Question d'origine :
Bonjour
Je sais rien sur le comportement des grognards lors des expéditions de Napoléon.
A t'il été exemplaire ?
Ou ont ils commis commis des atrocités du genre viols, pillages,rtc ?
Malheureusement les livres d'histoire ne donne pas la parole, aux victimes et perdants !
Merci pour votre réponse bonne journée
Réponse du Guichet
bml_civ
- Département : Civilisation
Le 27/06/2020 à 16h09
Bonjour,
Exactions des grognards
Les grognards représentent laVieille Garde de Napoléon au sein de la Garde impériale de la Grande Armée, c’est-à-dire les soldats les plus expérimentés. Elle est rattachée directement au service de la personne de l’Empereur, qui a dit à son propos : « La garde était mon trésor d’hommes ». Durant les différentes campagnes et batailles menées par Napoléon, ils ont toujours été présents mais n’ont pas participé systématiquement aux combats. Ils ont joué un rôle important à Austerlitz en 1805, durant la campagne de Prusse à Eylau en 1807, puis pendant la guerre d’Espagne en 1808, la campagne d’Autriche de 1809 et la campagne de Russie en 1812 où toute la Garde suivra l’Empereur. Viendront ensuite les campagnes de Saxe et la bataille de Leipzig, puis la campagne de France où la garde constitue le fer de lance de l’armée de Napoléon.
Il est difficile de trouver des exemples très précis du comportement de ce corps d’armée, qui en tant qu’élite, se devait d’avoir un comportement plutôt exemplaire, et les exemples que nous avons trouvé d’exactions faites par l’armée napoléonienne, ne précisent pas forcément de quels corps d’armée il est question.
Cependant les grognards étaient comme les autres soldats confrontés au manque de nourriture, à la peur… pendant les campagnes et s’adonnaient aussi aux pillages et exactions.
En voici des exemples dans :
- ce blog : Histoire en questions sur lesGrognards de Napoléon et le pillage : Le grognard de Napoléon était fort peu discipliné
- ce livreLettres de Grognards La Grande Armée en Campagne de René et Bernard WILKIN, où “ils racontent leurs batailles, les exactions, les mutilations, par exemple en Espagne où des soldats ont été émasculés. On y lit aussi des histoires plus légères. Des histoires d’amour. Certains comparent la vertu des filles rencontrées dans les pays qu’ils traversent. Il y a notamment ce soldat qui écrit que la Prusse est le bordel de l’Europe. D’autres font allusion à des beuveries.”
- cet articleCrimes et souffrances des soldats belges sous Napoléon qui est tiré de l’édition précédente des lettres de grognards.
"De l’examen des lettres de « grognards » conservées aux Archives de l’Etat à Liège ressort une réalité bien éloignée des visions héroïques et romantiques de « l’odyssée de la Grande Armée ». Epuisés, mal nourris, mal soignés, les conscrits avouent aussi les atrocités commises contre des populations ennemies (1799-1815)"...« Témoin de la souffrance des hommes dans les armées du Premier Empire, les lettres le sont aussi de leurs exactions. Autant savoir qu’à la lecture de certaines d’entre elles, il y aura de quoi faire se dresser les cheveux sur la tête de ceux qui auront identifié l’un ou l’autre de leurs ancêtres! Il est pourtant plausible que beaucoup aient préféré taire les viols et pillages commis afin de ne pas choquer leur famille et leur milieu le plus souvent catholiques. Les aveux des autres n’en ont que plus de poids. Ils inciteraient même à se demander si la thèse qui fait de la Première Guerre mondiale le grand tournant de l’histoire de la brutalisation ne doit pas être revue en reculant le curseur d’un siècle au moins. « Bien qu’ils aient des difficultés à exprimer leurs sentiments, notent nos auteurs, beaucoup d’hommes ont été manifestement perturbés par le niveau de la violence. Cela ne signifie pas qu’ils ne commettaient pas d’atrocités contre les populations ennemies. Ils peuvent en effet être perçus quelque part comme rationalisant de tels actes dans leurs lettres » (p. 171). »
- cet extrait de livre,Les grognards de Napoléon , qui mentionne des pillages et dévastation de propriété, suite à des états d’ivresse avancée, à Malte.
Exactions de l’armée napoléonienne
Quelques autres documents donnent un aperçu des exactions de l’armée napoléonienne durant les campagnes, l’exemple le plus connu étant celui de l’Espagne , notamment grâce au peintre Goya et à sa série de 82 gravures Les désastres de la guerre, dans lesquelles il dépeint toutes les exactions (incendie, viol, fusillade...).
Les pillages
L'article Pillage du Dictionnaire de la Grande armée d’Alain Pigeard, nous dit : Malgré la phrase de Napoléon : « la politique et la morale s’accordent à repousser le pillage » et la condamnation à la peine de mort pour des faits de pillage, cette pratique était répandue. « Mais c’est surtout pendant la guerre d’Espagne que le pillage devient important », et « les témoignages sont pléthores ». « Parfois les officiers donnent même leur accord. » « Parmi les grands pillages à s’être déroulés sous l’Empire, on peut citer ceux de Lübeck en 1806, Cordoue en 1808, Moscou en 1812. »
De même, les Mémoires sur l’Expédition de Russie par Pierre-Louis de Beauvollier : « En effet, il semblait que le pillage fût devenu pour le soldat un moyen de soulagement, une diversion nécessaire à ses fatigues, à ses privations de chaque jour. Vainement les habitans demandaient des sauve-gardes aux généraux, le soldat, réduit au dernier degré du désespoir ou du besoin, ne respectait ni les sauve-gardes, ni ses propres chefs. Davoust fit plusieurs fois fusiller des pillards pris en flagrant délit. Mais ces exemples de sévérité ne purent arrêter un désordre qui avait sa source dans le système militaire de Napoléon, dans un défaut absolu d’organisation, et surtout dans la plus impérieuse de toutes les lois, la nécessité. »
Exactions en Espagne
Outre les pillages, destructions, prises de butin, mutilations des ennemis ou prisonniers, le viol et les violences sexuelles étaient malheureusement bien répandues durant les guerres napoléoniennes.
C’est ce qu’évoque cet article : Les violences sexuelles en Espagne (1808-1814) : ce que révèlent les témoignages de Jean-Marc Lafon, qui commence par cette citation d’un observateur des événements : « Les dix jours où les français furent à Cordoue, ils ne s’occupèrent que de piller, voler, boire, manger et se livrer au brutal appétit de leur sensualité »
Voir :
- le chapitre La vision de Goya dans La femme et le soldat, viols et violences de guerre du Moyen Age (p.47-55) à nos jours, José Cubero (récit du capitaine Nicolas Marcel)
- le chapitre Goya : anatomie du massacre, dans Une histoire de la guerre du XIXe siècle à nos jours
- Les soldats de Napoléon en Espagne et au Portugal, Jean-Claude Lorblanchès, voir le passage Pillages et cruautés
- Les horreurs de la guerre, Jean Dif
Pendant la campagne de France
Les pillages étaient commis par ceux qu'on appelait les maraudeurs. Voir cet article : La lutte contre les maraudeurs et les débandés lors de la campagne de 1814 de François Houdecek
"Survivre en période de campagne fut souvent pour le soldat de l’Empire une lutte de chaque jour. L’intendance en Russie, en Espagne ou en France, fut la plupart du temps défaillante et le soldat livré à lui-même. Confrontés à cette carence, les militaires n’avaient d’autre choix que de vivre sur le pays et de subvenir eux-mêmes à leurs besoins… Appelés « fricoteurs » ou « clique », ces hommes n’hésitaient pas à commettre de véritables exactions et à violenter les récalcitrants pour obtenir ce qu’ils voulaient. La lutte contre ces pratiques fut un des enjeux importants de la campagne de 1814. La maraude et les pillages furent récurrents durant toutes les campagnes et les autorités militaires tentèrent d’endiguer le phénomène sans jamais pouvoir y mettre un terme."
Et la campagne de Russie
Dans 1812, la campagne de Russie : histoire et postérités, voir ce petit passage : Le sort des prisonniers russes : entre laisser-aller et exactions françaises (p. 260-261) Les prisonniers sont exécutés, enfermés dans une église incendiée… "Au début de la retraite, entre Mojaïsk et Gjatsk, 2000 Russes sont massacrés. Caulaindourt, témoin de ces atrocités, rapporte les faits à l’Empereur et s’indigne : « C’est une atroce cruauté ! s’exclame Caulaincourt, Voilà la civilisation que nous apportons en Russie ?"
En Allemagne
On peut lire ceci sur le site La Batterie des Grognards de Haute-Alsace :
« Plus généralement, le traumatisme provoqué par l’occupation française et les exactions napoléoniennes après 1809 (surtout après l’humiliante défaite d’Iéna en 1806) ont généré cette notion d’ennemi héréditaire qui a prévalu 150 ans jusqu’à ce que des hommes de bonne volonté agissent pour la réconciliation et maintenant l’amitié franco-allemande. »
Voir aussi :
Paroles de Grognards, 1792-1815
Les grognards emportés dans la bourrasque
Napoléon et ses grognards /Marcel Dupont
Bonne lecture !
Les grognards représentent la
Il est difficile de trouver des exemples très précis du comportement de ce corps d’armée, qui en tant qu’élite, se devait d’avoir un comportement plutôt exemplaire, et les exemples que nous avons trouvé d’exactions faites par l’armée napoléonienne, ne précisent pas forcément de quels corps d’armée il est question.
Cependant les grognards étaient comme les autres soldats confrontés au manque de nourriture, à la peur… pendant les campagnes et s’adonnaient aussi aux pillages et exactions.
En voici des exemples dans :
- ce blog : Histoire en questions sur les
- ce livre
- cet article
"De l’examen des lettres de « grognards » conservées aux Archives de l’Etat à Liège ressort une réalité bien éloignée des visions héroïques et romantiques de « l’odyssée de la Grande Armée ». Epuisés, mal nourris, mal soignés, les conscrits avouent aussi les atrocités commises contre des populations ennemies (1799-1815)"...« Témoin de la souffrance des hommes dans les armées du Premier Empire, les lettres le sont aussi de leurs exactions. Autant savoir qu’à la lecture de certaines d’entre elles, il y aura de quoi faire se dresser les cheveux sur la tête de ceux qui auront identifié l’un ou l’autre de leurs ancêtres! Il est pourtant plausible que beaucoup aient préféré taire les viols et pillages commis afin de ne pas choquer leur famille et leur milieu le plus souvent catholiques. Les aveux des autres n’en ont que plus de poids. Ils inciteraient même à se demander si la thèse qui fait de la Première Guerre mondiale le grand tournant de l’histoire de la brutalisation ne doit pas être revue en reculant le curseur d’un siècle au moins. « Bien qu’ils aient des difficultés à exprimer leurs sentiments, notent nos auteurs, beaucoup d’hommes ont été manifestement perturbés par le niveau de la violence. Cela ne signifie pas qu’ils ne commettaient pas d’atrocités contre les populations ennemies. Ils peuvent en effet être perçus quelque part comme rationalisant de tels actes dans leurs lettres » (p. 171). »
- cet extrait de livre,
Quelques autres documents donnent un aperçu des exactions de l’armée napoléonienne durant les campagnes, l’exemple le plus connu étant celui de l’
L'article Pillage du Dictionnaire de la Grande armée d’Alain Pigeard, nous dit : Malgré la phrase de Napoléon : « la politique et la morale s’accordent à repousser le pillage » et la condamnation à la peine de mort pour des faits de pillage, cette pratique était répandue. « Mais c’est surtout pendant la guerre d’Espagne que le pillage devient important », et « les témoignages sont pléthores ». « Parfois les officiers donnent même leur accord. » « Parmi les grands pillages à s’être déroulés sous l’Empire, on peut citer ceux de Lübeck en 1806, Cordoue en 1808, Moscou en 1812. »
De même, les Mémoires sur l’Expédition de Russie par Pierre-Louis de Beauvollier : « En effet, il semblait que le pillage fût devenu pour le soldat un moyen de soulagement, une diversion nécessaire à ses fatigues, à ses privations de chaque jour. Vainement les habitans demandaient des sauve-gardes aux généraux, le soldat, réduit au dernier degré du désespoir ou du besoin, ne respectait ni les sauve-gardes, ni ses propres chefs. Davoust fit plusieurs fois fusiller des pillards pris en flagrant délit. Mais ces exemples de sévérité ne purent arrêter un désordre qui avait sa source dans le système militaire de Napoléon, dans un défaut absolu d’organisation, et surtout dans la plus impérieuse de toutes les lois, la nécessité. »
Outre les pillages, destructions, prises de butin, mutilations des ennemis ou prisonniers, le viol et les violences sexuelles étaient malheureusement bien répandues durant les guerres napoléoniennes.
C’est ce qu’évoque cet article : Les violences sexuelles en Espagne (1808-1814) : ce que révèlent les témoignages de Jean-Marc Lafon, qui commence par cette citation d’un observateur des événements : « Les dix jours où les français furent à Cordoue, ils ne s’occupèrent que de piller, voler, boire, manger et se livrer au brutal appétit de leur sensualité »
- le chapitre La vision de Goya dans La femme et le soldat, viols et violences de guerre du Moyen Age (p.47-55) à nos jours, José Cubero (récit du capitaine Nicolas Marcel)
- le chapitre Goya : anatomie du massacre, dans Une histoire de la guerre du XIXe siècle à nos jours
- Les soldats de Napoléon en Espagne et au Portugal, Jean-Claude Lorblanchès, voir le passage Pillages et cruautés
- Les horreurs de la guerre, Jean Dif
Les pillages étaient commis par ceux qu'on appelait les maraudeurs. Voir cet article : La lutte contre les maraudeurs et les débandés lors de la campagne de 1814 de François Houdecek
"Survivre en période de campagne fut souvent pour le soldat de l’Empire une lutte de chaque jour. L’intendance en Russie, en Espagne ou en France, fut la plupart du temps défaillante et le soldat livré à lui-même. Confrontés à cette carence, les militaires n’avaient d’autre choix que de vivre sur le pays et de subvenir eux-mêmes à leurs besoins… Appelés « fricoteurs » ou « clique », ces hommes n’hésitaient pas à commettre de véritables exactions et à violenter les récalcitrants pour obtenir ce qu’ils voulaient. La lutte contre ces pratiques fut un des enjeux importants de la campagne de 1814. La maraude et les pillages furent récurrents durant toutes les campagnes et les autorités militaires tentèrent d’endiguer le phénomène sans jamais pouvoir y mettre un terme."
Dans 1812, la campagne de Russie : histoire et postérités, voir ce petit passage : Le sort des prisonniers russes : entre laisser-aller et exactions françaises (p. 260-261) Les prisonniers sont exécutés, enfermés dans une église incendiée… "Au début de la retraite, entre Mojaïsk et Gjatsk, 2000 Russes sont massacrés. Caulaindourt, témoin de ces atrocités, rapporte les faits à l’Empereur et s’indigne : « C’est une atroce cruauté ! s’exclame Caulaincourt, Voilà la civilisation que nous apportons en Russie ?"
On peut lire ceci sur le site La Batterie des Grognards de Haute-Alsace :
« Plus généralement, le traumatisme provoqué par l’occupation française et les exactions napoléoniennes après 1809 (surtout après l’humiliante défaite d’Iéna en 1806) ont généré cette notion d’ennemi héréditaire qui a prévalu 150 ans jusqu’à ce que des hommes de bonne volonté agissent pour la réconciliation et maintenant l’amitié franco-allemande. »
Paroles de Grognards, 1792-1815
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Napoléon et ses grognards /Marcel Dupont
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