Question d'origine :
Bonjour,
La période du Ramadan glissant tout le long de l'année, et par ailleurs la période de Carême étant lié au cycle lunaire de la fin de l'hiver et du début du printemps, j'aimerais savoir :
- en quelles années précises l'Aïd et le jour de Pâques sont tombés le même jour au cours de l'histoire ?
- dans l'avenir, quand ce fait extraordinaire se reproduira-t-il ?
MERCI
Guillaume
Réponse du Guichet
bml_civ
- Département : Civilisation
Le 13/06/2019 à 16h30
Bonjour,
Sachant que les dates limites de Pâques sont le 22 mars et le 25 avril inclus pour les catholiques et les protestants, ou entre le 4 avril et le 8 mai du calendrier julien pour les chrétiens orthodoxes, que la fête de Pâques tombe nécessairement un dimanche, et que l’Aïd el Fitr (ou Petit Baïram selon le nom donné dans différents pays comme le Turquie) a lieu le 1er jour de Shawal (Chaououal), 10e mois du calendrier lunaire islamique suivant immédiatement le mois de Ramadan de 30 jours, la coïncidence entre ces fêtes chrétiennes et musulmanes devrait se limiter aux années où le Ramadan débute fin février, en mars et en avril. Si elle est même possible…
Pour commencer nous vous recommandons de vous plonger dans les différentes pages de l’excellent site deL'Institut de Mécanique céleste et de calcul des éphémérides (IMCCE) .
Vous y trouverez notamment,les différents types de calendriers , l’exposé du Pr Rocher de l’Observatoire de Paris concernant la détermination de la date de Pâques pour les chrétiens .
En voici quelques extraits :
« Selon les Évangiles (Matthieu, Marc et Luc) le Christ et les apôtres se réunirent le soir du 14 nisan (jeudi), le Christ fut condamné par Ponce Pilate et crucifié le lendemain (vendredi) et ressuscita le surlendemain (dimanche). Depuis le deuxième siècle, les premiers chrétiens commémorèrent différemment ces événements. Certains célébrèrent la passion du Christ le 14 nisan et furent qualifiés de « Quartodécimans », d’autres célébrèrent la résurrection du Christ, soit trois jours après Pessa’h, soit le dimanche après Pessa’h et d’autres (premières églises des Gaules) célébrèrent cette résurrection à date fixe : le jour de l’équinoxe de printemps des Romains (le 25 mars). On eut donc plusieurs dates différentes pour célébrer Pâques et ces dates (à l’exception du 25 mars) étaient liées à la date de la Pâque juive. Cette pratique changea à la suite du premier concile oecuménique qui se tint à Nicée (aujourd’hui Iznik en Turquie). Ce concile avait été réuni en 325 par l’Empereur Constantin Ier pour éviter un risque de schisme au sein de l’église chrétienne suite à l’apparition de l’arianisme dans l’église d’Alexandrie. C’est au cours de ce concile que les prélats auraient décidé de fixer la date de Pâques au premier dimanche qui suit le 14ème jour de la Lune qui atteint cet âge à l’équinoxe de printemps ou immédiatement après, l’équinoxe de printemps étant fixé au XII des Calendes d’avril (21 mars). »
« Supprimant le recours direct au calendrier hébraïque, la date de Pâques chrétienne n’en reste
pas moins tributaire du cycle lunaire (si l’on prend comme âge de la Lune le quantième du
mois lunaire, l’âge de la nouvelle Lune est 1, à l’époque on estimait que la pleine Lune était le
15e jour de la Lune, le 14ème jour de la Lune était donc la veille de la pleine Lune,), du cycle
solaire (pour l’équinoxe de printemps) et d’un cycle hebdomadaire avec le jour de la semaine
(dimanche). Les chrétiens vont devoir établir un calendrier luni-solaire qui ne va servir qu’à la
détermination de la date de Pâques. Le calcul de la date de Pâques est un problème de concordance entre ce calendrier luni-solaire et le calendrier julien. Ce problème se résout en
trois temps : trouver les débuts des mois lunaires proches de l’équinoxe de printemps,
regarder si le 14ème jour de ce mois tombe le 21 mars ou après et trouver le premier dimanche qui lui succède. »
« Le comput est donc un calendrier perpétuel luni-solaire. La Lune du comput n’est donc pas la vraie Lune mais une Lune fictive qui porte le nom de Lune ecclésiastique ou de Lune pascale. Les dates limites de Pâques sont le 22 mars et le 25 avril inclus. »
Le comput dionysien porte également le nom de comput julien.
Différentes formules mathématiques permirent donc de calculer la date de Pâques jusqu’à la fin du XVIe siècle. Cependant les imperfections de ce comput conduisirent à la réforme grégorienne et à un nouveau comput.
La réforme grégorienne de 1582 va aboutir à une modification du calendrier solaire avec l’abandon du calendrier julien et l’adoption du calendrier grégorien avec une suppression de 10 jours au cours de l’année 1582.
Toutefois le calendrier lunaire perpétuel du comput grégorien n’est pas un très bon calendrier lunaire, et il faut limiter son usage au calcul de la date de Pâques.
L’article se termine par une note tout à fait positive :
« Le calcul pascal étant issu d’un calendrier perpétuel il est possible de construire des systèmes mécaniques permettant de connaître les éléments du comput et la date de Pâques. C’est le cas des nombreuses horloges astronomiques (Strasbourg, Lyon, Copenhague). »
Quoi qu’il en soit vous trouverez sur le site de l’IMCCE un formulaire vous permettant de calculerles dates des fêtes religieuses juives, chrétiennes et musulmanes du calendrier grégorien entre 1945 et 2050.
Pour la date de Pâques entre 325 et 2500 vous pouvez vous reporter àce comput : pour les années antérieures à la réforme grégorienne : on donne la date de Pâques julienne, dans le calendrier julien. Pour les années postérieures à la réforme grégorienne (après 1582) : on donne la date de Pâques grégorienne dans le calendrier grégorien, c'est la date utilisée par l'église catholique depuis 1583, puis on donne la date de Pâques julienne, dans le calendrier julien et le calendrier grégorien, cette date étant encore utilisée de nos jours par certaines églises orthodoxes.
Qu’en est-il pour le calendrier des musulmans ?
« Au temps du Prophète (VIIe siècle), un jour de jeûne (l'Achoura) avait d’abord lieu pendant la même période que le jeûne juif de Yom Kippour, avant que des brouilles entre les deux communautés ne poussent Mahomet à choisir un autre temps d’abstinence, plus étendu et plus contraignant. C’est, depuis, ramadan, le neuvième mois du calendrier lunaire musulman. » inLe Monde des religions .
Sur le site de l’IMCCE, la rubrique générique consacrée aux différents calendriers nous apporte les informations suivantes :
« Le calendrier hégirien ou calendrier « musulman ». Le calendrier perpétuel utilisé par les musulmans porte le nom de calendrier hégirien. Il est le seul calendrier purement lunaire en usage de nos jours. Il est basé sur le cycle de 11 années abondantes de 355 jours sur une période de 30 années. Les années dont le rang est 2, 5, 7, 10, 13, 16, 18, 21, 24, 26, 29 sont les années abondantes. Le jour commence le soir au coucher du Soleil. À l’origine, le calendrier utilisé par les tribus arabes était luni-solaire et comportait un treizième mois intercalaire appelé nasî. Peu de temps avant sa mort, le Prophète interdit l'usage du mois intercalaire donnant ainsi au calendrier son caractère purement lunaire (sourate IX, versets 36 et 37). Le calendrier sera élaboré à posteriori par le second Calife Omar (634-644) dans les années 638-640 A.D. Il fit remonter le début du cycle de trente ans au 16 juillet 622 A.D. et définit ainsi l’ère de l'Hégire (de l’arabe hidjra) à l’origine du nom du calendrier. (…) Les douze mois ont alternativement 30 et 29 jours, le dernier mois ayant 30 jours les années abondantes. (…). Ce calendrier est un calendrier perpétuel ; dans la pratique les musulmans utilisent pour déterminer le début d’un nouveau mois la visibilité du premier croissant de Lune, c’est le cas notamment pour le début et la fin du mois de Ramadan. Par cette pratique le calendrier redevient un calendrier d’observation, avec ses avantages : il suffit d’observer le croissant de Lune pour savoir que le mois a commencé, et ses inconvénients : le calendrier devient un calendrier local avec des décalages d’un ou deux jours en fonction de votre lieu d’observation (nuit du doute). De plus le principe de visibilité du premier croissant de Lune pour définir le début du mois est facilement praticable toute l’année aux faibles latitudes et dans les régions bénéficiant d’un ciel dégagé. Le problème devient plus complexe, voire impossible, lorsque l’on atteint les hautes latitudes ; notamment au-dessus des cercles polaires où la nouvelle Lune peut ne pas se lever (nuit polaire) ou ne pas se coucher (jour polaire). »
En utilisant les différents formulaires de calcul de L'Institut de Mécanique céleste et de calcul des éphémérides (IMCCE) nous n’avons pas trouvé de dimanche compris entre le 22 mars et le 25 avril inclus pour cette fête musulmane (le 4 avril et le 8 mai si l’on inclut les orthodoxes) jusqu’en 2050. Il n’y aura donc pas de date commune avec Pâques (catholique) ou Pâque (orthodoxe) pendant ce laps de temps.
Si le début du mois de Chaououal, et donc le jour de l’Aïd el Fitr, est lié à l’apparition du premier croissant de lune dans le ciel, peut-il arriver que celui-ci tombe le même jour que le dimanche de Pâques, si « dans le comput grégorien, une lunaison (de 29 jours) peut commencer le 7 mars et, son quatorzième jour étant le 20 mars, la lune pascale est la suivante, qui commence le 5 avril; si le 18 avril est un dimanche, Pâques tombe le dimanche suivant. » ?
Nous vous laissons le soin d’utiliser les tableaux et autres computs présentés dans le site abondamment mentionné ici pour trancher cette question.
Bons calculs !
Sachant que les dates limites de Pâques sont le 22 mars et le 25 avril inclus pour les catholiques et les protestants, ou entre le 4 avril et le 8 mai du calendrier julien pour les chrétiens orthodoxes, que la fête de Pâques tombe nécessairement un dimanche, et que l’Aïd el Fitr (ou Petit Baïram selon le nom donné dans différents pays comme le Turquie) a lieu le 1er jour de Shawal (Chaououal), 10e mois du calendrier lunaire islamique suivant immédiatement le mois de Ramadan de 30 jours, la coïncidence entre ces fêtes chrétiennes et musulmanes devrait se limiter aux années où le Ramadan débute fin février, en mars et en avril. Si elle est même possible…
Pour commencer nous vous recommandons de vous plonger dans les différentes pages de l’excellent site de
Vous y trouverez notamment,
En voici quelques extraits :
« Selon les Évangiles (Matthieu, Marc et Luc) le Christ et les apôtres se réunirent le soir du 14 nisan (jeudi), le Christ fut condamné par Ponce Pilate et crucifié le lendemain (vendredi) et ressuscita le surlendemain (dimanche). Depuis le deuxième siècle, les premiers chrétiens commémorèrent différemment ces événements. Certains célébrèrent la passion du Christ le 14 nisan et furent qualifiés de « Quartodécimans », d’autres célébrèrent la résurrection du Christ, soit trois jours après Pessa’h, soit le dimanche après Pessa’h et d’autres (premières églises des Gaules) célébrèrent cette résurrection à date fixe : le jour de l’équinoxe de printemps des Romains (le 25 mars). On eut donc plusieurs dates différentes pour célébrer Pâques et ces dates (à l’exception du 25 mars) étaient liées à la date de la Pâque juive. Cette pratique changea à la suite du premier concile oecuménique qui se tint à Nicée (aujourd’hui Iznik en Turquie). Ce concile avait été réuni en 325 par l’Empereur Constantin Ier pour éviter un risque de schisme au sein de l’église chrétienne suite à l’apparition de l’arianisme dans l’église d’Alexandrie. C’est au cours de ce concile que les prélats auraient décidé de fixer la date de Pâques au premier dimanche qui suit le 14ème jour de la Lune qui atteint cet âge à l’équinoxe de printemps ou immédiatement après, l’équinoxe de printemps étant fixé au XII des Calendes d’avril (21 mars). »
« Supprimant le recours direct au calendrier hébraïque, la date de Pâques chrétienne n’en reste
pas moins tributaire du cycle lunaire (si l’on prend comme âge de la Lune le quantième du
mois lunaire, l’âge de la nouvelle Lune est 1, à l’époque on estimait que la pleine Lune était le
15e jour de la Lune, le 14ème jour de la Lune était donc la veille de la pleine Lune,), du cycle
solaire (pour l’équinoxe de printemps) et d’un cycle hebdomadaire avec le jour de la semaine
(dimanche). Les chrétiens vont devoir établir un calendrier luni-solaire qui ne va servir qu’à la
détermination de la date de Pâques. Le calcul de la date de Pâques est un problème de concordance entre ce calendrier luni-solaire et le calendrier julien. Ce problème se résout en
trois temps : trouver les débuts des mois lunaires proches de l’équinoxe de printemps,
regarder si le 14ème jour de ce mois tombe le 21 mars ou après et trouver le premier dimanche qui lui succède. »
« Le comput est donc un calendrier perpétuel luni-solaire. La Lune du comput n’est donc pas la vraie Lune mais une Lune fictive qui porte le nom de Lune ecclésiastique ou de Lune pascale. Les dates limites de Pâques sont le 22 mars et le 25 avril inclus. »
Le comput dionysien porte également le nom de comput julien.
Différentes formules mathématiques permirent donc de calculer la date de Pâques jusqu’à la fin du XVIe siècle. Cependant les imperfections de ce comput conduisirent à la réforme grégorienne et à un nouveau comput.
Toutefois le calendrier lunaire perpétuel du comput grégorien n’est pas un très bon calendrier lunaire, et il faut limiter son usage au calcul de la date de Pâques.
L’article se termine par une note tout à fait positive :
« Le calcul pascal étant issu d’un calendrier perpétuel il est possible de construire des systèmes mécaniques permettant de connaître les éléments du comput et la date de Pâques. C’est le cas des nombreuses horloges astronomiques (Strasbourg, Lyon, Copenhague). »
Quoi qu’il en soit vous trouverez sur le site de l’IMCCE un formulaire vous permettant de calculer
Pour la date de Pâques entre 325 et 2500 vous pouvez vous reporter à
Qu’en est-il pour le calendrier des musulmans ?
« Au temps du Prophète (VIIe siècle), un jour de jeûne (l'Achoura) avait d’abord lieu pendant la même période que le jeûne juif de Yom Kippour, avant que des brouilles entre les deux communautés ne poussent Mahomet à choisir un autre temps d’abstinence, plus étendu et plus contraignant. C’est, depuis, ramadan, le neuvième mois du calendrier lunaire musulman. » in
Sur le site de l’IMCCE, la rubrique générique consacrée aux
« Le calendrier hégirien ou calendrier « musulman ». Le calendrier perpétuel utilisé par les musulmans porte le nom de calendrier hégirien. Il est le seul calendrier purement lunaire en usage de nos jours. Il est basé sur le cycle de 11 années abondantes de 355 jours sur une période de 30 années. Les années dont le rang est 2, 5, 7, 10, 13, 16, 18, 21, 24, 26, 29 sont les années abondantes. Le jour commence le soir au coucher du Soleil. À l’origine, le calendrier utilisé par les tribus arabes était luni-solaire et comportait un treizième mois intercalaire appelé nasî. Peu de temps avant sa mort, le Prophète interdit l'usage du mois intercalaire donnant ainsi au calendrier son caractère purement lunaire (sourate IX, versets 36 et 37). Le calendrier sera élaboré à posteriori par le second Calife Omar (634-644) dans les années 638-640 A.D. Il fit remonter le début du cycle de trente ans au 16 juillet 622 A.D. et définit ainsi l’ère de l'Hégire (de l’arabe hidjra) à l’origine du nom du calendrier. (…) Les douze mois ont alternativement 30 et 29 jours, le dernier mois ayant 30 jours les années abondantes. (…). Ce calendrier est un calendrier perpétuel ; dans la pratique les musulmans utilisent pour déterminer le début d’un nouveau mois la visibilité du premier croissant de Lune, c’est le cas notamment pour le début et la fin du mois de Ramadan. Par cette pratique le calendrier redevient un calendrier d’observation, avec ses avantages : il suffit d’observer le croissant de Lune pour savoir que le mois a commencé, et ses inconvénients : le calendrier devient un calendrier local avec des décalages d’un ou deux jours en fonction de votre lieu d’observation (nuit du doute). De plus le principe de visibilité du premier croissant de Lune pour définir le début du mois est facilement praticable toute l’année aux faibles latitudes et dans les régions bénéficiant d’un ciel dégagé. Le problème devient plus complexe, voire impossible, lorsque l’on atteint les hautes latitudes ; notamment au-dessus des cercles polaires où la nouvelle Lune peut ne pas se lever (nuit polaire) ou ne pas se coucher (jour polaire). »
En utilisant les différents formulaires de calcul de L'Institut de Mécanique céleste et de calcul des éphémérides (IMCCE) nous n’avons pas trouvé de dimanche compris entre le 22 mars et le 25 avril inclus pour cette fête musulmane (le 4 avril et le 8 mai si l’on inclut les orthodoxes) jusqu’en 2050. Il n’y aura donc pas de date commune avec Pâques (catholique) ou Pâque (orthodoxe) pendant ce laps de temps.
Si le début du mois de Chaououal, et donc le jour de l’Aïd el Fitr, est lié à l’apparition du premier croissant de lune dans le ciel, peut-il arriver que celui-ci tombe le même jour que le dimanche de Pâques, si « dans le comput grégorien, une lunaison (de 29 jours) peut commencer le 7 mars et, son quatorzième jour étant le 20 mars, la lune pascale est la suivante, qui commence le 5 avril; si le 18 avril est un dimanche, Pâques tombe le dimanche suivant. » ?
Nous vous laissons le soin d’utiliser les tableaux et autres computs présentés dans le site abondamment mentionné ici pour trancher cette question.
Bons calculs !
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