Information sur son espionnage par la Stasi en RDA ?
DIVERS
+ DE 2 ANS
Le 06/05/2015 à 09h53
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Question d'origine :
Bonjour,
La Stasi avait en RDA institué un système de surveillance des citoyens qui semble très organisé avec archivage de l'ensemble des informations.
Ma questions est donc, un citoyen de RDA avait-il à l'époque un moyen de savoir si il avait été espionné et le cas échéant connaitre les documents le concernant ?
Même si inexistant en pratique, la chose était prévue ?
Réponse du Guichet
gds_et
- Département : Équipe du Guichet du Savoir
Le 07/05/2015 à 08h07
Bonjour,
Par définition, les données accumulées par un service de renseignement sont… secrètes.
Tant que la Stasi était active, il était donc impensable pour un citoyen de RDA de savoir s’il faisait (ou avait fait par le passé) l’objet d’une surveillance (à moins de découvrir inopinément un micro dissimulé dans son bureau ?), et encore moins d’accéder aux informations réunies sur son compte. Ce d'autant plus que les personnes surveillées faisaient partie des mouvements "dissidents", opposés au régime, que la Stasi s'efforçait d'étouffer : intellectuels, pacifistes, féministes, et même religieux.
Mais en décembre 1991 la situation change : l’Allemagne réunifiée adopte la « loi sur les dossiers de la Stasi », permettant dès 1992 à chaque citoyen de consulter le dossier le concernant… et de connaître l’identité des personnes ayant informé la Stasi à son insu, qui pouvaient aussi bien être de vagues connaissances que des membres de leur entourage proche. En tout, près de 500 000 personnes ont travaillé pour la Stasi d'une manière ou d'une autre, agents officiels et informateurs non officiels confondus.
Nous sommes en janvier 1992. L'agence gouvernementale BStU en charge des documents relatifs à la Sécurité d’Etat en RDA décide d’ouvrir les archives de la Stasi. Près de six millions d’Allemands de l’Est sont concernés. En tant que preuve de la scission de la société civile, les dossiers personnels de la Stasi représentaient une source d’interrogations et de débats dès la fin des années 80. En prenant la décision de rendre publique ces documents, l’Etat allemand faisait le choix de l’ouverture, et prenait le risque de mettre en lumière les parts sombres de l’histoire est-allemande, en poussant à la réconciliation deux parties de la société : ceux qui avaient été espionnés à leur insu et ceux qui avaient collaboré au système en dénonçant leurs compatriotes.
Source : Pourquoi a-t-on ouvert les dossiers de la Stasi au public ?, Aliénor Carrière
La loi prévoit d'une part la création d'une administration autonome devant gérer, rendre accessibles et analyser les documents de la Stasi. A ses tâches en outre : informer la population sur la structure et les méthodes de travail des services secrets est-allemands – donc aussi une tâche de recherche et d'éducation. De plus,la loi stipule que toute personne concernée sur laquelle la Stasi avait recueilli des informations peut consulter « son » dossier à l'Administration des documents de la Stasi à Berlin et dans ses 14 antennes extérieures. Presque 2,5 millions de personnes en font usage au cours de ces dix-sept dernières années . L'administration met également des documents à la disposition des journalistes et des scientifiques - depuis 1991, 20 000 demandes de ce genre ont été déposées. Et enfin, la loi fixe que l'administration doit examiner les cas d'ancienne collaboration avec la Stasi dans le personnel du service public. Ce qui a eu lieu ces dix-sept dernières années dans presque 1,8 millions de cas. Entretemps, les dénommées « vérifications de règle » dans le service public sont achevées. Après le dernier renouvellement de la loi sur les documents de la Stasi, un « Stasi-Check » n'est plus prévu que pour un cercle très restreint de personnes occupant des fonctions publiques élevées.
Source : 18 ans après l'ouverture des archives de la Stasi, eurotopics.net
Mais qui est donc «Donald»? Quel indicateur de la Stasi, la redoutable police politique est-allemande, se cache derrière ce nom de code inoffensif et sautillant? En cette veille de Noël 1991, Vera Wollenberger aimerait bien le savoir. Depuis plusieurs jours, comme une récente loi sur l'ouverture des archives de la Stasi l'y autorise, cette ex-dissidente à peine trentenaire croise ce Donald à chacune des pages des 30 tomes qui constituent son dossier personnel. Donald sait tout de ses activités au sein du groupe pacifiste Femmes pour la paix de Berlin-Est. Donald est au courant de ses moindres actions contre le stationnement de missiles nucléaires soviétiques sur le sol est-allemand. Plus étonnant encore, au détour de ses rapports bimensuels à la Stasi, Donald livre des précisions stupéfiantes sur ses vacances, ses lectures, sa santé. A tel point que Vera Wollenberger finit par être incarcérée, en 1988, pour «conspiration». Alors, en ce mois de décembre 1991, elle veut savoir qui est cette «gorge profonde» si bien renseignée. Réponse laconique de l'administration chargée de gérer les archives de la Stasi: le vrai nom de Donald est Knut Wollenberger. Vera le connaît bien: c'est son mari. «Je me suis précipitée dans la salle de bains et j'ai vomi.» Le lendemain matin, la jeune femme embarque dans une voiture les deux enfants qu'elle a eus avec Knut et le quitte définitivement. Dans la foulée, elle reprend son nom de jeune fille, Vera Lengsfeld, sous lequel elle est aujourd'hui députée CDU de Thuringe. L'étude approfondie de son dossier à la Stasi lui a appris qu'une cinquantaine de personnes étaient chargées de l'espionner, dans le cadre d'un programme baptisé «opération Virus». Parmi elles, des amis, des compagnons de lutte, son avocat.
Source : Ces amis qui nous espionnaient, L’Express
Pour en savoir plus sur les méthodes de surveillance employées par la Stasi et quels types de contenus on trouve dans ces dossiers personnels, vous pouvez lire le témoignage d’Ulrike Poppe publié dans Genèse en 2003 : Que lisons-nous lorsque nous lisons un dossier personnel de la Stasi ? (consultable sur Cairn).
Pour aller plus loin :
- La Stasi : histoire d’une police politique, Histoire pour tous
- Les dossiers de la Stasi livrent enfin leurs secrets, La Croix
- Les archives de la Stasi, Ina.fr
- Une société sous surveillance, : les intellectuels et la Stasi, Sonia Combe
Bonne journée.
Par définition, les données accumulées par un service de renseignement sont… secrètes.
Tant que la Stasi était active, il était donc impensable pour un citoyen de RDA de savoir s’il faisait (ou avait fait par le passé) l’objet d’une surveillance (à moins de découvrir inopinément un micro dissimulé dans son bureau ?), et encore moins d’accéder aux informations réunies sur son compte. Ce d'autant plus que les personnes surveillées faisaient partie des mouvements "dissidents", opposés au régime, que la Stasi s'efforçait d'étouffer : intellectuels, pacifistes, féministes, et même religieux.
Mais en décembre 1991 la situation change : l’Allemagne réunifiée adopte la « loi sur les dossiers de la Stasi », permettant dès 1992 à chaque citoyen de consulter le dossier le concernant… et de connaître l’identité des personnes ayant informé la Stasi à son insu, qui pouvaient aussi bien être de vagues connaissances que des membres de leur entourage proche. En tout, près de 500 000 personnes ont travaillé pour la Stasi d'une manière ou d'une autre, agents officiels et informateurs non officiels confondus.
Nous sommes en janvier 1992. L'agence gouvernementale BStU en charge des documents relatifs à la Sécurité d’Etat en RDA décide d’ouvrir les archives de la Stasi. Près de six millions d’Allemands de l’Est sont concernés. En tant que preuve de la scission de la société civile, les dossiers personnels de la Stasi représentaient une source d’interrogations et de débats dès la fin des années 80. En prenant la décision de rendre publique ces documents, l’Etat allemand faisait le choix de l’ouverture, et prenait le risque de mettre en lumière les parts sombres de l’histoire est-allemande, en poussant à la réconciliation deux parties de la société : ceux qui avaient été espionnés à leur insu et ceux qui avaient collaboré au système en dénonçant leurs compatriotes.
Source : Pourquoi a-t-on ouvert les dossiers de la Stasi au public ?, Aliénor Carrière
La loi prévoit d'une part la création d'une administration autonome devant gérer, rendre accessibles et analyser les documents de la Stasi. A ses tâches en outre : informer la population sur la structure et les méthodes de travail des services secrets est-allemands – donc aussi une tâche de recherche et d'éducation. De plus,
Source : 18 ans après l'ouverture des archives de la Stasi, eurotopics.net
Mais qui est donc «Donald»? Quel indicateur de la Stasi, la redoutable police politique est-allemande, se cache derrière ce nom de code inoffensif et sautillant? En cette veille de Noël 1991, Vera Wollenberger aimerait bien le savoir. Depuis plusieurs jours, comme une récente loi sur l'ouverture des archives de la Stasi l'y autorise, cette ex-dissidente à peine trentenaire croise ce Donald à chacune des pages des 30 tomes qui constituent son dossier personnel. Donald sait tout de ses activités au sein du groupe pacifiste Femmes pour la paix de Berlin-Est. Donald est au courant de ses moindres actions contre le stationnement de missiles nucléaires soviétiques sur le sol est-allemand. Plus étonnant encore, au détour de ses rapports bimensuels à la Stasi, Donald livre des précisions stupéfiantes sur ses vacances, ses lectures, sa santé. A tel point que Vera Wollenberger finit par être incarcérée, en 1988, pour «conspiration». Alors, en ce mois de décembre 1991, elle veut savoir qui est cette «gorge profonde» si bien renseignée. Réponse laconique de l'administration chargée de gérer les archives de la Stasi: le vrai nom de Donald est Knut Wollenberger. Vera le connaît bien: c'est son mari. «Je me suis précipitée dans la salle de bains et j'ai vomi.» Le lendemain matin, la jeune femme embarque dans une voiture les deux enfants qu'elle a eus avec Knut et le quitte définitivement. Dans la foulée, elle reprend son nom de jeune fille, Vera Lengsfeld, sous lequel elle est aujourd'hui députée CDU de Thuringe. L'étude approfondie de son dossier à la Stasi lui a appris qu'une cinquantaine de personnes étaient chargées de l'espionner, dans le cadre d'un programme baptisé «opération Virus». Parmi elles, des amis, des compagnons de lutte, son avocat.
Source : Ces amis qui nous espionnaient, L’Express
Pour en savoir plus sur les méthodes de surveillance employées par la Stasi et quels types de contenus on trouve dans ces dossiers personnels, vous pouvez lire le témoignage d’Ulrike Poppe publié dans Genèse en 2003 : Que lisons-nous lorsque nous lisons un dossier personnel de la Stasi ? (consultable sur Cairn).
- La Stasi : histoire d’une police politique, Histoire pour tous
- Les dossiers de la Stasi livrent enfin leurs secrets, La Croix
- Les archives de la Stasi, Ina.fr
- Une société sous surveillance, : les intellectuels et la Stasi, Sonia Combe
Bonne journée.
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