Question d'origine :
Bonjour
Je prépare actuellement le concours de plaidoirie des lycéen du Mémorial de Caen 2020. Mon sujet porte sur l'extraction du coltan en République Démocratique du Congo. Je souhaiterais obtenir des conseils de votre part pour bien préparer une plaidoirie mais également avoir quelques informations supplémentaires sur l'extraction du coltan. J'ai bien évidement lu le livre Blue Gold d'Elizabeth Stewart qui me sert pour l'instant de support.
Je vous remercie pour l'attention que vous porterez à mon mail ainsi qu'à la recherche de certaine information.
Cannelle26
Réponse du Guichet
gds_ctp
- Département : Equipe du Guichet du Savoir
Le 17/10/2019 à 15h17
Bonjour,
Le site Le Petit juriste donne une série de conseils de bon sens mais auxquels on ne pense pas toujours, comme couper votre portable, bien vous positionner pour être bien vu et entendu, etc. Vous pouvez compléter ces quelques conseils de lectures telles que :
- L'éloquence judiciaire [Livre] : préceptes et pratiques, grandes plaidoieries passées et contemporaines / dir. Anne Vibert
- Introduction à l'art de la plaidoirie [Livre] : verba volant / Pascal Créhange ; préface de Henri Leclerc
- Grandes plaidoiries et grands procès du XVe au XXe siècle [Livre] / sous la direction de Nicolas Corato
- Introduction à l'art de la plaidoirie [Livre] : verba volant / Pascal Créhange ; préface de Henri Leclerc
- A voix haute de Stéphane de Freitas et Ladj Ly
Sachez également que le Mémorial de Caen met en ligne les vidéos des concours de plaidoiries des années écoulées ! Il y a sans doute de quoi vous inspirer…
Il y a peu de sources surl’extraction et le commerce du coltan en français . D’après une page très claire du site de l’ONG Oxfam, le secteur se caractérise d’ailleurs par son opacité :
« L’organisation du secteur minier au Congo
Le secteur minier est un élément important de l’économie du Congo. En 2004, il a ainsi contribué à 86% des recettes d’exportation du pays. Il existe un secteur minier formel, dans lequel des entreprises (souvent multinationales) extraient selon des méthodes industrielles, avec une main d’œuvre salariée. Le secteurinformel est composé de petites mines (reconnue administrativement, possédant un minimum d’engins mécanisés et exploitant de façon quasi-industrielle un gisement de taille modeste) ou de mines artisanales, beaucoup plus répandues. L’exploitation artisanale est menée par des individus ou des petits groupes dans une démarche qui s’apparente à une cueillette opportuniste. On y exploite sans planification, de manière peu rationnelle, avec des méthodes et outils souvent rudimentaires.
Bien qu’un Code minier (cadre légal de l’industrie minière, adopté en 2002) tente de régulariser les activités, le secteur minier congolais est aujourd’hui essentiellement informel. Suite à l’arrêt des activités de la Gécamines, ancienne « vache à lait » du régime de Mobutu, en 1993, l’économie formelle (et les recettes fiscales de l’état qui vont avec) s’est effondrée. On a assisté à une informalisation des activités extractives. Aujourd’hui, les mines artisanales ou petites mines mobilisent plus d’un million de creuseurs. En y ajoutant leurs familles, souvent associées directement à l’activité, ce sont plus de 6 millions de congolais qui sont concernés par l’activité minière artisanale (15% de la population), ce qui en fait la plus grande activité économique après l’agriculture. Une activité essentielle dans une économie fragile et peu diversifiée… pour autant qu’elle garantisse aux mineurs une vie décente.
Le circuit complexe d’un minerai de coltan
Le circuit local et international du coltan est complexe et très opaque. Le chemin entre la mine et notre GSM est donc très difficile à retracer. Dans le Kivu, où l’extraction se fait essentiellement dans des mines artisanales, la chaîne rassemble un grand nombre d’intermédiaires.
Le chef d’équipe ou prospecteur-creuseur est un villageois, opérant sur une « concession » ou « carré de coltan » (souvent de petite taille, parfois quelques mètres carrés) qu’il a repérée dans une carrière ou une vallée formée par un ruisseau en forêt. Il dirige une équipe de creuseurs ou mineurs (voir plus bas). Le coltan est récolté dans des sacs et acheminé au village ou au camp à pied par des transporteurs (souvent des femmes). Au village, le coltan est présenté à un petit négociant qui paye selon la qualité du minerai (pourcentage de tantale qu’il contient). Parfois, celui-ci a sa propre équipe de creuseurs, il est alors appelé « PDG ». Le petit négociant ou PDG envoie sa marchandise par porteur (à pied ou en véhicule) vers un des centres miniers situés dans les différentes provinces, où elle est vendue à un négociant. Celui-ci a un rôle clé. Il achète localement le coltan en fonction des prix auxquels il escompte le vendre quelques jours plus tard dans les grandes villes, voire en fraude à l’étranger. Une agence de transport aérien embarque le coltan dans un avion-cargo à destination de la ville (Bukavu, Goma, Kigali, Kampala). Au retour, ces avions reviennent avec des produits manufacturés, de la nourriture, pour les négociants et les communautés locales. En ville, le coltan est vendu à un comptoir ou maison d’achat (« maison du coltan »), qui assure l’exportation, via descourtiers internationaux ou parfois illégalement vers le Rwanda ou l’Ouganda. A cette liste d’acteurs, il faut ajouter les nombreux militaires, miliciens et agents de l’état qui collectent des taxes.
Hors du pays, le tantale est raffiné sous forme de poudre et revendu aux sociétés de traitement qui en feront du fil, des plaques ou des rubans pour les utilisateurs finaux qui fabriquent les produits manufacturés… c’est-à-dire, après ce long parcours, notre GSM [notre téléphone portable] ! »
Le site portail-humanitaire.org, qui a également un angle d’approche très militant, a l’intérêt de rassembler de nombreuses sources militantes ou institutionnelles, bien que pas toujours très récents :
- « Enquête sur la route commerciale du coltan congolais » groupe de recherches sur les activités minières en Afrique (Grama), Enquête sur la route commerciale du coltan congolais mai 2003 ieim.uqam.ca (2003 !)
- « La guerre du coltan en RDC », travail de recherche réalisé dans le cadre du Master en Stratégie d’Intelligence Economique de l’Ecole de Guerre Ec, sur infoguerre.fr
- « Le pillage des ressources naturelles en RDC » sur ladocumentationfrancaise.fr
Ailleurs, on trouve également :
- « L'exploitation du coltan : un désastre pour l'homme, pour la nature et pour notre humanité », article de Wayataga sur blogs.mediapart.fr
- « De la mine au GSM, les six étapes édifiantes du Coltan », article sur sante-environnement.be (2011)
- « Ressources naturelles et conflits en Afrique subsaharienne (Natural resources and conflicts in Sub-Saharan Africa) », Roland Pourtier, Bulletin de l'Association de Géographes Français, 2012, lisible sur persee.fr
- Et, tout de même, un peu d’optimisme avec « En RDC, la lutte contre le trafic des « minerais de sang » s’améliore », article de Didier Julienne sur lemonde.fr
Si cette réponse contient surtout des liens internet, c’est que peu de livres ont paru sur la question, et encore moins intégré à notre catalogue… voici tout de même une courte bibliographie :
- RDC RÊVE OU ILLUSION ? Conflits et ressources naturelles en République Démocratique du Congo [Livre] /Samuel Solvit
- LE PRIX DU SANG EN RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO [Livre] / Georges Lazarre
- Minerais stratégiques [Livre] : enjeux africains / Apoli Bertrand Kameni
- Katanga business [Livre] / un livre de Thierry Michel ; textes Colette Braeckman, Isidore Ndaywel é Nziem, Jean-Louis Moreau et René Brion ; photographies Thierry Michel ; [préface d'Elikia M'Bokolo]
Bonne préparation et bonne chance pour le concours !
Le site Le Petit juriste donne une série de conseils de bon sens mais auxquels on ne pense pas toujours, comme couper votre portable, bien vous positionner pour être bien vu et entendu, etc. Vous pouvez compléter ces quelques conseils de lectures telles que :
- L'éloquence judiciaire [Livre] : préceptes et pratiques, grandes plaidoieries passées et contemporaines / dir. Anne Vibert
- Introduction à l'art de la plaidoirie [Livre] : verba volant / Pascal Créhange ; préface de Henri Leclerc
- Grandes plaidoiries et grands procès du XVe au XXe siècle [Livre] / sous la direction de Nicolas Corato
- Introduction à l'art de la plaidoirie [Livre] : verba volant / Pascal Créhange ; préface de Henri Leclerc
- A voix haute de Stéphane de Freitas et Ladj Ly
Sachez également que le Mémorial de Caen met en ligne les vidéos des concours de plaidoiries des années écoulées ! Il y a sans doute de quoi vous inspirer…
Il y a peu de sources sur
« L’organisation du secteur minier au Congo
Le secteur minier est un élément important de l’économie du Congo. En 2004, il a ainsi contribué à 86% des recettes d’exportation du pays. Il existe un secteur minier formel, dans lequel des entreprises (souvent multinationales) extraient selon des méthodes industrielles, avec une main d’œuvre salariée. Le secteurinformel est composé de petites mines (reconnue administrativement, possédant un minimum d’engins mécanisés et exploitant de façon quasi-industrielle un gisement de taille modeste) ou de mines artisanales, beaucoup plus répandues. L’exploitation artisanale est menée par des individus ou des petits groupes dans une démarche qui s’apparente à une cueillette opportuniste. On y exploite sans planification, de manière peu rationnelle, avec des méthodes et outils souvent rudimentaires.
Bien qu’un Code minier (cadre légal de l’industrie minière, adopté en 2002) tente de régulariser les activités, le secteur minier congolais est aujourd’hui essentiellement informel. Suite à l’arrêt des activités de la Gécamines, ancienne « vache à lait » du régime de Mobutu, en 1993, l’économie formelle (et les recettes fiscales de l’état qui vont avec) s’est effondrée. On a assisté à une informalisation des activités extractives. Aujourd’hui, les mines artisanales ou petites mines mobilisent plus d’un million de creuseurs. En y ajoutant leurs familles, souvent associées directement à l’activité, ce sont plus de 6 millions de congolais qui sont concernés par l’activité minière artisanale (15% de la population), ce qui en fait la plus grande activité économique après l’agriculture. Une activité essentielle dans une économie fragile et peu diversifiée… pour autant qu’elle garantisse aux mineurs une vie décente.
Le circuit complexe d’un minerai de coltan
Le circuit local et international du coltan est complexe et très opaque. Le chemin entre la mine et notre GSM est donc très difficile à retracer. Dans le Kivu, où l’extraction se fait essentiellement dans des mines artisanales, la chaîne rassemble un grand nombre d’intermédiaires.
Le chef d’équipe ou prospecteur-creuseur est un villageois, opérant sur une « concession » ou « carré de coltan » (souvent de petite taille, parfois quelques mètres carrés) qu’il a repérée dans une carrière ou une vallée formée par un ruisseau en forêt. Il dirige une équipe de creuseurs ou mineurs (voir plus bas). Le coltan est récolté dans des sacs et acheminé au village ou au camp à pied par des transporteurs (souvent des femmes). Au village, le coltan est présenté à un petit négociant qui paye selon la qualité du minerai (pourcentage de tantale qu’il contient). Parfois, celui-ci a sa propre équipe de creuseurs, il est alors appelé « PDG ». Le petit négociant ou PDG envoie sa marchandise par porteur (à pied ou en véhicule) vers un des centres miniers situés dans les différentes provinces, où elle est vendue à un négociant. Celui-ci a un rôle clé. Il achète localement le coltan en fonction des prix auxquels il escompte le vendre quelques jours plus tard dans les grandes villes, voire en fraude à l’étranger. Une agence de transport aérien embarque le coltan dans un avion-cargo à destination de la ville (Bukavu, Goma, Kigali, Kampala). Au retour, ces avions reviennent avec des produits manufacturés, de la nourriture, pour les négociants et les communautés locales. En ville, le coltan est vendu à un comptoir ou maison d’achat (« maison du coltan »), qui assure l’exportation, via descourtiers internationaux ou parfois illégalement vers le Rwanda ou l’Ouganda. A cette liste d’acteurs, il faut ajouter les nombreux militaires, miliciens et agents de l’état qui collectent des taxes.
Hors du pays, le tantale est raffiné sous forme de poudre et revendu aux sociétés de traitement qui en feront du fil, des plaques ou des rubans pour les utilisateurs finaux qui fabriquent les produits manufacturés… c’est-à-dire, après ce long parcours, notre GSM [notre téléphone portable] ! »
Le site portail-humanitaire.org, qui a également un angle d’approche très militant, a l’intérêt de rassembler de nombreuses sources militantes ou institutionnelles, bien que pas toujours très récents :
- « Enquête sur la route commerciale du coltan congolais » groupe de recherches sur les activités minières en Afrique (Grama), Enquête sur la route commerciale du coltan congolais mai 2003 ieim.uqam.ca (2003 !)
- « La guerre du coltan en RDC », travail de recherche réalisé dans le cadre du Master en Stratégie d’Intelligence Economique de l’Ecole de Guerre Ec, sur infoguerre.fr
- « Le pillage des ressources naturelles en RDC » sur ladocumentationfrancaise.fr
Ailleurs, on trouve également :
- « L'exploitation du coltan : un désastre pour l'homme, pour la nature et pour notre humanité », article de Wayataga sur blogs.mediapart.fr
- « De la mine au GSM, les six étapes édifiantes du Coltan », article sur sante-environnement.be (2011)
- « Ressources naturelles et conflits en Afrique subsaharienne (Natural resources and conflicts in Sub-Saharan Africa) », Roland Pourtier, Bulletin de l'Association de Géographes Français, 2012, lisible sur persee.fr
- Et, tout de même, un peu d’optimisme avec « En RDC, la lutte contre le trafic des « minerais de sang » s’améliore », article de Didier Julienne sur lemonde.fr
Si cette réponse contient surtout des liens internet, c’est que peu de livres ont paru sur la question, et encore moins intégré à notre catalogue… voici tout de même une courte bibliographie :
- RDC RÊVE OU ILLUSION ? Conflits et ressources naturelles en République Démocratique du Congo [Livre] /Samuel Solvit
- LE PRIX DU SANG EN RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO [Livre] / Georges Lazarre
- Minerais stratégiques [Livre] : enjeux africains / Apoli Bertrand Kameni
- Katanga business [Livre] / un livre de Thierry Michel ; textes Colette Braeckman, Isidore Ndaywel é Nziem, Jean-Louis Moreau et René Brion ; photographies Thierry Michel ; [préface d'Elikia M'Bokolo]
Bonne préparation et bonne chance pour le concours !
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