Question d'origine :
Pourquoi n'y avait-il pas de fourchettes a table au moyen âge pendant une fête lors d'un festin ?
Réponse du Guichet
gds_db
- Département : Equipe du Guichet du Savoir
Le 24/11/2015 à 09h45
Bonjour,
Le département Civilisation a déjà répondu à une question similaire : Utilisation de la fourchette.
Les Européens ont mangé avec leurs doigts jusqu'à la Renaissance. Petit à petit, ils les ont retirés du plat, préoccupations hygiénistes et d'élégance obligent. L'usage de la fourchette ne s'est développé qu'après le XVIe siècle.
Il faut noter que l'Eglise interdisait l'usage de la fourchette, assimilée à la fourche du diable. En effet, les hommes d'Eglise la jugeaient comme «un instrument de mollesse et de perversion diabolique» :
Quant à l'Église, elle condamne cet instrument du diable incitant à la gourmandise, et jusqu'au XVIIIe siècle la fourchette sera interdite dans les couvents. Henri III, passant par Venise lors de son retour de Pologne en 1574, la juge très utile pour éviter les chutes intempestives de nourriture, et ses favoris s'empressent, dit-on, de l'imiter lors de leurs agapes. En 1642, une gravure d'Abraham Bosse, intitulée Le Midy, figure Anne d'Autriche mangeant à côté de Louis XIII avec une fourchette et un couteau.
source : Manger avec les mains - Les bonnes et les mauvaises manières - par Joëlle Chevé dans Historia Spécial n°19 daté septembre 2014 à la page 76
C'est seulement au XVIe siècle que la fourchette apparaît sur le territoire français (hormis quelques très rares et éphémères incursions antérieures). L'ustensile aux deux longues dents pointues effraie les membres de la cour, qui redoutent de se blesser en le manipulant. L'Église le regarde, elle aussi, d'un très mauvais oeil : elle y voit un instrument du diable, susceptible d'inciter les hommes au péché de gourmandise. Et elle rappelle que si Dieu a créé les doigts de la main, c'est pour saisir les aliments : ne pas les utiliser représente une offense envers le Créateur.
La première entrée en scène de la fourchette est donc un « fiasco » total. Mais Henri III la redécouvre à Venise, en 1574. Conquis, il l'adopte aussitôt, imité par ses « mignons ». Ces jeunes gentilshommes font l'objet d'un grand mépris de la part des nobles de la cour, lesquels jugent décadents ces favoris du roi qui se fardent le visage, poudrent et frisent leurs cheveux, portent boucles d'oreilles, habits de dentelle et, autour du cou, une fraise empesée. Or, pour contourner cet encombrant accessoire vestimentaire, la fourchette se révèle autrement plus pratique que les doigts : le monarque et ses proches y ont donc recours de manière systématique et ostentatoire.
Mais la réputation d'« efféminés » de ces premiers adeptes jette le discrédit sur l'ustensile. Jusqu'à la fin du XVIIe siècle, il ne quitte que rarement la cuisine1 et si l'on y a recours pendant le repas, c'est pour prendre les aliments dans le plat de service et les déposer sur l'assiette, où les doigts les saisissent ensuite pour les porter à la bouche.
source : À la Renaissance, l'Italie s'invite à table Historia, no. 788 - Dossier cuisine, août 2012, p. 44
A lire aussi :
- Histoires de cuillères EXPOSITIONS - par J. C. dans Mensuel n°815 daté octobre 2014 à la page 13 (112 mots)
- Tables d'hier, tables d'ailleurs: histoire et ethnologie du repas / Jean Louis Flandrin, Jane Cobbi
- Les arts de la table / Vincent Genot - Levif.be - 22/12/2014
Bonne journée
Le département Civilisation a déjà répondu à une question similaire : Utilisation de la fourchette.
Les Européens ont mangé avec leurs doigts jusqu'à la Renaissance. Petit à petit, ils les ont retirés du plat, préoccupations hygiénistes et d'élégance obligent. L'usage de la fourchette ne s'est développé qu'après le XVIe siècle.
Il faut noter que l'Eglise interdisait l'usage de la fourchette, assimilée à la fourche du diable. En effet, les hommes d'Eglise la jugeaient comme «un instrument de mollesse et de perversion diabolique» :
Quant à l'Église, elle condamne cet instrument du diable incitant à la gourmandise, et jusqu'au XVIIIe siècle la fourchette sera interdite dans les couvents. Henri III, passant par Venise lors de son retour de Pologne en 1574, la juge très utile pour éviter les chutes intempestives de nourriture, et ses favoris s'empressent, dit-on, de l'imiter lors de leurs agapes. En 1642, une gravure d'Abraham Bosse, intitulée Le Midy, figure Anne d'Autriche mangeant à côté de Louis XIII avec une fourchette et un couteau.
source : Manger avec les mains - Les bonnes et les mauvaises manières - par Joëlle Chevé dans Historia Spécial n°19 daté septembre 2014 à la page 76
C'est seulement au XVIe siècle que la fourchette apparaît sur le territoire français (hormis quelques très rares et éphémères incursions antérieures). L'ustensile aux deux longues dents pointues effraie les membres de la cour, qui redoutent de se blesser en le manipulant. L'Église le regarde, elle aussi, d'un très mauvais oeil : elle y voit un instrument du diable, susceptible d'inciter les hommes au péché de gourmandise. Et elle rappelle que si Dieu a créé les doigts de la main, c'est pour saisir les aliments : ne pas les utiliser représente une offense envers le Créateur.
La première entrée en scène de la fourchette est donc un « fiasco » total. Mais Henri III la redécouvre à Venise, en 1574. Conquis, il l'adopte aussitôt, imité par ses « mignons ». Ces jeunes gentilshommes font l'objet d'un grand mépris de la part des nobles de la cour, lesquels jugent décadents ces favoris du roi qui se fardent le visage, poudrent et frisent leurs cheveux, portent boucles d'oreilles, habits de dentelle et, autour du cou, une fraise empesée. Or, pour contourner cet encombrant accessoire vestimentaire, la fourchette se révèle autrement plus pratique que les doigts : le monarque et ses proches y ont donc recours de manière systématique et ostentatoire.
Mais la réputation d'« efféminés » de ces premiers adeptes jette le discrédit sur l'ustensile. Jusqu'à la fin du XVIIe siècle, il ne quitte que rarement la cuisine1 et si l'on y a recours pendant le repas, c'est pour prendre les aliments dans le plat de service et les déposer sur l'assiette, où les doigts les saisissent ensuite pour les porter à la bouche.
source : À la Renaissance, l'Italie s'invite à table Historia, no. 788 - Dossier cuisine, août 2012, p. 44
A lire aussi :
- Histoires de cuillères EXPOSITIONS - par J. C. dans Mensuel n°815 daté octobre 2014 à la page 13 (112 mots)
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Bonne journée
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