Question d'origine :
Bonjour,
J'aimerai étayer une réflexion relative à la pratique artistique du dessin d’après modèle (nu).
C'est une pratique qui a tendance à être reléguée au second plan dans les écoles d'art, car "trop académique". Cependant certains artiste contemporain la place au centre de leur travail: Lucian Freud, Jenny Saville...(Je me concentre sur le dessin mais la recherche peut englober les domaines de la peintures et de la sculpture.)
Quelle est son histoire? Quelle est sa place aujourd'hui dans la vie de l'artiste, dans le monde de l'art contemporain, dans la société? (Qu'est-ce que académisme en art?)
Toutes pistes sera la bienvenue.
Merci d'avance!
Réponse du Guichet
gds_alc
- Département : Equipe du Guichet du Savoir
Le 20/03/2019 à 13h38
Bonjour,
Commençons tout d’abord par revenir sur le fondement du dessin d’après modèle.
Dans l’article Dessiner d’après le modèle à l’Académie de Marseille, Nelly Vi-Tong Nelly rappelle que «Depuis la fondation de la première Académie d’art à Florence en 1563, le dessin d’après le modèle vivant occupe une place essentielle dans la formation artistique . Ces études, exécutées à partir « d’un homme nu », « placé dans une attitude d’action & de vigueur » se nomment « académies ». À partir de 1582, ce sont les Carrache qui développent et popularisent cet exercice à Bologne, au sein de l’Accademia dei Desiderosi, devenue en 1590 l’Accademia degli Incamminati. Là, ils revendiquent un enseignement fondé sur l’observation directe de la nature. Cette pratique se répand dans de nombreux ateliers (Vouet à Paris) ou académies privées (Dominiquin à Rome). Elle est reprise par l’Académie royale de peinture et de sculpture de Paris, créée en 1648, qui s’arroge le privilège exclusif de poser ou d’autoriser la pose du modèle vivant . Les lettres patentes du 22 décembre 1676, permettent aux provinces d’entretenir des écoles « sous la protection de l’Académie royale » et imposent un premier règlement. Cependant, les quelques établissements créés à la fin du xvii e siècle n’ont qu’une brève existence, faute de soutien et de moyens. Une seconde génération d’écoles de dessin et d’académies d’art se développe dès les années 1750. La plupart de ces institutions, soutenues par les autorités locales – municipalités, ou États – incluent dans leur enseignement l’étude du modèle vivant … »
Pour compléter ces premières informations, nous vous renvoyons vers l’ouvrage de Renaud d’Enfert, L'enseignement du dessin en France: figure humaine et dessin géométrique (1750-1850) ainsi que celui de Martial Guédron De chair et de marbre: Imiter et exprimer le nu en France (1745-1815) présenté par Stéphane Roy sur persée et dont voici un bref résumé : « Quand on examine l'évolution artistique en Europe au cours de la deuxième moitié du XVIIIe siècle, on s'aperçoit que le nouveau classicisme austère et didactique, expression du rationalisme critique des Lumières, a placé le problème des représentations du corps et plus spécifiquement de la figure nue au cœur de débats théoriques fondamentaux. Chez tous les auteurs pour lesquels le goût, dépravé dans les arts consistait à préférer le précieux et. l'affecté au beau simple et naturel, le nu héroïque a largement participé au rejet de l'illusionnisme, de l'artifice, de l'ornement et de l'insouciance hédoniste. Centré sur la formation des artistes au sein de l'institution académique, cet ouvrage ne se contente pas de rappeler que l'étude d'après nature y était considérée comme le fondement de la représentation figurée, il situe la question de l'imitation et de l'expression, du modèle vivant: dans une perspective anthropologique et culturelle renouvelée. Traités scientifiques et para-scientifiques, méthodes de dessin, discours et écrits d'une histoire de l'art et d'une critique :alors naissantes éclairent la manière dont le nu a pu tout à la fois être théorisé dans la pratique et l'enseignement, incarné dans l'iconographie et sublimé par l'idéal ».
Par ailleurs, le Musée Rodin a constitué un dossier documentaire dans lequel il est « question du dessin dans la formation des artistes. Panorama sur la formation des artistes jusqu’en 1863 »
Vous pourriez aussi jeter un coup d’œil au catalogue d’exposition L'académie mise à nu : l'École du modèle à l'Académie royale de peinture et de sculpture : exposition, Paris, Ecole nationale supérieure des beaux-arts, 26 octobre 2009-29 janvier 2010, sous la direction de Emmanuelle Brugerolles : « Une présentation d'une sélection d'une trentaine d'académies, c'est-à-dire des dessins d'après modèles vivants, d'artistes exécutées entre 1664 et 1793. Les recherches menées ont permis de porter un regard neuf sur l'exercice de la pose, ses règles, ses modalités et surtout de mettre un nom sur les visages de ces modèles oubliés ».
Citons également :
• Figures du corps: une leçon d'anatomie aux Beaux-Arts : exposition, Paris, Ecole nationale supérieure des beaux-arts, 21 octobre 2008-4 janvier 2009 / sous la direction de Philippe Comar, 2009.
• Portraits de femmes : artistes et modèles à l'époque de Marie-Antoinette / Olivier Blanc, 2006 : Cet ouvrage répertorie, pour la première fois, l'intégralité des portraits peints, dessinés, sculptés et gravés de la reine Marie-Antoinette, des princesses, des favorites et des actrices de théâtre et d'opéra de la fin du XVIIIe siècle. Avec une érudition sans faille, au prix d'un long travail de recherche, en s'appuyant sur les estampes anciennes, les archives et les mémorialistes, l'auteur restitue le fascinant panorama iconographique des femmes riches et célèbres des temps pré-révolutionnaires et révolutionnaires, précisément celles qui ont posé pour les artistes de renom, de jean-Honoré Fragonard à Élisabeth Vigée-Lebrun, de Constance Mayer à François Gérard et bien d'autres. Beaucoup de ces portraits féminins, particulièrement s'ils étaient destinés à être exposés dans l'un ou l'autre des salons de peinture, largement diffusés par la gravure et livrés à la critique, ont constitué des instruments de communication subtils. Qu'elles soient mondaines, professionnelles ou politiques, ces " stratégies d'images " ont -ainsi le souligne Olivier Blanc - participé avec plus ou moins de bonheur à la construction d'une réputation. Par sa richesse iconographique et son originalité, cet ouvrage, le premier dans le genre, aide à distinguer un " portrait d'ancêtre " d'une ceuvre d'art. Il tend surtout à réhabiliter un genre artistique toujours aussi peu considéré mais que, en leur temps, ne dédaignaient pas les plus grands peintres, de Léonard de Vinci à Ingres et Van Gogh ».
• Benhamou Reed. Art et utilité : les écoles de dessin de Grenoble et de Poitiers, Dix-huitième Siècle, n°23, 1991. Physiologie et médecine. pp. 421-434.
• Dutboy Jean-Jacques, Oursel Hervé, L'enseignement à l'Académie des Arts de Lille au XVIIIe siècle (A propos d'un album de dessins de la Bibliothèque municipale de Lille),, Revue du Nord, tome 71, n°281, Avril-juin 1989. pp. 377-399.
Le traitement de votre deuxième problématique s’avère plus complexe et nous n’avons pas trouvé d’études qui portaient spécifiquement sur ce sujet. Il est vrai que, dans l’art contemporain, le dessin d’après modèle, a été largement supplanté par la photographie, la vidéo et plus largement les performances. Ceci étant dit, lire des ouvrages portant soit sur le dessin dans l’art contemporain soit le traitement du corps ou la représentation du nu vous permettront d’étayer votre réflexion.
Nous commencerions par parcourir L'art caché: Les dissidents de l'art contemporain - Des révélations inédites de Aude de Kerros.
Le dossier du Centre Pompidou sur le corps dans l’œuvre.
Sur le corps mentionnons aussi :
• L'art et le corps / [avant-propos Jennifer Blessing] ; [traduction de l'anglais Jeanne Maylin et Emmanuelle Urien], 2016 : « L’art vu à travers le prisme du corps humain dans ce qu’il a de beau comme de provocant. Pluriculturel et varié, cet ouvrage explore les représentations du corps à travers les différentes époques, cultures et techniques. Plus de 400 œuvres présentées, des peintures rupestres réalisées en Argentine 11 000 ans av. J.-C. aux vidéos et réalisations d’artistes contemporains comme Joan Jonas, Marina Abramović et Bruce Nauman ».
• Le corps exposé / Catherine Millet, 2011 : « Au moment même où peinture et sculpture parvenaient à l'abstraction la plus épurée, le corps humain surgissait dans la photographie bien sûr, mais aussi en chair et en os dans les happenings, les performances, le body art. Retour de refoulé ? Ces manifestations ont à leur tour nourri les formes d'art traditionnelles et permis de renouveler le traitement plastique de la figure humaine. Engageant l'empathie du spectateur, redéfinissant la notion de l'intime, relevant le défi de la représentation sexuelle, ces pratiques sont souvent celles qui touchent le plus profondément le public, séduit, fasciné ou choqué. Les articles et préfaces réunis par Catherine Millet dans cet ouvrage envisagent leur diversité à travers l'analyse d'oeuvres d'artistes connus ou moins connus, dans des domaines qui vont du dessin et de la peinture à la performance et à l'art circassien.Elle prend en compte aussi le corps réel des artistes eux-mêmes, qu'ils l'exhibent sur une scène ou dans la vie »
Sur le nu
• La Base de données Cairn vous permettra de consulter le numéro de la revue Sigila 2015/1 (n° 35) sur le thème "Le nu - O nu".
• Flaminio Gualdoni, Histoire générale du nu, Milan, Skira, 2012 : "Quel itinéraire mène des Vénus de la préhistoire aux froids modèles de Vanessa Beecroft ? Quelle frontière sépare le nu qui peut se dire artistique de celui qui s'offre à des regards lascifs ? Pour quelle raison, l'art depuis ses origines fait-il du nu son thème de prédilection ? Dans une chevauchée à travers les siècles, l'histoire du nu évoque des questions universelles comme la représentation de la divinité mais également des sujets plus prosaïques tels que le marche de l'érotisme ou le sens commun de la pudeur. Les nus suaves de Raphaël croisent des représentations pornographiques, les corps parfaits des athlètes grecs de Myron les sensuelles odalisques d'Ingres et de ses pairs, les chastes épouses les grandes courtisanes. Le parcours rejoint l'actualité lorsque s'estompe la distinction entre le corps vivant et les super corps vaguement inquiétants issus des techniques numériques. Histoire des formes de l'art, cette histoire est aussi et surtout celle des milliards de regards qui ont fait du nu l'image par excellence".
• François Jullien,Le Nu impossible, Paris, Seuil, 2005
Pour clore cette deuxième question, nous mentionnerons aussi Pascal Vallet, Les dessinateurs : un regard ethnographique sur le travail dans les ateliers de nu, Paris, L'Harmattan, 2013 : « Qu'est-ce qu'un "bon" dessinateur ? Ou encore un dessinateur "averti", "expérimenté" ? L'auteur a observé l'organisation d'ateliers de nu dans différents établissements, s'intéressant aux situations d'apprentissage et aux modes de circulation des individus dans ces ateliers, autant qu'aux règles de mise en oeuvre du dessin, aux outils, aux schèmes et aux techniques du regard ».
Sur l’art académique, nous reviendrons tout d’abord sur la définition de l’Académisme donnée par Encyclopaedia Universalis :
« Le terme « académisme » se rapporte aux attitudes et principes enseignés dans des écoles d'art dûment organisées, habituellement appelées académies de peinture, ainsi qu'aux œuvres d'art et jugements critiques, produits conformément à ces principes par des académiciens, c'est-à-dire par les membres des écoles, qu'ils soient professeurs, étudiants ou partisans de leurs méthodes. Ce mot se rapporte donc à un milieu et aux produits de ce milieu. Comme les académiciens ont presque toujours adapté leur enseignement au goût de chaque époque, l'académisme n'est pas un style historique ; pour la même raison, ce n'est pas non plus un mouvement artistique.
Dans une acception plus commune, le terme sert à décrire des œuvres d'art habiles, intellectuellement ambitieuses, mais sans succès. C'est là utiliser le terme dans un sens péjoratif pour décrire les échecs des écoles, ce sens nie ou ignore les contributions faites par les académies à l'art occidental. Génie et talent sont innés, ils peuvent être raffinés par l'entraînement, mais non créés par des cours. Néanmoins, la peinture et la sculpture sont des arts manuels, et il faut bien en apprendre les techniques quelque part. Jusqu'à ces derniers temps, les académies avaient sagement limité leurs leçons à des connaissances objectives pouvant se réduire en règles et préceptes, et se démontrer par l'exemple. Que cette formation favorisait les talents plutôt qu'elle ne les écrasait est prouvé par la vitalité continuelle et la grande habileté technique d'artistes formés dans des académies depuis le xviiie siècle. La plupart des plus grands innovateurs du début du xxe siècle furent ainsi formés.
Le programme d'études des académies de peinture fut élaboré aux xve et xvie siècles par les artistes eux-mêmes, pour faire face aux exigences de la peinture humaniste de l'histoire. La formation traditionnelle des élèves n'avait pas assez insisté sur l'étude de la forme humaine. Les premières académies consistaient en réunions amicales de jeunes artistes, qui se rassemblaient durant leurs loisirs, pour s'enseigner mutuellement de nouvelles méthodes ou pour s'entraîner au dessin sur des modèles vivants. Les techniques de dessin qu'ils développèrent demeurèrent le fond de l'enseignement académique jusqu'à une époque récente. S'il existe un trait constant de l'art académique, c'est l'utilisation de la forme humaine comme véhicule premier de sens et d'expression…. »
A cette première lecture, devront s‘ajouter les suivantes ….
• Les académies d'art : passé et présent /Nikolaus Pevsner, traduit de l'anglais par Jean-Jacques Bretou, présentation d'Antonio Pinelli, traduite de l'italien par Gisèle d'Antony, 2018 : « Cette enquête sur les académies et sur l'enseignement artistique entre 1500 et 1900 trouve son origine dans la réflexion sur le conflit qui caractérise le rapport entre l'artiste et la société moderne. Par le passé, l'académie a régi pendant des siècles le rapport entre l'artiste et la société. Comment ces modèles ont-ils pu garantir l'harmonie entre la production artistique et la culture ? »
• Modernité et avant-gardisme de l'art académique : la réponse de l'art aux questions de notre temps ou l'académisme éclectique : essai / Louis-Marie Lécharny, 2018 : Une réflexion consacrée au rôle et aux mutations de l'art académique. Elle consacre ce dernier comme un témoignage non partisan du réel qui doit faire face à des défis revivifiants au début du XXIe siècle.
• Cris d'artistes : manifestes des avant-gardes : 19e, 20e, 21e siècles / Aurélia et Anne Lovreglio, préface Fred Forest, 2018 : « Histoire des artistes pionniers qui ont osé franchir les limites jusque-là imposées par l'académisme, ont fait exploser les codes établis, ont affronté les condamnations formelles avant que des théoriciens explicitent leurs découvertes. »
• Du classicisme à l'académisme /Elisabeth Lièvre-Crosson, 2008 : « Du XVIe au XIXe siècle, de Raphaël à Ingres, ce livre retrace les temps forts d'un idéal artistique et moral qui fera autorité en Europe jusqu'à aboutir à l'académisme ».
• Genet-Delacroix Marie-Claude, Vies d'artistes : art académique, art officiel et art libre en France à la fin du XIXe siècle,Revue d’histoire moderne et contemporaine, tome 33 N°1, Janvier-mars 1986. pp. 40-73.
• Bonfait Olivier, Introduction. Pourquoi étudier les académies ?», Rives méditerranéennes, 2018/1 (n° 56), p. 7-20.
Avant de vous quitter, nous tenons à vous informer que le délai de réponse dépassé pour votre question est imputable au mouvement social du 19/03 et aux nombreuses questions que nous nous avez posées dans une même question … nous vous remercions de votre compréhension.
Commençons tout d’abord par revenir sur le fondement du dessin d’après modèle.
Dans l’article Dessiner d’après le modèle à l’Académie de Marseille, Nelly Vi-Tong Nelly rappelle que «
Pour compléter ces premières informations, nous vous renvoyons vers l’ouvrage de Renaud d’Enfert, L'enseignement du dessin en France: figure humaine et dessin géométrique (1750-1850) ainsi que celui de Martial Guédron De chair et de marbre: Imiter et exprimer le nu en France (1745-1815) présenté par Stéphane Roy sur persée et dont voici un bref résumé : « Quand on examine l'évolution artistique en Europe au cours de la deuxième moitié du XVIIIe siècle, on s'aperçoit que le nouveau classicisme austère et didactique, expression du rationalisme critique des Lumières, a placé le problème des représentations du corps et plus spécifiquement de la figure nue au cœur de débats théoriques fondamentaux. Chez tous les auteurs pour lesquels le goût, dépravé dans les arts consistait à préférer le précieux et. l'affecté au beau simple et naturel, le nu héroïque a largement participé au rejet de l'illusionnisme, de l'artifice, de l'ornement et de l'insouciance hédoniste. Centré sur la formation des artistes au sein de l'institution académique, cet ouvrage ne se contente pas de rappeler que l'étude d'après nature y était considérée comme le fondement de la représentation figurée, il situe la question de l'imitation et de l'expression, du modèle vivant: dans une perspective anthropologique et culturelle renouvelée. Traités scientifiques et para-scientifiques, méthodes de dessin, discours et écrits d'une histoire de l'art et d'une critique :alors naissantes éclairent la manière dont le nu a pu tout à la fois être théorisé dans la pratique et l'enseignement, incarné dans l'iconographie et sublimé par l'idéal ».
Par ailleurs, le Musée Rodin a constitué un dossier documentaire dans lequel il est « question du dessin dans la formation des artistes. Panorama sur la formation des artistes jusqu’en 1863 »
Vous pourriez aussi jeter un coup d’œil au catalogue d’exposition L'académie mise à nu : l'École du modèle à l'Académie royale de peinture et de sculpture : exposition, Paris, Ecole nationale supérieure des beaux-arts, 26 octobre 2009-29 janvier 2010, sous la direction de Emmanuelle Brugerolles : « Une présentation d'une sélection d'une trentaine d'académies, c'est-à-dire des dessins d'après modèles vivants, d'artistes exécutées entre 1664 et 1793. Les recherches menées ont permis de porter un regard neuf sur l'exercice de la pose, ses règles, ses modalités et surtout de mettre un nom sur les visages de ces modèles oubliés ».
Citons également :
• Figures du corps: une leçon d'anatomie aux Beaux-Arts : exposition, Paris, Ecole nationale supérieure des beaux-arts, 21 octobre 2008-4 janvier 2009 / sous la direction de Philippe Comar, 2009.
• Portraits de femmes : artistes et modèles à l'époque de Marie-Antoinette / Olivier Blanc, 2006 : Cet ouvrage répertorie, pour la première fois, l'intégralité des portraits peints, dessinés, sculptés et gravés de la reine Marie-Antoinette, des princesses, des favorites et des actrices de théâtre et d'opéra de la fin du XVIIIe siècle. Avec une érudition sans faille, au prix d'un long travail de recherche, en s'appuyant sur les estampes anciennes, les archives et les mémorialistes, l'auteur restitue le fascinant panorama iconographique des femmes riches et célèbres des temps pré-révolutionnaires et révolutionnaires, précisément celles qui ont posé pour les artistes de renom, de jean-Honoré Fragonard à Élisabeth Vigée-Lebrun, de Constance Mayer à François Gérard et bien d'autres. Beaucoup de ces portraits féminins, particulièrement s'ils étaient destinés à être exposés dans l'un ou l'autre des salons de peinture, largement diffusés par la gravure et livrés à la critique, ont constitué des instruments de communication subtils. Qu'elles soient mondaines, professionnelles ou politiques, ces " stratégies d'images " ont -ainsi le souligne Olivier Blanc - participé avec plus ou moins de bonheur à la construction d'une réputation. Par sa richesse iconographique et son originalité, cet ouvrage, le premier dans le genre, aide à distinguer un " portrait d'ancêtre " d'une ceuvre d'art. Il tend surtout à réhabiliter un genre artistique toujours aussi peu considéré mais que, en leur temps, ne dédaignaient pas les plus grands peintres, de Léonard de Vinci à Ingres et Van Gogh ».
• Benhamou Reed. Art et utilité : les écoles de dessin de Grenoble et de Poitiers, Dix-huitième Siècle, n°23, 1991. Physiologie et médecine. pp. 421-434.
• Dutboy Jean-Jacques, Oursel Hervé, L'enseignement à l'Académie des Arts de Lille au XVIIIe siècle (A propos d'un album de dessins de la Bibliothèque municipale de Lille),, Revue du Nord, tome 71, n°281, Avril-juin 1989. pp. 377-399.
Le traitement de votre deuxième problématique s’avère plus complexe et nous n’avons pas trouvé d’études qui portaient spécifiquement sur ce sujet. Il est vrai que, dans l’art contemporain, le dessin d’après modèle, a été largement supplanté par la photographie, la vidéo et plus largement les performances. Ceci étant dit, lire des ouvrages portant soit sur le dessin dans l’art contemporain soit le traitement du corps ou la représentation du nu vous permettront d’étayer votre réflexion.
Nous commencerions par parcourir L'art caché: Les dissidents de l'art contemporain - Des révélations inédites de Aude de Kerros.
Le dossier du Centre Pompidou sur le corps dans l’œuvre.
Sur le corps mentionnons aussi :
• L'art et le corps / [avant-propos Jennifer Blessing] ; [traduction de l'anglais Jeanne Maylin et Emmanuelle Urien], 2016 : « L’art vu à travers le prisme du corps humain dans ce qu’il a de beau comme de provocant. Pluriculturel et varié, cet ouvrage explore les représentations du corps à travers les différentes époques, cultures et techniques. Plus de 400 œuvres présentées, des peintures rupestres réalisées en Argentine 11 000 ans av. J.-C. aux vidéos et réalisations d’artistes contemporains comme Joan Jonas, Marina Abramović et Bruce Nauman ».
• Le corps exposé / Catherine Millet, 2011 : « Au moment même où peinture et sculpture parvenaient à l'abstraction la plus épurée, le corps humain surgissait dans la photographie bien sûr, mais aussi en chair et en os dans les happenings, les performances, le body art. Retour de refoulé ? Ces manifestations ont à leur tour nourri les formes d'art traditionnelles et permis de renouveler le traitement plastique de la figure humaine. Engageant l'empathie du spectateur, redéfinissant la notion de l'intime, relevant le défi de la représentation sexuelle, ces pratiques sont souvent celles qui touchent le plus profondément le public, séduit, fasciné ou choqué. Les articles et préfaces réunis par Catherine Millet dans cet ouvrage envisagent leur diversité à travers l'analyse d'oeuvres d'artistes connus ou moins connus, dans des domaines qui vont du dessin et de la peinture à la performance et à l'art circassien.Elle prend en compte aussi le corps réel des artistes eux-mêmes, qu'ils l'exhibent sur une scène ou dans la vie »
Sur le nu
• La Base de données Cairn vous permettra de consulter le numéro de la revue Sigila 2015/1 (n° 35) sur le thème "Le nu - O nu".
• Flaminio Gualdoni, Histoire générale du nu, Milan, Skira, 2012 : "Quel itinéraire mène des Vénus de la préhistoire aux froids modèles de Vanessa Beecroft ? Quelle frontière sépare le nu qui peut se dire artistique de celui qui s'offre à des regards lascifs ? Pour quelle raison, l'art depuis ses origines fait-il du nu son thème de prédilection ? Dans une chevauchée à travers les siècles, l'histoire du nu évoque des questions universelles comme la représentation de la divinité mais également des sujets plus prosaïques tels que le marche de l'érotisme ou le sens commun de la pudeur. Les nus suaves de Raphaël croisent des représentations pornographiques, les corps parfaits des athlètes grecs de Myron les sensuelles odalisques d'Ingres et de ses pairs, les chastes épouses les grandes courtisanes. Le parcours rejoint l'actualité lorsque s'estompe la distinction entre le corps vivant et les super corps vaguement inquiétants issus des techniques numériques. Histoire des formes de l'art, cette histoire est aussi et surtout celle des milliards de regards qui ont fait du nu l'image par excellence".
• François Jullien,Le Nu impossible, Paris, Seuil, 2005
Pour clore cette deuxième question, nous mentionnerons aussi Pascal Vallet, Les dessinateurs : un regard ethnographique sur le travail dans les ateliers de nu, Paris, L'Harmattan, 2013 : « Qu'est-ce qu'un "bon" dessinateur ? Ou encore un dessinateur "averti", "expérimenté" ? L'auteur a observé l'organisation d'ateliers de nu dans différents établissements, s'intéressant aux situations d'apprentissage et aux modes de circulation des individus dans ces ateliers, autant qu'aux règles de mise en oeuvre du dessin, aux outils, aux schèmes et aux techniques du regard ».
Sur l’art académique, nous reviendrons tout d’abord sur la définition de l’Académisme donnée par Encyclopaedia Universalis :
« Le terme « académisme » se rapporte aux attitudes et principes enseignés dans des écoles d'art dûment organisées, habituellement appelées académies de peinture, ainsi qu'aux œuvres d'art et jugements critiques, produits conformément à ces principes par des académiciens, c'est-à-dire par les membres des écoles, qu'ils soient professeurs, étudiants ou partisans de leurs méthodes. Ce mot se rapporte donc à un milieu et aux produits de ce milieu. Comme les académiciens ont presque toujours adapté leur enseignement au goût de chaque époque, l'académisme n'est pas un style historique ; pour la même raison, ce n'est pas non plus un mouvement artistique.
Dans une acception plus commune, le terme sert à décrire des œuvres d'art habiles, intellectuellement ambitieuses, mais sans succès. C'est là utiliser le terme dans un sens péjoratif pour décrire les échecs des écoles, ce sens nie ou ignore les contributions faites par les académies à l'art occidental. Génie et talent sont innés, ils peuvent être raffinés par l'entraînement, mais non créés par des cours. Néanmoins, la peinture et la sculpture sont des arts manuels, et il faut bien en apprendre les techniques quelque part. Jusqu'à ces derniers temps, les académies avaient sagement limité leurs leçons à des connaissances objectives pouvant se réduire en règles et préceptes, et se démontrer par l'exemple. Que cette formation favorisait les talents plutôt qu'elle ne les écrasait est prouvé par la vitalité continuelle et la grande habileté technique d'artistes formés dans des académies depuis le xviiie siècle. La plupart des plus grands innovateurs du début du xxe siècle furent ainsi formés.
Le programme d'études des académies de peinture fut élaboré aux xve et xvie siècles par les artistes eux-mêmes, pour faire face aux exigences de la peinture humaniste de l'histoire. La formation traditionnelle des élèves n'avait pas assez insisté sur l'étude de la forme humaine. Les premières académies consistaient en réunions amicales de jeunes artistes, qui se rassemblaient durant leurs loisirs, pour s'enseigner mutuellement de nouvelles méthodes ou pour s'entraîner au dessin sur des modèles vivants. Les techniques de dessin qu'ils développèrent demeurèrent le fond de l'enseignement académique jusqu'à une époque récente. S'il existe un trait constant de l'art académique, c'est l'utilisation de la forme humaine comme véhicule premier de sens et d'expression…. »
A cette première lecture, devront s‘ajouter les suivantes ….
• Les académies d'art : passé et présent /Nikolaus Pevsner, traduit de l'anglais par Jean-Jacques Bretou, présentation d'Antonio Pinelli, traduite de l'italien par Gisèle d'Antony, 2018 : « Cette enquête sur les académies et sur l'enseignement artistique entre 1500 et 1900 trouve son origine dans la réflexion sur le conflit qui caractérise le rapport entre l'artiste et la société moderne. Par le passé, l'académie a régi pendant des siècles le rapport entre l'artiste et la société. Comment ces modèles ont-ils pu garantir l'harmonie entre la production artistique et la culture ? »
• Modernité et avant-gardisme de l'art académique : la réponse de l'art aux questions de notre temps ou l'académisme éclectique : essai / Louis-Marie Lécharny, 2018 : Une réflexion consacrée au rôle et aux mutations de l'art académique. Elle consacre ce dernier comme un témoignage non partisan du réel qui doit faire face à des défis revivifiants au début du XXIe siècle.
• Cris d'artistes : manifestes des avant-gardes : 19e, 20e, 21e siècles / Aurélia et Anne Lovreglio, préface Fred Forest, 2018 : « Histoire des artistes pionniers qui ont osé franchir les limites jusque-là imposées par l'académisme, ont fait exploser les codes établis, ont affronté les condamnations formelles avant que des théoriciens explicitent leurs découvertes. »
• Du classicisme à l'académisme /Elisabeth Lièvre-Crosson, 2008 : « Du XVIe au XIXe siècle, de Raphaël à Ingres, ce livre retrace les temps forts d'un idéal artistique et moral qui fera autorité en Europe jusqu'à aboutir à l'académisme ».
• Genet-Delacroix Marie-Claude, Vies d'artistes : art académique, art officiel et art libre en France à la fin du XIXe siècle,Revue d’histoire moderne et contemporaine, tome 33 N°1, Janvier-mars 1986. pp. 40-73.
• Bonfait Olivier, Introduction. Pourquoi étudier les académies ?», Rives méditerranéennes, 2018/1 (n° 56), p. 7-20.
Avant de vous quitter, nous tenons à vous informer que le délai de réponse dépassé pour votre question est imputable au mouvement social du 19/03 et aux nombreuses questions que nous nous avez posées dans une même question … nous vous remercions de votre compréhension.
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