Question d'origine :
Si je regarde l'étymologie du mot pédophilie, on a le préfixe "pédo" (enfant) que l'on trouve dans pédiatre et le suffixe philie (aimer) que l'on peut voir dans cinéphile !
Or un pédophile n'aime pas les enfants. Quand on les adore on a pas de rapports sexuels avec eux.
Pourquoi le mot pédophile est utilisé pour ces pervers ?
Il ne correspond pas avec l'étymologie !
Réponse du Guichet
gds_db
- Département : Equipe du Guichet du Savoir
Le 24/05/2016 à 09h20
Bonjour,
Effectivement, le terme "pédophile" vient du grec : paidophilía (Pais : «enfant» et Philia : "l'amour amical" ou "l'amitié").
Mais la langue française est une langue vivante et le sens des mots évolue.
Le suffixe -philie ne désigne plus seulement l'amour/amitié pour quelque chose ou quelqu'un mais peut aussi aussi exprimer l'"attirance pour", voire "le goût pervers pour".
Le Dictionnaire historique de la langue française d'Alain Rey explique que l'usage du terme "pédophile" est récent et que son sens a évolué vers des acceptions négatives.
Pédo-, élément savant, est emprunté au grec pais, paidos "enfant", par exemple danspédophile n. et adj. (fin XIXe s.), signifiant spécialement "(personne) qui ressent une attirance sexuelle pour les enfants". Le mot a pris v. 1990 des valeurs très négatives, la pédophilie n. f. (1968) pouvant entraîner abus sexuels, exploitation pornographique et même violences et assassinat sur la personne d'enfants, tous méfaits sans rapport avec la stricte définition du mot.
L'emploi adj. a suivi la même évolution (réseau pédophile).
Il est également précisé à l'entrée Phil(o) :
Quant à -phile, qui représente le second élément -philos ou -philês, il entre dans la construction de noms et d'adjectifs désignant ou qualifiant l'amateur de ce que désigne le premier élément (dans la langue commune) ou celui, ou ce qui, présente une disposition à ce que désigne le premier élément (dans la langue savante). [...] Dans la langue savante, -phile, se montre particulièrement fécond en psychiatrie, en psychologie avec la nuance de "goût pervers pour..." [...]
Voici par ailleurs ce qu'indique l'Encyclopaedia universalis :
Le terme pédophilie est d'un emploi relativement récent. Il nous vient de la terminologie psychiatrique de la fin du XIXe siècle. C'est un néologisme formé de l'alliance de deux racines grecques : pais, paidos, signifiant « enfant » et philein, « aimer d'amitié ».
Étymologiquement, l'acception de pédophile est entendue comme signifiant « celui qui aime les enfants ».
Le terme philia n'ayant aucune connotation sexuelle en grec, il n'était pas des plus judicieux de le retenir pour caractériser une pulsion libidinale conduisant, dans les cas les plus graves, à un passage à l'acte, avec ou sans violence.
[...]
Au XIXe siècle, l'enfant apparaît comme la première victime des agressions sexuelles et, sous le poids de la demande judiciaire, il échoit à la psychiatrie d'intervenir dans la régulation de ces pratiques sexuelles déviantes. La première étude sur les attentats aux mœurs et les maltraitances sur enfant en France date de 1867, sous la forme d'un rapport du médecin légiste Auguste Tardieu. Mais c'est au psychiatre allemand Richard von Krafft-Ebing , traçant, dans son célèbre ouvrage Psychopathia sexualis, la carte des multiples perversions sexuelles, que revient l'invention du terme de pédophilie érotique . Par cette expression, il désignait des individus présentant une attirance relativement exclusive pour des personnes impubères de l'autre sexe. Cet auteur signalait déjà une pédophilie féminine.
Mis à part Freud, qui fait de l'aberration pédophile la trace d'un état de la sexualité infantile, dans l'esprit de cette psychiatrie le sujet pédophile est considéré à l'époque comme un individu « taré ». Cela signifie qu'il présente une altération non soignable de l'instinct : c'est le « pervers instinctif » décrit par Ernest Dupré en 1913. Une telle conception a prévalu jusque dans les années 1980, quand les travaux de Claude Balier, psychanalyste membre de la Société psychanalytique de Paris, alors médecin-chef du service médico-psychologique régional de la prison de Varces (Isère), ont permis d'envisager un soin psychique pour ce type de sujet.
Actuellement, la psychiatrie dispose de deux définitions, essentiellement centrées sur une base comportementale. Selon celle de l'Organisation mondiale de la santé (C.I.M. 10), arrêtée en 1990, la pédophilie fait partie des « troubles de la préférence sexuelle » et est définie comme une préférence pour les enfants généralement pré-pubères ou en début de puberté. La définition de l'Association des psychiatres américains, le D.S.M. IV, publié en 1994, intègre la pédophilie dans les « paraphilies », sa spécificité étant le rapport sexuel avec un enfant âgé de treize ans au plus.
Effectivement, le terme "pédophile" vient du grec : paidophilía (Pais : «enfant» et Philia : "l'amour amical" ou "l'amitié").
Mais la langue française est une langue vivante et le sens des mots évolue.
Le suffixe -philie ne désigne plus seulement l'amour/amitié pour quelque chose ou quelqu'un mais peut aussi aussi exprimer l'"attirance pour", voire "le goût pervers pour".
Le Dictionnaire historique de la langue française d'Alain Rey explique que l'usage du terme "pédophile" est récent et que son sens a évolué vers des acceptions négatives.
Pédo-, élément savant, est emprunté au grec pais, paidos "enfant", par exemple dans
L'emploi adj. a suivi la même évolution (réseau pédophile).
Il est également précisé à l'entrée Phil(o) :
Quant à -phile, qui représente le second élément -philos ou -philês, il entre dans la construction de noms et d'adjectifs désignant ou qualifiant l'amateur de ce que désigne le premier élément (dans la langue commune) ou celui, ou ce qui, présente une disposition à ce que désigne le premier élément (dans la langue savante). [...] Dans la langue savante, -phile, se montre particulièrement fécond en psychiatrie, en psychologie avec la nuance de "goût pervers pour..." [...]
Voici par ailleurs ce qu'indique l'Encyclopaedia universalis :
Le terme pédophilie est d'un emploi relativement récent. Il nous vient de la terminologie psychiatrique de la fin du XIXe siècle. C'est un néologisme formé de l'alliance de deux racines grecques : pais, paidos, signifiant « enfant » et philein, « aimer d'amitié ».
Étymologiquement, l'acception de pédophile est entendue comme signifiant « celui qui aime les enfants ».
Le terme philia n'ayant aucune connotation sexuelle en grec, il n'était pas des plus judicieux de le retenir pour caractériser une pulsion libidinale conduisant, dans les cas les plus graves, à un passage à l'acte, avec ou sans violence.
[...]
Au XIXe siècle, l'enfant apparaît comme la première victime des agressions sexuelles et, sous le poids de la demande judiciaire, il échoit à la psychiatrie d'intervenir dans la régulation de ces pratiques sexuelles déviantes. La première étude sur les attentats aux mœurs et les maltraitances sur enfant en France date de 1867, sous la forme d'un rapport du médecin légiste Auguste Tardieu. Mais c'est au
Mis à part Freud, qui fait de l'aberration pédophile la trace d'un état de la sexualité infantile, dans l'esprit de cette psychiatrie le sujet pédophile est considéré à l'époque comme un individu « taré ». Cela signifie qu'il présente une altération non soignable de l'instinct : c'est le « pervers instinctif » décrit par Ernest Dupré en 1913. Une telle conception a prévalu jusque dans les années 1980, quand les travaux de Claude Balier, psychanalyste membre de la Société psychanalytique de Paris, alors médecin-chef du service médico-psychologique régional de la prison de Varces (Isère), ont permis d'envisager un soin psychique pour ce type de sujet.
Actuellement, la psychiatrie dispose de deux définitions, essentiellement centrées sur une base comportementale. Selon celle de l'Organisation mondiale de la santé (C.I.M. 10), arrêtée en 1990, la pédophilie fait partie des « troubles de la préférence sexuelle » et est définie comme une préférence pour les enfants généralement pré-pubères ou en début de puberté. La définition de l'Association des psychiatres américains, le D.S.M. IV, publié en 1994, intègre la pédophilie dans les « paraphilies », sa spécificité étant le rapport sexuel avec un enfant âgé de treize ans au plus.
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