Question d'origine :
Bonjour,
J'aimerais avoir plus d'informations sur la négociation de la forme et la négociation du sens dans les stratégies d'enseignement d'une langue seconde dans une école d'immersion dans un pays anglophone.
Merci !
Réponse du Guichet
gds_ctp
- Département : Equipe du Guichet du Savoir
Le 30/12/2015 à 13h44
Bonjour,
Les notions de « négociation de la forme et la négociation du sens » ont été développées dans les années 1990 par Roy Lyster, dans son article La négociation de la forme : stratégie analytique en classe d’immersion, publié dans la Revue canadienne des langues vivantes.
La consultation de cet article, vous permettra de mieux appréhender ces concepts.
Pour comprendre le fonctionnement de ces concepts dans une école d’immersion, vous pouvez consulter le site de l’Education du Manitoba au Canada La communication orale au quotidien en immersion française :
« 3. Stratégies pour travailler la langue orale au quotidien
La négociation du sens (Lyster 1994) dans la communication met l’accent sur les stratégies pour faire comprendre le message sans nécessairement se préoccuper de la forme de la langue. En immersion, on arrive vite à se comprendre mutuellement; l’interlangue est commune. Ainsi l’interaction en soi ne va pas nécessairement améliorer la forme de la langue. Alors, il faut aller au-delà de la négociation du sens pour s’intéresser à la précision de la langue. Voici quelques stratégies pour travailler davantage la forme de la communication orale au quotidien.
La reformulation
La reformulation est le fait de redire correctement ce que l’élève vient de dire. En tant que technique, elle est utilisée à différentes fins. Les enseignants s’en servent pour intéresser les élèves au contenu, pour confirmer la véracité de la réponse de l’élève ou pour ajouter de l’information. Ils fournissent souvent aux élèves des synonymes afin d’enrichir leur vocabulaire. […]
La rétroaction efficace
La rétroaction est le fait d’informer l’apprenant sur ce qu’il a fait. Les études démontrent que la rétroaction efficace, celle qui mène à une correction par les pairs ou à une autocorrection :
-attire l’attention des élèves sur leurs erreurs;
-est accompagnée d’indices explicites de nature paralinguistique.
La négociation de la forme
La négociation de la forme (Lyster 1994) exige de prêter attention à la forme pendant les interactions en classe et ailleurs. L’enseignant fournit de la rétroaction à l’élève afin de négocier la forme avec lui. À bien y penser, le moment le plus propice de s’attarder à la forme de la langue, c’est lorsque les apprenants ont quelque chose à dire. L’élève doit penser et réagir à la rétroaction de l’enseignant. Cette négociation a lieu parce que l’enseignant n’a pas fourni sur le vif la forme correcte mais a plutôt fourni des indices à l’élève sur comment reformuler lui-même son énoncé. La négociation de la forme motive l’apprenant à se rendre compte de ses erreurs et à modifier son énoncé. Souvent l’élève connaît déjà le mot plus précis recherché, la forme correcte. Il suffit de mettre en place des moyens pour activer ses connaissances.
La négociation de la forme redonne à l’élève la parole, avec des indices qui va l’amener à puiser dans ses connaissances. Par conséquent, on tient compte du sens et de la forme. En revanche, il n’y a rien à négocier lorsque l’enseignant fournit sur le coup la réponse ou la formulation correcte.
Vu qu’en immersion, la langue seconde est la langue d’enseignement de plusieurs matières, cette situation offre aux élèves un contexte de communication riche pour utiliser la langue de façon authentique, car les élèves posent des questions, expriment leurs opinions, fournissent des réponses, etc. Sans doute, le niveau de compréhension des élèves est assez élevé, dans certains cas très élevé. Le défi se situe au niveau de la précision de la langue en situation de communication.
La fonction didactique de la négociation de la forme est de fournir de la rétroaction qui encourage l’autocorrection en ce qui a trait à l’expression juste et précise de ses idées, au-delà de l’expression simplement compréhensible. La recherche démontre qu’il y a plus de chance que l’élève s’autocorrige si l’enseignant isole une erreur et la rend manifeste ou s’il questionne l’élève sur une erreur particulière. Une autocorrection ou une correction générée par les pairs indique un certain engagement de la part des élèves dans leur apprentissage de la langue.
Roy Lyster (2007 : 111) maintient que la recherche n’appuie pas la position de Krashen (1994 : cité dans Lyster 2007) selon laquelle la rétroaction orale donnée en lien avec la précision est source d’anxiété chez les apprenants et cause une rupture dans la communication. Lyster conteste également la déclaration de Long (2007 : cité dans Lyster 2007) selon laquelle donner des indices langagiers ralentit les cours tels les mathématiques, les sciences, etc. Au contraire, l’attention prêtée à la précision de la langue est compatible et pertinente au contenu en question. En fait, ce genre d’interaction entre enseignant et apprenants permet un échafaudage collectif par rapport à la langue dans le contexte des matières scolaires; aussi, cette attention prêtée à la forme permet aux apprenants d’améliorer et de préciser davantage leur vocabulaire, d’éprouver leurs hypothèses de manière créative. »
La consultation des articles suivants vous sera utile dans l’appréhension de votre sujet :
- Interactions, négociations de sens et décontextualisations en classe de français, Dr. Nedjma Cherrad, Université Mentouri, Constantine.
- La négociation de la forme et les erreurs faites a l'oral, Neal Darren Michael.
- Négociation de la relation et processus d’appropriation en classe de langue, Violaine Bigot.
- Les négociations de sens dans un dispositif d'apprentissage des langues en ligne synchrone par visioconférence, Viorica Nicolaev, ENS de Lyon, France.
- La langue en jeu dans les classes communicatives de français langue seconde, Birgit Haley.
L’interrogation du catalogue du Sudoc (catalogues des bibliothèques universitaires) propose des résultats intéressants pour votre problématique :
- Une semaine en classe en immersion française au Canada : approche ethnographique pour la formation, Danièle Moore et Cécile Sabatier.
- Developing aspects of second language discourse competence, Katherine Rehner.
- L'enfant en immersion linguistique précoce : actes du colloque organisé en la Mairie de Perpignan les 14 et 15 mars 2003 par l'Institut supérieur des langues de la République française.
- Éducations plurilingues : l'aire francophone entre héritages et innovations, sous la direction de Danielle Omer et Frédéric Tupin.
- Evaluation critique du programme de français d'immersion pour une intégration du DELF à Calgary, Jean-Baptiste Roux.
Pour obtenir plus de sources, vous pouvez réaliser des recherches dans les bases de données d’articles de revues spécialisées Cairn et Persée.
Bonne journée.
Les notions de « négociation de la forme et la négociation du sens » ont été développées dans les années 1990 par Roy Lyster, dans son article La négociation de la forme : stratégie analytique en classe d’immersion, publié dans la Revue canadienne des langues vivantes.
La consultation de cet article, vous permettra de mieux appréhender ces concepts.
Pour comprendre le fonctionnement de ces concepts dans une école d’immersion, vous pouvez consulter le site de l’Education du Manitoba au Canada La communication orale au quotidien en immersion française :
« 3. Stratégies pour travailler la langue orale au quotidien
La reformulation
La reformulation est le fait de redire correctement ce que l’élève vient de dire. En tant que technique, elle est utilisée à différentes fins. Les enseignants s’en servent pour intéresser les élèves au contenu, pour confirmer la véracité de la réponse de l’élève ou pour ajouter de l’information. Ils fournissent souvent aux élèves des synonymes afin d’enrichir leur vocabulaire. […]
La rétroaction efficace
La rétroaction est le fait d’informer l’apprenant sur ce qu’il a fait. Les études démontrent que la rétroaction efficace, celle qui mène à une correction par les pairs ou à une autocorrection :
-attire l’attention des élèves sur leurs erreurs;
-est accompagnée d’indices explicites de nature paralinguistique.
La négociation de la forme (Lyster 1994) exige de prêter attention à la forme pendant les interactions en classe et ailleurs. L’enseignant fournit de la rétroaction à l’élève afin de négocier la forme avec lui. À bien y penser, le moment le plus propice de s’attarder à la forme de la langue, c’est lorsque les apprenants ont quelque chose à dire. L’élève doit penser et réagir à la rétroaction de l’enseignant. Cette négociation a lieu parce que l’enseignant n’a pas fourni sur le vif la forme correcte mais a plutôt fourni des indices à l’élève sur comment reformuler lui-même son énoncé. La négociation de la forme motive l’apprenant à se rendre compte de ses erreurs et à modifier son énoncé. Souvent l’élève connaît déjà le mot plus précis recherché, la forme correcte. Il suffit de mettre en place des moyens pour activer ses connaissances.
La négociation de la forme redonne à l’élève la parole, avec des indices qui va l’amener à puiser dans ses connaissances. Par conséquent, on tient compte du sens et de la forme. En revanche, il n’y a rien à négocier lorsque l’enseignant fournit sur le coup la réponse ou la formulation correcte.
Vu qu’en immersion, la langue seconde est la langue d’enseignement de plusieurs matières, cette situation offre aux élèves un contexte de communication riche pour utiliser la langue de façon authentique, car les élèves posent des questions, expriment leurs opinions, fournissent des réponses, etc. Sans doute, le niveau de compréhension des élèves est assez élevé, dans certains cas très élevé. Le défi se situe au niveau de la précision de la langue en situation de communication.
La fonction didactique de la négociation de la forme est de fournir de la rétroaction qui encourage l’autocorrection en ce qui a trait à l’expression juste et précise de ses idées, au-delà de l’expression simplement compréhensible. La recherche démontre qu’il y a plus de chance que l’élève s’autocorrige si l’enseignant isole une erreur et la rend manifeste ou s’il questionne l’élève sur une erreur particulière. Une autocorrection ou une correction générée par les pairs indique un certain engagement de la part des élèves dans leur apprentissage de la langue.
Roy Lyster (2007 : 111) maintient que la recherche n’appuie pas la position de Krashen (1994 : cité dans Lyster 2007) selon laquelle la rétroaction orale donnée en lien avec la précision est source d’anxiété chez les apprenants et cause une rupture dans la communication. Lyster conteste également la déclaration de Long (2007 : cité dans Lyster 2007) selon laquelle donner des indices langagiers ralentit les cours tels les mathématiques, les sciences, etc. Au contraire, l’attention prêtée à la précision de la langue est compatible et pertinente au contenu en question. En fait, ce genre d’interaction entre enseignant et apprenants permet un échafaudage collectif par rapport à la langue dans le contexte des matières scolaires; aussi, cette attention prêtée à la forme permet aux apprenants d’améliorer et de préciser davantage leur vocabulaire, d’éprouver leurs hypothèses de manière créative. »
La consultation des articles suivants vous sera utile dans l’appréhension de votre sujet :
- Interactions, négociations de sens et décontextualisations en classe de français, Dr. Nedjma Cherrad, Université Mentouri, Constantine.
- La négociation de la forme et les erreurs faites a l'oral, Neal Darren Michael.
- Négociation de la relation et processus d’appropriation en classe de langue, Violaine Bigot.
- Les négociations de sens dans un dispositif d'apprentissage des langues en ligne synchrone par visioconférence, Viorica Nicolaev, ENS de Lyon, France.
- La langue en jeu dans les classes communicatives de français langue seconde, Birgit Haley.
L’interrogation du catalogue du Sudoc (catalogues des bibliothèques universitaires) propose des résultats intéressants pour votre problématique :
- Une semaine en classe en immersion française au Canada : approche ethnographique pour la formation, Danièle Moore et Cécile Sabatier.
- Developing aspects of second language discourse competence, Katherine Rehner.
- L'enfant en immersion linguistique précoce : actes du colloque organisé en la Mairie de Perpignan les 14 et 15 mars 2003 par l'Institut supérieur des langues de la République française.
- Éducations plurilingues : l'aire francophone entre héritages et innovations, sous la direction de Danielle Omer et Frédéric Tupin.
- Evaluation critique du programme de français d'immersion pour une intégration du DELF à Calgary, Jean-Baptiste Roux.
Pour obtenir plus de sources, vous pouvez réaliser des recherches dans les bases de données d’articles de revues spécialisées Cairn et Persée.
Bonne journée.
DANS NOS COLLECTIONS :
Ça pourrait vous intéresser :
Commentaires 0
Connectez-vous pour pouvoir commenter.
Se connecter