
En complément vous pouvez aussi lire l’article suivant sur le blog de Mediapart : Tribune pour le négationnisme: protestons! albert herszkowicz
Face aux accusations de
« Une réponse courante faite aux zététiciens et aux autres sceptiques lors des débats est de les traiter de scientistes. Simple, efficace et fallacieux, cet ad hominem est renforcé par la connotation extrêmement négative du terme et des différents sous-entendus qui l’accompagnent. Cela a souvent lieu quand un argument scientifique ou pseudo-scientifique surgit dans un débat idéologique.
Pour certains, le scepticisme est une posture scientiste, chose contre laquelle il faut lutter, le scientisme étant immoral (ce que je développe plus loin). Ils sont souvent associés lorsqu’un sceptique intervient dans un débat idéologique pour dénoncer un argument fallacieux ou invalide factuellement.
Cependant, le scientisme et le scepticisme sont deux positions difficilement comparables et lorsqu’elles le sont, c’est souvent en les caricaturant. Leurs véritables postures sont-elles vraiment comparables ?
En premier lieu, il faut comprendre que le scientisme a été largement façonné par ses opposants, ce qui ouvre grand la porte aux critiques faciles.
On peut donc retrouver de nombreuses définitions grossières.
Celle qui fait passer le scientisme pour une religion :
Celui qui a comme dieu : la Science
Celle qui le fait passer pour un dogmatisme scientifique :
Croyance irraisonnée en la validité non contestable des résultats de la science
Celle qui fait passer la science pour une position morale :
Croyance que le progrès scientifique est bon et que la science est la référence morale absolue
Certaines postures (souvent plus connues que le scientisme lui-même) sont parfois qualifiées de scientistes tel que le transhumanisme ou l’eugénisme.
Il faut comprendre que le scientisme a été une notion surtout forgée par ses opposants, très peu de penseurs s’étant réclamés du scientisme. En revanche beaucoup ont collé cette étiquette sur leurs ennemis. Ceci la rend particulièrement difficile à définir. Faut-il utiliser les définitions de ses adversaires (celles-ci étant plus ou moins pertinentes), ou la définir selon l’usage qu’en fait Felix le Dantec, qui fut le premier à se dire ouvertement scientiste ? Même si le terme était déjà apparu précédemment en réaction au livre L’Avenir de la Science de Ernest Renan ? La question est complexe et j’ai choisi de prendre la définition de Benoît Spinosa de sa conférence sur le scientisme que je conseille à tous pour une compréhension profonde du scientisme (le résumé que j’en fait ci-après n’est qu’un simple substrat) :
Le scientisme est défini comme le triomphe prétendu de la science contre toute forme de subjectivité. Sa confiance en l’unité des savoirs n’a d’égale que sa confiance en l’avenir de l’humanité (ce sont là deux formes de finitisme). Par sa méthode, sa rigueur, son langage univoque, il prétend unifier tous les savoirs en un seul discours, le plus souvent physique, et orienter socialement et politiquement sa théorie pour s’emparer du monopole de l’universel, du sens unique de l’absolu et de l’avenir construit de l’humanité tout entière.
Benoît Spinosa, Quelques remarques sur la notion de scientisme (conférence)
La science peut-elle juger de la beauté d’un tableau ? Peut-elle résoudre nos questions existentielles ? Transformer l’attirance de deux personnes en simple équation mathématique la privant de toute subjectivité ? Le scientisme dans sa forme la plus pure répondrait avec un retentissant oui.
Ce qu’il faut comprendre c’est que le scientisme a une prétention hégémonique à propos… d’à peu près tout, en fin de compte. Tout y passe :
• La gouvernance idéale est un gouvernement formé de scientifiques et d’experts permettant de résoudre chacun des problèmes de la manière la plus rationnelle et la plus adaptée possible sans faire laisser de place a la politique et aux idéologies.
• Dieu n’existe pas, il est possible de le prouver. Les questions métaphysiques n’ont aucun sens et il est inutile de les étudier.
• La science permet d’y répondre. (Comment ?)
• Toute situation morale peut être résolue rationnellement sans avoir recours à la morale.
• Toute subjectivité peut être réduite à une base purement objective donc toute opposition due à la subjectivité est un simple problème de logique, qui peut être départagé objectivement en suivant les règles de la logique mathématique.
On voit ici une bonne partie des opinions scientistes et aussi déjà quelques réfutations des précédentes définitions, la référence morale n’est pas la science car tout problème de ce type peut être résolu sans y avoir recours. On peut dire dans ce sens que le scientisme se veut amoral. La science n’est pas non plus un dieu, elle n’est pas une entité morale, elle n’est que le moyen de « s’emparer du monopole de l’universel, du sens unique de l’absolu et de l’avenir construit de l’humanité tout entière. » A vrai dire, ce ne sont pas les résultats de la science, les connaissances qui sont obtenues par la méthode scientifique qui sont incontestables, mais les solutions qui sont apportées par ces connaissances qui ne peuvent qu’être les meilleures solutions.
Toutefois il ne faut pas croire que le scientisme ne souffre pas de ses incohérences, la plupart de celles-ci se trouvant en effet à la racine de l’idéologie :
Le problème de la réduction du langage à une base purement logique est traitée sur le blog Philosophie Des Sciences en deux parties : ici et ici
Un autre problème est que le scientisme implique un finalisme, ce qui n’a rien de scientifique :
[…] La connaissance n’est pas ici une catégorie, un mode de la vision, elle est un mode, un ressort de l’action, elle est un moyen pour un but, elle suppose l’existence du but, elle implique finalisme. […] Le scientisme implique donc finalisme, finalisme au sens le plus métaphysique. Il suppose en fin de compte, dissimulée sous mille réticences, cette hypothèse que la vie a une fin prédéterminée, un sens, une direction connaissable et que l’organisation scientifique de la vie consisterait, après avoir distingué cette direction, à y pousser l’humanité. Or aucune conception n’est plus contraire à l’esprit scientifique que cette croyance en un finalisme métaphysique. C’est purement et simplement un acte de foi et le scientisme relève, sous ce jour, d’une croyance idéologique comme les diverses religions relèvent de la croyance théologique. C’est une croyance parce qu’aucun de ces postulats – le monde tend vers une fin – tout est connaissable – ne peut être démontré. […]
Jules de Gaultier, Revue philosophie de la France et de l’étranger, 1911. (citation dans son entièreté disponible ici)
Petite remarque sur le positivisme d’Auguste Comte : il est souvent décrit comme étant scientiste, alors que de nombreux éléments caractéristiques en sont manquant, notamment l’aspiration métaphysique. Si les deux philosophies peuvent se recouper en certains points (la conviction que le progrès scientifique est bon, par exemple), elles ne sont pas semblables, et malgré les défauts dont souffre le positivisme de Comte il ne peut être qualifié de scientisme.
On peut voir d’ici certains parallèles qui peuvent être faits entre les deux postures, avec en premier lieu la science et la confiance en celle-ci. Il serait facile de voir dans le sceptique et le scientiste la même foi inconditionnelle en la science en toute circonstance.
Ce qui nous amène aux différences fondamentales de ces deux postures. J’en développe trois ci-dessous mais il n’est pas exclu qu’il y en aient d’autres toutes aussi importantes. C’est sur la première que reposent plus ou moins les deux autres mais il m’a semblé nécessaire de les détaillées tout de mêmes:
La science est, par nature, matérialiste. C’est-à-dire qu’elle n’explique pas des événements naturels par des actions ou entités surnaturelles. Néanmoins, cela implique en contrepartie de ne pas s’exprimer sur la métaphysique. Non pas de la « descendre » ou de proclamer son inutilité mais plutôt d’exclure cet objet de son champs d’étude pour une raison évidente de cohésion. Logiquement, expliquer un événement sans intervention métaphysique et en même temps étudier une métaphysique (qui nécessite par nature un recours à la métaphysique) est impossible.
Le fonctionnement de la science ne lui permet pas non plus de produire des idées. Elle ne fait qu’expliciter les lois qui sous-tendent le monde. De la manière la plus exacte et la plus objective possible, elle n’est qu’une tentative d’expression du réel. Des théories scientifiques peuvent ensuite être utilisées pour justifier des idées, alors que leur rôle premier n’était que descriptif. Citons le darwinisme social comme une utilisation fallacieuse d’une théorie scientifique, qui lui n’a absolument plus rien de scientifique. Les idées sont indépendantes des faits, même si -ce qui n’est pas forcément souhaitable- elles s’inspirent de ceux-ci.
La morale est aussi un gros point de divergence. Le scientisme est amoral (pas immoral dans l’absolu), son choix dans une situation morale est conditionné par les conséquences les plus optimisées.
De son côté, le scepticisme n’est absolument pas une position morale. Il n’en a que faire dans le sens où les sceptiques ont leurs propres positionnements moraux indépendamment du scepticisme. Celui-ci ne se prononce pas sur la morale mais ne la nie pas non plus. Encore une fois, il y a une différence entre là où s’arrête la science et où commence l’homme.
Le scepticisme et la zététique entretiennent un rapport très particulier avec les différentes idéologies et plus particulièrement les militantismes qui les diffusent. Cela fera l’objet d’un article à part. Pour l’instant, contentons-nous de dire que le scepticisme laisse libre court à toute idéologie et là non plus ne se prononce pas sur la validité ou l’invalidité de celles-ci. Le scepticisme s’occupera seulement des arguments de nature factuelle et scientifiques ainsi que des fautes de logique (paralogismes), voire des sophismes qui se cachent derrière les discours militants.
Quant à lui, le scientisme est une idéologie qui proclame explicitement sa supériorité absolue sur toute autre par son critère scientifique. Là encore il y a une différence et pas des moindres.
Le scientisme est une notion difficile à définir de par sa nature un peu particulière, toujours décrié par ses opposants mais jamais -ou presque- revendiqué. C’est presque un homme de paille à l’échelle d’une idéologie toute entière. Finalement une question se pose : est-il possible de définir objectivement le scientisme ? J’ai essayé de m’approcher de cette définition sans pouvoir la garantir.
Maintenant que la question de la définition est réglée, on peut légitimement se demander si le scepticisme s’approche du scientisme. Et la réponse est non. La différence se trouve principalement dans la conception de la science et dans la place qu’elle occupe ou devrait occuper dans la société. L’idéologie n’a pas une valeur de science, ni la science d’idéologie.
On se rend vite compte que le terme scientisme ne s’applique pas au scepticisme. Alors pourquoi est-il utilisé ainsi ? Sûrement à cause d’une mauvaise compréhension du scientisme, ainsi que d’un biais qui consiste à croire qu’une personne en accord avec un point d’un exposé l’est forcément avec tous les points de celui-ci. »
Source : Scepticisme et scientisme: une même posture ? chroniqueszetetiques.wordpress.com
- Scientisme et promotion des sciences, theierecosmique.com
- Le scientisme - Tronche en Live #17- (Guillaume Lecointre)
Bonne journée.
DANS NOS COLLECTIONS :
Ça pourrait vous intéresser :
Commentaires 0
Connectez-vous pour pouvoir commenter.
Se connecter