Question d'origine :
Bonjour,
1/ - Est-il exact, que jadis, à Lyon, traditionnellement les contrats d'affaires étaient signés à même la nappe de la table des restaurants et bouchons ?
- Si oui, quelle est l'origine de cette coutume et était-elle spécifique à Lyon ?
2/ Est-il exact que Guignol buvait du Julienas ?
Réponse du Guichet
gds_alc
- Département : Equipe du Guichet du Savoir
Le 16/04/2019 à 08h26
Bonjour,
Nous ne savons si les « contrats étaient signés à même la natte » mais il est vrai que les discussions d’affaire se déroulaient dans ces lieux. Dans une réponse précédente, portant sur la gastronomie lyonnaise, nous indiquions que « Si de nos jours le bouchon est un restaurant où l’on peut déguster des spécialités lyonnaises, à l’origine, le terme désigne un lieu où l’on peut « mâchonner ». Au XIXe siècle, les canuts, qui commencent très tôt leur journée, organisent des sortes de « casse-croûte » vers 9 ou 10h : les mâchons. Il ne s’agit pas d’un repas à proprement parlé, mais d’un en-cas, souvent composé des restes de la veille et qui se prenait en dehors des restaurants traditionnels, dans un bistrot, un marchand de vin ou à l’atelier des canuts.Partagés entre hommes, ils étaient souvent prétextes à parler affaire entre les différents acteurs du milieu de la soie. On peut considérer que les mâchons sont définitivement rentrés dans la tradition lyonnaise lors de la fondation des Halles de Lyon aux Cordeliers (à l’emplacement de l’actuel parking des Cordeliers). Depuis le XIXe siècle, l’organisation du travail a évoluée mais le mâchon se pratique encore dans certains restaurants».
De même, dans Les vénérables Mères Lyonnaises: Guy, Brigousse, La Mélie, Fillioux ..., Bernard Boucheix relève que « C’est donc dans « Les Bouchons lyonnais », du temps de Mme Bizolon que l’onse rencontre, que l’on discute, que l’on traite ses affaires aussi modestes soient-elles et que l’on va faire avancer ses idées. C’est tout le peuple qui fréquente les débits de boissons qui caractérise l’univers de « La Mère bozon ».
Quant à Guignol, Paul Fournel, dont nous ne citons ici que quelques extraits (p. 143-144) s’intéresse dans L’histoire véritable de Guignol au vin et à sa symbolique :
« La région lyonnaise est une région vinicole de première importance. La tradition du bien manger et du bien boire est fondamentale. Tout est prétexte à s’abreuver, les réconciliations, bien sûr ( la plupart des pièces finissent en « mâchon » et chansons), les retrouvailles et les colères aussi : Je suis en colère, Louison, va me chercher du vin ». Il n’y a pratiquement pas une pièce du répertoire qui ne pourrait nous fournir d’exemple (…) Pour eux Gnafron est « naturellement » alcoolique comme il est « naturellement » savetier. Nous disons à dessein Gnafron seulement car Guignol ne boira plus ou beaucoup moins à cause de sa dignité de héros modèle fraîchement inventée (…) il ne faut pas perdre de vue, d’abord, que le Guignol est un spectacle de café-théâtre, l’apologie du vin fait partie de tout un contexte publicitaire. Elle est certainement souhaitée par le patron …. Et par les consommateurs qui sont là pour boire eux aussi ».
Dans La Lyonnitude : dictionnaire historique et critique, Bruno Benoit mentionne que :
« Guignol est, comme son costume l’indique, un canut. Il ne peut donc vivre que difficilement de son travail, car le marchand-fabricant le paye mal et les commandes sont rares. Vivant sur les pentes de la Croix-Rousse, il est le contemporain des révoltes des canuts de la première moitié du XIXe siècle (…) il aime à fréquenter le cabaret pour y boire un verre de Beaujolais avec son ami le truculent et rubicon savetier gnafron … «
De nombreux ouvrages traitent du vin dans les représentations de Guignol. En revanche, seuls quelques-uns citent clairement le Juliénas. Il en est ainsi de Louis Jacquemin dans A la rencontre de Guignol :
« mais quand ça va mal, et qu’il se console devant un pot de Juliénas, elle le traite de « pilier de cabaret … sac à vin … gueusard ! … », Elle hait Ganfron, ce boit-sans-soif, toujours prêt à entraîner son mari … »
Paul Brunet écrit dans Le vin et les vins au restaurant: Edition mise à jour :
«Le Juliénas est très prisé des Lyonnais. L’explication en serait la suivante :dans les représentations de Guignol (institution lyonnaise), Gnafron, l’un des principaux personnages, faisait souvent allusion à ce vin ».
Dans une source de 1944, Lucien Farnoux-Reynaud
Abordant L'aventure comique: ou, Molière sans littérateurs constatait aussi : « Mascarille et Scapin n’auraient-ils pas été élevés, comme guignol, au Juliénas, vin dont le célèbre Gnafron va chercher des sources jusque dans le Sahara ? ».
Pour conclure là-dessus, Henri Béaud a consacré un ouvrage : Autour de Guignol : La bataille de Juliénas.
Nous ne savons si les « contrats étaient signés à même la natte » mais il est vrai que les discussions d’affaire se déroulaient dans ces lieux. Dans une réponse précédente, portant sur la gastronomie lyonnaise, nous indiquions que « Si de nos jours le bouchon est un restaurant où l’on peut déguster des spécialités lyonnaises, à l’origine, le terme désigne un lieu où l’on peut « mâchonner ». Au XIXe siècle, les canuts, qui commencent très tôt leur journée, organisent des sortes de « casse-croûte » vers 9 ou 10h : les mâchons. Il ne s’agit pas d’un repas à proprement parlé, mais d’un en-cas, souvent composé des restes de la veille et qui se prenait en dehors des restaurants traditionnels, dans un bistrot, un marchand de vin ou à l’atelier des canuts.
De même, dans Les vénérables Mères Lyonnaises: Guy, Brigousse, La Mélie, Fillioux ..., Bernard Boucheix relève que « C’est donc dans « Les Bouchons lyonnais », du temps de Mme Bizolon que l’on
Quant à Guignol, Paul Fournel, dont nous ne citons ici que quelques extraits (p. 143-144) s’intéresse dans L’histoire véritable de Guignol au vin et à sa symbolique :
« La région lyonnaise est une région vinicole de première importance. La tradition du bien manger et du bien boire est fondamentale. Tout est prétexte à s’abreuver, les réconciliations, bien sûr ( la plupart des pièces finissent en « mâchon » et chansons), les retrouvailles et les colères aussi : Je suis en colère, Louison, va me chercher du vin ». Il n’y a pratiquement pas une pièce du répertoire qui ne pourrait nous fournir d’exemple (…) Pour eux Gnafron est « naturellement » alcoolique comme il est « naturellement » savetier. Nous disons à dessein Gnafron seulement car Guignol ne boira plus ou beaucoup moins à cause de sa dignité de héros modèle fraîchement inventée (…) il ne faut pas perdre de vue, d’abord, que le Guignol est un spectacle de café-théâtre, l’apologie du vin fait partie de tout un contexte publicitaire. Elle est certainement souhaitée par le patron …. Et par les consommateurs qui sont là pour boire eux aussi ».
Dans La Lyonnitude : dictionnaire historique et critique, Bruno Benoit mentionne que :
« Guignol est, comme son costume l’indique, un canut. Il ne peut donc vivre que difficilement de son travail, car le marchand-fabricant le paye mal et les commandes sont rares. Vivant sur les pentes de la Croix-Rousse, il est le contemporain des révoltes des canuts de la première moitié du XIXe siècle (…) il aime à fréquenter le cabaret pour y boire un verre de Beaujolais avec son ami le truculent et rubicon savetier gnafron … «
De nombreux ouvrages traitent du vin dans les représentations de Guignol. En revanche, seuls quelques-uns citent clairement le Juliénas. Il en est ainsi de Louis Jacquemin dans A la rencontre de Guignol :
«
Paul Brunet écrit dans Le vin et les vins au restaurant: Edition mise à jour :
«Le Juliénas est très prisé des Lyonnais. L’explication en serait la suivante :
Dans une source de 1944, Lucien Farnoux-Reynaud
Abordant L'aventure comique: ou, Molière sans littérateurs constatait aussi : « Mascarille et Scapin n’auraient-ils pas été élevés, comme guignol, au Juliénas, vin dont le célèbre Gnafron va chercher des sources jusque dans le Sahara ? ».
Pour conclure là-dessus, Henri Béaud a consacré un ouvrage : Autour de Guignol : La bataille de Juliénas.
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