Question d'origine :
Bonjour,
Comment les services de renseignements internationaux comme le CIA puissent avoir des informations correctes sur le Corée du nord concernant la sante de Kim Jong-un par exemple ?
Merci et bon travail.
Réponse du Guichet
bml_soc
- Département : Société
Le 03/06/2020 à 12h23
Bonjour,
Comment savoir ce qui se passe en Corée du Nord, l’un des pays les plus fermés au monde ?
Juliette Morillot, spécialiste de la péninsule coréenne, explique dans son ouvrage Le monde selon Kim Jong-un comment les Etats-Unis et les autres pays étrangers tentent d’espionner la Corée du Nord, « un trou noir pour l’espionnage international ». Les moyens classiques d’espionnage (agents de renseignement, systèmes d’écoute, cyber-espionnage, satellites) sont « quasi-inopérants en Corée du Nord » dont l’accès à Internet est très restreint. Les personnes ayant fui le pays peuvent devenir de précieuses sources d’informations. L’autrice cite l’exemple du militaire haut gradé Ri Jong-ho et du diplomate Thae Yong-ho. Mais précise-t-elle « la nature et la valeur de leurs informations sont de très courte durée pour les services de renseignement ». Il est ainsi très difficile pour les américains de « dessiner le portrait-robot le plus précis de leur adversaire ».
Face à la menace nucléaire, la CIA a créé en 2017 une unité de renseignement spéciale Corée du Nord. « On assiste à une bascule qui se chiffre en milliards de dollars, attribués désormais aux secteurs de l’interception de données, de l’imagerie aérienne et satellitaire et d’autres méthodes techniques toutes braquées vers Pyongyang. » (Source Slate).
Les journalistes, les expatriés, les touristes, les Nord-Coréens ayant fui le pays sont autant de sources supplémentaires d’information pour qui s’intéresse à la Corée du Nord.
Reporters sans Frontières place la Corée du Nord en fin de son classement mondial de la liberté de la presse. En 2016, L’AFP (Agence France Presse) implantait un bureau en Corée du Nord. D’autres agences étrangères sont présentes dans le pays : l’agence russe TASS (2019), l’agence américaine Associated Press (2012), l’agence japonaise Kyodo (2006). Mais le travail journalistique reste très contrôlé et les sujets sont soumis à autorisation des autorités coréennes : « La Corée du Nord, elle, a pour coutume d’imposer un contrôle drastique et minutieux des sujets abordés, tant sur le plan informatif que sur le plan visuel et esthétique » (Source : Liso Campana)
Indépendamment des agences, plusieurs journalistes se sont rendus en Corée du Nord, certains se risquant à déjouer la surveillance de leur guide : le photojournaliste Michal Huniewicz, le journaliste et écrivain Jean-Luc Coatalem pour Géo ou encore Dorian Malovic pour La Croix. L’équipe CheckNews de Libération propose le témoignage d’un expatrié européen pour livrer un portrait différent de la Corée du Nord que celui que peuvent donner les journalistes.
Il y aurait environ 400 français qui choisissent de faire du tourisme en Corée du Nord mais séjourner là-bas nécessite de se départir de quelques libertés. Les voyageurs doivent en effet s’adresser à une agence de voyage agréée, se conformer à un programme de visite préétabli, suivre un guide qui indique les endroits qu’ils sont autorisés à photographier. Même si leur liberté sur place est limitée, les touristes qui ont séjourné en Corée du Nord rapportent tout de même une vision nuancée du pays car « partis pour satisfaire leur curiosité ou relever un défi, tous sont revenus avec un regard neuf sur le pays » (Source : France Info).
Pour aller plus loin :
Corée du Nord. Un Etat-guérilla en mutation / Philippe Pons
Les trois Corées, une culture, trois « pays ». Conférence par Patrick Maurus
Corée du Nord/États-Unis : un seul lit pour deux rêves en 2020 ? The Conversation.
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