Question d'origine :
Bonjour,
Je fais des recherches depuis un moment sur les causes d'hémorragie de la délivrance mais je ne trouve rien de clair.
Certaines carences ou autres sont parfois avancées sans étude à l'appui c'est pourquoi je viens solliciter votre aide !
Merci d'avance
Cordialement
Elodie
Réponse du Guichet
gds_ctp
- Département : Equipe du Guichet du Savoir
Le 04/11/2019 à 13h57
Bonjour,
Tout d’abord, nous vous rappelons que le Guichet du savoir ne peut se targuer d’aucune expertise dans le domaine médical, et qu’un médecin ou une sage-femme sera plus à même de répondre à vos questions. Ceci étant dit, voici ce que nous avons pu trouver :
Selon le document présentant les dernières prescriptions de OMS, « L’atonie utérine est la cause la plus fréquente d’HPP mais les traumatismes génitaux (les déchirures vaginales ou cervicales par exemple), la rupture utérine , la rétention de tissu placentaire ou les troubles de la coagulation chez la mère peuvent également en être à l’origine. Bien que la majorité des femmes qui présentent une HPP n’ont pas de facteurs de risque cliniques ni d’antécédents familiaux identifiables, la grande multiparité et les grossesses multiples sont associées à un risque accru d’hémorragie après l’accouchement. L’HPP peut être aggravée par une anémie préexistante. Dans ce cas, une perte sanguine en quantité plus faible peut malgré tout entraîner des séquelles cliniques indésirables. »
L’article des obstétriciens C. Deneux-Tharaux, M.-P. Bonnet, J. Tort, « Épidémiologie de l’hémorragie du post-partum », paru en 2014 dans le Journal de Gynécologie Obstétrique et Biologie de la Reproduction et disponible sur em-consulte.com, est plus précis :
«L’atonie utérine est la cause prépondérante d’HPP, responsable d’une proportion des cas allant de 50 à 80 % . Elle correspond à un défaut de contractilité de l’utérus après la naissance. Après la naissance de l’enfant, l’utérus se contracte afin d’assurer l’hémostase mécanique : la contraction utérine entraîne l’occlusion des artères restées béantes et permet de tarir le saignement. L’importance de la perte sanguine associée à la séparation et à la délivrance placentaire dépend de la rapidité avec laquelle le placenta se sépare de la paroi utérine et de l’efficacité de la contraction du muscle utérin autour du lit placentaire et des vaisseaux sanguins pendant et après cette séparation. En cas d’atonie utérine, cette hémostase mécanique ne se produit pas ou mal et entraîne un saignement abondant et potentiellement mortel. Une atonie utérine secondaire peut s’installer en cas d’HPP prolongée, quelle que soit sa cause, ce qui peut aussi expliquer la variabilité de la part de l’atonie utérine dans les séries rapportées d’HPP (selon que cette atonie secondaire est prise en compte ou non).
La rétention placentaire est en général la 2e cause d’HPP par ordre de fréquence, impliquée dans environ 10 à 30 % des cas, mais la distinction ou coexistence avec une atonie utérine n’est pas toujours claire.
Les plaies sont responsables de 15 à 20 % des HPP ; il peut s’agir de déchirures périnéales, vaginales ou cervicales (y compris l’épisiotomie) pour les HPP après accouchement par voie basse, et d’un saignement lié à l’hystérotomie ou provenant du décollement vésico-utérin dans le contexte de la césarienne. »
Enfin, les facteurs de risques les plus fréquents sont énumérés par la Haute autorité de santé dans le document « Recommandations pour la pratique clinique hémorragiques du post-partum immédiat » :
« Les facteurs de risque repérables avant la naissance et qui sont observés dans les études de mortalité et de morbidité obstétricales sont assez identiques, mais leur importance respective change selon les études et selon que l’on s’intéresse plutôt à la morbidité ou à la mortalité. Dans ces études, on retrouve presque constamment l’âge de la mère, l’origine ethnique, le statut marital, le niveau social et d’éducation, l’absence de suivi prénatal, l’existence d’une grossesse multiple, d’une pré-éclampsie, ainsi que l’existence d’une cicatrice utérine et/ou d’antécédents personnels et/ou obstétricaux à risque, notamment d’hémorragie du post-partum.
L’âge de la mère est reconnu comme l’un des facteurs les plus liés à la mortalité maternelle (de manière indépendante de la parité), y compris lorsque la cause en est l’hémorragie. Lorsqu’elle est étudiée par tranches croissantes d’âge maternel, la fréquence des décès par hémorragie suit exactement la même tendance que la fréquence des décès de toutes causes. Par rapport aux patientes de 25-29 ans qui peuvent être raisonnablement prises comme « niveau de référence » en France, on retiendra que le risque de décès par hémorragie est environ multiplié par trois lorsque les patientes ont plus de 35 ans, et par huit au-delà de 40 ans. Ces chiffres atteignent respectivement 5,2 et 12,9 si l’on prend le groupe des femmes de 20-24 ans pour référence.
[…]
Les conditions socio-économiques, le niveau d’accès aux soins et l’origine ethnique sont difficiles à étudier dans les enquêtes de mortalité [1]. Aux États-Unis, le fait de ne pas être de race blanche multiplie par trois le risque de mortalité maternelle, et ceci de manière totalement indépendante de l’âge ou de la période étudiée. D’autres études ont montré que le fait d’être de race noire augmente ce risque indépendamment de la parité, du niveau d’éducation et du statut marital.
Parmi les causes médicales de décès par hémorragie obstétricale « secondaire » (au sens où les AngloSaxons l’entendent, cf. supra), les plus graves semblent être celles qui sont en rapport avec un hématome rétro-placentaire, une rupture utérine et/ou un placenta praevia. Parmi les 12 décès observés dans la dernière enquête confidentielle anglaise par exemple, l’hémorragie fatale est secondaire à un hématome rétro-placentaire dans quatre cas et à un placenta praevia dans trois cas. L’hématome rétro-placentaire est difficilement prévisible, le risque de rupture utérine est lié à l’existence d’un utérus cicatriciel, mais garde également une fréquence faible et un caractère imprévisible. En revanche, le risque de placenta praevia augmente en même temps que le nombre de césariennes antérieures (passant de 0,3 % en l’absence de cicatrice à 10 % lorsque quatre césariennes ont été réalisées antérieurement). Surtout, la co-existence d’un utérus cicatriciel et d’un placenta praevia augmente le risque de placenta accreta de manière importante et linéaire, en fonction du nombre de césariennes antérieures (en présence d’un placenta praevia, ce risque passe de 5 % en l’absence de cicatrice, à 24 % lorsqu’il existe une cicatrice utérine, puis à 47 %, 40 % et même 67 % lorsqu’il existe deux, trois ou quatre cicatrices utérines antérieures, respectivement.
[…]
La réalisation d’une césarienne est connue depuis longtemps comme un facteur de risque de mortalité et de morbidité, en particulier de type hémorragique. Elle fait partie des facteurs sur lesquels on peut agir, notamment en ce qui concerne les césariennes dites « programmées » (avant travail). Néanmoins, il est de plus en plus clair que la part de responsabilité de la voie d’accouchement elle-même dans la mortalité est faible. D’une part, les césariennes avant travail participent de manière de plus en plus faible et à peine détectable à l’augmentation de la mortalité […] ; d’autre part, et même si les césariennes pendant le travail augmentent beaucoup le risque de mortalité, ce sont souvent les causes — ou les facteurs de risque — sous-jacents à la réalisation de ce geste qui sont les principaux facteurs de risque de mortalité. On a pu montrer en effet que la prise en compte de l’âge des patientes, de leur statut marital et/ou de l’existence ou non d’une prééclampsie faisaient pratiquement perdre leur degré de significativité aux différences observées antérieurement en termes de mortalité. Cela est certainement moins vrai pour la morbidité grave, puisque la fréquence des complications hémorragiques, infectieuses, thrombo-emboliques et des ré-hospitalisations se trouve significativement doublée en cas de césarienne, que le travail ait débuté ou non.
Enfin, certains auteurs ont étudié l’existence de facteurs organisationnels dans l’étude des facteurs de risque de morbidité ou de mortalité maternelle. Il n’est pas surprenant en effet de constater que le lieu d’accouchement joue un rôle dans la survenue de complications hémorragiques (maternité ou village dans les pays en voie de développement). »
Bonne journée.
Tout d’abord, nous vous rappelons que le Guichet du savoir ne peut se targuer d’aucune expertise dans le domaine médical, et qu’un médecin ou une sage-femme sera plus à même de répondre à vos questions. Ceci étant dit, voici ce que nous avons pu trouver :
Selon le document présentant les dernières prescriptions de OMS, « L’
L’article des obstétriciens C. Deneux-Tharaux, M.-P. Bonnet, J. Tort, « Épidémiologie de l’hémorragie du post-partum », paru en 2014 dans le Journal de Gynécologie Obstétrique et Biologie de la Reproduction et disponible sur em-consulte.com, est plus précis :
«
Les plaies sont responsables de 15 à 20 % des HPP ; il peut s’agir de déchirures périnéales, vaginales ou cervicales (y compris l’épisiotomie) pour les HPP après accouchement par voie basse, et d’un saignement lié à l’hystérotomie ou provenant du décollement vésico-utérin dans le contexte de la césarienne. »
Enfin, les facteurs de risques les plus fréquents sont énumérés par la Haute autorité de santé dans le document « Recommandations pour la pratique clinique hémorragiques du post-partum immédiat » :
« Les facteurs de risque repérables avant la naissance et qui sont observés dans les études de mortalité et de morbidité obstétricales sont assez identiques, mais leur importance respective change selon les études et selon que l’on s’intéresse plutôt à la morbidité ou à la mortalité. Dans ces études, on retrouve presque constamment l’âge de la mère, l’origine ethnique, le statut marital, le niveau social et d’éducation, l’absence de suivi prénatal, l’existence d’une grossesse multiple, d’une pré-éclampsie, ainsi que l’existence d’une cicatrice utérine et/ou d’antécédents personnels et/ou obstétricaux à risque, notamment d’hémorragie du post-partum.
L’âge de la mère est reconnu comme l’un des facteurs les plus liés à la mortalité maternelle (de manière indépendante de la parité), y compris lorsque la cause en est l’hémorragie. Lorsqu’elle est étudiée par tranches croissantes d’âge maternel, la fréquence des décès par hémorragie suit exactement la même tendance que la fréquence des décès de toutes causes. Par rapport aux patientes de 25-29 ans qui peuvent être raisonnablement prises comme « niveau de référence » en France, on retiendra que le risque de décès par hémorragie est environ multiplié par trois lorsque les patientes ont plus de 35 ans, et par huit au-delà de 40 ans. Ces chiffres atteignent respectivement 5,2 et 12,9 si l’on prend le groupe des femmes de 20-24 ans pour référence.
[…]
Les conditions socio-économiques, le niveau d’accès aux soins et l’origine ethnique sont difficiles à étudier dans les enquêtes de mortalité [1]. Aux États-Unis, le fait de ne pas être de race blanche multiplie par trois le risque de mortalité maternelle, et ceci de manière totalement indépendante de l’âge ou de la période étudiée. D’autres études ont montré que le fait d’être de race noire augmente ce risque indépendamment de la parité, du niveau d’éducation et du statut marital.
Parmi les causes médicales de décès par hémorragie obstétricale « secondaire » (au sens où les AngloSaxons l’entendent, cf. supra), les plus graves semblent être celles qui sont en rapport avec un hématome rétro-placentaire, une rupture utérine et/ou un placenta praevia. Parmi les 12 décès observés dans la dernière enquête confidentielle anglaise par exemple, l’hémorragie fatale est secondaire à un hématome rétro-placentaire dans quatre cas et à un placenta praevia dans trois cas. L’hématome rétro-placentaire est difficilement prévisible, le risque de rupture utérine est lié à l’existence d’un utérus cicatriciel, mais garde également une fréquence faible et un caractère imprévisible. En revanche, le risque de placenta praevia augmente en même temps que le nombre de césariennes antérieures (passant de 0,3 % en l’absence de cicatrice à 10 % lorsque quatre césariennes ont été réalisées antérieurement). Surtout, la co-existence d’un utérus cicatriciel et d’un placenta praevia augmente le risque de placenta accreta de manière importante et linéaire, en fonction du nombre de césariennes antérieures (en présence d’un placenta praevia, ce risque passe de 5 % en l’absence de cicatrice, à 24 % lorsqu’il existe une cicatrice utérine, puis à 47 %, 40 % et même 67 % lorsqu’il existe deux, trois ou quatre cicatrices utérines antérieures, respectivement.
[…]
La réalisation d’une césarienne est connue depuis longtemps comme un facteur de risque de mortalité et de morbidité, en particulier de type hémorragique. Elle fait partie des facteurs sur lesquels on peut agir, notamment en ce qui concerne les césariennes dites « programmées » (avant travail). Néanmoins, il est de plus en plus clair que la part de responsabilité de la voie d’accouchement elle-même dans la mortalité est faible. D’une part, les césariennes avant travail participent de manière de plus en plus faible et à peine détectable à l’augmentation de la mortalité […] ; d’autre part, et même si les césariennes pendant le travail augmentent beaucoup le risque de mortalité, ce sont souvent les causes — ou les facteurs de risque — sous-jacents à la réalisation de ce geste qui sont les principaux facteurs de risque de mortalité. On a pu montrer en effet que la prise en compte de l’âge des patientes, de leur statut marital et/ou de l’existence ou non d’une prééclampsie faisaient pratiquement perdre leur degré de significativité aux différences observées antérieurement en termes de mortalité. Cela est certainement moins vrai pour la morbidité grave, puisque la fréquence des complications hémorragiques, infectieuses, thrombo-emboliques et des ré-hospitalisations se trouve significativement doublée en cas de césarienne, que le travail ait débuté ou non.
Enfin, certains auteurs ont étudié l’existence de facteurs organisationnels dans l’étude des facteurs de risque de morbidité ou de mortalité maternelle. Il n’est pas surprenant en effet de constater que le lieu d’accouchement joue un rôle dans la survenue de complications hémorragiques (maternité ou village dans les pays en voie de développement). »
Bonne journée.
DANS NOS COLLECTIONS :
Ça pourrait vous intéresser :
Commentaires 0
Connectez-vous pour pouvoir commenter.
Se connecter