Question d'origine :
J'aimerais avoir plus d'informations sur la vie et la famille du peintre lyonnais Anne-François-Louis Janmot. Il y a pas mal de choses sur Wikipédia mais on n'en sait pas beaucoup sur sa famille, des détails sur le milieu catholique dans lequel il évolue, ses relations etc.
Réponse du Guichet
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- Département : Documentation régionale
Le 08/03/2017 à 11h23
Janmot, Anne-François-Louis,
Sa vie, Lyon, 21 mai 1814 – Lyon 1er juin 1892, couvre le siècle ; son œuvre majeure, le Poème de l’âme, cycle plastique et littéraire unique dans l’histoire de l’art français, parcourt son existence ; commencée à Rome en 1835, connue à partir de 1854, présentée en 1855, puis dans sa version presque définitive en 1876, connaît en 1881, grâce à son ami Félix Thollier (1842-1914), une diffusion à cent cinquante exemplaires, où les dix-huit tableaux et les seize dessins sont reproduits par des photographies et accompagnés des mille quatre cent quatre-vingt-douze vers qui en forment le commentaire. (…)
Ce chef-d’œuvre de la peinture mystique, qui offre, selon l’expression d’Eugène Delacroix (1798-1863), « des réminiscences d’un autre monde », est aussi l’expression d’un rêve personnel, nourri des souffrances et des aspirations d’une existence marquée par un pessimisme croissant. Formé dans un milieu profondément religieux, meurtri sans doute par la disparition précoce de sa sœur aînée et de son jeune frère, il se lie au Collège royal avec Frédéric Ozanam et avec Laurent-Paul Brac de la Perrière, subit l’influence de l’abbé Noirot, homme d’une forte personnalité. (…) A l’automne 1833, il quitte Lyon pour Paris, où il fréquente l’atelier de Victor Orsel et celui de Jean-Dominique Ingres (1780-1867), qu’admirent tous les jeunes peintres lyonnais montés à Paris, Jean-Baptiste Frénet, Claudius Lavergne et Jean-Louis Lacuria. Il reste proche de ses amis catholiques et, avec Brac de la Perrière, adhère à la Conférence de Saint-Vincent-de-Paul, fondée par Ozanam, entre en relations avec Henri Lacordaire (1802-1861) et découvre l’œuvre de Félicité Robert de Lamennais (1782-1854). A l’automne 1835, en compagnie de Frénet, il part pour Rome ; par Ingres, qui y dirige depuis le début de l’année l’Académie de France, il fait la connaissance d’Hippolyte et de Paul Flandrin et entreprend son premier tableau du Poème de l’âme, L’Ame, l’Ange et la Mère, dans un climat d’exaltation que soulignent sa correspondance et le témoignage de ses amis. (…)
(…) Le Christ au jardin des Oliviers est accompagné lors de sa présentation au Salon de Lyon en 1841, d’une notice explicative, diversement appréciée, témoignant de l’intention de Janmot, qui fait de son tableau un manifeste de l’idéologie catholique contemporaine, reliant l’abandon du Christ au contexte historique. (…)
Il peint en 1845 son premier tableau profane, Fleur des champs, où l’on ne peut manquer de reconnaître les traits de Blanche Journel, future épouse de Laurent-Paul Brac de la Perrière, présenté au salon de Paris, qui fait l’objet d’une critique élogieuse de Théophile Gautier, lequel loue son « charme indéfinissable », tandis que Charles Baudelaire, peu amène avec les autres peintres lyonnais, est séduit par cette « belle peinture », dans laquelle il apprécie « dans la couleur même et l’alliance de ces tons verts, roses et rouges, un peu douloureux à l’œil, une certaine mysticité qui s’accorde avec le reste ». Mystérieux et empli d’une douce mélancolie, précurseur des tableaux préraphaélites anglais, Fleur des champs, figure allégorique, entourée de pavots et de papillons, symboles de la Passion et de la Résurrection du Christ, image aussi de la vanité de la jeunesse et de la beauté qui passent, comme se fanent les fleurs qui l’entourent et la parent, est devenu un des tableaux les plus célèbres du Musée des Beaux-Arts, qui l’acquiert en 1893 lors de la vente de l’atelier, assurée par Paul Borel ; dans son premier testament de 1855, Janmot avait destiné Fleur des champs au Louvre.
(….) en décembre 1856, à quarante –deux ans, après de nombreuses tentatives matrimoniales demeurées sans suite, il se marie épousant une jeune aristocrate peu fortunée de 26 ans, Léonie Gautier de Saint-Paulet (1829-1870). Janmot bientôt père de plusieurs filles, semble alors fixé à Lyon, où il réalise en 1859 sa troisième commande pour une église, destinée à la coupole de Saint-François-de-Sales, où le apôtres, les prophètes et les archanges entourent deux scènes allégoriques sur la Foi et la Science et l’ancienne et la nouvelle Loi. (…)
La mort de sa femme en 1870 le laisse seul avec ses sept enfants (…)
En 1885, à soixante-et-onze ans, Janmot se remarie avec une de ces anciennes élèves, se partageant dès lors entre des voyages en Afrique du nord et des séjours à Lyon, où le ménage s’est installé au n° 4 du square d’Ainay (auj. square Janmot) (…)
Extraits de la notice du Dictionnaire historique de Lyon. Il faudrait lire cette notice en entier (4 pages). Les passages cités ci-dessus ne peuvent donner qu’une vision parcellaire de la vie et de l’œuvre de Janmot.
Pour en savoir un peu plus sur cet artiste, il faudrait également consulter :
- Le poème de l’âme par Louis Janmot / Elizabeth Hardouin-Fugier, Ed. La Taillanderie, 2007
- Le temps de la peinture : Lyon 1800-1914, catalogue de l’exposition présentée en 2007 au Musée des Beaux-Arts de Lyon
- Louis Janmot et son œuvre, éd. 1893
- Les élèves de Ingres / Maurice Denis, ed. 1902
- La peinture lyonnaise au XIXe siècle / Élisabeth Hardouin-Fugier, Étienne Grafe, éd. 1995
- Voir aussi livres et articles de notre catalogue.
-Sur le site Gallica vous pouvez consulter en ligne Le poème de l’âme par Janmot étude iconologique / Elisabeth Hardouin-Fugier, éd. Presses universitaires de Lyon, 1977, la première partie de l’étude.
Il est question de Janmot (à lire également en ligne) par exemple, dans :
- cet article de la revue "Le correspondant"
- un article de la Revue du Lyonnais
Voir aussi les pages qui lui sont consacrées sur le site du Musée des Beaux-arts de Lyon.
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