Question d'origine :
Bonjour,
Je voudrais savoir si des expériences ont déjà été faites pour étudier la puissance des métaphores. Par exemple des expériences qui montrent quelles zones du cerveau sont activées lorsque le sujet écoute / analyse des métaphores, ou bien si certaines métaphores sont de nature à convaincre plus qu'un langage moins imagé...
Ou alors des chiffres, qui montrent que les métaphores (dans les slogans ou autre) ont permis à telle ou telle entreprise de décoller.
Ce champ de recherche est-il trop nébuleux... je ne sais pas... j'ai trouvé beaucoup de choses sur la puissance de la métaphore mais aucune qui mette en avant des chiffres ou, encore mieux, une démarche expérimentale, ce qui est très frustrant.
Merci d'avance !
Réponse du Guichet
gds_db
- Département : Equipe du Guichet du Savoir
Le 08/03/2018 à 13h54
Bonjour,
"Comment notre cerveau réagit aux métaphores
Dans un article publié en 2011 dans le Journal of Cognitive Neuroscience (.pdf), l’équipe de Rutvik Desai, psychologue à l’université de Caroline du Sud est arrivée à la conclusion que lorsque nous pensons à une métaphore utilisant un verbe d’action (par exemple « prendre un râteau »), les zones moteur du cerveau qui lui sont associées tendent à s’activer. Les chercheurs ont également travaillé sur les métaphores texturales : si vous dites : « elle a vécu un moment très dur » les régions du cerveau liées à la perception de la dureté se mettent effectivement en route.
La question se pose toutefois pour les « idiomes » qui, nous explique Chorost, sont des « métaphores mortes », si anciennes qu’on a perdu complètement le lien entre la signification de l’expression et la réalité sensorielle sur laquelle elle repose. Par exemple, « saisir une idée » serait un tel idiome, ou le « fil de la conversation ». Certaines des recherches, explique Chorost, tendent à montrer une absence de corrélation, tandis que d’autres, comme celles (.pdf) de la Française Véronique Boulenger, sont plus positives.
Les travaux de Desai et de son groupe tendent à concilier les deux versions. En fait, plus la métaphore est « fixée », ancienne, moins les zones concernées du cerveau s’activent. « Quand les métaphores sont très fortement conventionnalisées, comme c’est le cas avec les expressions idiomatiques, l’engagement des systèmes sensorimoteurs est réduit ou très bref », selon Desai. "
source : Les métaphores aux sources de la penséer / Rémi Sussan
Comme vous l'indiquiez dans votre question, "certains mots seraient plus puissants que d’autres . Les mots faisant allusion, de façon plus ou moins directe, à une sensation, nous font ressentir cette sensation qu’ils connotent, d’après une étude espagnole publiée dans la revue NeuroImage en 2006. Lors des expériences effectuées pour cette étude, les chercheurs ont scanné le cerveau des participants pour étudier leur réaction neurologique à certains mots. Face aux mots « parfum » et « café » ; associés à une odeur forte, le cortex olfactif primaire s’est mis en marche dans le cerveau des patients. Les mots « neutres, tels que « chaise » ou « clé », n’ont quant à eux provoqué aucune réaction.
Selon une étude de l’université Emory, le cerveau réagit de façon bien meilleure aux métaphores sensorielles. Ainsi, dans une expérience similaire, le cortex sensoriel du cerveau des participants s’est activé à la phrase « Le chanteur avait une voix de velours », mais pas lors de la description plus terre-à-terre « le chanteur a une voix agréable ». Selon la même étude, le cerveau s’active également à la lecture de descriptions de mouvements « John saisit l’objet », par exemple. A la lecture de cette phrase, le même cortex qui permet à notre corps de se mettre en mouvement, s’allume.
Selon Merleau-Ponty « le mot et la parole cessent d’être une manière de désigner, pour devenir la présence de cette pensée dans le monde sensible ». Le mot cesse d’être la simple désignation de la chose, mais la chose elle-même. "
source : Le pouvoir des mots / Lecthot
A lire aussi : Comment intéresser et persuader les gens avec le Storytelling ? / Fabien Berthoux
Quelques articles en anglais sur le sujet :
- Your Brain on Fiction / ANNIE MURPHY PAUL - MARCH 17, 2012
- Your Brain on Metaphors : Neuroscientists test the theory that your body shapes your ideas / Michael Chorost - The chronicle of higher education September - 01, 2014
- Hearing metaphors activates sensory brain regions / Woodruff Health Sciences Center - Emory - Feb. 7, 2012
- How hearing 'twist my arm' engages the brain / Woodruff Health Sciences Center- Emory - Dec. 14, 2016
- METAPHORICALLY FEELING: COMPREHENDING TEXTURAL METAPHORS ACTIVATES SOMATOSENSORY CORTEX / Simon Lacey, Randall Stilla, and K. Sathian - Brain Lang. 2012 Mar; 120(3): 416–421.
- Reading cinnamon activates olfactory brain regions. / González J1, Barros-Loscertales A, Pulvermüller F, Meseguer V, Sanjuán A, Belloch V, Avila C.
Pour consulter les articles scientifiques en texte intégral, nous vous conseillons de vous rendre dans une Bibliothèque universitaire proche de votre domicile qui sera probablement abonnée à des bases de données plus spécialisées que les nôtres.
Quelques ouvrages :
- Les métaphores dans la vie quotidienne / George Lakoff
- Dans la tête du client Ce que les neurosciences disent au marketing / GERALD ZALTMAN
Articles sur l'importance de l'usage de la métaphore en entreprise :
- L’utilisation de métaphores au sein d’une entreprise interculturelle / André Cipriani
- L’usage des métaphores en entreprise : irrationalité individuelle ou ancrage culturel ? / André Cipriani
- La métaphore: un outil de développement professionnel méconnu / Sophie Muffang 12/01/2017
Pour plus d'information, vous pouvez contacter Véronique BOULENGER qui travaille sur la perception de la parole par notre cerveau dans l'équipe DENDY du CNRS.
Bonne journée.
"
Dans un article publié en 2011 dans le Journal of Cognitive Neuroscience (.pdf), l’équipe de Rutvik Desai, psychologue à l’université de Caroline du Sud est arrivée à la conclusion que lorsque nous pensons à une métaphore utilisant un verbe d’action (par exemple « prendre un râteau »), les zones moteur du cerveau qui lui sont associées tendent à s’activer. Les chercheurs ont également travaillé sur les métaphores texturales : si vous dites : « elle a vécu un moment très dur » les régions du cerveau liées à la perception de la dureté se mettent effectivement en route.
La question se pose toutefois pour les « idiomes » qui, nous explique Chorost, sont des « métaphores mortes », si anciennes qu’on a perdu complètement le lien entre la signification de l’expression et la réalité sensorielle sur laquelle elle repose. Par exemple, « saisir une idée » serait un tel idiome, ou le « fil de la conversation ». Certaines des recherches, explique Chorost, tendent à montrer une absence de corrélation, tandis que d’autres, comme celles (.pdf) de la Française Véronique Boulenger, sont plus positives.
Les travaux de Desai et de son groupe tendent à concilier les deux versions. En fait, plus la métaphore est « fixée », ancienne, moins les zones concernées du cerveau s’activent. « Quand les métaphores sont très fortement conventionnalisées, comme c’est le cas avec les expressions idiomatiques, l’engagement des systèmes sensorimoteurs est réduit ou très bref », selon Desai. "
source : Les métaphores aux sources de la penséer / Rémi Sussan
Comme vous l'indiquiez dans votre question, "
Selon une étude de l’université Emory, le cerveau réagit de façon bien meilleure aux métaphores sensorielles. Ainsi, dans une expérience similaire, le cortex sensoriel du cerveau des participants s’est activé à la phrase « Le chanteur avait une voix de velours », mais pas lors de la description plus terre-à-terre « le chanteur a une voix agréable ». Selon la même étude, le cerveau s’active également à la lecture de descriptions de mouvements « John saisit l’objet », par exemple. A la lecture de cette phrase, le même cortex qui permet à notre corps de se mettre en mouvement, s’allume.
Selon Merleau-Ponty « le mot et la parole cessent d’être une manière de désigner, pour devenir la présence de cette pensée dans le monde sensible ». Le mot cesse d’être la simple désignation de la chose, mais la chose elle-même. "
source : Le pouvoir des mots / Lecthot
A lire aussi : Comment intéresser et persuader les gens avec le Storytelling ? / Fabien Berthoux
- Your Brain on Fiction / ANNIE MURPHY PAUL - MARCH 17, 2012
- Your Brain on Metaphors : Neuroscientists test the theory that your body shapes your ideas / Michael Chorost - The chronicle of higher education September - 01, 2014
- Hearing metaphors activates sensory brain regions / Woodruff Health Sciences Center - Emory - Feb. 7, 2012
- How hearing 'twist my arm' engages the brain / Woodruff Health Sciences Center- Emory - Dec. 14, 2016
- METAPHORICALLY FEELING: COMPREHENDING TEXTURAL METAPHORS ACTIVATES SOMATOSENSORY CORTEX / Simon Lacey, Randall Stilla, and K. Sathian - Brain Lang. 2012 Mar; 120(3): 416–421.
- Reading cinnamon activates olfactory brain regions. / González J1, Barros-Loscertales A, Pulvermüller F, Meseguer V, Sanjuán A, Belloch V, Avila C.
Pour consulter les articles scientifiques en texte intégral, nous vous conseillons de vous rendre dans une Bibliothèque universitaire proche de votre domicile qui sera probablement abonnée à des bases de données plus spécialisées que les nôtres.
- Les métaphores dans la vie quotidienne / George Lakoff
- Dans la tête du client Ce que les neurosciences disent au marketing / GERALD ZALTMAN
- L’utilisation de métaphores au sein d’une entreprise interculturelle / André Cipriani
- L’usage des métaphores en entreprise : irrationalité individuelle ou ancrage culturel ? / André Cipriani
- La métaphore: un outil de développement professionnel méconnu / Sophie Muffang 12/01/2017
Pour plus d'information, vous pouvez contacter Véronique BOULENGER qui travaille sur la perception de la parole par notre cerveau dans l'équipe DENDY du CNRS.
Bonne journée.
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