Question d'origine :
Bonjour et chapeau bas pour votre travail
Avec les événements malheureux de ces derniers jours une question,d'ordre philosophique et culturel , me vient à l'esprit:
Le prophète est-il représentable dans nos sociétés laïques?
Cela pose certainement la question des limites du représentable mais aussi de l'homme face à (son) Dieu; autrement dit qui est l'homme pour décider à la place de Dieu même; (à supposer que ce dernier existe)...En interdisant et en condamnant sa représentation ..
Réponse du Guichet
gds_ctp
- Département : Equipe du Guichet du Savoir
Le 19/01/2015 à 09h26
Bonjour,
Nous n’avons pas les outils philosophiques pour répondre sur les relations de l’homme avec Dieu, mais tenterons d’éclairer votre réflexion sur la question de la représentation et du « représentable ».
Les interdictions de représenter, afin de ne pas tomber dans l’idolâtrie, existent dans la plupart des religions, à certaines étapes de leur histoire. Elles concernent Dieu la plupart du temps (et peuvent être assorties de l’interdiction de le nommer).
Vous pouvez lire Représenter Dieu :
"Tu aimeras le Seigneur ton Dieu en esprit et en vérité et tu ne feras pas d'images saintes", commande l'Ancien Testament. Dès lors, à défaut de pouvoir représenter Dieu, comment se le représenter ? Passé l'interdit, comment donner forme à ce qui pour certains est un simple symbole de la divinité, pour d'autres un objet de prière, pour d'autres encore un véritable témoignage de la présence divine ? Au cours de l'histoire, les grandes traditions religieuses ont donné des réponses différentes : c'est l'interdit biblique de toute représentation et le refus des idoles pour les israélites et les musulmans ; c'est l'épanouissement lumineux de l'art de l'icône dans la chrétienté orientale ; ce sont également les multiples créations de l'art religieux occidental. En même temps, la question de la représentation du divin a toujours suscité de violentes querelles et ce, jusqu'à aujourd'hui. Il n'est donc jamais anodin, souligne Michel Feuillet, de vouloir représenter Dieu. Car c'est s'ouvrir au risque de l'infini. S'articulant autour de trois parties sur le thème de l'image sacrée, cet essai aborde l'aniconisme biblique, l'interdit de fabriquer des images et de leur vouer un culte, puis se concentre sur la logique chrétienne de l'icône, la dernière partie étant consacrée à l'image du point de vue du monde occidental. »
Ce livre éclaire la question de la représentation de Dieu par les notions clés d’image, icône et idoles , qui correspondent à trois grandes postures :
- Dieu est inconnaissable et ne peut être représenté sous des traits humains
- Dieu est présent dans ses représentations (prière devant les icônes)
- On ne peut substituer à Dieu des symboles (idolâtrie)
Les sociétés laïques n’ont, par définition, pas de religion d’Etat, donc pas d’interdits officiels en matières religieuses. Individuellement, la liberté de croire ou de ne pas croire est garantie, l’expression de sa croyance ou de son incroyance n’est pas punie. C’est ce que nous appelons « liberté d’opinion » et « liberté d’expression ». Ce sont un peu les deux faces d’une même médaille : d’un côté liberté de croyance et de culte, aucune peur de pratiquer et de discuter de matières religieuses, aucune pression publique sur la foi ; de l’autre, une société qui ne règle pas ses principes et fonctionnements quotidiens sur des lois religieuses et laisse à chacun la liberté de critiquer les autres, dans la limite de l’incitation à la haine.
Des lectures pour réfléchir à ce sujet complexe :
- La Question religieuse au XXIe siècle : géopolitique et crise de la postmodernité
- Les Nouvelles frontières de la laïcité
- Europe et religions : les enjeux du XXIe siècle
Bonne journée.
Nous n’avons pas les outils philosophiques pour répondre sur les relations de l’homme avec Dieu, mais tenterons d’éclairer votre réflexion sur la question de la représentation et du « représentable ».
Les interdictions de représenter, afin de ne pas tomber dans l’idolâtrie, existent dans la plupart des religions, à certaines étapes de leur histoire. Elles concernent Dieu la plupart du temps (et peuvent être assorties de l’interdiction de le nommer).
Vous pouvez lire Représenter Dieu :
"Tu aimeras le Seigneur ton Dieu en esprit et en vérité et tu ne feras pas d'images saintes", commande l'Ancien Testament. Dès lors, à défaut de pouvoir représenter Dieu, comment se le représenter ? Passé l'interdit, comment donner forme à ce qui pour certains est un simple symbole de la divinité, pour d'autres un objet de prière, pour d'autres encore un véritable témoignage de la présence divine ? Au cours de l'histoire, les grandes traditions religieuses ont donné des réponses différentes : c'est l'interdit biblique de toute représentation et le refus des idoles pour les israélites et les musulmans ; c'est l'épanouissement lumineux de l'art de l'icône dans la chrétienté orientale ; ce sont également les multiples créations de l'art religieux occidental. En même temps, la question de la représentation du divin a toujours suscité de violentes querelles et ce, jusqu'à aujourd'hui. Il n'est donc jamais anodin, souligne Michel Feuillet, de vouloir représenter Dieu. Car c'est s'ouvrir au risque de l'infini. S'articulant autour de trois parties sur le thème de l'image sacrée, cet essai aborde l'aniconisme biblique, l'interdit de fabriquer des images et de leur vouer un culte, puis se concentre sur la logique chrétienne de l'icône, la dernière partie étant consacrée à l'image du point de vue du monde occidental. »
Ce livre éclaire la question de la représentation de Dieu par les notions clés d’
- Dieu est inconnaissable et ne peut être représenté sous des traits humains
- Dieu est présent dans ses représentations (prière devant les icônes)
- On ne peut substituer à Dieu des symboles (idolâtrie)
Les sociétés laïques n’ont, par définition, pas de religion d’Etat, donc pas d’interdits officiels en matières religieuses. Individuellement, la liberté de croire ou de ne pas croire est garantie, l’expression de sa croyance ou de son incroyance n’est pas punie. C’est ce que nous appelons « liberté d’opinion » et « liberté d’expression ». Ce sont un peu les deux faces d’une même médaille : d’un côté liberté de croyance et de culte, aucune peur de pratiquer et de discuter de matières religieuses, aucune pression publique sur la foi ; de l’autre, une société qui ne règle pas ses principes et fonctionnements quotidiens sur des lois religieuses et laisse à chacun la liberté de critiquer les autres, dans la limite de l’incitation à la haine.
- La Question religieuse au XXIe siècle : géopolitique et crise de la postmodernité
- Les Nouvelles frontières de la laïcité
- Europe et religions : les enjeux du XXIe siècle
Bonne journée.
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