Meurtres rituels
DIVERS
+ DE 2 ANS
Le 04/08/2015 à 11h03
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Question d'origine :
Quels sont les ressorts psychologiques (ou psychosociologiques) qui depuis les premiers meurtres rituels aux immolations de monsieur carnaval justifient une violence collective contre un individu?...
Cette interrogation a été motivée par la lecture de "Mangez-le si vous voulez" de Jean Teulé.
Merci d'avance;
7erence
Réponse du Guichet
gds_et
- Département : Équipe du Guichet du Savoir
Le 05/08/2015 à 09h03
Bonjour,
Tout d’abord, quelques précisions sur les exemples que vous citez :
Le « meurtre rituel » ou « crime rituel » est un terme plus spécifiquement employé pour désigner de prétendus meurtres d’enfants dans le cadre d’un rituel religieux. Les accusations de crimes rituels, souvent portées par un groupe majoritaire à l’encontre d’une minorité, naissent soit de la xénophobie et des préjugés, soit constituent un instrument de propagande servant à justifier l’oppression et la persécution de ce groupe :
La légende des crimes rituels (les Anglais disent blood libel) attribue à des minorités déterminées et socialement rejetées des meurtres contre les membres du groupe majoritaire, le plus souvent des enfants. Calomniant ceux qu'elle proclame les auteurs, elle provoque et justifie oppression et persécution. Ses colporteurs profitent des enlèvements qu'on n'a pu éclaircir, des accidents et des décès et pour les expliquer ils proposent des boucs émissaires. De telles légendes ne sont pas seulement le résultat de légendes populaires, enracinées dans la superstition, mais, dans un but de propagande, elles sont aussi construites et utilisées de façon réfléchie par des groupes d'intérêts religieux, politiques, régionaux ou locaux. Des pogroms, des lynchages et des meurtres camouflés en jugements en sont souvent le résultat.
Source : Wikipedia
La communauté juive, notamment, a été victime de ce type d’accusations au cours de l’Histoire.
Si vous souhaitez en savoir plus à ce sujet voici quelques documents qui en traitent :
- Un récit de "meurtre rituel" au Grand Siècle : l'affaire Raphaël Lévy, Metz, 1669, Pierre Birnbaum
En septembre 1669, Raphaël Lévy se rend à Metz pour y acheter un shofar et du vin pour célébrer, le lendemain soir, le nouvel an juif. Ce même jour, à Glatigny, petit village situé sur la route qui mène de Boulay à Metz, Mangeotte Villemin s'aperçoit de la disparition de son fils, le petit Didier Le Moyne, âgé de trois ans. Un cavalier affirme avoir vu Raphaël Lévy portant un enfant sous son manteau. Tout s'éclaire : les Juifs ont enlevé un enfant chrétien pour célébrer leurs fêtes. L'accusation de meurtre rituel surgit ainsi en France, au moment même où s'achève la chasse aux sorcières. Dans une Lorraine des frontières, au statut politique incertain, traversée sans cesse par des guerres et des famines, le mythe réapparaît intact, alimenté par une Contre-Réforme militante. Au terme d'un long procès, dont les pièces sont pour la première fois ici présentées de manière exhaustive, durant lequel défile une pléiade d'habitants, on s'immerge dans une culture locale faite, en dépit de liens étroits de sociabilité, de préjugés et de fantasmes suscités par une population juive fidèle à ses rituels et à ses valeurs. Non seulement les Juifs sont supposés tuer de jeunes enfants pour s'emparer de leur sang, mais ils s'en prendraient également, le vendredi saint, au cours de cérémonies sataniques, à la sainte hostie. Raphaël est soumis aux tortures les plus effroyables avant d'être conduit au bûcher. L'Etat, qui protège fréquemment ses Juifs, intervient trop tardivement, Louis XIV parvenant seulement à faire libérer les autres Juifs emprisonnés. En ce Grand Siècle où s'affirment la raison et la science, un vent de folie s'est brutalement abattu sur Metz. Puis c'est un long silence : il faudra attendre l'affaire Dreyfus pour que l'affaire Raphaël Lévy resurgisse, avant de s'effacer à nouveau de la mémoire collective.
- Le crime rituel ou le sang de l'autre, Marie-France Rouart :
L’auteur étudie plusieurs cas de prétendus meurtres d’enfants replacés dans leur contexte religieux, politique et juridique. Elle s’intéresse aussi à la forme et au contenu des récits relatant les « faits ». Ces textes aux composantes étonnamment stables révèlent la véritable origine des accusations : une rumeur nourrie par la légende et développant le mythe de « l’enfant martyr tué par les juifs » né des croisades.
Ces préjugés ne sont pas limités au domaine du religieux ; ils seront repris jusqu’à nos jours à des fins idéologiques et provoqueront encore en 1946, en Pologne, un pogrom sanglant.
Dans le cas du « meurtre » symbolique de Monsieur Carnaval , il s’agit moins de violence à l’égard d’un individu que de la représentation symbolique d’une transition, d’un passage, en l’occurrence le passage de l’hiver au printemps : on juge puis on brûle Monsieur Carnaval car il représente l’hiver et tous ses aspects négatifs : froid, tristesse… :
Il est pour habitude à la fin du Carnaval de brûler «Monsieur Carnaval». Cette tradition s'explique par le fait qu'en brûlant celui ci on met un terme à L'hiver. Après avoir traversé sous les confettis toutes les rues et ruelles du bourg en musique et accompagné par une foule très nombreuse Monsieur Carnaval fut donc jugé en place publique. il lui fut reproché notamment tous les aspectes négatifs de l'hiver le froid la tristesse et bien d'autre maux. La sentence fut sans appel et exécutée sur l'heure. le bourreau mit le feu au bûcher pour la plus grande joie des enfants et des parents qui se mirent à danser en cercle autour du feu.
Source : «On a brûlé Monsieur Carnaval»
Dans Mangez-le si vous voulez, Jean Teulé reprend un fait divers survenu en 1870 lors d’une foire à Hautefaye :
Cette affaire se situe dans le contexte de la guerre de 1870 et des passions exacerbées qu'elle a provoquées dans la population de ce petit village. À la suite d'un simple malentendu, Alain de Monéys a en effet été pris pour un Prussien, ce qui a entraîné son lynchage. Le caractère barbare de l'événement a été encore amplifié par des rumeurs - dues à des propos attribués au maire - sur des actes de cannibalisme qui auraient été commis par les villageois. Parmi les vingt-et-un accusés de cet assassinat, les quatre principaux responsables ont été condamnés à mort et un autre aux travaux forcés à perpétuité.
Source : Wikipedia
Plusieurs ouvrages analysent les ressorts complexes de ce drame, que vous lirez certainement avec intérêt :
- Le village des " cannibales " Alain Corbin
Le 16 août 1870, à Hautefaye, petit village de Dordogne, un jeune noble est supplicié durant deux heures, puis brûlé vif sur le foirail, en présence d'une foule de trois à huit cents personnes qui l'accuse d'avoir crié : " Vive la République ! ". Le soir, les forcenés se dispersent et se vantent d'avoir " rôti " un " Prussien ". Certains regrettent de ne pas avoir infligé le même sort au curé de la paroisse. Février 1871. Le journaliste républicain Charles Ponsac met en évidence ce qui constitue le drame en objet historique : " Jamais, écrit-il, dans les annales du crime, on ne rencontra un meurtre aussi épouvantable. Le crime d'Hautefaye est un crime en quelque sorte tout politique ". Alain Corbin a mené une véritable enquête sur l'énigme et la fascination de cet ultime massacre né de la fureur paysanne. Il reconstitue le climat politique de 1870. Il montre comment l'annonce des premières défaites, le flot des rumeurs, la simplicité des représentations politiques, la hantise du retour de l'ordre ancien et les calamités passées amènent une population rurale à recourir à des formes de cruauté devenues étranges, indicibles, insupportables. Un récit magistral.
- Hautefaye : l'année terrible, Georges Marbeck
- Un crime de braves gens : Hautefaye-Périgord 1870, Georges Marbeck
Version corrigée et augmentée de : "Hautefaye, l'année terrible"
- L'Affaire d'Hautefaye, légende, histoire, Patrick de Ruffray
- Les grands crimes du Sud-Ouest, Dominique Lormier
- Les mystères du Périgord, Pascal Audoux, Jean-Jacques Gillot
Plus généralement, le mécanisme psychologique favorisant la désinhibition, la transgression et les actions violentes d’une foule ou d’un groupe telles que le lynchage ou le vandalisme, peut être désigné en psychologie sociale par le terme désindividuation en groupe :
On doit ce terme à Festinger, Pepitone et Newcomb (1952). Le fait d’être dans un grand groupe ou dans une foule peut nous amener à adopter des comportements antisociaux.
On peut prendre l’exemple des émeutes, des dégradations diverses, des lynchages…
La notion de Désindividuation permet d’expliquer la production de tels actes que l’individu n’aurait pas commis seul.
L’effet de foule peut expliquer les comportements excessifs. Dans la foule, tout se passe comme si l’individu perdait ses inhibitions et diminuait son sentiment de responsabilité.
La notion de désindividuation renvoie donc aux situations de foule qui provoquent chez les individus une perte de leur identité personnelle.
En fait, ce concept est à l’opposé de celui de conscience de soi.
Dans un grand groupe, les individus sont non identifiables et anonymes. Cela permet donc, la levée des interdits mais aussi l’abandon des valeurs personnelles.
A posteriori, les individus expliquent leurs comportements excessifs par la situation (tout le monde a fait pareil) et non par leurs motivations personnelles.
Pour résumer, la désindividuation est un état psychologique qui se caractérise par un affaiblissement de la conscience de soi. Les actions vont être influencées par les sollicitations immédiates de la situation et par ce que font les autres autour de nous.
Le fait de se sentir anonyme (souvent caractéristique des situations de foule) est la condition qui favorise le plus la désindividuation.
L’anonymat ou l’impossibilité d’être reconnu et identifié en tant de personne singulière réduit les inhibitions de chaque individu présent.
Voir une expérience sur l’anonymat et la désinhibition
Les effets de l’anonymat peuvent, dans d’autres cas, être positifs. Notamment dans le cas où les individus sont placés dans une situation favorisant les comportements pro sociaux tel que l’altruisme.
En d’autres termes, si les circonstances favorisent le comportement d’aide, les gens sont alors altruistes.
Voir une expérience sur les effets positifs de l'anonymat
Source : psychologie-sociale.com
Pour aller plus loin :
- Psychologie sociale des violences collectives, cerveauetpsycho.fr
- Psychologie des violences sociales, Gustave-Nicolas Fischer et coll.
- Psychologie de la violence, ouvrage dirigé par Christophe Bormans et Guy Massat
Analyse la représentation de la violence dans la société occidentale, partant des différentes mythologies et de l'Ancien Testament, puis réfléchit sur le sens de cette violence d'un point de vue psychanalytique et individuel. Etudie également le phénomène de la violence aujourd'hui dans notre société avec ses manifestations urbaines, collectives ou individuelles.
- Psychopathologie des violences collectives : essai de psychologie géopolitique clinique, Françoise Sironi
Des prises d’otages aux attentats, de la répression à la torture, mais aussi du bizutage aux tournantes, les violences collectives sont quotidiennes, à l’étranger comme en France. Quel est leur but ? Comment parvient-on à terroriser une population ? Qu’est-ce qu’un traumatisme intentionnel ?
Françoise Sironi, spécialiste internationalement reconnue, a soigné des victimes des Khmers rouges, elle a été en mission au Kosovo et a fondé un centre de réhabilitation de vétérans russes des guerres en Afghanistan et en Tchétchénie. Elle a créé une nouvelle approche, la psychologie géopolitique clinique, qui étudie et prend en charge ce nouvel aspect des relations sociales et internationales
Elle montre comment les conflits violents créent des traumatismes psychiques aussi bien chez les agresseurs que chez les agressés. Et elle expose les thérapies qu’elle a mises au point.
Françoise Sironi est maître de conférences en psychologie clinique et pathologique à l’université Paris-VIII et enseigne la psychologie géopolitique à l’Institut d’études politiques de Paris. Elle a publié Bourreaux et Victimes. Psychologie de la torture.
- Relire La psychologie des foules de Gustave Le Bon Jean-François Phélizon
Et pour finir sur un ton un peu plus "léger":
- Pourquoi faisons-nous des choses stupides ou irrationnelles ? Sylvain Delouvée, Margot
20 expériences de psychologie parmi les plus connues afin de déterminer l'influence que peuvent avoir le contexte et la présence des autres sur notre comportement : la caverne aux voleurs (Sherif), la panique des masses (Cantril), la soumission à l'autorité (Milgram), etc.
Bonnes lectures.
Tout d’abord, quelques précisions sur les exemples que vous citez :
La légende des crimes rituels (les Anglais disent blood libel) attribue à des minorités déterminées et socialement rejetées des meurtres contre les membres du groupe majoritaire, le plus souvent des enfants. Calomniant ceux qu'elle proclame les auteurs, elle provoque et justifie oppression et persécution. Ses colporteurs profitent des enlèvements qu'on n'a pu éclaircir, des accidents et des décès et pour les expliquer ils proposent des boucs émissaires. De telles légendes ne sont pas seulement le résultat de légendes populaires, enracinées dans la superstition, mais, dans un but de propagande, elles sont aussi construites et utilisées de façon réfléchie par des groupes d'intérêts religieux, politiques, régionaux ou locaux. Des pogroms, des lynchages et des meurtres camouflés en jugements en sont souvent le résultat.
Source : Wikipedia
La communauté juive, notamment, a été victime de ce type d’accusations au cours de l’Histoire.
Si vous souhaitez en savoir plus à ce sujet voici quelques documents qui en traitent :
- Un récit de "meurtre rituel" au Grand Siècle : l'affaire Raphaël Lévy, Metz, 1669, Pierre Birnbaum
En septembre 1669, Raphaël Lévy se rend à Metz pour y acheter un shofar et du vin pour célébrer, le lendemain soir, le nouvel an juif. Ce même jour, à Glatigny, petit village situé sur la route qui mène de Boulay à Metz, Mangeotte Villemin s'aperçoit de la disparition de son fils, le petit Didier Le Moyne, âgé de trois ans. Un cavalier affirme avoir vu Raphaël Lévy portant un enfant sous son manteau. Tout s'éclaire : les Juifs ont enlevé un enfant chrétien pour célébrer leurs fêtes. L'accusation de meurtre rituel surgit ainsi en France, au moment même où s'achève la chasse aux sorcières. Dans une Lorraine des frontières, au statut politique incertain, traversée sans cesse par des guerres et des famines, le mythe réapparaît intact, alimenté par une Contre-Réforme militante. Au terme d'un long procès, dont les pièces sont pour la première fois ici présentées de manière exhaustive, durant lequel défile une pléiade d'habitants, on s'immerge dans une culture locale faite, en dépit de liens étroits de sociabilité, de préjugés et de fantasmes suscités par une population juive fidèle à ses rituels et à ses valeurs. Non seulement les Juifs sont supposés tuer de jeunes enfants pour s'emparer de leur sang, mais ils s'en prendraient également, le vendredi saint, au cours de cérémonies sataniques, à la sainte hostie. Raphaël est soumis aux tortures les plus effroyables avant d'être conduit au bûcher. L'Etat, qui protège fréquemment ses Juifs, intervient trop tardivement, Louis XIV parvenant seulement à faire libérer les autres Juifs emprisonnés. En ce Grand Siècle où s'affirment la raison et la science, un vent de folie s'est brutalement abattu sur Metz. Puis c'est un long silence : il faudra attendre l'affaire Dreyfus pour que l'affaire Raphaël Lévy resurgisse, avant de s'effacer à nouveau de la mémoire collective.
- Le crime rituel ou le sang de l'autre, Marie-France Rouart :
L’auteur étudie plusieurs cas de prétendus meurtres d’enfants replacés dans leur contexte religieux, politique et juridique. Elle s’intéresse aussi à la forme et au contenu des récits relatant les « faits ». Ces textes aux composantes étonnamment stables révèlent la véritable origine des accusations : une rumeur nourrie par la légende et développant le mythe de « l’enfant martyr tué par les juifs » né des croisades.
Ces préjugés ne sont pas limités au domaine du religieux ; ils seront repris jusqu’à nos jours à des fins idéologiques et provoqueront encore en 1946, en Pologne, un pogrom sanglant.
Il est pour habitude à la fin du Carnaval de brûler «Monsieur Carnaval». Cette tradition s'explique par le fait qu'en brûlant celui ci on met un terme à L'hiver. Après avoir traversé sous les confettis toutes les rues et ruelles du bourg en musique et accompagné par une foule très nombreuse Monsieur Carnaval fut donc jugé en place publique. il lui fut reproché notamment tous les aspectes négatifs de l'hiver le froid la tristesse et bien d'autre maux. La sentence fut sans appel et exécutée sur l'heure. le bourreau mit le feu au bûcher pour la plus grande joie des enfants et des parents qui se mirent à danser en cercle autour du feu.
Source : «On a brûlé Monsieur Carnaval»
Cette affaire se situe dans le contexte de la guerre de 1870 et des passions exacerbées qu'elle a provoquées dans la population de ce petit village. À la suite d'un simple malentendu, Alain de Monéys a en effet été pris pour un Prussien, ce qui a entraîné son lynchage. Le caractère barbare de l'événement a été encore amplifié par des rumeurs - dues à des propos attribués au maire - sur des actes de cannibalisme qui auraient été commis par les villageois. Parmi les vingt-et-un accusés de cet assassinat, les quatre principaux responsables ont été condamnés à mort et un autre aux travaux forcés à perpétuité.
Source : Wikipedia
Plusieurs ouvrages analysent les ressorts complexes de ce drame, que vous lirez certainement avec intérêt :
- Le village des " cannibales " Alain Corbin
Le 16 août 1870, à Hautefaye, petit village de Dordogne, un jeune noble est supplicié durant deux heures, puis brûlé vif sur le foirail, en présence d'une foule de trois à huit cents personnes qui l'accuse d'avoir crié : " Vive la République ! ". Le soir, les forcenés se dispersent et se vantent d'avoir " rôti " un " Prussien ". Certains regrettent de ne pas avoir infligé le même sort au curé de la paroisse. Février 1871. Le journaliste républicain Charles Ponsac met en évidence ce qui constitue le drame en objet historique : " Jamais, écrit-il, dans les annales du crime, on ne rencontra un meurtre aussi épouvantable. Le crime d'Hautefaye est un crime en quelque sorte tout politique ". Alain Corbin a mené une véritable enquête sur l'énigme et la fascination de cet ultime massacre né de la fureur paysanne. Il reconstitue le climat politique de 1870. Il montre comment l'annonce des premières défaites, le flot des rumeurs, la simplicité des représentations politiques, la hantise du retour de l'ordre ancien et les calamités passées amènent une population rurale à recourir à des formes de cruauté devenues étranges, indicibles, insupportables. Un récit magistral.
- Hautefaye : l'année terrible, Georges Marbeck
- Un crime de braves gens : Hautefaye-Périgord 1870, Georges Marbeck
Version corrigée et augmentée de : "Hautefaye, l'année terrible"
- L'Affaire d'Hautefaye, légende, histoire, Patrick de Ruffray
- Les grands crimes du Sud-Ouest, Dominique Lormier
- Les mystères du Périgord, Pascal Audoux, Jean-Jacques Gillot
Plus généralement, le mécanisme psychologique favorisant la désinhibition, la transgression et les actions violentes d’une foule ou d’un groupe telles que le lynchage ou le vandalisme, peut être désigné en psychologie sociale par le terme désindividuation en groupe :
On doit ce terme à Festinger, Pepitone et Newcomb (1952). Le fait d’être dans un grand groupe ou dans une foule peut nous amener à adopter des comportements antisociaux.
On peut prendre l’exemple des émeutes, des dégradations diverses, des lynchages…
La notion de Désindividuation permet d’expliquer la production de tels actes que l’individu n’aurait pas commis seul.
L’effet de foule peut expliquer les comportements excessifs. Dans la foule, tout se passe comme si l’individu perdait ses inhibitions et diminuait son sentiment de responsabilité.
La notion de désindividuation renvoie donc aux situations de foule qui provoquent chez les individus une perte de leur identité personnelle.
En fait, ce concept est à l’opposé de celui de conscience de soi.
Dans un grand groupe, les individus sont non identifiables et anonymes. Cela permet donc, la levée des interdits mais aussi l’abandon des valeurs personnelles.
A posteriori, les individus expliquent leurs comportements excessifs par la situation (tout le monde a fait pareil) et non par leurs motivations personnelles.
Pour résumer, la désindividuation est un état psychologique qui se caractérise par un affaiblissement de la conscience de soi. Les actions vont être influencées par les sollicitations immédiates de la situation et par ce que font les autres autour de nous.
Le fait de se sentir anonyme (souvent caractéristique des situations de foule) est la condition qui favorise le plus la désindividuation.
L’anonymat ou l’impossibilité d’être reconnu et identifié en tant de personne singulière réduit les inhibitions de chaque individu présent.
Voir une expérience sur l’anonymat et la désinhibition
Les effets de l’anonymat peuvent, dans d’autres cas, être positifs. Notamment dans le cas où les individus sont placés dans une situation favorisant les comportements pro sociaux tel que l’altruisme.
En d’autres termes, si les circonstances favorisent le comportement d’aide, les gens sont alors altruistes.
Voir une expérience sur les effets positifs de l'anonymat
Source : psychologie-sociale.com
- Psychologie sociale des violences collectives, cerveauetpsycho.fr
- Psychologie des violences sociales, Gustave-Nicolas Fischer et coll.
- Psychologie de la violence, ouvrage dirigé par Christophe Bormans et Guy Massat
Analyse la représentation de la violence dans la société occidentale, partant des différentes mythologies et de l'Ancien Testament, puis réfléchit sur le sens de cette violence d'un point de vue psychanalytique et individuel. Etudie également le phénomène de la violence aujourd'hui dans notre société avec ses manifestations urbaines, collectives ou individuelles.
- Psychopathologie des violences collectives : essai de psychologie géopolitique clinique, Françoise Sironi
Des prises d’otages aux attentats, de la répression à la torture, mais aussi du bizutage aux tournantes, les violences collectives sont quotidiennes, à l’étranger comme en France. Quel est leur but ? Comment parvient-on à terroriser une population ? Qu’est-ce qu’un traumatisme intentionnel ?
Françoise Sironi, spécialiste internationalement reconnue, a soigné des victimes des Khmers rouges, elle a été en mission au Kosovo et a fondé un centre de réhabilitation de vétérans russes des guerres en Afghanistan et en Tchétchénie. Elle a créé une nouvelle approche, la psychologie géopolitique clinique, qui étudie et prend en charge ce nouvel aspect des relations sociales et internationales
Elle montre comment les conflits violents créent des traumatismes psychiques aussi bien chez les agresseurs que chez les agressés. Et elle expose les thérapies qu’elle a mises au point.
Françoise Sironi est maître de conférences en psychologie clinique et pathologique à l’université Paris-VIII et enseigne la psychologie géopolitique à l’Institut d’études politiques de Paris. Elle a publié Bourreaux et Victimes. Psychologie de la torture.
- Relire La psychologie des foules de Gustave Le Bon Jean-François Phélizon
Et pour finir sur un ton un peu plus "léger":
- Pourquoi faisons-nous des choses stupides ou irrationnelles ? Sylvain Delouvée, Margot
20 expériences de psychologie parmi les plus connues afin de déterminer l'influence que peuvent avoir le contexte et la présence des autres sur notre comportement : la caverne aux voleurs (Sherif), la panique des masses (Cantril), la soumission à l'autorité (Milgram), etc.
Bonnes lectures.
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