Question d'origine :
bonjour,
je cherche l'auteur d'un tableau très réaliste : il représente un chat volant un poisson, de part et d'autre sont deux bougies et sur la table quelques instruments de cuisine et des œufs.
Le style me semble hollandais XVIe ou XVIIe.
Si je pouvais j'enverrais une image.
Réponse du Guichet
bml_art
- Département : Arts et Loisirs
Le 05/04/2016 à 09h04
Tous les éléments que vous nous signalez sont réunis dans un tableau attribué au peintre strasbourgeois Sébastien Stoskopff, ou à un peintre de son entourage.
Voici quelques données biographiques concernant l’artiste, extraites de la notice du Dictionnaire critique et documentaire des peintres sculpteurs dessinateurs et graveurs / E. Bénézit, éd. 1999 :
Né en 1596, 1597 ou 1599 à Strasbourg. Mort le 10 février 1657 à Idstein. XVIIe siècle. Éc. alsacienne.
Il fut pris en charge par la ville de Strasbourg, à la mort de son père, en 1615, et envoyé à Hanau, chez le peintre wallon Daniel Soreau, dont il continua l'atelier après la mort de celui-ci. Daniel Soreau lui transmit la tradition hollandaise de la nature morte, d'où souvent le caractère archaïque dans l’esprit du XVIe siècle de ses natures mortes. Il a pu aussi subir l'influence du peintre de natures mortes Georg Flegel, de Francfort. Il vint à Paris vers 1621, et il y demeura jusqu'en 1641. Les œuvres de cette période se ressentent de l'influence française, plus aérées dans leur composition. Il était alors, avec Baugin et Linard, l'un des plus brillants représentants de cette nature morte française des années 1630, juxtaposant des objets quotidiens dans une claire ordonnance et un éclairage poétique. De retour à Strasbourg, sa manière se compliqua de nouveau, se rapprochant de la nature morte allemande contemporaine, surchargée de détails et de symboles. Cependant, il jouissait d'une très grande renommée et les œuvres de cette période, pour moins aérées qu'auparavant, n'en sont pas moins très personnelles, la minutie dans la recherche du trompe-l’œil étant poussée à un tel degré qu'elle en arrive à faire oublier la réalité pour laisser l'esprit du spectateur rêveur devant l'énigme de l'illusion. Il a souvent peint des gravures dans les tableaux que l'on connaît de lui. Il a également traité les thèmes des « Vanités », avec des objets faisant référence à la mort, un crâne de mort par exemple, des « Cinq Sens », et de paniers remplis de verres, sujet particulièrement difficile à traiter, Outre la qualité du rendu des objets représentés, Stoskopff, et c'est ce qui en fait l'un des grands peintres de natures mortes de son temps, sait les introduire dans un contexte vivant et surtout dans un climat poétique. Ainsi, dans Les cinq sens, ou l'Été, de 1633, du Musée des Beaux-Arts de Strasbourg, certes les instruments de musique sont là pour évoquer l'ouïe, les fruits pour le goût, les fleurs pour l'odorat, et pour le toucher : la peau des pêches, le tapis moelleux, le bois lisse de la mandoline et toutes matières des objets. Mais pour la vue, c'est la totalité du tableau qui intervient : la table aux nombreux objets en apparent désordre : mandoline, cahiers de musique, jeu de dames, bouquet de fleurs dans un petit vase, l'intérieur de la pièce aperçu, avec, accrochés au mur, un violon et un miroir (doublant la vision des objets), et, posée sur le sol, une mappemonde, c'est encore le buste de la charmante jeune femme, au visage très poudré, qui apporte la corbeille de fruits; de la belle échappée de paysage, la lumière qui pénètre dans la pièce est douce et mesurée, elle met en valeur sans heurt, comme un poudroiement doré qui se pose sur toutes choses à l'intérieur de la pièce, en opposition avec la clarté fraîche du paysage d'étang bordé d'un rideau d'arbres. Il semble qu'outre Hanau et Paris, Stoskopff compléta sa formation à Venise. Il fut certainement apprécié dans les cours d'Europe centrale, puisque les musées de Vienne et Prague possèdent de ses œuvres, provenant des achats impériaux de 1651. Stoskopff fut le maître de Joachim Sandrart le célèbre historiographe et peintre allemand du XVIIe siècle. Ce fut en 1931 que le Musée de Strasbourg put acheter deux de ses œuvres, apparues sur le marché, l'une en Bavière, l'autre à Paris. Le même musée acheta ensuite l'une des deux peintures ayant figuré à l'exposition de Brueghel et ses élèves, en 1934. Un tableau de lui, que l'on vit exposé à Amsterdam, en 1933, une nature morte, datée de 1625, représente trois livres, dont un ouvert sur une gravure dans le genre de Callot, posée sur la table à côté d'une bougie. Sa signature fut longtemps mal lue : A. Kopff, et Ter Kopff.
En 1997, sa ville natale a célébré le quatre-centième anniversaire de sa naissance par une exposition rétrospective de quarante huit tableaux, provenant du monde entier, au musée de l'Œuvre Notre-Dame.
J. B.
Ce tableau apparaît dans une vente à Dallas, en 2008, sur le site Arcadja, attribué à Sébastien Stoskopff, avec les renseignements suivants :
Kitchen Still Life With Fish And Cat, 1650, Huile / toile, 101,6 cm x 81,3 cm.
Il est également présent sur le site liveauctioneers, avec plus de détails, notamment le fait qu’il ne serait plus attribué qu’à un peintre de l’entourage de Sébastien Stoskopff et qu’il appartient à une collection privée :
"
Kitchen Still Life with Fish and Cat, circa 1650
Oil on canvas
32 x 40 inches (81.3 x 101.6 cm)
PROVENANCE:
L'Hôtel Drouot, Paris, circa 1980s;
Private collection, California.
The almanac depicted near the center of this handsome composition provides a terminus post quem for the painting. The title page of the almanac bears the name of François Le Beau (Lionnais et spéculateur des Ephémèrides Célestes), who authored a number of almanacs including Almanach journalier pour 1643 (Lyon, Nicolas Gay, 1643) and another in 1668. There are doubtless others traceable to the decade of the 1650s. The almanac pictured in this still life has a partially legible date which appears to read: mil six cent (?) cinquante.
The still-life painter Sebastian Stoskopff, whose work inspired the present painting, was a native of Strasbourg. His still lifes forged an interesting blend of influences from the Hanau/Frankfurt schools (notably the work of Georg Flegel) and from Paris, where he had lived and worked from 1622 to 1639. Stoskopff's paintings are characterized by a strongly geometric ordering of space, in which objects are arranged with great clarity, often against rich, dark backgrounds. His works often feature one or more vanitas elements--a skull, a well-thumbed book, or a burning candle that will soon be snuffed out--each one of them reminders of the temporary nature of human existence. Stoskopff was fond of painting demanding textural effects, particularly folds and tears in paper as well as both typeset and manuscript pages. He also painted dated pages from almanacs--devices through which he dated his paintings. Like the present work, probably by a provincial Lyonnais artist who fell profoundly under Stoskopff's spell, Sebastian Stoskopff included a page from a 1630 almanac in one of his best-known paintings, a Vanity still life in the collection of the Kunstmuseum, Basel."
Un important catalogue rétrospectif a été consacré Sébastien Stoskopff : Sébastien Stoskopff : 1597-1657 : un maître de la nature morte : exposition, Strasbourg, Musée de l'Oeuvre Notre-Dame, 15 mars-15 juin 1997, Aix-la-Chapelle, Suermondt Ludwig Museum, 5 juillet-5 octobre 1997. Le tableau en question n’y figure pas, mais une bibliographie conséquente est présente.
L’artiste est reconnu comme un maître de la nature morte et cité dans plusieurs ouvrages généraux :
La nature morte / Matilde Battistini, Lucia Impelluso, Stefano Zuffi
Entre autres citations, une double page lui est consacrée.
Natures mortes italiennes, espagnoles et françaises aux XVIIe et XVIIIe siècles / Claus Grimm
Les représentation du chat sont très nombreuses dans la peinture et répondent à des enjeux symboliques variés. Vous en aurez un aperçu dans les documents :
Les chats dans l'art / Stefano Zuffi
185 chefs-d'oeuvre de la peinture, de la sculpture ou de la gravue, depuis l'Antiquité jusqu'à nos jours.
Le Chat et la palette : le chat dans la peinture occidentale du XVe au XXe siècle / Élisabeth Foucart-Walter, Pierre Rosenberg
Recherche iconographique sur la représentation du chat dans la peinture occidentale du XVe siècle à nos jours.
Beauté animale : exposition, Paris, Galeries nationales du Grand Palais, 21 mars-16 juillet 2012 / sous la direction d'Emmanuelle Héran
Voir le chapitre écrit par Laurence Bobis intitulé Métamorphoses du chat.
Pour plus de renseignements sur l’œuvre de Sébastien Stoskopff, vous pouvez contacter directement le Musée de l’Œuvre Notre-Dame, à Strasbourg, qui conserve certaines œuvres du peintre.
Pièces jointes
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