Question d'origine :
L'expression "il y a du monde au balcon" tient-elle son origine de l'Opéra Garnier ?
Réponse du Guichet
gds_ctp
- Département : Equipe du Guichet du Savoir
Le 06/01/2015 à 12h57
Bonjour,
L'expression "il y a du monde au balcon" désigne de manière peu délicate la poitrine opulente d'une femme, opposée dans le dialogue suivant à "planche à pain".
"- C'est un mec ? !
- Mais nan...
- C'est un androïde ? C'est Lara Croft ?
- Mieux que ça...
- Mieux que Lara Croft ? Oh poudiou ! Y a du monde au balcon, alors ?
- 85 A je dirais...
Il se souriait :
- Ah ben ouais... Si t'en pinces pour une planche à pain,
t'es dans la merde, je comprends mieux"
(GAVALDA Anna, Ensemble, c'est tout, 2004, p. 501)
On trouve en juin 1870 dans L’Orchestre : programme spécial des théâtres & revue de la littérature, un article d’Adolphe Joly sur l’argot qui utilise cette expression :
« Sapristi ! une femme sterling des cheveux d'Adrienne de Cardoville, des bijoux pour de vrai, de l'œil, de la dent et du monde au balcon, deux hémisphères de Magdebourg vigoureusement plantés. Avec ça de l'entrain, du chien, du zinc n°16.»
« – Tu dérailles, role d'honneur ! Ton infante est faisandée : beaucoup de galbe, du pallas à la lumière, mais les arènes de la rue Monge au déballage. »
On ne peut donc lier l’expression à l’opéra Garnier inauguré en 1875, ni même forcément aux corbeilles des théâtres. Dans les textes de la même époque, lorsque l’expression n’est pas imagée mais désigne bien des gens à leur balcon, dans l’expression déjà figée « du monde au balcon », elle ne se réfère pas au théâtre :
« Le chevalier de Flambée, qui a vu du monde au balcon, traverse la cour le poing sur la hanche, la tête haute, la démarche raide, et tellement occupe à rendre son port noble et digne qu'il met le pied jusqu'au mollet dans une mare à laquelle il n'a point fait attention »
(Jeanne la Noire, 1833).
Une scène de pêche dans un roman de 1868 indique même un sens, sinon une origine, très éloigné des baignoires mondaines :
« - Qu’y a-t-il demanda la mère toujours un peu inquiète
- Il y a, dit Jean-Pierre visiblement ému, il y a du monde au balcon, et du grand monde, si j’en crois les touches.
Du monde au balcon, en termes de pêcheur, veut dire : du poisson dans le filet.
- Ramène doucement, dit la mère Marie, j'ai entendu dire que le poisson devait se prendre tout seul »
(Le conscrit de Corbeil, 1882, paru en feuilleton dans Le Petit Parisien en 1879).
Bonne journée.
L'expression "il y a du monde au balcon" désigne de manière peu délicate la poitrine opulente d'une femme, opposée dans le dialogue suivant à "planche à pain".
"- C'est un mec ? !
- Mais nan...
- C'est un androïde ? C'est Lara Croft ?
- Mieux que ça...
- Mieux que Lara Croft ? Oh poudiou ! Y a du monde au balcon, alors ?
- 85 A je dirais...
Il se souriait :
- Ah ben ouais... Si t'en pinces pour une planche à pain,
t'es dans la merde, je comprends mieux"
(GAVALDA Anna, Ensemble, c'est tout, 2004, p. 501)
On trouve en juin 1870 dans L’Orchestre : programme spécial des théâtres & revue de la littérature, un article d’Adolphe Joly sur l’argot qui utilise cette expression :
« Sapristi ! une femme sterling des cheveux d'Adrienne de Cardoville, des bijoux pour de vrai, de l'œil, de la dent et du monde au balcon, deux hémisphères de Magdebourg vigoureusement plantés. Avec ça de l'entrain, du chien, du zinc n°16.»
« – Tu dérailles, role d'honneur ! Ton infante est faisandée : beaucoup de galbe, du pallas à la lumière, mais les arènes de la rue Monge au déballage. »
On ne peut donc lier l’expression à l’opéra Garnier inauguré en 1875, ni même forcément aux corbeilles des théâtres. Dans les textes de la même époque, lorsque l’expression n’est pas imagée mais désigne bien des gens à leur balcon, dans l’expression déjà figée « du monde au balcon », elle ne se réfère pas au théâtre :
« Le chevalier de Flambée, qui a vu du monde au balcon, traverse la cour le poing sur la hanche, la tête haute, la démarche raide, et tellement occupe à rendre son port noble et digne qu'il met le pied jusqu'au mollet dans une mare à laquelle il n'a point fait attention »
(Jeanne la Noire, 1833).
Une scène de pêche dans un roman de 1868 indique même un sens, sinon une origine, très éloigné des baignoires mondaines :
« - Qu’y a-t-il demanda la mère toujours un peu inquiète
- Il y a, dit Jean-Pierre visiblement ému, il y a du monde au balcon, et du grand monde, si j’en crois les touches.
Du monde au balcon, en termes de pêcheur, veut dire : du poisson dans le filet.
- Ramène doucement, dit la mère Marie, j'ai entendu dire que le poisson devait se prendre tout seul »
(Le conscrit de Corbeil, 1882, paru en feuilleton dans Le Petit Parisien en 1879).
Bonne journée.
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