Question d'origine :
j'aimerais savoir pourquoi le rituel orthodoxe exclut la présence d'instruments de musique lors des offices pour ne privilégier que la voix humaine . conséquence: l'ensemble des russes reçoit-il une formation spécifique au chant polyphonique pour atteindre, même dans les petites églises, cette grande qualité vocale. le mot cathédrale (si fréquent pour les bâtiments religieux) a - t-il le même sens que chez nous (lié à la présence de la cathèdre). merci pour vos réponses
Réponse du Guichet
bml_mus
- Département : Musique
Le 06/11/2019 à 15h26
Bonjour,
Le rituel orthodoxe proscrit effectivement l'usage de tout instrument. Il est fidèle en cela à la tradition primitive des Pères de l'Eglise chrétienne, qui ne reconnaît que la voix humaine comme digne de louer Dieu.
D'abord parce qu'il s'agit de chanter la parole sacrée des textes saints, et que la voix est l'organe de la parole. Seul instrument dont l'homme est naturellement doté par Dieu, manifestation du pneuma insufflé par son créateur, la voix possède un privilège dont sont dépourvus tous les instruments fabriqués, qui ne sauraient être que des contrefaçons de la voix ou des artifices diaboliques.
Ensuite parce que l'usage de la musique instrumentale est susceptible de troubler la prière, d'introduire par ses rythmes et ses accents des éléments distrayants ou passionnels, qui détournent le fidèle.
Le paragraphe Le chant : louange de Dieu de cet article du site pagesorthodoxes.net résume assez bien cette position qui est demeurée celle du rite orthodoxe.
L'article La fonction ministérielle de la musique sacrée retrace l'histoire de la proscription puis de l'usage des instruments dans la liturgie chrétienne des origines, dans l'Eglise catholique ensuite.
Dans le rite catholique romain, l'emploi progressif de l'orgue, puis d'autres instruments s'est fait avec précaution, et avec un seul objectif : souligner, porter et embellir le chant, élément premier de la musique liturgique.
Vous trouverez des références et exemples précis dans cet article La législation de l'Eglise catholique sur la musique sacrée.
Quant à la question de l'enseignement du chant en Russie nous n'avons pas de données fiables à disposition qui indiqueraient que l'enseignement choral y serait particulièrement développé (comme dans beaucoup de pays nordiques ou en Allemagne). Nos documents à de sujet sont pour le moment inaccessibles.
Si le chant choral demeure une tradition vivace, on peut faire l'hypothèse que c'est d'abord parce que la tradition orthodoxe dominante s'intéresse exclusivement à la musique vocale. Au point que le tsar a interdit l'usage de tout instrument de musique de 1648 à 1711. Cela expliquerait pourquoi l'histoire de la musique "classique" russe, profane et instrumentale, commence si tard.
Autre piste, le pouvoir russe, qui aurait tendance à assimiler l'harmonie du choeur à l'unité nationale et au sentiment patriotique. C'est lui qui a beaucoup oeuvré au maintien ou à la renaissance de la pratique chorale. Vous pouvez lire à ce sujet ce très intéressant article, qui se conclut ainsi :
"L’Église Orthodoxe Russe reste à ce jour le plus gros employeur de chanteurs et chefs de chœur professionnels."
Réponse du Guichet
gds_ctp
- Département : Equipe du Guichet du Savoir
Le 07/11/2019 à 11h40
Bonjour,
Le Grand Robert donne le mot « cathédrale » en tant que substantif comme attesté seulement à partir du XVIIe siècle, et donne comme étymologies la forme latinisée de cathedra – mot désignant au Moyen Âge un type particulier de siège gothique à haut dossier, caractéristique des évêques.
Pour autant, il existe une traduction grecque du mot « cathédrale » : Καθεδρικός Ναός – dérivé du grec ancien « Καθεδρα », désignant « ce qui sert à s’asseoir », selon le Bailly.
Toujours est-il que le mot « cathédrale » ne semble pas très en usage dans les Eglise grecques. Il est en effet absent des ouvrages sur les grandes notions orthodoxes que nous avons consultés.
Pour une réponse plus précise toutefois, nous avons contacté les communautés orthodoxes et orientales de Lyon pour en avoir le cœur net et vous tiendrons informé de leur éventuelle réponse.
Nota bene : nous évoquons surtout l’orthodoxie hellénique, car en russe, par exemple, cathédrale se dit « Собор », mot, dont l’étymologie, désignant plutôt l’assemblée des fidèles, renvoie plutôt à celles de « synagogue » et « église ».
(Source : Petit lexique pour comprendre l'orthodoxie [Livre] / Michel Laroche)
Bonne journée.
Le Grand Robert donne le mot « cathédrale » en tant que substantif comme attesté seulement à partir du XVIIe siècle, et donne comme étymologies la forme latinisée de cathedra – mot désignant au Moyen Âge un type particulier de siège gothique à haut dossier, caractéristique des évêques.
Pour autant, il existe une traduction grecque du mot « cathédrale » : Καθεδρικός Ναός – dérivé du grec ancien « Καθεδρα », désignant « ce qui sert à s’asseoir », selon le Bailly.
Toujours est-il que le mot « cathédrale » ne semble pas très en usage dans les Eglise grecques. Il est en effet absent des ouvrages sur les grandes notions orthodoxes que nous avons consultés.
Pour une réponse plus précise toutefois, nous avons contacté les communautés orthodoxes et orientales de Lyon pour en avoir le cœur net et vous tiendrons informé de leur éventuelle réponse.
Nota bene : nous évoquons surtout l’orthodoxie hellénique, car en russe, par exemple, cathédrale se dit « Собор », mot, dont l’étymologie, désignant plutôt l’assemblée des fidèles, renvoie plutôt à celles de « synagogue » et « église ».
(Source : Petit lexique pour comprendre l'orthodoxie [Livre] / Michel Laroche)
Bonne journée.
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