Question d'origine :
Bonjour,
J'ai lu que le 6e arrondissement a hébergé de nombreux pionniers automobiles (comme Marius Berliet a ses débuts) et qu'il a compté jusqu’à 32 constructeurs, 12 carrossiers et 50 garages.
Savez vous à quelle époque c'était? Avant la première guerre mondiale ou après?
Merci beaucoup.
Réponse du Guichet
bml_reg
- Département : Documentation régionale
Le 06/11/2019 à 13h51
La source précise de vos informations aurait pu faciliter notre recherche. Néanmoins, nous avons retrouvé une information approchante dans le Plan historique et patrimonial du 6e arrondissement de Lyon, réalisé en 2012 avec la collaboration de Jean-Pol Donné, de Paul Feuga, de Jean-Pierre, des Conseils de quartier du 6e et publié avec le soutien de l’APPL6 (Association pour la promotion du patrimoine du 6e arrondissement de Lyon). Voici ce qui est écrit dans la courte notice à propos du palais de l’automobile au 55 avenue Maréchal Foch :
« Dans l’entre-deux guerres, l’heure est au développement de l’automobile et à la construction de garages monumentaux, à l’image du garage Citroën de la rue de Marseille ou du Palais de l’automobile qui se distingue avenue Foch par ses lignes modernistes rehaussées de bas-reliefs de Jean Chorel.
La phrase est ambiguë : fait-elle référence à l’arrondissement du 6e ou à toute la ville ? Les chiffres avancés se basent-ils sur le cumul des établissements référencés sur plusieurs décennies ou sur ceux ayant existé à une certaine date ? D’où proviennent ces chiffres ?
Nous n’avons malheureusement pas trouvé de source faisant la synthèse de l’activité automobile uniquement sur le secteur du 6e arrondissement, que ce soit dans des ouvrages sur l’arrondissement lui-même ou dans ceux consacrés à l’industrie automobile à Lyon.
L’ouvrage 150 ans Lyon 6e : 1867-2017 racontés de A à Z édité par la mairie du 6e et les conseils de quartiers consacre un petit paragraphe à l’industrie automobile mais sans avancer de données chiffrées :
« E Comme Entreprenariat »
« (…) Le 6e arrondissement de Lyon hébergea les pionniers de la construction automobile. Fondée en 1808 à Paris par P. Faurax, fournisseur de Napoléon er et Charles X, la Maison Faurax ouvre en 1840 une succursale à Lyon 5 avenue de Noailles (Maréchal Foch), où elle concentre sa production de carrosserie pour véhicules hippomobiles ne conservant à Paris qu’un point de vente. En 1890 l’ingénieur diplômé de l’Ecole centrale de Lyon Luc Court ouvre 116 et 118 rue Vauban sur 1750 m² un atelier de fabrication de moteurs de dynamos puis il s’installe 88,90,92 rue Robert sur 3000 m² en 1898. »
Dans Lyon industriel, on peut simplement lire cette mention à propos de l’industrie automobile :
« rapidement, cette activité se développe,
Hélas, la présence de l'industrie automobile dans le 6e arrondissement est bien moins documentée que dans le cas du quartier de Monplaisir.
La grande aventure automobile lyonnaise, un livre de Pierre-Lucien Pouzet paru en 2006, est une lecture incontournable pour qui s'intéresse à l'automobile lyonnaise. Il offre une approche chronologique des constructeurs lyonnais. Il consacre également des chapitres particuliers aux fournisseurs extérieurs et sous-traitants, dont plusieurs sont situés dans le 6e arrondissement, aux garages et enfin aux carrossiers. L’ouvrage ne proposant pas d’entrée géographique par arrondissement, difficile de saisir la place prise par le 6e arrondissement dans ce développement de l’automobile à Lyon, à moins d’éplucher l’ouvrage constructeur par constructeur pour en vérifier la localisation !
L’ouvrage date la véritable naissance de l’automobile lyonnaise dans les années 1890. L’explosion de l’activité se produit au début du XXe siècle : « A la veille du premier conflit mondial, la région lyonnaise a consolidé sa place de second centre français de l’automobile et ce que l’on a appelé « l’école lyonnaise » est devenue synonyme de robustesse, de qualité et de sécurité. Certes, une sévère sélection s’est déjà effectuée parmi les constructeurs de la première heure. Il n’en reste pas moins en 1914 encore seize marques lyonnaises et une caladoise. ».
Si l’ouvrage signale une baisse du nombre de constructeurs automobiles dès avant la Première Guerre mondiale, il ne faut pas négliger le nombre et l’importance des fabricants d’accessoires, ateliers de mécanique, carrossiers qui fournissent des pièces aux constructeurs d’automobiles lyonnais, comme le soulignent les ouvrages Lyon en 1906 et Lyon 1906-1926, qui consacrent tous deux un chapitre à l’industrie automobile lyonnaise. D’autre part, le nombre de garages et de concessions s’est forcément accru avec le développement du marché de l’automobile.
Dans L'esprit d'un siècle : Lyon 1800-1914, vous trouverez un chapitre consacré aux Riches heures de l’automobile lyonnaise signé par la Fondation Berliet qui fournit quelques chiffres pour 1913-1914 à l'échelle de la ville : « en 1900, il existe dans la région plus de 50 constructeurs. (…) De nombreux constructeurs de la première heure vont disparaître, victimes de la sélection économique (…) cependant en 1913, il reste encore 15 marques lyonnaises (…). Essentiels à cette activité, les sous-traitants développent leurs fabrications au fur et à mesure des besoins (…) Une cinquantaine de carrossiers, certains à la réputation internationale, exerçaient encore en 1914. (…) Les garages nécessités par une clientèle de plus en plus large fleurissent également dans l’agglomération lyonnaise : le guide Michelin de 1914 en cite pour la seule ville de Lyon une quarantaine, dont beaucoup étaient en même temps agents commerciaux des constructeurs».
Nous n’avons pu consulter Les origines de l'industrie lyonnaise de l'automobile par Paul Melot (1944), actuellement conservé aux Archives départementales du Rhône. Peut-être y trouverez-vous des informations complémentaires.
Les annuaires-indicateurs Henry et Fournier peuvent également être des sources d’information profitables pour voir l’évolution de cette industrie au fil des années, mais les rubriques professionnelles ne distinguent pas non plus les arrondissements, ni même forcément le type d’activité pratiqué : l’entrée « voitures automobiles » de l’indicateur Henry de 1910 compte près d’une centaine d’entrées, mêlant constructeurs, succursales, garages de réparations, fournisseurs de pièces détachées… En 1923, l’entrée comprend plusieurs rubriques : fournisseurs, location de, réparateurs de, et un nombre d’entrées encore plus important, preuve que l’activité se développe.
La revue Rive gauche, qui s'intéresse à l'histoire des 3e, 6e, 7e et 8e arrondissements de Lyon, a publié une trentaine d’articles sur des constructeurs et pionniers de l’automobile à Lyon (voir la table des articles en ligne). Nous vous laissons le soin de les explorer.
Nous vous aurions bien conseillé de contacter l’association pour la promotion du patrimoine de Lyon 6ème (APPL6), qui a participé à l’édition du plan mentionné plus haut et d’un ouvrage sur le 6e arrondissement en 2018 mais les seules coordonnées que nous avons trouvé sont postales.
La Fondation Berliet possède quant à elle un fonds d’archives à explorer pour une recherche poussée.
A lire en complément : Les très riches heures de l’automobile lyonnaise, un article de la bibliothèque paru sur l’Influx en 2007.
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