Question d'origine :
À par Le Rire de Bergson, quels sont les grandes études philosophiques sur le rire et l'humour ?
Réponse du Guichet
gds_db
- Département : Equipe du Guichet du Savoir
Le 26/06/2020 à 15h03
Bonjour,
" Des philosophes se sont penchés sur l’art de muscler ses zygomatiques.
Aristote (env. 384-322 av. J.-C.)
« L’homme est le seul animal qui ait la faculté de rire. » Aristote est le premier à faire du rire le propre de l’homme. La comédie est pour lui « l’imitation de ce qui est laid, dont une partie est le ridicule » (Poétique). Celui qui rit se place au-dessus de sa cible, mais « sans médisance ». La comédie sert donc à « purger les passions » du spectateur.
Descartes (1596-1650)
Rire mêle la joie à l’étonnement : c’est l’effet de surprise qui provoque le rire. D’où la défense par Descartes de l’humour pince-sans-rire : « Lorsqu’on raille soi-même, il est plus séant de s’en abstenir [de ne pas rire], afin de ne sembler pas être surpris par les choses qu’on dit […] ; et cela fait qu’elles surprennent d’autant plus » (Les Passions de l’âme).
Voltaire (1694-1778)
« Ceux qui cherchent des causes métaphysiques au rire ne sont pas gais », prévient Voltaire dans son Dictionnaire philosophique. Selon lui, le rire est, à la manière des enfants, l’expression d’une « joie gaie, sans avoir un autre sentiment ». Le rire pur se distingue donc de l’ironie, plus critique et féroce.
Baudelaire (1821-1867)
Sa vision du rire a de quoi donner le spleen : « le comique est un des plus clairs signes sataniques de l’homme » (Curiosités esthétiques). Celui qui s’esclaffe trahit en fait « sa violence » et « sa misère » intérieures. C’est pourquoi un bon mot peut faire mouche… ou flop : « La puissance du rire est dans le rieur et nullement dans l’objet du rire. »
Bergson (1859-1941)
Pour Bergson, qui lui a consacré un essai, le rire nous interpelle par une « transfiguration momentanée d’une personne en chose ». Le philosophe français définit le comique comme « du mécanique plaqué sur du vivant ». Le rire s’accompagne nécessairement d’« une anesthésie du cœur » qui nous éloigne de notre humanité. "
source : Philosophie magazine
Quelques articles sur le sujet :
- Le rire comme impossibilité philosophique ? / Avanessian Armen - Le Philosophoire, 2002/2 (n° 17), p. 29-45
- L'humour de la sagesse. Humour et philosophie / Juranville Alain, Le Journal des psychologues, 2009/6 (n° 269), p. 36-38.
- Le rire / Le philosophoire - 2002/2 - n°17
Nous vous renvoyons également à ces documents que vous pourrez consulter à la Bibliothèque municipale de Lyon :
- Penser l'humour : le rire des (h)auteurs / sous la direction de Hugues Lethierry
Somme de contributions sur le rire qui analysent le rapport à l'humour de grands penseurs et philosophes depuis l'Antiquité, de Diogène à J. Derrida en passant par F. Rabelais, B. Spinoza ou S. Kierkegaard
- Rire : tractatus philo-comicus / Yves Cusset
Un essai du philosophe et comédien sur les différentes facettes du rire, de l'humour à l'ironie, de l'allégresse à l'hilarité, du rire universel de Démocrite au pessimisme radical de Schopenhauer.
- Puis-je vraiment rire de tout ? / Gilles Vervish
Une réflexion philosophique sur le rire qui pose la question des limites qui doivent ou non être posées au regard du sens moral, tout en respectant la liberté d'expression. Les pensées de Cicéron, Diogène et Bergson sont également examinées.
- Le rire ou le modèle ? : le dilemme du moraliste textes réunis par Jean Dagen et Anne-Sophie Barrovecchio (à localiser via le SUDOC)
De Plutarque aux Lumières, en passant par Montaigne, Marivaux ou Rivarol, cet ouvrage étudie la qualité des rires et donc des morales.
- Eclats de rire philosophiques / Lucien Guirlinger, Bernard Lacorre, Didier Cailleteau, Marie Humeau (à localiser via le SUDOC)
Le commun des mortels imagine mal que les philosophes, gens austères et graves, puissent s'abandonner au rire, ou même qu'ils daignent s'interroger sur la signification et la désirabilité de ce comportement frivole. Et pourtant si : comme l'observa, le premier, Aristote, le rire est le propre de l'homme, il faut bien que les philosophes sachent rire et s'inquiètent des raisons d'être du rire.
Bonne journée.
" Des philosophes se sont penchés sur l’art de muscler ses zygomatiques.
« L’homme est le seul animal qui ait la faculté de rire. » Aristote est le premier à faire du rire le propre de l’homme. La comédie est pour lui « l’imitation de ce qui est laid, dont une partie est le ridicule » (Poétique). Celui qui rit se place au-dessus de sa cible, mais « sans médisance ». La comédie sert donc à « purger les passions » du spectateur.
Rire mêle la joie à l’étonnement : c’est l’effet de surprise qui provoque le rire. D’où la défense par Descartes de l’humour pince-sans-rire : « Lorsqu’on raille soi-même, il est plus séant de s’en abstenir [de ne pas rire], afin de ne sembler pas être surpris par les choses qu’on dit […] ; et cela fait qu’elles surprennent d’autant plus » (Les Passions de l’âme).
« Ceux qui cherchent des causes métaphysiques au rire ne sont pas gais », prévient Voltaire dans son Dictionnaire philosophique. Selon lui, le rire est, à la manière des enfants, l’expression d’une « joie gaie, sans avoir un autre sentiment ». Le rire pur se distingue donc de l’ironie, plus critique et féroce.
Sa vision du rire a de quoi donner le spleen : « le comique est un des plus clairs signes sataniques de l’homme » (Curiosités esthétiques). Celui qui s’esclaffe trahit en fait « sa violence » et « sa misère » intérieures. C’est pourquoi un bon mot peut faire mouche… ou flop : « La puissance du rire est dans le rieur et nullement dans l’objet du rire. »
Pour Bergson, qui lui a consacré un essai, le rire nous interpelle par une « transfiguration momentanée d’une personne en chose ». Le philosophe français définit le comique comme « du mécanique plaqué sur du vivant ». Le rire s’accompagne nécessairement d’« une anesthésie du cœur » qui nous éloigne de notre humanité. "
source : Philosophie magazine
Quelques articles sur le sujet :
- Le rire comme impossibilité philosophique ? / Avanessian Armen - Le Philosophoire, 2002/2 (n° 17), p. 29-45
- L'humour de la sagesse. Humour et philosophie / Juranville Alain, Le Journal des psychologues, 2009/6 (n° 269), p. 36-38.
- Le rire / Le philosophoire - 2002/2 - n°17
Nous vous renvoyons également à ces documents que vous pourrez consulter à la Bibliothèque municipale de Lyon :
- Penser l'humour : le rire des (h)auteurs / sous la direction de Hugues Lethierry
Somme de contributions sur le rire qui analysent le rapport à l'humour de grands penseurs et philosophes depuis l'Antiquité, de Diogène à J. Derrida en passant par F. Rabelais, B. Spinoza ou S. Kierkegaard
- Rire : tractatus philo-comicus / Yves Cusset
Un essai du philosophe et comédien sur les différentes facettes du rire, de l'humour à l'ironie, de l'allégresse à l'hilarité, du rire universel de Démocrite au pessimisme radical de Schopenhauer.
- Puis-je vraiment rire de tout ? / Gilles Vervish
Une réflexion philosophique sur le rire qui pose la question des limites qui doivent ou non être posées au regard du sens moral, tout en respectant la liberté d'expression. Les pensées de Cicéron, Diogène et Bergson sont également examinées.
- Le rire ou le modèle ? : le dilemme du moraliste textes réunis par Jean Dagen et Anne-Sophie Barrovecchio (à localiser via le SUDOC)
De Plutarque aux Lumières, en passant par Montaigne, Marivaux ou Rivarol, cet ouvrage étudie la qualité des rires et donc des morales.
- Eclats de rire philosophiques / Lucien Guirlinger, Bernard Lacorre, Didier Cailleteau, Marie Humeau (à localiser via le SUDOC)
Le commun des mortels imagine mal que les philosophes, gens austères et graves, puissent s'abandonner au rire, ou même qu'ils daignent s'interroger sur la signification et la désirabilité de ce comportement frivole. Et pourtant si : comme l'observa, le premier, Aristote, le rire est le propre de l'homme, il faut bien que les philosophes sachent rire et s'inquiètent des raisons d'être du rire.
Bonne journée.
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